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Le Dinar et son evolution

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  • Le Dinar et son evolution

    Le dinar (DA), unité monétaire nationale, a été institué par la loi du 10 avril 1964.

    Cette loi intervient presque deux ans après l’indépendance et plus d’une année après la création de la Banque centrale d’Algérie (BCA), qui est chargée d’exercer le privilège d’émettre en Algérie les billets de banque qui seront libellés en cette nouvelle unité monétaire.

    La création du dinar et de la Banque centrale d’Algérie

    Le dinar se substitue au nouveau franc qui était émis par l’ancienne Banque d’Algérie, créée par la loi du 4 août 1851 et qui a exercé le privilège d’émission des billets de banque en Algérie, dans le cadre de la souveraineté française, jusqu’au 30 juin 1962. C’est à M. Seghir Mostefaï, qui a fait partie de la délégation qui a négocié les Accords d’Evian, qu’à été confiée la mission de mettre en place le nouvel institut d’émission, qui devait remplacer la Banque d’Algérie. Conscient de l’importance de cette mission dont l’objet relève d’un des attributs de la souveraineté nationale, il a procédé d’une manière réfléchie et méthodique à son accomplissement, en évitant toute précipitation. C’est ainsi qu’un protocole, signé le 23 août 1962 entre l’Etat algérien et la Banque d’Algérie, confirme à cette dernière le privilège d’émission aux mêmes conditions que précédemment pour une période de deux mois à partir du 1er juillet 1962 avec possibilité de la proroger jusqu’au 31 décembre 1962 au plus tard.

    Malgré les difficultés énormes engendrées par la situation très grave que vivait le pays en cet été 1962, M. Mostefaï, assisté du défunt Belghoula Bouasria, le seul cadre de l’ancienne Banque d’Algérie, a poursuivi ses efforts pour mener à bien tous les préparatifs nécessaires à la création, l’organisation et le démarrage de la BCA dans des conditions satisfaisantes. Tout en supervisant les activités de la Banque d’Algérie, organisme étranger qui continuait exceptionnellement et provisoirement à gérer la monnaie, il s’est attaché à trouver et à recruter les effectifs appelés à faire fonctionner les services centraux, ainsi que les succursales et les agences de la BCA et en même temps à préparer ses statuts. Ces derniers, inspirés des statuts des établissements similaires des pays de la région, se présentent sous forme d’un texte clair, équilibré et complet.

    Ils ont constitué l’annexe de la loi qui a créé la BCA, loi qui a été promulguée le 13 décembre 1962. Par la suite, ils ont servi comme base et référence à l’élaboration de toutes les lois et ordonnances relatives à la monnaie et au crédit, qui ont été promulguées les années ultérieures. De la sorte, la Banque centrale a pu commencer ses activités dès le 2 janvier 1963. M. Seghir Mostefaï en a été nommé tout naturellement gouverneur et le défunt Belghoula Bouasria, directeur général. Il convient d’ouvrir une parenthèse pour dire qu’on ne rend pas suffisamment hommage à tous ceux (parmi lesquels ces deux pionniers) et à toutes celles qui, dans un contexte extrêmement difficile, marqué par des troubles très graves, des incertitudes et des risques de faire sombrer le pays dans l’anarchie, ont continué à œuvrer avec patience et persévérance, pour mettre en place les institutions, les structures et maintenir en activité les services qui permettent à l’Etat d’exercer tous ses attributs et d’accomplir toutes ses missions et qui donnent ainsi un contenu concret à la restauration de l’Etat algérien, Etat appelé à rétablir l’ordre et la sécurité et à être au service des citoyens. Il est à noter qu’il a été donné intentionnellement le nom de la Banque centrale d’Algérie à l’Institut d’émission pour ne pas garder l’ancienne dénomination. En 1990, on a repris, en tant que réforme, l’appellation coloniale.

    Outre l’émission des billets libellés à partir d’avril 1964 dans la nouvelle unité monétaire, le dinar, la BCA a pour mission de veiller à la stabilité monétaire, c’est-à-dire à préserver sur le plan interne et externe la valeur du dinar. Celui-ci a sa valeur définie par un poids d’or fin de 180 milligrammes et avait, à l’origine, la même parité que le franc français (le nouveau). Les dispositions des statuts de la BCA, relatives aux opérations génératrices de l’émission monétaire, ont été conçues de façon à garantir le bon déroulement de ces opérations et à assurer que la monnaie créée ait des supports solides et sains qui sauvegardent ainsi sa valeur. Mais l’approche de la BCA, conforme à l’orthodoxie monétaire dans l’application rigoureuse de ces dispositions, n’a pas toujours été suivie et respectée par les pouvoirs publics.

