Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Malala, icône de la paix et de la lutte contre l'extrémisme au Pakistan

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Malala, icône de la paix et de la lutte contre l'extrémisme au Pakistan

    "Malala Yousufzai est dans un état critique, comme le Pakistan. Nous sommes affligés par le cancer de l'extrémisme et si rien n'est fait pour retirer la tumeur, nous allons glisser encore davantage vers la bestialité...", regrette dans son éditorial le quotidien anglophone pakistanais The News. La jeune Pakistanaise de 14 ans a été hospitalisée après avoir été blessée au crâne et à l'épaule lors d'une tentative d'assassinat, mardi 9 octobre, par des combattants du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), allié à Al-Qaida, devant son école de Mingora, la principale ville de la vallée de Swat. Dans ce pays musulman de 180 millions d'habitants, Malala est devenue une "icône de la paix" tout autant que le symbole de l'incapacité des autorités à combattre l'extrémisme religieux qui gangrène le pays.

    Lire : Malala, militante de 14 ans, 'dans un état critique' après une attaque des talibans

    Malala Yousufzai n'a pas été ciblée par hasard. "C'est une fille à la mentalité occidentale qui passe son temps à nous dénoncer. Quiconque critiquera les talibans subira le même sort", a indiqué mardi Ehsanullah Ehsan, le porte-parole du TTP. "Nous l'avions prévenue plusieurs fois qu'il fallait qu'elle cesse de parler contre les talibans, qu'elle arrête de soutenir les ONG occidentales et qu'elle prenne le chemin de l'islam", a-t-il ajouté. Face à l'ampleur des réactions d'indignation suscitées par l'attaque, Ehsanullah Ehsan justifiait le lendemain dans un courriel, à grands renforts de références coraniques, que le jeune âge de la victime n'était pas un motif de clémence. "Malala a été prise pour cible pour son rôle de pionnière dans la défense de la laïcité et de la soi-disant modération des Lumières", a-t-il écrit. "Le TTP ne croit pas aux attaques envers les femmes, mais quiconque dirige une campagne contre l'islam et la charia [la loi islamique] doit être tué", a-t-il ajouté.
    Dès l'âge de 11 ans, Malala Yousufzai est devenue célèbre en signant, sous le pseudonyme Gul Makai, le blog en ourdou "Journal d'une écolière pakistanaise" (extraits en anglais) sur le site Internet de la chaîne britannique BBC. Elle y dénonçait les violences commises par les talibans qui, après avoir pris le contrôle de la région en 2007, incendiaient les écoles pour filles et assassinaient leurs opposants dans la vallée de Swat. Tout comme son père Ziauddin, militant anti-taliban qui préside une association de cinq cents écoles privées dans la vallée, Malala avait fait de l'éducation pour les filles son combat. Après avoir détruit plus de cent cinquante écoles dans la vallée en 2008, les talibans avaient édicté en janvier 2009 un décret religieux interdisant l'école aux filles.

    A la veille du dernier jour d'école avant les vacances, le 14 janvier 2009, Malala écrivait : "Cette fois-ci, les filles ne sont pas très enjouées à l'annonce des vacances car elles savent que si les talibans appliquent leur décret, elles ne pourront plus retourner à l'école. Certaines filles étaient optimistes quant à une réouverture de l'école en février, mais d'autres ont dit que leurs parents avaient décidé de quitter la vallée de Swat et d'aller s'installer dans d'autres villes pour leur offrir une éducation." A l'instar de nombreuses familles de la région, Malala et ses parents ont quitté la vallée et n'y étaient revenus que quelques mois plus tard. Une vidéo montrant des talibans fouettant une jeune fille avait soulevé l'indignation et précipité une vaste offensive de l'armée pakistanaise pour déloger les talibans dirigés par le chef religieux Maulana Fazlullah, affiliés au TTP, de la vallée, surnommée la "Suisse du Pakistan" pour son fort potentiel touristique et ses montagnes.

    UNE CONDAMNATION NATIONALE


    Sur le site du New York Times a été diffusé le documentaire L'Odyssée d'une écolière réalisé en 2009 par Adam B. Ellick.

    Malala avait, elle, poursuivi publiquement son combat contre l'extrémisme, exprimant au quotidien pakistanais Dawn en 2011 son désir d'entrer en politique. Devenue "la face progressive de Swat", elle a reçu en 2011 le premier prix national pour la paix créé par le gouvernement pakistanais et avait fait partie des nominations pour le prix international des enfants pour la paix de la fondation Kids Rights. La tentative d'assassinat dont elle a été la cible a ainsi choqué le pays tout entier et sapé son moral, déjà bas.

