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L'Allemagne défend l'austérité à tout prix face au reste du monde

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  • L'Allemagne défend l'austérité à tout prix face au reste du monde

    Alors que le FMI et plusieurs pays demandent un assouplissement de l'effort de rigueur en Europe, l'Allemagne oppose un fin de non recevoir. Reste à savoir qui pourra l'infléchir...


    La directrice du FMI Christine Lagarde et le ministre allemand de l'économie Wolfgang Schäuble à Tokyo
    REUTERS/Stephen Jaffe/IMF/Handout
    Qui peut s'opposer aujourd'hui à l'orthodoxie budgétaire de l'Allemagne? Manifestement, personne en Europe. Mais alors que Bruxelles et Paris font entendre un silence assourdissant, c'est paradoxalement du FMI que se sont élevées les voix les plus fortes contre les dangers de l'austérité à tout prix.

    A l'occasion de l'assemblée annuelle FMI- Banque mondiale à Tokyo, la directrice générale de l'institution, Christine Lagarde, a en effet jugé nécessaire d'accorder à la Grèce un délai supplémentaire de deux ans pour qu'elle atteigne les objectifs de réduction des déficits publics. "Au lieu d'une réduction frontale et massive, il est parfois préférable d'avoir un peu plus de temps étant donné que beaucoup de pays sont actuellement engagés dans des politiques de réduction des déficits", a-t-elle expliqué.

    Mais cet appel à la modération a été écarté de façon autoritaire vendredi par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. "Il n'y a pas d'alternative à la réduction à moyen terme des dettes des Etats qui sont trop élevées, notamment et bien entendu pour l'euro et la zone euro dans son ensemble", a-t-il tranché. Renoncer à cet objectif ne fait que "créer de la confusion mais pas de la confiance", a-t-il souligné.

    Ce n'est pas que l'Allemagne soit aveugle face à la récession qui règne sur le Vieux continent. La veille, la chancelière Angela Merkel s'est même dit prête à assumer son rôle de locomotive économique. Mais à ses conditions, très libérales. En soutenant la consommation dans son pays - et donc les importations d'autres pays de l'UE - par des baisses d'impôts.

    Le FMI a-t-il viré sa cuti ?
    Même si sa voix domine aujourd'hui, l'Allemagne apparaît tout de même de plus en plus isolée dans son ultra-rigorisme. Le FMI affirme de son côté ne pas avoir changé de philosophie. Les plans d'ajustements budgétaires en Europe restent "nécessaires", indique ainsi son économiste en chef, Olivier Blanchard. Mais il se veut pragmatique, car ils " pèsent sans aucun doute possible " sur la demande. Il faut donc être " prêts à réajuster les objectifs ".

    Le rapport sur l'état de l'économie mondiale publié mercredi se montrait encore plus précis. "Si la situation financière le permet, l'ajustement doit se faire à un rythme qui correspond à l'état de l'économie", indique-t-il. D'une manière générale, l'attention devrait se porter sur des objectifs budgétaires structurels plutôt que des objectifs nominaux, susceptibles eux d'être affectés par la situation économique", ajoute le FMI. Derrière ce jargon un peu technique, le message est clair : les pays européens dans lesquels le déficit dérape le plus (Royaume-Uni, Espagne, Irlande, Grèce, mais aussi la France) feraient mieux de lever le pied. Sinon, ils n'auront bientôt plus de croissance du tout et les déficits exploseront.

    Le Fonds prend ainsi sans doute conscience des réactions en chaîne provoquées par la mise en route simultanée de programmes d'austérité dans l'Union européenne où les économies sont étroitement inter-connectées. Les plans d'économies engagés sur le Vieux Continent n'ont ainsi pas empêché la zone euro de voir son activité se contracter au deuxième trimestre sur fond chômage persistant. "Il y a très clairement des effets d'entraînement quand tous vos voisins appliquent des programmes d'austérité", note Jacob Kirkegaard, économiste au Peterson Institute de Washington. Selon lui, les retombées sont par ailleurs amplifiées par le mouvement de désendettement massif engagé par les banques européennes, qui a pour conséquence de réduire l'offre de crédit et d'assécher l'activité. "Ces amplificateurs budgétaires sont bien plus importants aujourd'hui qu'au cours de l'histoire récente des pays développés", souligne M. Kierkegaard.

    Les pays émergents, les Etats-Unis... et la France, c'est pour quand?
    De nombreux économistes appellent désormais à cette mise à jour de la doxa de la rigueur. L'institut Bruegel, par exemple, réclame un délai supplémentaire d'un an pour tous les pays de la zone euro. Jusqu'ici, seuls l'Espagne et le Portugal ont obtenu ce délai.

    Et comme l'Europe est aujourd'hui la principale menace pour la croissance mondiale, de plus en plus de pays rejoignent aujourd'hui la position du FMI. Le ministre des Finances brésilien, Guido Mantega, a ainsi appelé vendredi à "atténuer" l'impact sur l'emploi et l'activité des plans d'économies à l'oeuvre en Europe. Il ne serait pas le seul. De source diplomatique, les Etats-Unis et de nombreux pays émergents plaident pour une pause dans les programmes d'austérité en Europe.

    Reste à savoir si quelqu'un peut infléchir l'Allemagne. Attendu comme le Roosevelt européen par certains, François Hollande semble aujourd'hui faire profil bas face Angela Merkel. Alors que des membres éminents de sa majorité réclament un étalement de la rigueur, le gouvernement s'est jusqu'ici toujours refusé à l'envisager... même si on se doute qu'il l'espère secrètement L'objectif de croissance pour 2013 sera en effet très difficile à atteindre. Maintenant que le traité budgétaire européen est enfin adopté, il aura de moins en moins d'excuses pour ne pas faire entendre sa voix...
    L'Expansion.com -
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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