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Marché des céréales : Le forcing français !

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  • Marché des céréales : Le forcing français !

    L’Algérie a-t-elle intérêt à constituer des stocks de sécurité supplémentaires de blé, comme le suggèrent des spéculateurs ? Une option fortement préconisée par les céréaliers français dont l’OAIC est le principal client.Les rencontres franco-algériennes des céréales, qui ont débuté hier, et qui se poursuivent aujourd’hui, en séminaire à l’hôtel Hilton, à Alger, interviennent dans une conjoncture marquée par les plus folles spéculations sur les marchés internationaux de blé.

    Le responsable Maghreb de France Export Céréales, Roland Guira Gassian, estime que l’Algérie aura toujours besoin d’importer, pour moult raisons. Par rapport aux thèses avancées par certains analystes européens qui pensent que l’Algérie doit s’approvisionner davantage pour sécuriser son stock, au vu de l’«instabilité» du marché mondial, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, affirme que son secteur a anticipé sur la question.

    Ce rendez-vous annuel organisé par France Export Céréales et placé sous le parrainage de l’ambassadeur de France en Algérie, André Parant, regroupe les deux filières céréalières franco-algériennes pour «mettre en valeur la qualité de la récolte française 2012, qui avec plus de 36 millions de blés moissonnés, devrait satisfaire ses clients à l’exportation». Mais pardessus tout, les organisateurs français veulent que «ce colloque soit l’occasion de faire le point sur les tendances et perspectives des marchés céréaliers internationaux dans un contexte de marché très perturbé cette année par une sécheresse qui touche les cultures de maïs aux Etats-Unis et une forte baisse attendue de la production des pays de la mer Noire et d’autres pays traditionnellement exportateurs tels que l’Argentine». Sur ce point, France Export Céréales anticipe même en soulignant dans un communiqué de presse qui a précédé la rencontre que «l’Algérie, malgré une récolte en forte progression par rapport à l’année dernière (56 millions de quintaux contre 42 millions de quintaux en 2011), aura toujours besoin d’importer et pourra continuer ainsi à s’approvisionner auprès de la France, partenaire historique et de premier rang, pour satisfaire la demande en continuelle augmentation de ses consommateurs». Contacté ce samedi, le responsable de la région Maghreb de France Export Céréales, Roland Guira Gassian, a appuyé cette thèse en soulignant que «l’Algérie connaît un déficit en matière de blé tendre, surtout que les conditions de culture et notamment climatiques ne lui permettent pas d’être auto-suffisante pour couvrir les besoins en consommation locale».

    Des spéculations et des interrogations !

    La baisse drastique du niveau de la pluviométrie aux Etats-Unis, qui représentent le plus grand producteur mondial de céréales, ainsi que les incendies et les inondations qui ont ravagé la Russie en 2012, ont donné lieu à toutes les spéculations sur une très possible dépression du marché mondial de blé. Les spécialistes européens ont avancé les thèses les plus pessimistes allant jusqu’à recommander aux pays importateurs, surtout potentiels comme l’Algérie, d’assurer à l’avance des stocks supplémentaires pour éviter une éventuelle crise. L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), en plus de sa production de 51,2 millions enregistrée au cours de la campagne 2011-2012, a importé durant ce mois d’août 500 000 tonnes de blé pour les besoins de son stock. Mais ces mêmes spécialistes ont suggéré à l’Algérie d’importer davantage, plus particulièrement en cette période, car avancent-ils, «les possibles restrictions à l’exportation du blé russe et la mauvaise récolte américaine attendue grimperont au plafond les prix sur le marché mondial très prochainement». Des thèses qui ne sont pas partagées de tous, puisque d’autres voix de spécialistes se sont élevées pour affirmer le contraire, à savoir, l’amélioration des prévisions de récoltes américaines et le recul des déclarations russes sur une éventuelle restriction du quota destiné à l’exportation. De plus que les prix de céréales qui ont enregistré une grande inflation à partir de janvier 2012 connaissent depuis quelques jours une baisse régulière sur le marché international.

    Ces mêmes spécialistes soutiennent que la France a connu des perturbations climatiques similaires et pourtant sa production est restée stable. Pourquoi pas donc les Etats- Unis et la Russie ? D’ailleurs, dans le communiqué de presse rendu public par France Export Céréales, il est mentionné : «Ce résultat (36 millions de blés moissonnés ndlr), atteint malgré les conditions climatiques particulières qui ont touché la France, cette année, prouve une fois de plus, la régularité et la fiabilité de notre pays en tant que fournisseur stable et régulier du marché mondial.» Interrogé sur ce chapitre, Roland Guira Gassian atteste que les prix bougent de jour en jour et que tant que la Russie ne s’est pas encore prononcée sur son sol exportable, l’instabilité persistera toujours sur le marché international. «Pendant ces deux dernières semaines, il y a eu des déclarations contradictoires des responsables russes. Certains étaient ouverts à l’exportation, d’autres affirmaient le contraire. Tant que ça n’a pas été clarifié, le doute persistera toujours et le marché international réagit rapidement et a même tendance à anticiper par rapport aux prévisions. Avec la Russie, on a du mal à savoir son sol exportable et comme c’est un grand fournisseur du Sud méditerranéen et le Moyen-Orient tant qu’il ne s’est pas prononcé, les prix resteront instables», a-t-il souligné. De son côté, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, interrogé ce dimanche à l’occasion d’une rencontre avec les cadres de son secteur à Alger, s’est astreint à dire: «Nous avons anticipé sur la question. » Est-ce que le ministre fait allusion aux 50 000 tonnes de blé importées durant ce mois d’août, ou est-ce que son département a déjà prévu et négocié des quotas à l’importation ? La question reste ouverte tant que le ministre n’a pas fait davantage de commentaires.

    L’OAIC, le meilleur acheteur des Français

    L’Office algérien interprofessionnel de céréales (OAIC) est l’un des plus grands importateurs de blé au monde, surtout de production française. Rien qu’en matière de blé tendre, au cours de la campagne 2009-2010, l’OAIC a importé de France, 3 millions et 360 000 tonnes, en 2010-2011 pas moins de 4 millions et 200 000 tonnes et en 2011-2012 environ 3 millions et 368 000 tonnes. Durant le mois de juillet passé, qui s’inscrit dans la campagne 2012-2013, l’OAIC a également importé 89 919 tonnes de blé tendre. S’agissant du blé dur, l’Algérie a importé durant la campagne 2011-2012, pas moins de 540 000 tonnes de production française. Quant à l’exportation de l’orge français vers l’Algérie en 2011-2012, elle se situe dans les 236 777 tonnes, selon le site de l’établissement français des produits de l’agriculture et de la mer, France Agrimer. L’Algérie se place ainsi en tête de liste des meilleurs acheteurs des céréales françaises par rapport à ses voisins comme le Maroc qui a importé de France au cours de la campagne 2011-2012 la moitié de la quantité acquise par l’Algérie, à savoir 1 million et 535 253 tonnes de blé tendre. L’Égypte, quant à elle, a importé durant la même période 467 983 tonnes de blé tendre de France, alors que la Libye a importé 138 982 tonnes et la Tunisie 30 804 tonnes de chez le même fournisseur.

    Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) -
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