Son éditeur a déjà prévenu : les mémoires de l’ex-président Chadli Bendjedid dont le premier tome paraitra le 26 octobre prochain ne contiendront pas de révélations fracassantes.
Pas de scoops, pas de scuds, pas de confidences. Alors pas de vagues, pas de remous et pas de scandales qui alimenteraient la chronique? L’ancien chef de l’Etat, décédé le 6 octobre dernier, a donc décidé d’emporter ses secrets dans la tombe. Mais Chadli a beaucoup parlé avant de partir, pas simplement à celui qui a recueilli ses confessions officielles.
Chadli Bendjedid qui s’est astreint pendant vingt ans à un droit de réserve, qui s’est tu alors qu’on l’a accablé- qu’on l’accable encore- de tous les maux, traité de tous les mots ; lui qui sait tant de choses sur les arcanes du pouvoir, sur ceux morts ou encore vivants, lui donc ne serait pas cet homme qui réglerait ses comptes avec ses détracteurs d’hier et d’aujourd’hui.
Que vaudraient ces mémoires de Chadli si ceux-ci venaient à être expurgés de ces petits et grands secrets que l’ex-chef de l’Etat a tus pendant les vingt dernières années ?
• Lire → Algérie : L'ancien président de la république Chadli Bendjedid est mort
Chadli mort, on ne saurait sans doute jamais pourquoi a-t-il décidé de livrer une version plutôt policée de sa vie, lui qui avait pourtant promis de ne rien cacher quand viendra le moment de parler.
Mais Chadli Bendjedid a parlé. Beaucoup parlé même.
C’était entre l’automne 2000 et le printemps 2001. A l’époque, le journaliste et ancien directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, avait longuement rencontré l’ex-président dans la demeure de celui-ci à Poirson, à Alger.
En présence de son épouse Halima (ou Hlima) ainsi que d’autres proches, puis en tête-à-tête, Chadli s’était prêté à confesse.
• Lire →L’éditeur parle d’un faux : Echourouk a-t-il traficoté les mémoires de Chadli Bendjedid ?
A l’époque, Chadli cherchant un « nègre » pour coucher ses mémoires, il avait accepté de se livrer à Mohamed Benchicou avec la recommandation express de ne rien publier sans son feu vert.
Certes une infime partie de ces confidences a été publiée dans Le Matin, une autre a nourri le livre « Bouteflika, une imposture algérienne » (paru en 2004), mais le gros des révélations faites à Benchicou, celui-ci a décidé de les remiser. Il en fait part aujourd’hui.
Lorsque Chadli parle, il dézingue.
Sa nomination en 1979 pour succéder à Boumediene, ses rapports avec Bouteflika, le procès intenté à celui-ci par la Cour des comptes pour malversations, sa relation avec l’ex-ministre de la Défense Khaled Nezzar, les réformes attribuées à Mouloud Hamrouche, la légalisation en 1989 du FIS (Front islamique du Salut), Chadli livre ses vérités et règle au passage quelques comptes.
Khaled Nezzar, une petite créature
De tous les généraux de l’armée algérienne, Khaled Nezzar est sans doute le plus bavard.
Depuis plus de dix ans, l’ex-ministre de la Défense écrit des livres, s’exprime dans les journaux et à la télé. Et souvent il écorche, pour ne pas dire plus, Chadli Bendjedid. Mais celui-ci s’est toujours gardé de lui répondre publiquement.
Quand Chadli parle de Nezzar, les propos sont peu amènes :
« J’ai toujours agi en fonction d'un code d'honneur. C'est primordial, l'honneur, le respect, la discrétion, la réserve… Nezzar n’en a pas. C'est une petite créature. Un personnage de circonstances. Il rasait les murs quand j’étais président. Il sollicitait des entrevues que j'accordais rarement. Tu peux le vérifier auprès de ceux qui collaboraient avec moi à l’époque : personne ne s'autorisait à élever la voix parmi ceux qui aujourd'hui se pavanent devant la presse et se répandent en médisances. J’avais un énorme pouvoir et je le mettais au service des transformations sociales et politiques de l'Algérie, au service de son honneur. Aujourd'hui, devant le silence des anciens, c'est la foire des parvenus. Écoutez Khaled Nezzar, ou Anissa Boumediene, ou Bouteflika... Qu’adviendrait-il si je me mettais à leur répondre ? Je sais tout sur eux. Tout : comment ils ont été promus, comment ils sont devenus ce qu’ils sont. Ils ne savent rien sur moi. Veut-on vraiment qu’on dise tout sur Nezzar ? Ce serait catastrophique pour lui. Je le dirai peut-être dans mes mémoires. Mais nous devons à ce peuple d’être dignes en politique. »
• Lire → FLN, FIS, Octobre 88, Tamazight, intégrisme, socialisme, réformes : Ce que CHADLI a vraiment dit
Les réformes de Mouloud Hamrouche ? Quelles réformes ?