    Rapidement, il fallait, compte tenu de l’insuffisance des recettes budgétaires et des besoins de trésorerie de l’Etat, renoncer à l’application de l’article qui prévoyait que la «BCA peut, dans la limite d’un maximum égal à 5% des recettes ordinaires de l’Etat, constatées au cours du précédent exercice budgétaire, consentir au Trésor des découverts en compte courant dont la durée totale ne peut excéder 240 jours, consécutifs ou non, au cours d’une année de calendrier». Ces limites ont été jugées inacceptables, et il a fallu modifier par une disposition de la loi des finances de 1965 le contenu de cet article. Avec l’exécution du plan quadriennal 1970-1973, des mesures ont été prises pour que les banques commerciales financent une partie des investissements productifs par des crédits à moyen terme.

    La BCA a été amenée à renoncer une fois encore à l’application d’une disposition de ses statuts, prévoyant que ces crédits à moyen terme soient soumis à l’obtention d’un accord préalable pour qu’ils soient admis au réescompte. Au lieu de cette procédure, un plafond global de réescompte pour les crédits à moyen terme est fixé chaque année par le gouvernement en consultation avec la BCA. Des plafonds de réescompte pour les crédits à court terme sont également fixés chaque année sur une base globale pour chaque banque de dépôts. Bien que l’admission au réescompte s’effectue dans des plafonds négociés avec la BCA, celle-ci a, en fait, perdu la possibilité que lui attribuent ses statuts d’exercer un contrôle direct sur la distribution du crédit et de n’accepter au réescompte que les crédits répondant aux conditions exigées par elle. D’autre part, le taux d’escompte qui devait être un des instruments à la disposition de la BCA pour agir sur l’émission de la monnaie, a été neutralisé pour ainsi dire.

    Fixé au début à 3,5%, il est resté inchangé jusqu’au 1er janvier 1972, date à laquelle il a été abaissé à 2,5%. Il a gardé ce niveau jusqu’à octobre 1986, année où il a été porté à 5%. C’est dire qu’il n’a pas été du tout utilisé pour assurer un effet de régularisation. M. Mostefaï, qui est resté gouverneur durant presque 20 ans, a été confronté quelquefois, du moins au début, à l’incompréhension des hommes au pouvoir, mais, grâce à sa compétence et à son savoir-faire, il a réussi à éviter les dérapages préjudiciables à la monnaie et à l’économie nationale et a continué, du fait de ses qualités, à bénéficier de l’estime et de la considération à la fois à l’intérieur du pays et à l’extérieur.


    Badredine Nouioua : ex-gouverneur de la banque d’Algérie
    source: El Watan.
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  • #2
    suite

    L’évolution du dinar sur le plan externe depuis 1964

    - L’évolution entre 1964 et 1989 :
    A sa création, le dinar est égal, comme cela à été indiqué, au nouveau franc français et il a gardé cette parité jusqu’en août 1969. Au cours de ce mois, le franc français a été dévalué de 11,1%. L’Algérie n’a pas suivi, considérant que les raisons de la dévaluation sont propres à la France et que c’est là une occasion pour affirmer son indépendance en matière de politique de change, comme dans les autres domaines. Le taux par rapport au dollar US a été calculé sur la base de 35 dollars US l’once d’or, ce qui donne 1 dollar US égal 4,93 DA. Ce taux est resté en vigueur jusqu’en 1971, année au cours de laquelle les Etats-Unis ont abandonné le prix fixe de l’once d’or à 35 dollars US.

    Avec la généralisation du régime des taux de change flottants, l’Algérie a opté en 1974 pour un système de cotation basé sur un panier de 14 devises appartenant à ses partenaires commerciaux, chacune de ces devises est affectée d’un coefficient de pondération reflétant sa part respective dans les paiements extérieurs globaux. La valeur du dinar varie ainsi en fonction de la fluctuation de ces devises et plus particulièrement du dollar US qui est représenté par un pourcentage important dans le panier. De 1964 à 1987, le taux de change du dinar par rapport au dollar US a varié dans une fourchette se situant entre 3,83 et 5,02 DA. Le dinar est donc resté relativement stable durant la période. Cette politique a été dans une certaine mesure bénéfique pour l’économie nationale : elle a permis en effet de maintenir très bas le coût des importations, aussi bien celles des équipements nécessaires à la réalisation des investissements très importants engagés durant la décennie 1970 et les années ultérieures, que celles des matières premières et des produits de consommation. Elle a ainsi allégé durant cette période le coût des investissements, l’impact d’une inflation liée au renchérissement des importations et a empêché l’aggravation du service de la dette extérieure.

