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Les révélations d’Omar Boudaoud.

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  • Les révélations d’Omar Boudaoud.

    Contacts avec de gaulle, manifestation du 17 octobre 1961 et réseaux de soutien du FLN.

    La conférence organisée par l’association Machaâl Echahid, hier, au centre de presse du quotidien El Moudjahid , se voulait être un hommage aux «amis de la Révolution à l’étranger».

    Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Le conférencier, Omar Boudaoud, responsable de la Fédération de France du FLN, était, lui, très fatigué et entendait à peine à travers sa prothèse auditive. Et il a fallu que les modérateurs interviennent à chaque fois pour lui répéter les questions des journalistes, parfois en déformant les propos. Dense était, néanmoins, son intervention. Des détails peu connus, et qui constituent des pistes explorables dans l’écriture de l’histoire de la Révolution de novembre 1954, ont été ainsi portés à la connaissance de l’assistance. «Les Algériens étaient facilement repérables par la police française et il leur était difficile de circuler librement. Ce sont plutôt des Français et autres Européens, notamment les Allemands, qui nous ont aidés dans notre action. Chaque démembrement ou échelon du système avait ses propres réseaux de soutien, à l’insu même du commandement de l’organisation. Je ne connais donc pas tous les étrangers ayant servi la cause algérienne. Je me limiterai aux principaux réseaux : Jeanson, Curiel et Raptis», a-t-il esquissé. Le premier, celui de Francis Jeanson, est le plus célèbre de tous les réseaux de soutien du FLN. Ses membres apportaient l’argent des cotisations aux banques, le transféraient sur des comptes domiciliés en Suisse et organisaient le passage aux frontières des responsables du FLN. En plus, bien sûr, d’autres aides matérielles qu’ils réussissaient à mobiliser au profit de la Révolution. Le deuxième réseau, portant le nom d’un Juif égyptien, à savoir Henri Curiel, fonctionnait de la même manière que le premier. Issu d’une famille de banquiers, il lui était, selon M. Boudaoud, beaucoup plus facile de transférer l’argent du FLN d’un compte à un autre. «Les Français pensaient que nous le portions dans des valises, d’où cette expression de porteurs de valises. Or, l’argent que la Fédération se procurait transitait par une multitude de comptes bancaires domiciliés en France et en Suisse», a-t-il souligné, d’un air ironique.

    «J’ai refusé de faire comme Si Salah…»

    L’autre réseau évoqué par M. Boudaoud est celui du trotskiste Michel Raptis, à l’époque secrétaire général de la 4e Internationale. Ce dernier, selon le conférencier, avait tendance, par contre, à s’immiscer dans les affaires du FLN. «Je l’ai remis à sa place après quelques anicroches et je lui ai dit qu’il n’avait pas à s’ingérer dans la politique du FLN qui n’avait besoin que d’aides matérielles. C’était valable pour tous les réseaux. J’étais clair dès le début avec eux. Chose que Francis Jeanson avait vérifié à ses dépens quand nous avions porté la guerre sur le territoire métropolitain. Il l’avait appris par le biais de la presse et je ne lui ai expliqué nos motivations qu’une fois les premières actions accomplies». Et d’ajouter : «Jeanson était compréhensif. » Par ailleurs, M. Boudaoud a évoqué les conditions dans lesquelles a été organisée la manifestation du 17 octobre 1961. «C’était un mois et demi après mon entrevue avec un émissaire du général De Gaulle. Je l’ai rencontré à Bruxelles. Il m’a dit que De Gaulle était prêt à relancer les négociations si les Algériens déposaient les armes et m’a demandé de publier au nom de la Fédération un appel décrétant le cessez-le-feu sur le territoire métropolitain. Je lui ai signifié une fin de non-recevoir en ces mots : il n’en est pas question ! Je ne reproduirai jamais une nouvelle opération Si Salah (Mohamed Zamoum de son vrai nom, commandant par intérim de la Wilaya IV historique reçu à l’Elysée par De Gaulle et assassiné par la suite dans des conditions encore à élucider, ndlr)», a-t-il révélé. A cause de ce refus, explique M. Boudaoud, Michel Debré, son Premier ministre, a décidé d’un couvre-feu pour tous les Algériens vivant en France. «Nous avions conclu au sein du comité fédéral que ce couvre-feu allait briser notre organisation et qu’il fallait faire quelque chose, car nous activions la nuit (réunions, collectes de fonds…). Je me suis alors déplacé à Tunis pour demander l’aval du GPRA. Lakhdar Bentobal, qui supervisait les fédérations de France, de Tunisie et du Maroc, m’avait répondu en ces termes : « Si vous réussissez, c’est la Révolution qui doit réussir. Et si vous échouez, vous êtes le seul responsable !», a-t-il enchaîné. Et de conclure : «Après deux jours de manifestations et une journée de grève observée par les Algériens et les amis de la Révolution à travers toute la France, trois jours qui sont venus avec leur lot de noyés et de pendus dans le sillage d’une répression impitoyable, le FLN en est sorti plus fort.»

    L. H.
    Il y a des gens si intelligents que lorsqu'ils font les imbéciles, ils réussissent mieux que quiconque. - Maurice Donnay
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