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Les memoires d'outre-tombe de Chadli Bendjedid

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  • Les memoires d'outre-tombe de Chadli Bendjedid

    L'Expression dévoile en exclusivité à ses lecteurs les bonnes feuilles des Mémoires du défunt président Chadli Bendjedid.

    L'ancien président de la République relate des événements auxquels il a pris part ou dont il a été le témoin direct. Le témoignage traite des relations avec le Maroc à travers l'épisode de la guerre des sables mais aussi de ses relations avec le responsable de l'appareil du parti FLN, Kaïd Ahmed, et d'autres responsables comme Saïd Abid, Tahar Zbiri et Houari Boumediene. Des chapitres sont également consacrés au coup d'Etat de 1965, au Gpra et à l'état-major de l'armée. De nombreux épisodes de la guerre de Libération et de l'Algérie indépendante sont contenus dans le livre. Le premier volume, qui couvre la période allant de 1929 à 1979, «foisonne» d'autres informations sur des événements clés de l'histoire du pays. La publication des Mémoires de Chadli interviendra à quelques jours de la célébration de l'anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. L'ouvrage sera donc en vente dans les librairies le 26octobre.


    La Maladie de Boumediene
    ...Durant les derniers jours de sa vie, il me rendait visite au siège de la 2e Région militaire, à Oran, lorsqu'il se sentait déprimé...
    ...Peu avant sa mort, Boumediene réfléchissait sérieusement à des changements radicaux dans la politique agricole, l'industrialisation et les nationalisations. Il m'a même confié, plusieurs fois, qu'il avait regretté ces choix. Il tenait absolument à convoquer un congrès du parti pour évaluer les aspects politiques intérieurs en vue d'en identifier les lacunes et envisager de nouvelles alternatives...
    ...Boumediene aimait à se confier à moi et me parlait de choses intimes, bien qu'il ne fût pas habitué à parler de sa vie privée, des lourdes responsabilités qui l'accablaient et de la traîtrise des hommes. Je lui ai dit, une fois, que beaucoup de ses proches collaborateurs feignaient la loyauté envers lui et le poignardaient dès qu'il avait le dos tourné. J'ajoutai: «Ces gens-là profitent des bienfaits et crachent dans la soupe». Quand je lui demandai pourquoi il ne se séparait pas d'eux, il me répondit: «Si je faisais ça, les gens diraient que Boumediene s'est débarrassé de ses compagnons comme on jette un chiffon». De fait, Boumediene ne se précipitait jamais dans sa prise de décision lorsqu'il s'agissait de remplacer quelque responsable dans son entourage immédiat. Le plus important changement qu'il ait eu à entreprendre eut lieu en 1977. Le Président voulait mettre fin à des lobbies qui commençaient à se constituer. Il releva Ahmed Benchérif du commandement de la Gendarmerie nationale et le nomma à la fonction civile de ministre de l'Hydraulique et de l'Environnement. Il en fit de même pour Ahmed Draïa, le directeur général de la Sûreté nationale, qu'il nomma aux Transports. Ce jour-là fut le plus beau de sa vie.
    Boumediene n'hésitait pas à me parler de sa vie privée avec une franchise déconcertante. J'essayai toujours de le convaincre de se marier en lui disant: «La Révolution est terminée maintenant. Il est temps que tu accomplisses l'autre moitié du devoir religieux [en te mariant]!» Il me répondait: «Dans ce cas, je te laisse le soin de me chercher une épouse!» Je le pris au mot et me mis à chercher parmi les familles honorables une femme qui eût pu épouser le Président. Mais je me suis très vite ravisé, convaincu que le mariage devait être fondé sur le libre choix. Un jour, il me dit, blasé: «Si Chadli, si le choix était un âne, je l'aurais mis devant moi et bastonné à mort!» Je ne sais pas, à ce jour, s'il voulait parler de quelque échec dans sa vie personnelle ou de décisions qu'il aurait regretté d'avoir prises.
    La fatigue se lisait sur son visage. Il souffrait mais ne se plaignait pas. Il supportait son mal en silence et avec courage.
    Il avait mauvaise mine, mais je ne savais pas qu'il était malade; je croyais que c'était dû au surmenage. Il me parlait de la force morale de Georges Pompidou et de sa maladie qu'il avait cachée à l'opinion publique. Je me souviens encore de ce qu'il m'avait dit ce jour-là comme si c'était hier:
    «J'admire la patience de Pompidou». J'étais loin de me douter que lui-même était souffrant. Le destin a voulu que les deux hommes meurent de la même maladie de Waldenstriim, une hémopathie maligne rare...
    ...A son retour de Damas où il avait pris part au sommet du Front de la résistance et de la fermeté, Boumediene se montrait de moins en moins en public. Les rumeurs les plus folles commençaient à circuler. Certains disaient qu'il s'était éclipsé pour réfléchir à tête reposée à des changements majeurs qu'il allait opérer bientôt, d'autres parlaient de divergences profondes au sein du Conseil de la Révolution qui l'auraient contrarié au point de se retirer de la vie publique, d'autres encore privilégiaient la thèse du coup d'Etat voire de l'assassinat. Il en était toujours ainsi quand le président n'apparaissait pas à la télévision.
    Décision fut prise de le transférer à Moscou. Il préféra l'URSS aux Etats-Unis et à la France pour des impératifs de sécurité. Je suivais l'évolution de sa maladie au jour le jour...
    ...De retour au pays, il reçut les membres du Conseil de la Révolution et du gouvernement à la villa Dar El Nakhil. Ce n'était plus le Boumediene que je connaissais; il avait considérablement maigri. Ses yeux n'avaient plus le même éclat.
    Il n'avait plus d'entrain, au point de ne plus pouvoir parler. Ses pieds étaient enflés. Quand je lui serrai la main, il ne me lâcha pas, comme s'il voulait me dire quelque chose, mais en aparté. Je compris par la suite qu'il voulait m'informer qu'il m'avait chargé de la coordination des corps de sécurité. Dès que j'appris cela, je me rappelai tout de suite ce qu'il ne cessait pas de me dire auparavant: «Chadli, veille sur le pays et la Révolution!» C'est que les personnes à qui il avait confié la mission de m'en informer n'avaient pas appliqué la volonté du Président, et ce, avec la complicité d'autres membres du Conseil de la Révolution.
    Mais, devant le péril menaçant, ces mêmes personnes furent obligées de se plier à ses ordres. J'appris la décision de ma nomination à ce poste par la voix du secrétaire général du ministère de la Défense, Abdelhamid Latrèche. Boumediene mourut le 27 décembre 1978.

