LE MONDE | 18.10.2012 à 14h59
Par Laure Stephan (Beyrouth, correspondance)
En revendiquant l'envoi d'un drone au-dessus d'Israël début octobre, Hassan Nasrallah a appelé tous les Libanais à "être fiers" de cette "opération majeure" du Hezbollah. On en est loin. L'épopée de l'avion de reconnaissance, abondamment relatée par Al-Manar, la chaîne du mouvement islamique, saluée par le Hamas palestinien et applaudie au sein de la majorité libanaise conduite par le Hezbollah, est fustigée par l'opposition du "14-Mars" conduite par Saad Hariri.
Depuis l'intervention télévisée d'Hassan Nasrallah, le 11 octobre, la polémique se poursuit. Ce soir-là, le secrétaire général du Hezbollah avait expliqué que le drone abattu par les Israéliens le 6 octobre a été fabriqué en Iran - ce qu'a ensuite confirmé Téhéran - et assemblé par le Hezbollah. Selon le chef du parti de Dieu, l'appareil, dont le lieu de décollage depuis le Liban reste inconnu, a survolé plusieurs sites sensibles israéliens, dont le réacteur nucléaire de Dimona.
Une "déclaration de guerre [à Israël]", a jugé l'ancien premier ministre libanais Fouad Siniora, parmi les voix les plus critiques. S'il a certes salué, pour la forme, un "exploit militaire et technique", ce ténor de l'opposition dénonce "l'aventurisme" du Hezbollah qui risque d'entraîner le Liban dans "le brasier des conflits régionaux". Il s'en prend aussi à la "décision iranienne" qui a, selon lui, présidé à l'expédition de l'avion sans pilote.
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CLIMAT DÉJÀ DÉLÉTÈRE
Réuni mercredi 17 octobre, l'ensemble du "14-Mars" a encore estimé que le Hezbollah a "cherché l'agression israélienne " et violé la résolution 1701, qui a mis fin au conflit de l'été 2006 entre Israël et le Hezbollah.
"Ceux qui protestent (...) feraient mieux de nous proposer une autre méthode alors que plus de 20 000 violations [israéliennes de l'espace aérien libanais] sont répertoriées par l'ONU chaque année", rétorque le député hezbollahi Nawaf Moussaoui, pour qui le 11 octobre, date de la revendication par le Hezbollah de l'envoi du drone, devrait être proclamé "jour de gloire".
Le débat suscité par cette affaire vient rajouter au climat déjà délétère : le conflit syrien, qui divise les Libanais, suscite d'âpres tensions. Soutien de la révolte syrienne, l'opposition accuse le Hezbollah d'avoir cherché, avec l'envoi du drone, à faire diversion en mettant en avant ses prouesses sur le terrain de la confrontation avec Israël, alors que son image de formation résistante est écornée par son appui au régime de Damas.
Hassan Nasrallah a une nouvelle fois démenti, le 11 octobre, toute implication militaire du Hezbollah en Syrie. Il a toutefois reconnu que des proches du parti, habitant, selon lui, des villages chiites à la frontière avec le Liban, étaient armés "pour se défendre", tout en affirmant que le Hezbollah "n'a rien à voir avec leur décision".
"DEVOIR DE DJIHAD"
Mais les suspicions sur un soutien actif de sa formation au pouvoir syrien demeurent, après les récentes funérailles solennelles accordées à plusieurs combattants du Hezbollah morts dans leur "devoir de djihad".
Face aux charges de l'opposition sur le rôle du parti de Dieu en Syrie, les caciques du Hezbollah ne sont pas en reste. Ils accusent le Courant du futur (la formation du chef de file sunnite Saad Hariri) d'intervenir en Syrie en finançant et en armant la rébellion contre Bachar Al-Assad. "L'aventure de [Saad] Hariri et du Courant du futur a causé jusqu'ici la mort de 33 000 personnes", a affirmé le numéro deux du Hezbollah, Cheikh Naïm Kassem, en faisant référence au bilan des morts en Syrie, selon les militants anti-Assad, depuis le début du soulèvement.
Partisan d'une politique de distanciation face à la Syrie, se tenant à l'écart des polémiques, le président Michel Sleimane, soutenu par le premier ministre Najib Miqati, a critiqué à mots couverts l'envoi du drone par le Hezbollah. Promoteur, en des temps difficiles, d'un dialogue national qui devrait en théorie aborder la question du désarmement du Hezbollah, le chef de l'Etat a appelé à ce que les "capacités" militaires du Hezbollah soient placées sous le contrôle de l'armée et répondent à "l'intérêt national".