    Et on ne peut pas dire qu’elle ait gêné la compétitivité de notre économie, étant donné l’absence de produits à exporter, excepté les hydrocarbures lesquels n’ont pas besoin d’un taux de change du dinar plus faible. Dans un système où l’économie n’est pas tournée vers l’exportation et n’est pas non plus ouverte à l’apport des capitaux étrangers, tout en étant administrée d’une manière centralisée et planifiée, la détermination du taux de change de la monnaie nationale par rapport aux autres monnaies est quelque peu arbitraire. On est tenté dans ces conditions de le maintenir à un niveau relativement haut (et c’est ce qui s’est fait) tant qu’il ne paralyse pas l’économie.

    Une telle politique n’a été bien entendu possible que grâce à l’existence de la manne pétrolière, aux devises qu’elle procure, indépendamment du régime du taux de change et grâce à la mobilisation de financements extérieurs qui viennent compléter le produit des exportations. Lorsqu’en 1986 le prix du baril de pétrole s’est effondré et a entraîné une chute drastique des recettes en devises, les difficultés se sont multipliées. Il est devenu impossible de satisfaire toutes les demandes de transfert à leur échéance et d’effectuer toutes les importations dont le pays a besoin. Alors, il est apparu clairement que le dinar fort est loin de refléter une économie forte et son décalage par rapport au franc français ne se justifie nullement et il est même perçu comme anormal.

    L’autre inconvénient, lié en partie à la surélévation du dinar, est le développement du marché parallèle des devises. Ce marché s’est créé sans doute à partir de 1969, lorsque le dinar a décroché par rapport au franc français. Notre émigration n’a pas apprécié cette mesure et a préféré changer ses avoirs en francs français à un taux plus avantageux que le taux officiel d’alors, d’autant plus qu’il existait une demande favorisée par différents facteurs.

    Parmi ces facteurs, il y a lieu de citer les multiples restrictions du contrôle des changes, le niveau de l’allocation voyage fixé au début à 100 DA l’an, porté par la suite à 300 DA il n’a été augmenté à 1000 DA l’an qu’en 1981-82.
    La demande de devises sur le marché parallèle s’est amplifiée avec l’extension des pénuries, ce qui a conduit à tolérer le commerce de la valise (le trabendisme), puis à instaurer officiellement l’importation sans payement, c’est-à-dire l’importation de marchandises sans l’obtention de devises auprès des banques, mais soit par le recours au marché parallèle, soit par l’utilisation d’avoirs à l’étranger. C’est ainsi que le cours du franc français a atteint 4 DA alors qu’officiellement il était de 0,86 DA.

    Tous ces facteurs ont conduit les autorités à envisager une réduction du taux de change officiel du dinar. Au lieu d’appliquer une dévaluation importante en une seule fois comme le recommandaient les institutions financières internationales (la Banque mondiale et le Fonds monétaire international). La Banque centrale, en accord avec le ministère des Finances, a jugé préférable d’effectuer des ajustements progressifs grâce à un glissement léger du cours du dinar. Ce glissement, qui devait s’étendre sur une période limitée, avait commencé en mars 1987 et avait pour objectif l’obtention d’un taux de change du dinar comparable à celui du dirham marocain et du dixième du dinar tunisien. Il s’agissait d’être en harmonie avec les monnaies de ces deux pays voisins dont les économies restent proches de la nôtre et de tenir compte aussi de la perspective d’une éventuelle intégration des monnaies des trois pays dans le cadre de la constitution d’un Grand Maghreb, bien que l’alignement des monnaies ne soit pas un élément indispensable dans le cas où l’intégration serait décidée.

    Quoi qu’il en soit, les glissements ont abouti à un cours du dollar US équivalent à 8,03 DA en 1989. Cette dépréciation du dinar, qui est de 40% par rapport au taux en vigueur en 1986, n’était pas une fin en soi, elle visait à corriger les anomalies, mais également à créer des conditions plus favorables à des entrées de devises. Des actions auraient dû accompagner la mesure en vue de préparer progressivement le terrain pour la réalisation de cet objectif, même d’une manière limitée. Mais aucune action n’a été entreprise à cet effet. De telles actions ne pouvaient bien entendu donner de résultats qu’à terme, mais il fallait au moins commencer par les engager.