    "Malala était une voix isolée dans le désert", a commenté Feryal Gauhar dans le quotidien pakistanais Express Tribune. "Sa voix est celle qui nous a amené à réaliser qu'il pouvait y avoir des alternatives et une résistance à toutes formes de tyrannie. La tentative de faire taire cette voix doit seulement la rendre plus forte ; le sang qui entache son uniforme d'écolière doit seulement alimenter la conviction qu'aussi longtemps qu'il y aura de la vie, la lutte doit se poursuivre", a-t-il ajouté.

    Mian Iftikhar Hussain, ministre de l'information de la province du Khyber Pakhtunkhwa, où se trouve Swat, et qui a lui-même perdu son unique fils dans un attentat taliban en 2010, a dénoncé cette attaque de "terroristes" contre une "icône de la paix". Les députés pakistanais ont suspendu mercredi leurs travaux en hommage à l'adolescente qui "est un modèle pour l'ensemble du pays", selon la ministre des affaires étrangères, Hina Rabbani Khar. Les autorités pakistanaises ont promis une récompense de dix millions de roupies (82 000 euros), une fortune au Pakistan, pour quiconque transmettrait à la police des informations menant à l'arrestation des assaillants.

    L'attaque est embarrassante pour les autorités pakistanaises, qui n'arrivent pas à reprendre le contrôle sur les zones tribales du nord-ouest du pays, adossées à l'Afghanistan et considérées comme un sanctuaire pour les talibans et des mouvements liés à Al-Qaida. Elle pourrait marquer un tournant au sein de l'opinion, jusqu'à présent divisée sur la façon de gérer cette menace extrémiste. "La grande majorité estime que les talibans ont franchi la ligne rouge. Choc et condamnation sont extrêmes, mais le point positif est que des gens en parlent désormais publiquement. Cela force les gens à se positionner publiquement", a déclaré le présentateur de télévision pakistanais, Mohammad Malick.

    Chantre de la guerre contre le terrorisme, le chef de l'armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani, a condamné, au chevet de la victime, des "actes haineux de terrorisme commis par des lâches". "Ces actes inhumains montrent clairement le type de mentalité extrémiste auquel le pays est confronté", a-t-il ajouté. Depuis cette attaque, sa voix porte davantage auprès des Pakistanais que celle des partisans de la négociation, à l'instar du politicien Imran Khan, souligne le quotidien britannique Guardian. Ce dernier est désormais la cible de critiques sur la Toile pour ses appels à faire la paix avec les talibans.

    "UNE MENACE OMNIPRÉSENTE"


    La réticence des autorités pakistanaises à s'attaquer de front aux poches de résistance talibanes dans le Nord-Waziristan et les régions frontalières de l'Afghanistan a été longtemps critiquée par les Américains, engagés dans une guerre contre le terrorisme dans la région. L'attaque contre Malala Yousufzai mènera-t-elle à un changement de politique de la part des autorités pakistanaises ? Le président Asif Ali Zardari a assuré que cette attaque n'entamerait pas la détermination de son gouvernement à combattre les rebelles islamistes et à défendre le droit des femmes à l'éducation.

    Pourtant, l'année dernière, deux autres militantes œuvrant pour l'éducation des femmes, Farida Afridi et Zarteef Afridi, ont été tuées dans le nord-ouest du Pakistan, a indiqué l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International. En dépit de l'interpellation de plus de deux cents personnes soupçonnées d'être liées à l'attaque contre Malala, les habitants de la vallée de Swat craignent plus que jamais pour leur sécurité et surtout celle de leurs enfants.

    "Nous craignons que la tentative de meurtre de Malala soit le point de départ d'une vague d'assassinats ciblés", explique ainsi Mukhtar Yusufzai, un militant local des droits de l'homme. Selon lui, des dignitaires locaux ont reçu des menaces de mort au cours des derniers mois. Et deux d'entre eux ont été tués, dont Afzah Khan, un membre fondateur de la "Jirga" de Swat, le conseil consultatif local. "Ils [les talibans] ont été chassés à l'extérieur de Swat mais la menace demeure omniprésente. Ils pensent être à présent en mesure de choisir des cibles précises et c'est pourquoi il y a une nouvelle vague de crimes", explique l'analyste pakistanais Imtiaz Gul.

    Hélène Sallon
    le monde
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Plus d'un million de personnes dans le monde ont déjà signé une pétition pour soutenir la jeune pakistanaise Malala Yousafzai, farouche défenseur de l'éducation des filles miraculée d'une attaque des talibans, a annoncé vendredi l'envoyé spécial de l'ONU Gordon Brown.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

    Commentaire

    Chargement...
    X