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Les « minorités », dernier vivier de soldats pour le régime syrien ?

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  • Les « minorités », dernier vivier de soldats pour le régime syrien ?

    Les « minorités », dernier vivier de soldats pour le régime syrien ?

    Ignace leverrier
    06 septembre 2012

    Sous le titre "L'armée syrienne mobilise ses réservistes, souvent récalcitrants", le Nouvel Observateur, reprenant une dépêche de Reuters, a fait état, le 4 septembre, des difficultés qu’éprouvent depuis deux mois les responsables syriens à faire revenir dans les casernes les Syriens, jeunes et moins jeunes, dont les noms n’ont pas encore été rayés des listes de la réserve. Mais l'hebdomadaire aurait donné une idée plus exacte de l’ampleur du problème auquel se heurtent désormais les autorités syriennes dans ce domaine, en précisant que ces mêmes autorités ont renoncé à inscrire sur les listes des réservistes qu’elles réclament sous les drapeaux les anciens conscrits appartenant à la communauté sunnite majoritaire.

    Lien article (algerie-dz) "L'armée syrienne mobilise ses réservistes, souvent récalcitrants":

    http://www.algerie-dz.com/forums/sho...09&postcount=2


    Selon le site All4Syria, le ministre syrien de la Défense a en effet ordonné que seuls les jeunes gens appartenant aux communautés minoritaires - chrétiens, chiites, druzes, ismaéliens, alaouites, mourchidites et kurdes, les mourchidites étant une composante minoritaire de la minorité alaouite - soient dorénavant convoqués.




    مراسل المحليات : كلنا شركاء 2/9/2012

    علمت "كلنا شركاء" من مصادرها بدمشق أن وزير الدفاع السوري أصدر أمراً باستدعاء جنود الاحتياط فقط من المنتمين إلى الأقليات "مسيحيين دروز اسماعيلين علويين مرشديين وأكراد " ولايدل هذا الأمر على انهيار الثقة بالطائفة السنية وحسب ، لابل ويدل أيضاً على مدى الخوف من أفراد الطائفة السنية والخشية من تحولهم الى قنابل موقوتة داخل القطعات العسكرية . كما يدل أيضاً على مدى الخسائر الكبيرة في صفوف جيش النظام وقواه الأمنية.

    وقد أثار هذا الأمر تململاً وامتعاضاً واسعاً في صفوف الأقليات لاسيما لدى المسيحيين والدروز والاسماعليين والأكراد اللذين باتوا يخشون فعلياً على أبنائهم من القتل في العمليات التي ينفذها جيش النظام ضد المعارضة المسلحة. وقد كثرت عملية الفرار وعدم الالتحاق بالوحدات العسكرية في مناطق واسعة من سورية، حتى من أبناء الطائفة العلوية الكثير منهم يمتنعون عن تلبية أوامر الاحتياط ويهربون إلى لبنان والدول المجاورة الأخرى. فلا تكاد تخلو عائلة من الطائفة العلوية من فقدان أحد أبناءها في المعارك التي يخوضها ضد النظام السوري ضد المعارضة السورية.


    Ce "tri sélectif" illustre mieux que de nombreux discours la perte définitive de confiance dans la communauté sunnite, de la part d’un régime attaché à se présenter, durant des décennies, comme le ciment de l’entente nationale et le fédérateur de communautés incapables sans lui de cohabiter. S’il voit maintenant dans "les sunnites" des ennemis et dans les jeunes recrues issues de cette communauté des "bombes à retardement", susceptibles d’exploser à tout moment dans les casernes et dans les postes, sa situation est sans doute moins confortable qu’il ne veut bien le reconnaître.

    Cette décision ministérielle n’a pas provoqué d’enthousiasme particulier dans la communauté majoritaire, qui souhaite d’abord et avant tout la fin des agressions contre les populations. Elle suscite en revanche mécontentement et désapprobation dans les rangs des minorités. Chez les chrétiens, les druzes, les ismaéliens et les kurdes en premier lieu. Les familles concernées redoutent en effet de voir leur progéniture surexposée, envoyée en première ligne pour des opérations contre l’opposition armée, décidées non pas en fonction de l’intérêt national, mais au profit du maintien en place d’un groupe composite aux préoccupations fort éloignées des attentes de la population. C’est pourquoi, au lieu d’inciter les jeunes concernés à "faire leur devoir", celles qui le peuvent tentent par tous les moyens - exfiltration clandestine du pays, établissement de certificats médicaux de complaisance, corruption de fonctionnaires des services de recrutement, etc. - d’empêcher leur retour sous les drapeaux.

