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Nos parents nous ont donné la vie. Ils se sont occupés de nous dès notre petite enfance. Ils ont été les seuls à se soucier réellement de notre santé, éducation… et de notre avenir. Nous leur devons donc beaucoup de choses. C’est pourquoi nous ne pouvons leur tourner le dos une fois qu’ils ont besoins de nous lorsqu’ils sont âgés. Presque tout le monde essaye de faire de son mieux pour satisfaire tous les besoins de ses parents sur le plan affectif et surtout financier. Les problèmes commencent quand le jeune homme ou la jeune femme qui s’occupe de ses parents souhaite fonder une famille et se marie. Généralement, le conjoint à du mal à supporter tout l’intérêt que porte l’autre pour ses parents, il le vit comme une injustice. «Mon mari est un ange avec ses parents. Il ne rate aucune occasion pour être avec eux, leur demander s’ils ont besoin de quelque chose. Parfois, j’ai l’impression que la plus grosse part de son salaire est réservée à ses parents.
Je ne serais pas en colère s’il portait le même intérêt pour nous, mais ce n’est pas le cas. Je ne dis pas que c’est un mauvais père pour autant, il accorde aux enfants un peu de temps parfois après le boulot, mais il ne pense jamais à leur anniversaire, à les distraire pendant les vacances, à les emmener dans des parcs de loisirs, à la mer...», confie tristement Hanaâ.
L’éclosion de cette situation problématique dans les couples à cause de la prise en charge des parents est favorisée par plusieurs facteurs, notamment les liens familiaux de plus en plus fragiles, les jeunes épouses qui supportent, de moins en moins, leurs belles familles, la petite superficie des appartements qui sont construits actuellement et la disparition dans les grandes villes de la notion de «Dar Lakbira» qui réunissait auparavant toute la famille… À cause des conflits engendrés par la prise en charge des parents, plusieurs personnes se retrouvent entre le marteau et l’enclume. «Je ne sais plus quoi faire avec ma femme qui ne supporte pas que je m’occupe de mes parents. Elle ne veut pas comprendre qu’ils sont devenus âgés et donc plus vulnérables que jamais. C’est mon devoir de prendre soin d’eux et de satisfaire tous leurs besoins. Au lieu de se plaindre à longueur de journée, elle devrait me comprendre et m’aider. Parfois, je sens qu’elle veut que je les abandonne», raconte Hamid, frustré par le comportement de sa femme.
Abandon
Certains finissent par céder et décident d’abandonner leurs parents quand les problèmes deviennent insurmontables. «Pour parler de ce sujet, il y a lieu de tenir compte de l’évolution de la société et ses adaptations avec les modalités de la vie contemporaine. Ainsi, beaucoup de changements ont été accusés au niveau des comportements et des usages.
Dans cette perspective historique, ce n’est pas un phénomène de société, mais dans la perspective culturelle et des traditions on peut dire que c’en est un. Il s’agit moins d’exclusion des parents, mais plus de recherche d’autonomie, pour les uns que pour les autres», explique Abdelkrim Belhaj, psychosociologue. Et d’ajouter : «peut-être que le changement est survenu brusquement sans transition entre les générations ni même les formes de prise en charge dont font l’objet les parents qui sont des personnes âgées».
La prise en charge des parents vue par Mohssine Benzakour, psychosociologue
«Les difficultés surgissent lorsque la cohabitation représente une obligation à laquelle aucune des deux parties n’est en mesure de se soustraire»
Si l’on excepte le problème financier, il n’y a, en principe, pas de problème majeur lorsque l’on décide de prendre ses parents chez soi en ayant la possibilité d’assurer une vie quotidienne respectant l’intimité et la liberté de chacun. Les difficultés surgissent lorsque la cohabitation représente une obligation à laquelle aucune des deux parties n’est en mesure de se soustraire et surtout quand les conditions matérielles ne sont pas réunies. L’exiguïté des appartements modernes rend, en effet, le quotidien difficile et génère des conflits inextricables. Ces situations de promiscuité représentent des moments que l’on pourrait dire «de vérité», souvent très douloureux à surmonter. Les tensions augmentent alors au fur et à mesure que la culpabilité s’installe, à savoir que la gestion de la situation se dévie en sentiments dévorant la conscience et au lieu que le couple s’attaque au problème principal pour le résoudre, il commence à s’autodétruire. Sans doute, une bonne communication autour de ce sujet peut résoudre le problème. En effet, cela permettra de regagner la confiance en soi et dans le couple et conduira à chercher ensemble la solution la plus appropriée, sans peur ni gêne.