Mouloud Hamrouche, ancien secrétaire général à la présidence, est nommé chef du gouvernement le 9 septembre 1989 avant d’être débarqué le 5 juin 1991.
A la tête de l’exécutif pendant presque deux ans, il sera chargé de conduire les réformes politiques et économiques dans la foulée de l’ouverture démocratique engagée après la révolte d’octobre 88. Tant et si bien qu’on attribuera à Mouloud Hamrouche la formule « le père des réformes ». Les formes, c'était donc Hamrouche...
Chadli s’agace de l’usage de cette formule et affirme que le pouvoir, il le détenait seul. Sans partage.
Chadli dans le texte : « Quelles réformes de Hamrouche ? Les réformes, c’est moi ! Pour mener des réformes, il faut posséder le pouvoir et le pouvoir, à l’époque, c’était moi qui l’avais. Je voulais que l'Algérie tire les leçons de l'empire soviétique et ne tombe pas dans les mêmes travers(…) Il n’y a pas de réformes Hamrouche. C’est moi qui ai, dès mon accession au pouvoir, poussé vers la réhabilitation de l'Etat de droit et la transition vitale vers une Algérie rénovée et rajeunie. »
Liberté pour le prisonnier Ben Bella
Destitué le 19 juin 1965 par un coup d’Etat, le premier président algérien Ahmed Ben Bella a été détenu dans le secret pendant presque 13 ans par son successeur Houari Boumediene. Prisonnier sans jugement, détenu sans droits. Dans le secret absolu pendant 13 ans.
Peu de temps après son arrivée au pouvoir en 1979, Chadli décide d’assouplir les conditions de détention de Ben Bella avant de lui remettre sa liberté le 30 octobre 1980. A Ben Bella, Chadli accordera une pension de 12 000 dinars et une villa à Alger.
Pas de scoops, pas de scuds, pas de confidences. Alors pas de vagues, pas de remous et pas de scandales qui alimenteraient la chronique? L’ancien chef de l’Etat, décédé le 6 octobre dernier, a donc décidé d’emporter ses secrets dans la tombe. Mais Chadli a beaucoup parlé avant de partir, pas simplement à celui qui a recueilli ses confessions officielles.
Chadli Bendjedid qui s’est astreint pendant vingt ans à un droit de réserve, qui s’est tu alors qu’on l’a accablé- qu’on l’accable encore- de tous les maux, traité de tous les mots ; lui qui sait tant de choses sur les arcanes du pouvoir, sur ceux morts ou encore vivants, lui donc ne serait pas cet homme qui réglerait ses comptes avec ses détracteurs d’hier et d’aujourd’hui.
Que vaudraient ces mémoires de Chadli si ceux-ci venaient à être expurgés de ces petits et grands secrets que l’ex-chef de l’Etat a tus pendant les vingt dernières années ?
• Lire → Algérie : L'ancien président de la république Chadli Bendjedid est mort
Chadli mort, on ne saurait sans doute jamais pourquoi a-t-il décidé de livrer une version plutôt policée de sa vie, lui qui avait pourtant promis de ne rien cacher quand viendra le moment de parler.
Mais Chadli Bendjedid a parlé. Beaucoup parlé même.
C’était entre l’automne 2000 et le printemps 2001. A l’époque, le journaliste et ancien directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, avait longuement rencontré l’ex-président dans la demeure de celui-ci à Poirson, à Alger.
En présence de son épouse Halima (ou Hlima) ainsi que d’autres proches, puis en tête-à-tête, Chadli s’était prêté à confesse.
• Lire →L’éditeur parle d’un faux : Echourouk a-t-il traficoté les mémoires de Chadli Bendjedid ?
A l’époque, Chadli cherchant un « nègre » pour coucher ses mémoires, il avait accepté de se livrer à Mohamed Benchicou avec la recommandation express de ne rien publier sans son feu vert.
