Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Retour sur un événement tragique

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Retour sur un événement tragique

    9 octobre 1988, Lounes Matoub a été gravement blessé par balles près de Aïn El Hammam.

    La nouvelle a, très vite, fait le tour de la Kabylie et même des autres régions. « J’ai appris la nouvelle alors que j’étais à Alger. Les informations qui me sont parvenues le donnaient pour mort, d’autres parlaient d’un coma », raconta Laoudi Amirouche, un des amis du défunt et un des animateurs de la rencontre d’hier. Intervenant avant ce dernier, Karim Yefsah, un autre ami intime de Matoub à l’époque, affirma que Lounes Matoub portait en fait un tract appelant au calme et que de ce fait, il n’ y avait aucune raison de lui tirer dessus. « C’est même moi qui lui ai remis l’écrit. Il s’agissait d’un appel au calme », a estimé ce dernier, soulignant que le chantre de la chanson kabyle était accompagné par deux étudiants, Mebrouk Ferkane qui est décédé aujourd’hui et Mehdi Siane qui se trouverait en France.


    Pour l’orateur, il est clair que des ordres ont été donnés pour tirer sur Lounes, afin d’embraser la région et provoquer, du coup, un soulèvement, comme cela s’est passé ailleurs. Lounes a reçu en fait cinq balles.

    Au niveau de l’hôpital de Aïn El hammam où il a été admis, il a fallu faire des pieds et des mains pour l’en sortir, « car il était clair que s’il restait là, il mourait », estime de sa part le docteur Idir Redad, celui-là même qui l’a accompagné durant sa longue hospitalisation. Il était avec le chanteur, même en France. « Lounes a exigé que je me déplace avec lui là-bas, le jour de son transfert. Un transfert qui a été dure à réaliser car « on avait peur que la presse en parle et puis il y avait une réelle volonté d’en finir avec lui », indique Amirouche Laoudi qui précise que : « sa femme Djamila a même été voir le ministre de la Santé à l’époque, mais en vain ».

    Il a fallu attendre plusieurs semaines encore pour qu’enfin la prise en charge à l’étranger soit accordée. Mais avant cela, ce fut un parcours du combattant que les compagnons et la famille de Lounes ont dû faire pour, d’abord le faire sortir de l’hôpital de Aïn El Hammam et ensuite l’emmener à Alger. « Une fois dehors, après avoir réussi à le faire sortir de l’hôpital, la population nous a empêchés de sortir de la ville car, une rumeur, qui a été véhiculée par des ‘’forces occultes’’, a fait le tour de la ville, disant que c’est la sécurité militaire qui allait transférer Matoub qui risquait donc d’être tué en cours de route. Autrement dit, la population nous a pris pour des services de sécurité », raconte encore le docteur Redad qui a dû user de tout son tact pour convaincre cette même population qu’il s’agissait de sa famille et de ses amis. En fait, « des forces occultes » voulaient à tout prix maintenir Lounes Matoub à l’hôpital pour le voir mourir, mais c’était sans compter sur la volonté de ses amis, sa famille et les militants de la Cause berbère ainsi que l’ensemble des citoyens de la Kabylie.

    «C’est faux ! Lounès n’a jamais eu le Sida»


    Transféré donc au CHU de Tizi-Ouzou, le calvaire n’a nullement connu sa fin, bien au contraire. « C’est au niveau de cet hôpital, plus exactement le service réanimation, qu’est née cette histoire qui racontait que Lounes était atteint du SIDA, ce qui était bien entendu complètement faux », dira le docteur, affirmant que cette deuxième « rumeur» avait pour but de salir la mémoire de Lounes s’il venait à mourir.

    Mais Lounes ne mourut pas. Il fut transféré à la clinique les orangers, à Alger, puis à l’hôpital Maillot. Cela dit, sa prise en charge était loin d’être idéale, malgré l’abnégation de certains médecins qui veillaient sur lui, dirent les intervenants : « imaginez qu’un jour, c’est lui-même qui a enlevé le pus de son ventre », ironisa Amirouche Laoudi. Plus grave encore, celui qui étai au chevet de Matoub affirma qu’il a fallu trois mois pour qu’on se rende compte que sa jambe était également fracturée. « On soignait son ventre, mais on ne s’est pas rendu compte qu’il avait également le fémur touché par une balle. Ce n’est que par hasard, un jour qu’on voulait le transporter, qu’on a remarqué qu’il avait la jambe suspendue », se rappelle le même intervenant. Pour l’ensemble des orateurs, Lounes a énormément souffert durant cette période. N’empêche que durant sa convalescence, Matoub a écrit son album « Ironie du sort » » et une partie de l’album « regard sur l’histoire d’un pays damné ». Après qu’il se soit remis à marcher, la première chose à laquelle il avait pensé c’était de rendre un hommage au peuple kabyle qu’il l’avait soutenu. « Je veux me produire au stade Oukil Ramdane », « c’est ce qu’il nous a dit dès la première fois où il a pu se tenir debout plus de 30 minutes », se rappelle encore Amirouche Aoudi. Après cela donc, Lounes Matoub revint sur scène et à la Kabylie qui le porta très haut et que lui porta également tout aussi haut, durant le restant de sa vie, c'est-à-dire jusqu’à son assassinat en 1998. Un assassinat, au sujet duquel, les intervenants ont été interpellés par les présents, dans la petite salle de la maison de la culture Mouloud Mammeri hier. Ce à quoi le chargé d’information de la fondation Matoub répondra en disant tout simplement : « faites nous confiance !». Laoudi Amirouche a tenu toutefois à souligner, à ce sujet que si Lounes avait son passeport bien avant son assassinat, sa femme en revanche n’a eu le sien que le 26 du mois de juin 1998, soit le lendemain de l’assassinat. « On lui a remis son passeport et un visa daté du 16 juin », a-t-il précisé avant de lâcher : « à bon entendeur ».
    l
    lA dépêche de kabylie
Chargement...
X