Un choix difficile
Face aux fréquents problèmes que crée la prise en charge des parents, certains optent pour le choix difficile qui est de les exclure de leur vie. Ils décident alors d’écarter leurs parents de leur cercle de famille tant sur le plan financier que sur le plan affectif. Si certains se contentent de les abandonner dans leurs maisons sans se soucier d’eux, d’autres les mettent dans des maisons de retraite. Celles-ci sont généralement démunies et insalubres. En effet, les personnes âgées y sont souvent délaissées par les responsables de ces maisons. Aucune aide ne leur est apportée. Les déplacements à l’hôpital se font parfois dans des camionnettes qui servent initialement au transport de légumes, ceux qui sont décédés, quant à eux, sont «jetés» à la morgue, évidemment puisque personne ne demande après eux.
Témoignages…
Je ne serais pas en colère s’il portait le même intérêt pour nous, mais ce n’est pas le cas. Je ne dis pas que c’est un mauvais père pour autant, il accorde aux enfants un peu de temps parfois après le boulot, mais il ne pense jamais à leur anniversaire, à les distraire pendant les vacances, à les emmener dans des parcs de loisirs, à la mer...», confie tristement Hanaâ.
L’éclosion de cette situation problématique dans les couples à cause de la prise en charge des parents est favorisée par plusieurs facteurs, notamment les liens familiaux de plus en plus fragiles, les jeunes épouses qui supportent, de moins en moins, leurs belles familles, la petite superficie des appartements qui sont construits actuellement et la disparition dans les grandes villes de la notion de «Dar Lakbira» qui réunissait auparavant toute la famille… À cause des conflits engendrés par la prise en charge des parents, plusieurs personnes se retrouvent entre le marteau et l’enclume. «Je ne sais plus quoi faire avec ma femme qui ne supporte pas que je m’occupe de mes parents. Elle ne veut pas comprendre qu’ils sont devenus âgés et donc plus vulnérables que jamais. C’est mon devoir de prendre soin d’eux et de satisfaire tous leurs besoins. Au lieu de se plaindre à longueur de journée, elle devrait me comprendre et m’aider. Parfois, je sens qu’elle veut que je les abandonne», raconte Hamid, frustré par le comportement de sa femme.
Abandon
Certains finissent par céder et décident d’abandonner leurs parents quand les problèmes deviennent insurmontables. «Pour parler de ce sujet, il y a lieu de tenir compte de l’évolution de la société et ses adaptations avec les modalités de la vie contemporaine. Ainsi, beaucoup de changements ont été accusés au niveau des comportements et des usages.
Dans cette perspective historique, ce n’est pas un phénomène de société, mais dans la perspective culturelle et des traditions on peut dire que c’en est un. Il s’agit moins d’exclusion des parents, mais plus de recherche d’autonomie, pour les uns que pour les autres», explique Abdelkrim Belhaj, psychosociologue. Et d’ajouter : «peut-être que le changement est survenu brusquement sans transition entre les générations ni même les formes de prise en charge dont font l’objet les parents qui sont des personnes âgées».
La prise en charge des parents vue par Mohssine Benzakour, psychosociologue
«Les difficultés surgissent lorsque la cohabitation représente une obligation à laquelle aucune des deux parties n’est en mesure de se soustraire»
Si l’on excepte le problème financier, il n’y a, en principe, pas de problème majeur lorsque l’on décide de prendre ses parents chez soi en ayant la possibilité d’assurer une vie quotidienne respectant l’intimité et la liberté de chacun. Les difficultés surgissent lorsque la cohabitation représente une obligation à laquelle aucune des deux parties n’est en mesure de se soustraire et surtout quand les conditions matérielles ne sont pas réunies. L’exiguïté des appartements modernes rend, en effet, le quotidien difficile et génère des conflits inextricables. Ces situations de promiscuité représentent des moments que l’on pourrait dire «de vérité», souvent très douloureux à surmonter. Les tensions augmentent alors au fur et à mesure que la culpabilité s’installe, à savoir que la gestion de la situation se dévie en sentiments dévorant la conscience et au lieu que le couple s’attaque au problème principal pour le résoudre, il commence à s’autodétruire. Sans doute, une bonne communication autour de ce sujet peut résoudre le problème. En effet, cela permettra de regagner la confiance en soi et dans le couple et conduira à chercher ensemble la solution la plus appropriée, sans peur ni gêne.