    Badredine Nouioua : ex-gouverneur de la banque d’Algérie
    source: El Watan.
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    • #3
      - L’évolution du dinar depuis fin 1989 :
      A la fin de 1989, une nouvelle politique tendant à mettre fin au système de centralisation et de planification qui avait prévalu pendant toute la période antérieure pour le remplacer par une économie de marché a été amorcée. Mais cette nouvelle orientation ne semble pas avoir fait l’objet d’une préparation sérieuse, impliquant des mesures d’encadrement des activités et le renforcement des services administratifs et des institutions chargés d’assurer son bon déroulement de façon à éviter la multiplication des déviations, des dérapages, des fraudes, etc. Des mesures arrêtées pour redresser et relancer l’économie, beaucoup d’opérateurs économiques ont retenu surtout la suppression des monopoles et la libération progressive du commerce extérieur. Mais ce qui a le plus pesé sur la situation économique, c’est la rareté des devises, le poids de la dette extérieure et surtout le service de cette dette qui a augmenté du fait du recours de plus en plus important aux crédits à court terme dont le coût s’est renchéri à la suite du paiement de commissions et de sweetners.

      C’est ainsi qu’en 1994, le service de la dette a atteint 93% des recettes d’exportation et a absorbé de la sorte presque la totalité des recettes. La détérioration de la situation économique et sociale, qui s’est aggravée en 1990 et 1991 malgré une augmentation du prix du pétrole (24,32 dollars US le baril en 1990 au lieu de 18,45 dollars US en 1989), a conduit le gouvernement à s’adresser une seconde fois au Fonds monétaire international (FMI). (La première fois c’était en 1989 en vue de mobiliser auprès du FMI la tranche de fonds inconditionnelle auxquels notre pays avait droit). En 1991, la demande faite au FMI a eu pour but d’obtenir une nouvelle tranche de fonds qui ne pouvait être accordée qu’avec des conditions, sous forme d’un programme d’ajustement. Ce programme comportait, entre autres, une dévaluation du taux de change du dinar, lequel est passé de 12,19 DA contre 1 dollar US en 1990 à 21,39 DA.

      En 1991, les autres conditions n’ont pas été respectées et le programme a été interrompu. En 1992 et 1993, des tentatives ont été faites pour revenir sur certaines dispositions prises en 1990/91 jugées inopportunes. Mais l’aggravation de la situation financière et économique a contraint les autorités en 1994 à recourir de nouveau au FMI. Celui-ci a imposé alors l’adoption d’un programme de stabilisation mis en œuvre avec le soutien d’un accord de confirmation (avril 1994 - mars 1995) et un programme d’ajustement économique à moyen terme (avril 1995 - mars 1998) accompagné d’un accord de Facilité de financement (Extented Fond Facility – EFF).

      Pour approfondir les réformes structurelles, ancrer l’économie de marché et faciliter l’intégration de l’économie algérienne à l’économie mondiale, un programme d’ajustement structurel supporté par un prêt d’ajustement structurel (PAS) de la Banque mondiale a été également mis en place. Ces différents programmes, outre les changements profonds introduits dans le système économique, financier et social du pays, ont entraîné deux dévaluations du dinar, en 1994 et 1995 et le flottement de son taux de sorte que son cours qui était de 1 dollar US égale 24,12 DA en 1993 s’est stabilisé en l’an 2000 au niveau de 1 dollars US = 75,00 DA.

      L’application des dispositions des programmes d’ajustement a certainement produit des effets positifs, tels que l’augmentation des ressources budgétaires, l’introduction de la rigueur dans la gestion des finances publiques, l’allègement du service de la dette extérieure, la suppression du soutien des prix bénéficiant à des produits de consommation… Toutefois, tous ces effets positifs ont été de courte durée. Les mécanismes du marché, qui devaient jouer un rôle régulateur favorisant l’orientation de l’épargne vers les investissements productifs, l’instauration de la concurrence, etc. n’ont pas produit les effets escomptés.

      Les importants avantages attendus de ces programmes, destinés en principe à assainir et à relancer l’économie, à y introduire des mécanismes assurant son efficacité et son bon fonctionnement, ne se sont pas concrétisés. La compétitivité n’a pas eu l’occasion de s’exercer, en l’absence de produits diversifiés et de qualité à exporter. La substitution, dans le domaine de l’investissement et de la production, du secteur privé local et étranger, au secteur public, qui a été démantelé, n’a pas eu lieu. Le flux de capitaux de la part de l’émigration et d’investisseurs étrangers ne s’est pas produit non plus, etc. Par contre, les effets négatifs induits par la mise en œuvre des mesures arrêtées dans les programmes se sont multipliés.