    Aussi peu désireux que leurs camarades des autres communautés de servir de chair à canon aux ambitions du pouvoir et de contribuer au climat de haine intercommunautaire induit par la stratégie de répression généralisée de Bachar Al Assad, les alaouites eux-mêmes, comme Reuters le signale, ont recours à ce genre d’expédients. Les victimes se comptent déjà par centaines dans leurs rangs et rares sont les familles de cette communauté qui n’aient pas déploré, depuis le début du conflit, la perte d’au moins l’un de leurs membres.

    On peut se demander de quelle ardeur au combat feront montre les jeunes gens contraints par la force à rejoindre leurs anciennes unités, au sein desquelles des protestations se font parfois déjà entendre. Elles proviennent d’appelés maintenus de force sous les drapeaux, certains plus de douze mois après l’épuisement de leur temps de service réglementaire. Or, dans les casernes, le moral comme les conditions de vie se dégradent avec le temps, les annonces de désertion se conjuguant aux restrictions en tous genres imposées par les préoccupations sécuritaires et les difficultés économiques du régime. Pour prévenir les défections, depuis des mois, les permissions ne sont délivrées qu'au compte-goutte. Pour éviter les fuites d'information en direction des "rebelles", les communications sont restreintes et surveillées. Faute de budget suffisant, la qualité de l'alimentation se dégrade... Si les chabbiha, dont le pouvoir ne peut se dispenser des services et qu'il doit donc traiter avec une prévenance particulière, ont vu leur ration passer d'un poulet roti ou de chawarmas à une tomate, un pain et une petite boite de mortadelle, pour un prix avoisinant 30 livres syriennes, soit moins de 50 centimes d'euro, on peut imaginer de quoi se compose le rata des bidasses... D'autant que l'époque où les contestataires - à Daraya, par exemple, sous l'impulsion du pacifiste Ghiyath Matar... enlevé avant de décéder sous la torture il y a un an jour pour jour - offraient des sucreries ou contribuaient à l'alimentation des soldats, pour tenter de dissuader la répression et de les gagner à leur cause, appartient depuis longtemps au passé.

    Le régime doit faire face à une difficulté supplémentaire. Des familles palestiniennes se sont lancées dans un mouvement de protestation pour éviter que leurs enfants, contraints par la loi syrienne à effectuer leur service militaire dans l'Armée de Libération de la Palestine, commandée en principe par des officiers eux-mêmes palestiniens, mais rattachée à l’Etat-major de l’armée syrienne et placée sous le contrôle étroit des moukhabarat syriens de la Branche Palestine…, soient envoyés en renfort dans des zones en conflit avec le pouvoir. Elles ne veulent pas qu’ils soient engagés dans des combats entre Syriens auxquels ils n’ont rien à gagner. N’ayant pas la possibilité d’imiter Khaled Mechaal, chef du Bureau politique du Hamas, dont la fuite de Syrie équivaut à un désaveu de la politique du régime, et refusant la complicité active d’Ahmed Jibrill (FPLP-CG) ou de Saïd Al Mouragha "Abou Moussa" (Fatah-Intifadha) avec ceux dont ils sont devenus depuis longtemps de simples supplétifs, elles souhaitent ardemment que leurs enfants, comme elles-mêmes, ne soient pas aspirés dans ce conflit à leur corps défendant.


    Le Monde

  • #2
    L'armée syrienne mobilise ses réservistes, souvent récalcitrants

    Reuters – mar. 4 sept. 2012

    Le nom du journaliste, qui s'est récemment rendu en Syrie, est tenu secret pour des raisons de sécurité

    DAMAS (Reuters) - Le régime de Bachar al Assad mobilise en nombre croissant des réservistes, signe que son armée est en mal d'effectifs pour mater les insurgés après quasiment un an et demi de soulèvement.

    Plusieurs réservistes en fuite et un officier d'active ont déclaré à Reuters que des milliers d'hommes avaient été convoqués au cours des deux derniers mois pour renforcer les rangs de l'armée, forte de 300.000 militaires, et que beaucoup d'entre eux avaient refusé de répondre à l'appel.

    "Nous avons le choix : rester et tuer nos compatriotes, ou déserter et fuir les tribunaux militaires", a déclaré un homme, conseiller juridique dans le civil, convoqué à Damas. Comme les autres personnes citées dans cet article, ce témoin a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité.

    Un officier contacté à Homs estime que seulement la moitié des Syriens rappelés dans l'armée ces derniers mois ont respecté leur convocation. Il est impossible de vérifier cette estimation ni de déterminer si d'autres unités sont confrontées au même problème.