Un choix difficile
Face aux fréquents problèmes que crée la prise en charge des parents, certains optent pour le choix difficile qui est de les exclure de leur vie. Ils décident alors d’écarter leurs parents de leur cercle de famille tant sur le plan financier que sur le plan affectif. Si certains se contentent de les abandonner dans leurs maisons sans se soucier d’eux, d’autres les mettent dans des maisons de retraite. Celles-ci sont généralement démunies et insalubres. En effet, les personnes âgées y sont souvent délaissées par les responsables de ces maisons. Aucune aide ne leur est apportée. Les déplacements à l’hôpital se font parfois dans des camionnettes qui servent initialement au transport de légumes, ceux qui sont décédés, quant à eux, sont «jetés» à la morgue, évidemment puisque personne ne demande après eux.
Témoignages…
- Mes parents m’empêchent de me marier
- Houssam, 32 ans
- «Mon père est retraité depuis presque six ans et ma mère n’a jamais travaillé. Ils ont très peu de moyens pour vivre. Et comme je suis leur fils unique, je n’ai pas le choix. Je dois les prendre en charge, financièrement. Malheureusement, mon salaire ne me suffit pour satisfaire tous mes besoins ainsi que les siens. En effet, mes parents sont des personnes âgées et tombent souvent malades. Je dois donc leur acheter régulièrement des médicaments qui coûtent cher sans oublier les autres besoins essentiels. Le problème qui se pose maintenant est que je souhaite me marier. J’ai trouvé une fille bien que j’aime. Elle connaît très bien ma situation et jusqu’à présent elle me soutient. Mais j’ignore jusqu’à quand elle pourra être patiente et supporter cela. J’ai besoin d’argent pour pouvoir la demander en mariage et pour le moment je n’ai que des dettes. Sa mère lui demande souvent de m’oublier et de trouver un homme aisé qui la rendra heureuse. J’ai peur qu’elle suive les conseils de sa mère un jour et qu’elle me quitte».
- Ma belle-mère est devenue mon cauchemar
- Sanâa, 28 ans
- «Mon mari m’a expliqué sa situation et m’a fait comprendre qu’il s’occupait de sa mère qui n’a que lui et sa sœur après le décès de son père. J’ai accepté sans problème, car j’étais loin d’imaginer que la situation allait être aussi compliquée. Je ne croyais pas qu’elle deviendrait l’axe principal de notre vie. Mon mari, mes enfants et moi-même dépendons tous d’elle. Parfois, je peux être tolérante quand il s’agit de quelque chose d’urgent comme sa santé par exemple, mais souvent nous sommes obligés de nous priver de choses importantes rien que pour ses beaux yeux. Nous subissons tous ses caprices et le pire est que nous n’avons pas le droit de nous plaindre. Pas plus loin que la semaine dernière, nous devions acheter un siège auto à notre bébé, mais mon mari a préféré ignorer la sécurité de notre enfant pour que sa maman chérie puisse voyager et changer d’air. Je ne crois pas que je pourrai supporter cette situation encore longtemps. Un jour, je lui demanderai de choisir entre sa famille et sa mère ou au moins de partager les responsabilités avec sa sœur».
- J’ai eu beaucoup de chance
- Mohamed, 40 ans
- «Après la mort de mon père, ma mère n’avait plus personne sur cette terre sauf moi. J’ai donc essayé de faire de mon mieux pour que rien ne lui manque. Je n’avais qu’une seule crainte. J’avais peur que la femme que je choisirai comme épouse ne puisse pas me comprendre et me crée des problèmes avec ma mère. Heureusement, j’ai trouvé une femme formidable qui a su me comprendre. Non seulement elle ne se plaint jamais de ma mère, mais elle m’aide aussi à m’occuper d’elle. Souvent, je culpabilise parce que je sens que je suis injuste avec elle. Je m’occupe des besoins de ma mère au détriment de son bien-être. Je me retrouve plusieurs fois obligé de la priver de certaines choses dont elle a besoin à cause de ma mère. Sans oublier que cette dernière n’est pas très sympathique avec elle et elle lui donne du fil à retordre. Une chose est sûre, j’ai été très gâté par le destin qui a mis dans mon chemin une telle femme».
- LE MATIN MA