      Le taux d’inflation, qui est resté pendant sept ans de suite à deux chiffres, (mesuré par l’indice officiel le prix à la consommation), a atteint 31,7% en 1992, 29,1% en 1994 et 29,8% en 1995. Cette vertigineuse hausse des prix a provoqué une déstructuration de la société avec la disparition de la classe moyenne et l’apparition, à côté de couches pauvres et très pauvres de la population, une catégorie de riches enrichis le plus souvent, non pas par l’exercice d’activités productives, mais par la spéculation, le trafic, la fraude, la corruption, etc. Le chômage, de son côté, n’a fait qu’augmenter.

      De 20,3% en 1990, il a atteint 28,1% en 1995 et 28,3 en 1996 et il est resté très élevé les années suivantes. La dette extérieure s’est accrue également, passant de 24,7 milliards de dollars US en 1989 à 33,5 milliards de dollar en 1996. La question se pose de savoir pourquoi des programmes censés avoir été préparés avec soin n’ont pas donné les résultats escomptés ? Est-ce dû au fait que ces programmes sont en réalité mal conçus et inadaptés, ou est-ce qu’ils ont été mal appliqués à cause de l’inaptitude des responsables de l’époque à mener à bien des actions destinées à asseoir l’économie du pays sur des bases saines et solides et à assurer son fonctionnement d’une manière efficace ? Du fait que nous n’avons pas été en mesure de tirer profit, d’une manière durable, des aspects positifs des programmes d’ajustement structurel, ce sont leurs impacts négatifs qui ont marqué la période de leur mise en œuvre.





      Badredine Nouioua : ex-gouverneur de la banque d’Algérie
      source: El Watan.
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      • #4
        La valeur du dinar à l’heure actuelle

        La dépréciation du dinar a été tellement forte que sa valeur, qui était égale à 4,93 DA par rapport au dollar au moment de sa création en 1964, est tombée à 75,00 DA en 2000. Cette dépréciation, qui s’est accentuée durant la décennie 1990, n’est pas le produit de la politique monétaire, ni de la politique budgétaire, mais des mesures imposées par le FMI et la Banque mondiale. En l’absence d’avantages durables tirés des programmes d’ajustement qui auraient atténué les effets de la chute énorme du pouvoir d’achat du dinar, la conséquence de cette chute a été l’appauvrissement d’une grande partie de la population. Si la situation s’est progressivement améliorée par la suite, ce n’est pas à cause des programmes d’ajustement ou de la politique suivie par les pouvoirs publics, mais grâce à l’augmentation du prix du pétrole et dans une certaine mesure à une pluviométrie plus favorable.

        Le prix du baril sur la base de la moyenne annuelle est passé de 17,19 dollars US en 1999 à 28,5 dollars en 2000 et a continué à augmenter, pour atteindre 100 dollars en 2008. Les ressources de plus en plus importantes obtenues grâce à cette hausse ont certes servi à rembourser la dette extérieure par anticipation, à lancer et à réaliser un grand nombre de projets d’infrastructures économiques et sociales, mais n’ont pas toujours été utilisées à bon escient. Une partie de ces ressources aurait pu constituer un catalyseur pour orienter les capitaux du secteur privé local et de l’étranger vers des investissements productifs indispensables pour un développement réel du pays. Cela n’a pas été fait.

        L’abondance des ressources et l’absence de rigueur dans leur gestion ont entraîné une dilapidation des fonds publics et leur détournement. Ces phénomènes ont été amplifiés à la suite du développement de la corruption. Par ailleurs, le souci des pouvoirs publics de «préserver à tout prix la paix sociale» a donné lieu à une distribution et augmentation anarchiques des revenus sans contrepartie en matière de production et à l’attribution d’avantages sociaux sans contrôle, ce qui a favorisé les fraudes et la corruption, etc. Les errements auxquels on avait tenté de mettre fin sous la pression du FMI ont donc été de retour et ont constitué de nouveau la trame de la politique en vigueur, l’aisance financière aidant.