Certes une infime partie de ces confidences a été publiée dans Le Matin, une autre a nourri le livre « Bouteflika, une imposture algérienne » (paru en 2004), mais le gros des révélations faites à Benchicou, celui-ci a décidé de les remiser. Il en fait part aujourd’hui.
Lorsque Chadli parle, il dézingue.
Sa nomination en 1979 pour succéder à Boumediene, ses rapports avec Bouteflika, le procès intenté à celui-ci par la Cour des comptes pour malversations, sa relation avec l’ex-ministre de la Défense Khaled Nezzar, les réformes attribuées à Mouloud Hamrouche, la légalisation en 1989 du FIS (Front islamique du Salut), Chadli livre ses vérités et règle au passage quelques comptes.
Khaled Nezzar, une petite créature
De tous les généraux de l’armée algérienne, Khaled Nezzar est sans doute le plus bavard.
Depuis plus de dix ans, l’ex-ministre de la Défense écrit des livres, s’exprime dans les journaux et à la télé. Et souvent il écorche, pour ne pas dire plus, Chadli Bendjedid. Mais celui-ci s’est toujours gardé de lui répondre publiquement.
Quand Chadli parle de Nezzar, les propos sont peu amènes :
« J’ai toujours agi en fonction d'un code d'honneur. C'est primordial, l'honneur, le respect, la discrétion, la réserve… Nezzar n’en a pas. C'est une petite créature. Un personnage de circonstances. Il rasait les murs quand j’étais président. Il sollicitait des entrevues que j'accordais rarement. Tu peux le vérifier auprès de ceux qui collaboraient avec moi à l’époque : personne ne s'autorisait à élever la voix parmi ceux qui aujourd'hui se pavanent devant la presse et se répandent en médisances. J’avais un énorme pouvoir et je le mettais au service des transformations sociales et politiques de l'Algérie, au service de son honneur. Aujourd'hui, devant le silence des anciens, c'est la foire des parvenus. Écoutez Khaled Nezzar, ou Anissa Boumediene, ou Bouteflika... Qu’adviendrait-il si je me mettais à leur répondre ? Je sais tout sur eux. Tout : comment ils ont été promus, comment ils sont devenus ce qu’ils sont. Ils ne savent rien sur moi. Veut-on vraiment qu’on dise tout sur Nezzar ? Ce serait catastrophique pour lui. Je le dirai peut-être dans mes mémoires. Mais nous devons à ce peuple d’être dignes en politique. »
• Lire → FLN, FIS, Octobre 88, Tamazight, intégrisme, socialisme, réformes : Ce que CHADLI a vraiment dit
Les réformes de Mouloud Hamrouche ? Quelles réformes ?
Mouloud Hamrouche, ancien secrétaire général à la présidence, est nommé chef du gouvernement le 9 septembre 1989 avant d’être débarqué le 5 juin 1991.
A la tête de l’exécutif pendant presque deux ans, il sera chargé de conduire les réformes politiques et économiques dans la foulée de l’ouverture démocratique engagée après la révolte d’octobre 88. Tant et si bien qu’on attribuera à Mouloud Hamrouche la formule « le père des réformes ». Les formes, c'était donc Hamrouche...
Chadli s’agace de l’usage de cette formule et affirme que le pouvoir, il le détenait seul. Sans partage.
Chadli dans le texte : « Quelles réformes de Hamrouche ? Les réformes, c’est moi ! Pour mener des réformes, il faut posséder le pouvoir et le pouvoir, à l’époque, c’était moi qui l’avais. Je voulais que l'Algérie tire les leçons de l'empire soviétique et ne tombe pas dans les mêmes travers(…) Il n’y a pas de réformes Hamrouche. C’est moi qui ai, dès mon accession au pouvoir, poussé vers la réhabilitation de l'Etat de droit et la transition vitale vers une Algérie rénovée et rajeunie. »
Liberté pour le prisonnier Ben Bella
Destitué le 19 juin 1965 par un coup d’Etat, le premier président algérien Ahmed Ben Bella a été détenu dans le secret pendant presque 13 ans par son successeur Houari Boumediene. Prisonnier sans jugement, détenu sans droits. Dans le secret absolu pendant 13 ans.
Peu de temps après son arrivée au pouvoir en 1979, Chadli décide d’assouplir les conditions de détention de Ben Bella avant de lui remettre sa liberté le 30 octobre 1980. A Ben Bella, Chadli accordera une pension de 12 000 dinars et une villa à Alger.
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