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Crise au nord du mali; pourquoi alger redoute une intervention armee ?

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  • Crise au nord du mali; pourquoi alger redoute une intervention armee ?

    Alors que s’est ouvert ce vendredi à Bamako la réunion du Comité de soutien et de suivi sur la crise au Mali, le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a rappelé depuis Washington – où il copréside avec la sous‑secrétaire d'État américaine aux Affaires politiques, Mme Wendy Sherman, les travaux du Dialogue stratégique algéro‑américain– « l’importance de tirer les enseignements de l'Histoire récente, comme en Libye, afin d’éviter tout amalgame et débordement ». En décodé : une intervention militaire précipitée au Mali, comme le réclame Paris, risque de plonger la région du Sahel, et au‑delà, les pays du champ, dans une situation aux conséquences désastreuses sur le double‑plan sécuritaire et humanitaire.
    Mercredi, lors d’un point de presse au sénat, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a lui aussi mis en garde contre les conséquences d’un conflit armé aux frontières sud de l’Algérie. « Nous ne voulons pas d'un foyer d'insécurité qui risque de perdurer », a‑t‑il dit. Ces mises en garde répétées des responsables algériens révèlent les appréhensions d’Alger quant à une intervention militaire pour chasser les groupes armés qui occupent le Nord Mali depuis plusieurs mois.


    Les conséquences de la crise

    Mais pourquoi l’Algérie continue‑t‑elle à privilégier une approche politique – et dont l’issue est aléatoire – à la crise, au détriment de l’usage de la force ? Au‑delà de sa position doctrinale qui veut qu’elle ne puisse déployer ses armées en dehors de ses frontières, Alger redoute deux graves conséquences. La première d’ordre humanitaire : « les populations du Nord Mali ont des liens avec les tribus touareg algériennes. Une opération armée les pousserait inévitablement à se réfugier dans le Sud algérien .Ce n’est pas nouveau, nous avons connu cela en 1991 et à chaque fois qu’il y a une tension ou la sécheresse dans la région », analyse Abdelaziz Rahabi, ex‑ambassadeur algérien à Madrid et ancien ministre de la Communication.

    La seconde inquiétude est d’ordre militaire : « l’Algérie craint que cette situation ne conduise à l’introduction d’un armement sophistiqué chez elle. Le Mali avait autorisé les troupes touareg mobilisées par Kadhafi à retourner en Libye avec leur armement. Les groupes terroristes sont donc mieux armés et mieux préparés que les armées régulières des États de la Cédéao », ajoute M. Rahabi.

    En persistant à chercher une solution négociée entre les trois acteurs, le pouvoir central à Bamako, le MNLA (indépendantistes touareg) et Ansar Eddine (islamistes touareg), l’Algérie estime que le « fond du problème reste la marginalisation du nord du Mali sous‑administré et sous‑représenté au sein du pouvoir à Bamako », rappelle M. Rahabi. « Les accords de Tamanrasset de 1991, signés sous l’égide de l’Algérie entre l’Azawad et le gouvernement malien, n’ont apparemment pas réglé grand‑chose », observe‑t‑il. Une approche que ne semble pas partager la France en dépit des discours diplomatiques de circonstance qui nient l’existence de divergences avec Alger sur le règlement de la crise malienne. « La France estime (en accord avec tous les Occidentaux, y compris les Russes) que des opérations ciblées et ponctuelles réduiront les capacités de nuisance d’Aqmi d’autant que celui‑ci ne trouve pas un large soutien de la population du Sahel, connue pour sa tolérance », analyse Rahabi.

    « L’Algérie, faute d’avoir une présence au Sahel […] ne peut pas soutenir, du moins publiquement, une intervention à ses frontières. Elle n’a pas d’autre choix que d’attendre, de voir et de se préparer aux conséquences collatérales de cette crise à ses frontières. Il y a au moins une conclusion à tirer : le Nepad n’aura servi à rien », conclut M. Rahabi.


    Nuances

    Il y a une semaine, l’Algérie par la voix du porte‑parole du ministre des Affaires étrangères, Amar Belani a tenté de nuancer sa position. « L'Algérie a toujours affirmé qu'il était légitime de recourir à tous les moyens, y compris la force, pour éradiquer les groupes terroristes et leurs affiliés du crime transnational organisé dans le Sahel et n'est pas exclusivement pour le tout politique », a affirmé M. Belani. À Bamako, les participants à la rencontre, dont l’UA, les pays du champ, les pays membres de la Cédéao, des représentants de l’UE et de cinq pays du Conseil de sécurité, vont s’atteler à élaborer un « concept stratégique » comportant des solutions aux problèmes, aux défis et crises auxquels fait face le Mali.

    Une réunion en droite ligne de la résolution appelant les organisations régionales africaines et les Nations unies à présenter dans un délai de 45 jours un plan d'intervention visant à reconquérir le nord du Mali. Tout en appelant les différentes parties maliennes à entamer un processus de négociations en vue d'une solution politique viable et en invitant les groupes rebelles maliens à couper tout lien avec les organisations terroristes, dont Aqmi et les groupes qui leur sont affiliés.
    TSA
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