        La politique suivie par les autorités et les pratiques mentionnées ci-dessus ne sont évidemment pas favorables au dinar. Son pouvoir d’achat, sur le plan interne, rongé par une inflation rampante, ne fait que s’amenuiser d’une manière continue à cause des largesses du gouvernement, de la spéculation, des pratiques commerciales anarchiques, du comportement des importateurs qui inondent le marché de produits bas de gamme et de contrefaçon, acquis à des prix dérisoires et vendus à des prix très élevés. Ce sont les prix des produits de grande consommation qui sont le plus affectés, malgré le soutien accordé à certains de ces produits et rendent de ce fait la vie de plus en plus difficile à des couches de la population de plus en plus nombreuses.

        Sur le plan externe, le taux de change officiel du dinar s’est relativement stabilisé aux environs de 1 dollar US équivalent à 75 DA et 1 euro égale 100 DA, et ce, depuis l’an 2000. De légers ajustements sont effectués de temps en temps par la Banque centrale en déterminant le taux de change effectif réel sur la base d’une formule de calcul établie par le FMI. La question se pose d’ailleurs de savoir si le taux de change effectif réel a une signification quelconque lorsqu’il est calculé dans une économie comme la nôtre, caractérisée par des dysfonctionnements dans tous les domaines ? Il reste à savoir si le taux de change officiel du dinar est, dans les circonstances actuelles, surévalué ou sous-évalué, ou s’il est adapté à la situation économique du pays ?

        A considérer le niveau des réserves de change qui approchent les 200 milliards de dollars US et les excédents de la balance commerciale enregistrés chaque année, on serait tenté de dire que le taux de change du dinar est sous-évalué. Mais on sait que ces réserves de change et ces excédents commerciaux sont le fruit de l’augmentation du prix du baril et ne sont pas du tout générés par l’exportation de produits diversifiés, exportation qui serait stimulée par l’existence d’un taux de change faible de la monnaie nationale. Notre situation n’a rien de comparable avec celle de la Chine et les excédents commerciaux ne peuvent en aucune façon être imputés à un faible taux de change du dinar.

        Par contre, si on tient compte du taux de change pratiqué sur le marché parallèle des devises (1 euro = 150 DA environ) et le volume des transactions qui s’effectuent à ce taux, on pourrait penser que le taux de change officiel est surévalué. Mais, le marché parallèle ne peut pas être considéré comme une référence. Aligner le taux de change officiel sur le taux de change du marché parallèle ne fera pas disparaître ce marché qui continuera à fonctionner avec de nouveaux taux. Tant qu’on ne s’attaquera pas aux causes qui sont à l’origine de ce marché, il continuera à exister. Il faut dire que les causes sont multiples et complexes. Elles sont le fait du mauvais fonctionnement de l’économie d’une manière générale, du maintien d’un contrôle de change rigide, obsolète et inefficace, de l’absence de confiance de la part des agents économiques, etc.

        Les difficultés ne devraient pas cependant servir de prétexte pour laisser faire et ne pas agir. Il est incompréhensible que les pouvoirs publics ne fassent aucune tentative pour lutter contre le marché parallèle. Pourquoi ne pas chercher à encadrer les opérations qui s’y déroulent en engageant en même temps un vaste programme d’actions qui s’attaquent aux autres maux dont souffrent notre économie et notre pays ? Compte tenu de ce qui précède, il est préférable de ne pas manipuler de nouveau le taux de change officiel du dinar.

        L’expérience a montré qu’une dévaluation du dinar ne produit que des effets désastreux. Une appréciation ne sera, non plus, d’aucune utilité, elle ne fera, dans les conditions actuelles, qu’encourager les importations et la fuite des capitaux. Il est clair que la stabilité relative du taux de change officiel du dinar ne peut être assurée que tant que les ressources en devises provenant des exportations des hydrocarbures sont suffisantes pour couvrir les importations et alimenter le budget. Un effondrement du prix du pétrole qui durerait quelque temps entraînerait certainement l’effondrement de toute notre économie et du dinar avec.

        C’est dire qu’au même titre que l’économie nationale, le dinar est une monnaie vulnérable. Il faut ajouter qu’un changement de politique de change ne peut être envisagé que le jour où la production nationale permettra de limiter les importations et de développer l’exportation de produits diversifiés et compétitifs. Une dernière remarque mérite d’être faite : bien qu’il existe depuis bientôt cinquante ans, le dinar n’a pas été adopté par les Algériens, y compris les officiels, qui continuent le plus souvent à compter en centimes, par référence en fait à l’ancien franc.



        Badredine Nouioua : ex-gouverneur de la banque d’Algérie
        source: El Watan.
        Dernière modification par adekar, 20 octobre 2012, 21h26. Motif: rajout de la source
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