    Selon ce même officier, de nombreuses unités ont subi de lourdes pertes dans les combats contre les insurgés. "Il y a une pénurie d'hommes. Beaucoup de combattants ont été tués et nous subissons des désertions", se lamente cet officier joint au téléphone.

    Sauf exceptions, tout Syrien doit effectuer un service militaire de deux ans à ses 18 ans ou après ses études. Une fois le service achevé, les anciens appelés demeurent des réservistes susceptibles d'être convoqués pour reprendre l'uniforme.

    Le conflit en Syrie, qui a gardé pendant de longs mois la forme de manifestations réprimées par le régime, a fait plus de 20.000 morts. Les réservistes en fuite disent que, quelle que soit leur opinion politique, ils ne veulent tout simplement pas prendre part à cette guerre civile.


    PAS ENCORE DE MOBILISATION GÉNÉRALE

    Les combats se sont intensifiés au cours de l'été. Souvent commandés par des déserteurs, les insurgés ont lancé des offensives dans Damas même et à Alep, le coeur économique du pays, malgré la puissance de feu largement supérieure de l'armée syrienne, l'une des mieux équipées de la région.

    Le régime, qui dit combattre des terroristes soutenus par des puissances étrangères, ne fournit pas de bilan exhaustif de ses pertes militaires. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), hostile à Bachar al Assad, près de 6.000 militaires ou membres des forces de sécurité ont déjà péri.

    L'officier de Homs souligne que le régime fait appel depuis déjà plusieurs mois aux réservistes mais que les besoins ont crû ces deux derniers mois, notamment en raison de l'intensification des combats à Damas et à Alep.

    "Nous ne sommes pas encore au point de décréter une mobilisation générale, dit-il. Mais si la situation se dégrade dans les mois à venir, nous pourrions devoir y recourir. Le pays est en état de guerre et nous avons besoin de l'aide de chacun."

    Les habitants de Damas rapportent que l'armée a installé des barrages à travers la ville pour vérifier les papiers d'identité des jeunes hommes. Certains déserteurs n'osent plus sortir de chez eux de peur d'être dénoncés par des voisins.

    Réserviste depuis la fin de son service militaire il y a deux ans, le conseiller juridique dit avoir été arrêté à l'un de ces barrages puis conduit dans une caserne de réservistes en périphérie de Damas afin d'y suivre une formation de deux semaines. Une nuit, il s'est enfui et vit désormais dans la clandestinité.


    SURVEILLANCE

    En Syrie, les hommes ayant accompli leur service militaire doivent ensuite obtenir l'accord de l'armée pour l'obtention d'un passeport, d'un emploi de fonctionnaire ou même pour un mariage. Il leur est ainsi très difficile d'échapper à la surveillance de l'armée dans sa quête de réservistes.

    Ancien artilleur, Fadi dit avoir été rappelé par l'armée, qui lui a donné 48 heures pour quitter sa ville de Tartous.

    "J'étais terrorisé. Je ne veux pas que ma petite fille grandisse sans son père. Ma femme n'arrête pas de pleurer. Quitte à être en fuite pour le restant de mes jours, je ne répondrai pas à la convocation", affirme-t-il.

    De confession alaouite comme la famille Assad, Fadi cherche un militaire à corrompre pour pouvoir fuir le pays.

    Les insurgés étant pour la plupart issus de la majorité sunnite, beaucoup d'alaouites défendent le régime en place par crainte de représailles confessionnelles en cas de renversement de la famille Assad. "Si les membres de ma communauté découvraient ce que je suis en train de faire, ils me qualifieraient de traître", dit Fadi. "Personne ne m'aiderait à me cacher."

    La télévision d'Etat diffuse en boucle des images de jeunes soldats brandissant leurs armes et défilant au son de l'hymne national.

    Avant de s'enfuir, le conseiller juridique dit s'être entraîné avec 200 recrues venues de tout le pays.

    "Notre officier formateur essayait de nous galvaniser, il était souriant et diffusait des chants patriotiques. Certains semblaient excités mais la plupart d'entre nous étions effrayés et démotivés", se souvient-il.

    Auparavant, ce conseiller juridique refusait de prendre parti dans le conflit. Avec cette convocation, il dit avoir été contraint de choisir son camp, celui de l'opposition : "Pourquoi devrions-nous passer toute notre vie à servir la famille Assad ?"


    Bertrand Boucey pour le service français, édité par Gilles Trequesser

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