    La tentative de coup d'Etat de Tahar Zbiri
    ...La tentative de putsch menée par Tahar Zbiri en décembre 1967 fut la plus grande scission au sein du Conseil de la Révolution après les démissions d'Ali Mahsas, Bachir Bournaza et Ali Mendjli. Quand je me remémore cet épisode, je m'étonne toujours des propos de Zbiri qui déclare tantôt: «Si ce n'était pas Chadli, j'aurais pris le pouvoir», tantôt: «Chadli se serait [de toute façon] placé du côté du vainqueur» Pourtant, la vérité est tout autre. J'étais au fait de désaccords entre le président Boumediene et le chef d'état-major. Mais j'étais loin d'imaginer que Tahar Zbiri allait en arriver à l'usage de la force pour accaparer le pouvoir. En réalité, ces désaccords concernaient aussi certains membres du Conseil de la révolution qui reprochaient, ouvertement ou en secret, à Boumédiène d'accaparer le pouvoir avec le groupe d'Oudjda et de confier à des DAF des postes sensibles du ministère de la Défense. Le conflit s'aggrava après le refus de Zbiri d'assister aux festivités du 1er novembre 1966 et du fait des fréquents déplacements qu'il effectuait entre l'état-major et le bataillon de blindés stationné à Bordj el Bahri. Déplacements que Boumédiène suivait de très près. Le conflit atteignit son apogée suite à l'échec des médiations entreprises par des personnalités politiques et militaires. J'ai pris la pleine mesure du danger à Bouzaréah, au domicile de Abderrahmane Bensalem qui nous avait invités à déjeuner après la réunion du Conseil de la révolution et des commandants de régions.
    Nous étions cinq: Saïd Abid, Abderrahmane Bensalem, le colonel Abbès,Yahiaoui et moi-même à prendre notre repas ensemble dans une ambiance fraternelle, discutant de divers problèmes qui nous préoccupaient à l'époque. Le soir, je devais rentrer à Oran par avion. Je ne m'étais pas rendu compte qu'un complot se tramait et que j'allais être impliqué à mon insu. Nous nous installâmes dans le salon pour prendre le café. Je remarquai que l'assistance était plus silencieuse que d'habitude. Aucun de mes interlocuteurs ne me mit au courant de ce qui se mijotait. Je les vis qui faisaient un clin d'oeil à Saïd Abid, connaissant la solide amitié qui nous liait et qu'ils voulaient, me semble-il, exploiter. Puis, ils lui firent signe de m'en parler en leur nom. Saïd Abid se leva et me dit sur un ton réprobateur mêlé de sollicitude dans lequel je perçus comme un appel à l'aide:
    -Es-tu satisfait de cette situation, Si Chadli? Je veux dire la situation du pays. Tous ces problèmes ne t'affectent-ils pas?
    - Quels problèmes? lui dis-je.
    -Les problèmes dans lesquels se débat le pays, voyons! Tu trouves cette situation normale?
    -Tous les pays [du monde] vivent des problèmes. Certes, il y en a beaucoup [chez nous], mais je pense sincèrement qu'ils peuvent être réglés par le dialogue et à travers les institutions en place, rétorquai-je.
    -Nous avons essayé de les résoudre dans ce cadre, mais sans succès.
    En clair, Saïd Abid voulait parler de l'accaparement du pouvoir par le clan d'Oujda et de l'obsolescence du Conseil de la Révolution qui avait perdu un grand nombre de ses membres. De plus, Boumediene avait pratiquement vidé l'état-major de ses prérogatives qu'il avait mises entre les mains des anciens officiers déserteurs de l'armée française, au ministère de la Défense. A ce moment-là, je compris qu'il y avait anguille sous roche: notre présence tous ensemble au domicile de Bensalem n'était pas innocente, surtout lorsque Saïd Abid revint à la charge:
    -Nous sommes appelés à prendre une décision cruciale sur-le-champ.
    C'était clair. Ils planifiaient le renversement de Boumediene. Je leur dis:
    -Vous connaissez ma franchise. Alors, laissez-moi vous dire dès à présent, pour que vous ne disiez pas plus tard que je vous ai trahis: je m'opposerai à toute personne qui utiliserait la force et la violence pour prendre le pouvoir. Je connais Tahar Zbiri depuis 1956; je l'ai même connu avant Boumediene. Mettez-vous ça bien dans la tête: je me mettrai en travers du chemin de tous ceux qui recourront à la violence pour porter atteinte à la stabilité du pays. Ma position là-dessus est claire.
    De guerre lasse, ils insistèrent pour que je les rejoigne. Quand je les quittai, je me rendis compte de la gravité de la situation...
    Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994

