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Ombres et lumières sur le Liban…

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  • Ombres et lumières sur le Liban…

    Il n'y a pas un moment pour ecrire et enrichir, mais c’est peut être le meilleur moment pour écrire sur le Liban, pour éclaircir les pensées en ce qui le concerne. En ces dur moments….., on pense tous pareil, mais le Liban est un pays extraordinaire…bien en avance par rapport a beaucoup d’autres pays arabes…

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    Littérature libanaise.....Ombres et lumières du pays du Cèdre

    En 1993, le Liban comptait 730 maisons d’édition, des dizaines de journaux et 40 chaînes de télévision privées. En pleine guerre civile qui a ravagé ce pays de 10 400 km2 pendant quinze ans (1975-1990), lorsque les autres pays arabes étaient soumis à la dictature des partis uniques, le Liban produisait des milliers de livres par an, des dizaines de journaux par jour et des dizaines de films en douze mois. Cette ‘’Suisse’’ du monde arabe, comme se plaisaient à l’appeler les gens de culture, les touristes et même les petites gens, était le carrefour des cultures et des civilisations. Elle le demeure, malgré l’adversité qu’elle a fini par apprivoiser et les convoitises qu’elle nourrit.



    Sans doute plus que les autres peuples, les Libanais ont su recourir à la littérature, à la magie du verbe et au rythme des strophes lorsque la réalité se fait pesante, menaçante ou tout simplement indicible. Sur la scène culturelle et littéraire du monde arabe, le Liban constitue une exception à tel point que, il y a moins de vingt ans, son industrie culturelle alimentait l’ensemble des institutions éducatives et des bibliothèques du monde arabe. En 1993, le Liban comptait 730 maisons d’édition, des dizaines de journaux et 40 chaînes de télévision privées. En pleine guerre civile qui a ravagé ce pays de 10 400 km2 pendant quinze ans (1975-1990), lorsque les autres pays arabes étaient soumis à la dictature des partis uniques, le Liban produisait des milliers de livres par an, des dizaines de journaux par jour et des dizaines de films en douze mois. Cette ‘’Suisse’’ du monde arabe, comme se plaisaient à l’appeler les gens de culture, les touristes et même les petites gens, était le carrefour des cultures et des civilisations. Elle le demeure, malgré l’adversité qu’elle a fini par apprivoiser et les convoitises qu’elle nourrit. «Petite terre si limitée dans l’espace qu’il semble qu’elle puisse tenir sous un regard serré. Un peu de mer, une lampée de soleil, des collines qui jappent au pied des montagnes, de hautes terres qui jouent à l’Everest ou s’habillent de rocailles, une population vive, entremêlée, au nombre restreint. Petite terre. Quelques heures suffisent pour la sillonner, pour toucher ses frontières, les mots pour la décrire devraient tenir dans une coupe. Mais la phrase qui allait naître, s’inscrit dans le vent, balayée, gommée aussitôt. Ou bien d’autres s’empilent, l’enfouissent sous une pluie de contradictions», écrit Andrée Chédid, poétesse et romancière libanaise de langue française (in Le Liban, 1969- Éditions du Seuil).
    Même si le mouvement Nahdha (renaissance culturelle et littéraire arabe du 19e siècle) eut ses origines en Égypte dans le sillage de l’offensive napoléonienne et l’intelligence clairvoyante du gouverneur Mohamed Ali, elle connaîtra son apogée dans le pays du Cèdre. L’intérêt des minorités chrétiennes pour les lettres et les arts et la politique lucide suivie par Mohamed Ali, maître de la Syrie de 1832 à 1840, ont joué un rôle considérable dans l’éclosion du goût littéraire et son extension à travers le Liban, la Syrie et l’Égypte. «Les préoccupations des missions religieuses vont de pair avec celles des milieux locaux : ainsi sont fondées l’Université américaine, l’Université Saint-Joseph et une École supérieure nationale. Même émulation pour les traductions en arabe : celle de la Bible est de 1840. Elle s’inscrit dans un mouvement plus vaste où l’intelligentsia locale tient les premiers rôles : Naçif El Yazidji (1800-1871), Butrus El Bustani ((1819-1883) et Faris Al Chidiaq ((1804-1887) mettent à la disposition de leurs compatriotes quelques-uns des chefs-d’œuvre de l’Occident, mais aussi leur production propre : on en retiendra au moins le Dictionnaire d’Al Bustani», souligne, de son côté, l’orientaliste André Miquel dans son livre La Littérature arabe- Editions PUF-1976.
    La littérature libanaise- poésie, roman, théâtre et nouvelle- allait entamer la modernisation de la langue arabe et cela malgré la vive querelle entre les Anciens et les Modernes, c’est-à-dire ceux qui tiennent à la norme des siècles prestigieux des Belles-Lettres arabes (Adab) et les rénovateurs qui veulent une langue à la dimension de l’homme moderne. Le camp de ces derniers a été renforcé par les nouvelles techniques d’imprimerie qui permirent la diffusion des journaux. La presse, particulièrement les quotidiens, parce qu’elle doit s’adresser à un vaste public et parce qu’elle doit parler de la vie quotidienne, a travaillé pour une forme de ‘’standardisation’’ de la langue qui la dégage des fioritures et des emphases devenues lourdes et inutiles dans un siècle qui exige célérité et précision. Beaucoup de romanciers et de poètes de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle exerçaient en même temps dans la presse. Mieux, avant de passer dans des maisons d’édition, la majorité des recueils de poèmes et de romans sont publiés dans des revues littéraires partiellement ou intégralement. Cette période charnière, située à la fin d’un siècle et au début d’un autre et qui a connu en Orient la fin du tutorat ottoman et le début des colonisations modernes britanniques et françaises, a connu au Liban une floraison littéraire inouïe où tous les genres furent abordés. Des auteurs ont tenté l’émigration et se sont installés définitivement en Amérique du Nord et au Brésil (Gibran Khalil Gibran, Ilia Abu Madhi, Elias Ferhat, Chafik et Fawzi Malouf, Mikhaïl Nouaïma, Rachid Ayyub,…). Ils y ont fondé journaux, revues et maisons d’édition.