Par Laure Stephan (Beyrouth, correspondance)
En revendiquant l'envoi d'un drone au-dessus d'Israël début octobre, Hassan Nasrallah a appelé tous les Libanais à "être fiers" de cette "opération majeure" du Hezbollah. On en est loin. L'épopée de l'avion de reconnaissance, abondamment relatée par Al-Manar, la chaîne du mouvement islamique, saluée par le Hamas palestinien et applaudie au sein de la majorité libanaise conduite par le Hezbollah, est fustigée par l'opposition du "14-Mars" conduite par Saad Hariri.
Depuis l'intervention télévisée d'Hassan Nasrallah, le 11 octobre, la polémique se poursuit. Ce soir-là, le secrétaire général du Hezbollah avait expliqué que le drone abattu par les Israéliens le 6 octobre a été fabriqué en Iran - ce qu'a ensuite confirmé Téhéran - et assemblé par le Hezbollah. Selon le chef du parti de Dieu, l'appareil, dont le lieu de décollage depuis le Liban reste inconnu, a survolé plusieurs sites sensibles israéliens, dont le réacteur nucléaire de Dimona.
Une "déclaration de guerre [à Israël]", a jugé l'ancien premier ministre libanais Fouad Siniora, parmi les voix les plus critiques. S'il a certes salué, pour la forme, un "exploit militaire et technique", ce ténor de l'opposition dénonce "l'aventurisme" du Hezbollah qui risque d'entraîner le Liban dans "le brasier des conflits régionaux". Il s'en prend aussi à la "décision iranienne" qui a, selon lui, présidé à l'expédition de l'avion sans pilote.
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CLIMAT DÉJÀ DÉLÉTÈRE
Réuni mercredi 17 octobre, l'ensemble du "14-Mars" a encore estimé que le Hezbollah a "cherché l'agression israélienne " et violé la résolution 1701, qui a mis fin au conflit de l'été 2006 entre Israël et le Hezbollah.
"Ceux qui protestent (...) feraient mieux de nous proposer une autre méthode alors que plus de 20 000 violations [israéliennes de l'espace aérien libanais] sont répertoriées par l'ONU chaque année", rétorque le député hezbollahi Nawaf Moussaoui, pour qui le 11 octobre, date de la revendication par le Hezbollah de l'envoi du drone, devrait être proclamé "jour de gloire".
Le débat suscité par cette affaire vient rajouter au climat déjà délétère : le conflit syrien, qui divise les Libanais, suscite d'âpres tensions. Soutien de la révolte syrienne, l'opposition accuse le Hezbollah d'avoir cherché, avec l'envoi du drone, à faire diversion en mettant en avant ses prouesses sur le terrain de la confrontation avec Israël, alors que son image de formation résistante est écornée par son appui au régime de Damas.
Hassan Nasrallah a une nouvelle fois démenti, le 11 octobre, toute implication militaire du Hezbollah en Syrie. Il a toutefois reconnu que des proches du parti, habitant, selon lui, des villages chiites à la frontière avec le Liban, étaient armés "pour se défendre", tout en affirmant que le Hezbollah "n'a rien à voir avec leur décision".
"DEVOIR DE DJIHAD"
Mais les suspicions sur un soutien actif de sa formation au pouvoir syrien demeurent, après les récentes funérailles solennelles accordées à plusieurs combattants du Hezbollah morts dans leur "devoir de djihad".
Face aux charges de l'opposition sur le rôle du parti de Dieu en Syrie, les caciques du Hezbollah ne sont pas en reste. Ils accusent le Courant du futur (la formation du chef de file sunnite Saad Hariri) d'intervenir en Syrie en finançant et en armant la rébellion contre Bachar Al-Assad. "L'aventure de [Saad] Hariri et du Courant du futur a causé jusqu'ici la mort de 33 000 personnes", a affirmé le numéro deux du Hezbollah, Cheikh Naïm Kassem, en faisant référence au bilan des morts en Syrie, selon les militants anti-Assad, depuis le début du soulèvement.
Partisan d'une politique de distanciation face à la Syrie, se tenant à l'écart des polémiques, le président Michel Sleimane, soutenu par le premier ministre Najib Miqati, a critiqué à mots couverts l'envoi du drone par le Hezbollah. Promoteur, en des temps difficiles, d'un dialogue national qui devrait en théorie aborder la question du désarmement du Hezbollah, le chef de l'Etat a appelé à ce que les "capacités" militaires du Hezbollah soient placées sous le contrôle de l'armée et répondent à "l'intérêt national".
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