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le décès de Krimo Rebih L'homme qui n'avait que des amis !

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  • le décès de Krimo Rebih L'homme qui n'avait que des amis !

    Count your age by friends, not years. Count your life by smiles, not tears.»
    (John Lennon)

    De nombreux et fidèles amis ont accompagné samedi dernier, en fin d'après-midi, à sa dernière demeure notre ami Abdelkrim Rebih, dit Krimo. Plus nombreux encore étaient ceux qui ont manqué à l'appel, parce que n'ayant pas été informés de son décès, survenu le matin du même jour, à l'âge de quatre-vingts ans.

    Bous aurions aimé que l'enterrement de «Didi Krimo» soit plus remarquable, et à la mesure du grand homme qu'il était, des honneurs qui lui étaient encore dus. Mais le monde d'aujourd'hui va si vite que nous nous sentons obligés d'observer la même célérité dans nos rites funéraires. On nous a expliqué que c'était à cause de la chaleur, mais comme nous voyons nos défunts subir le même sort en janvier, au cœur de l'hiver, nous voulons bien faire semblant d'y croire.

    Trêve de regrets : Krimo aurait été heureux de voir cette foule d'amis de toujours, venue lui dire adieu au moment où il allait prendre son dernier vol pour le paradis.

    L'amitié, Krimo en avait fait un sacerdoce, et jamais, au grand jamais, il n'aurait accepté de se priver de ses amis ou de perdre leur amitié dans un accès de misanthropie. La chaleur de l'amitié était pour lui aussi vitale que l'oxygène, et il y respirait à pleins poumons. Il aimait ses amis, et ces derniers le lui rendaient bien. Krimo n'aura pas eu des funérailles nationales — personnellement j'aurais voté pour —, mais savoir que nous serions tous là pour célébrer sa mémoire, aurait suffi amplement à son bonheur.

    Son ancien coéquipier et ami, Lakhdar Guitoun, a dit de lui, en guise d'oraison funèbre, que le moment n'était pas aux larmes. Krimo a bien vécu et il a eu une vie bien remplie. Que dire de plus ? Comment pouvait-il en être autrement ? Krimo a toujours apprécié son âge, non pas en fonction des années vécues, mais en faisant le compte de ses nombreux amis. Krimo est donc parti sans crier gare !

    Il a été mis en terre dans ce vieux cimetière d'El- Kettar, qui donnait jadis l'envie d'y reposer, mais qui ressemble aujourd'hui à une nécropole oubliée, avec ses tombes profanées et ses allées obstruées.


    On ne croira pas un instant que ce délabrement est la conséquence des enterrements massifs et hâtifs, puisque les dalles brisées portent la signature de l'homme et de ses nouveaux délires.

    Triste première semaine d'octobre pour le monde du football qui a vu disparaître successivement notre confrère Amar Boukhalfi, le chatoyant Oranais Fréha, et pour finir, à titre aléatoire, le somptueux Krimo Rebih.


    Krimo a été d'abord et avant tout l'historique joueur de l'équipe de l'ALN, la devancière, une fois n'est pas coutume, de l'équipe du FLN. Il y a parfois des sigles trompeurs. Après l'indépendance, Krimo a enchanté toute une génération de supporters de l'USMA, avec les Bentifour, Guitoun, Bernaoui, Meziani, et ceux de la relève, comme Djamel Keddou qui nous a aussi quittés prématurément l'année dernière.

    En dehors des terrains, Krimo n'était pas seulement d'un commerce agréable, quand il donnait son amitié, il le faisait totalement et sans calcul. Je l'ai côtoyé durant plusieurs décennies sans entendre de sa part une parole blessante ou une remarque injurieuse, en dehors de ses petites piques acerbes qu'il distillait avec un sourire entendu. J

    e garde un souvenir vivace de nos rencontres avec notre regretté confrère Abdelaziz Hassani, qui tenait toujours table ouverte et avait l'art de nous appâter avec son couscous et ses choux de Bruxelles. Ses rares moments de tristesse, Krimo les devait au rappel des moments passés avec «khouya» Abdelaziz et «Khouya» Bentifour, comme il tenait à le préciser.

    Juste avant que sa mémoire prodigieuse ne le trahisse et que la maladie ne lui fasse perdre son autonomie, il ne ratait aucun des rendez-vous du vendredi matin. Il était resté l'ami assidu et ponctuel qu'on retrouvait avec plaisir au Café de Tlemcen, dans l'ancien quartier de La Marine, où se côtoyaient plusieurs générations de joueurs et d'amoureux du foot. Cet espace de convivialité, à côté de la «Grande Mosquée», reste l'un des rares endroits où pratiquants et non pratiquants se retrouvent sans se regarder en chiens de faïence. On y évoquait souvent, avec Hamid Benkanoun, la mémoire de l'USMA, et photos à l'appui, l'épopée de l'équipe de l'ALN, la carrière en Tunisie, puis les années fastes avec les «Rouge et Noir».

    Depuis deux ans, Krimo faisait des allers et retours entre Paris, où il se soignait, et son modeste logis, situé juste au-dessus de la Fac centrale, en contrebas du boulevard Krim- Belkacem. Il y a une dizaine de jours, il avait fait son dernier voyage au Café de Tlemcen, à l'improviste, pour y retrouver l'omniprésent Benkanoun et quelques anciens compagnons.

    On savait que le mal dont souffrait Krimo était sans rémission, mais on espérait au moins avoir encore le temps de lui rendre une petite visite, mais l'impitoyable Faucheuse en a décidé autrement.

    Ahmed Halli- le soir
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