    Un riche bilinguisme
    La littérature libanaise ne se limite pas à la langue arabe. Le legs libanais dans la langue de Voltaire est immense et continue à donner ses lettres de noblesse à cette littérature bilingue de grande valeur. Rien que sur la scène actuelle, les noms d’Andrée Chédid, Amine Malouf et Vénus Khoury Ghata se sont imposés comme des références en la matière. D’autres auteurs ont fait un apport considérable à ce volet important de la culture libanaise : Salah Stétié, Gabriel Bounour, Georges Shéhadé,… Salah Stétié, dans une chronique mi-humoristique mi-anecdotique intitulée L’Enfant de soie, raconte dans le numéro 32 de la revue Art Sud’ (octobre 2001) : «Au 19e siècle, les Libanais se mettront à la plantation du mûrier et à la culture du ver à soie, commerce rentable, pour produire les merveilleux cocons qui seront vendus tels quels aux réputés soyeux lyonnais, à moins que certains d’entre ceux-ci ne viennent s’installer au Liban, y fondant des magnaneries qui existent encore pour y traiter sur place la très subtile denrée. Cette présence des soyeux français aura pour résultat inespéré la création, à Beyrouth même, il y a cent vingt-cinq ans, de la célèbre université Saint-Joseph, filiale à l’origine de l’université de Lyon. La soie aura donc donné naissance à l’Université française de chez moi, elle aura introduit de la sorte, la langue française au Liban, et voici que je suis moi-même un produit- faut-il dire soyeux ?- de l’Université Saint-Joseph. Quand la chrysalide dort dans son cocon, on ne peut jamais être sûr de la nature du papillon qu’elle deviendra. Espérons que le papillon que je suis n’a pas trop démérité de cet étrange rêve (…), rêve plusieurs fois millénaire, et dont je suis accidentellement le fils. De ce grand rêve de légèreté, j’aurai peut-être hérité la poésie». Le bilinguisme au Liban remonte réellement à plusieurs siècles. Andrée Chédid écrit à ce propos : «Le bilinguisme, déjà pratiqué il y a 2 300 ans par les enfants de Byblos, se perpétue. De plus, le Libanais se définit souvent par le choix qu’il fait de la langue complémentaire, français ou anglais ; les modes de penser et de vie de ces deux groupes sont si différents que parfois ceux-ci se côtoient sans s’interpénétrer. À la différence du Suisse ou du Belge, le Libanais est bilingue par goût plutôt que par nécessité.
    Le Liban, vu le nombre de ses habitants, est le premier importateur du monde de la langue française. Celle-ci est partout présente : dans trois quotidiens politiques, plusieurs hebdomadaires, à la radio, à la télévision, sur les enseignes, dans les conversations…
    Les rapports entre la France et le Liban remontent au temps des Croisades». Écrite en arabe ou en français, la littérature libanaise, en plus d’avoir un parcours particulier vu les vicissitudes de l’histoire du pays, traîne cette spécificité bien libanaise- de l’homme écartelé entre plusieurs vocations, harcelé par un destin adverse, et d’une nostalgie exacerbée des origines et des embruns premiers-, une spécificité qui inscrit cette littérature dans l’épopée de l’humanité souffrante et des valeurs esthétiques universelles.#

    - La depeche de Kabylie (Par Amar Naït Messaoud )
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