  • #2
    suite

    ...Je me rendis chez Tahar Zbiri, à El-Biar, et lui dis:
    - J'étais avec les compagnons et ils m'ont informé de leurs intentions. J'ai voulu que tu saches ce que je pense de tout ça. Il est plus que probable qu'ils viennent te voir et te refilent de fausses informations sur ma position.
    Je lui répétai ce que j'avais dit auparavant et lui expliquai mon point de vue en lui disant que c'est à l'intérieur du Conseil de la Révolution que les problèmes devaient être débattus et tranchés:..
    ... Je me rendis en toute urgence à la présidence de la République et demandai à voir le président Houari Boumediene. Quand il me reçut, je lui dis:
    - Je suis venu te saluer et te souhaiter plein succès dans ta mission. Je retourne aujourd'hui à Oran. Sache que ta position sera la mienne et que tu me trouveras toujours à tes côtés.
    Je me contentai de ces quelques mots et ne lui divulguai pas le secret de ma rencontre avec Zbiri et les autres compagnons. Boumediene ne dit mot et sourit, signe que les services de renseignements l'avaient informé du complot. Il paraissait serein...
    ...Après l'échec de la tentative de coup d'Etat, Tahar Zbiri et quelques-uns de ses hommes (ils étaient tous de la même région, ce qui confirme l'aspect régionaliste et tribal de cette opération avortée), se sauvèrent. Il se peut que les services de sécurité leur aient assuré un passage sécurisé jusqu'aux frontières tunisiennes, avant de rejoindre le Maroc. Kasdi Merbah vint me voir pour me demander de lui remettre les officiers de la 2e Région qui étaient solidaires de Zbiri, ce que je refusai. Quand il s'en plaignit à Boumediene, celui-ci le pria de ne pas insister, en lui disant: Chadli est responsable de ses actes».
    En 1979, Tahar Zbiri me fit part, par le truchement d'un émissaire, de son souhait de rentrer au pays. Je lui demandai de patienter un peu, le temps pour moi d'étudier l'affaire. Un jour, un de mes collaborateurs à la présidence de la République m'informa que Zbiri était à l'aéroport. Je l'autorisai à rentrer et à rester chez lui. En outre, je lui imposai de s'éloigner de la vie politique.#
    Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994

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    • #3
      suite

      Pendant la Guerre de Libération

      .Afin de surmonter le climat de révolte et de confusion, et de remédier à la situation d'impasse politique au plus haut niveau du commandement, une réunion d'arbitrage a été convoquée à Tunis, à laquelle vont assister, outre les «3 B», sept colonels, à savoir: Houari Boumediene, Mohammedi Saïd, respectivement de l'état-major de l'ouest et de l'est, Hadj Lakhdar de la Wilaya I, Ali Kafi de la Wilaya II, Yazourène de la Wilaya Ill, Dehilès de la Wilaya IV et Lotfi de la Wilaya V. Ces dix colonels se trouvaient, tous sans exception, à l'époque, hors du territoire national.

      Les raisons principales ayant motivé cette réunion-marathon, étaient, à mon avis, au nombre de trois: la première a trait au conflit endémique opposant certaines wilayas de l'intérieur et la Base de l'Est; la seconde est relative à l'exécution des colonels de l'incident du Kef et ses conséquences néfastes sur l'esprit de combat au sein des unités; enfin, la troisième et la plus urgente, est la dissidence des unités relevant de la Base de l'Est et de la Wilaya I. Trois wilayas réclamaient un changement dans la haute hiérarchie politique à l'extérieur; il s'agit des Wilayas I, III (Amirouche) et VI, en plus de la Base de l'Est.
      Les Wilayas II, IV et V demandaient, elles, le maintien du commandement tel quel. Les échos qui nous parvenaient de cette réunion étaient rares, souvent contradictoires et inquiétants. Sa longue durée (plus de trois mois), l'interruption des travaux, puis leur reprise, étaient autant d'indices que les divergences entre les participants n'avaient pas pu être surmontées, et que celles-ci auguraient d'un éclatement imminent du GPRA. Les colonels sont convenus de convoquer la troisième session du CNRA à Tripoli du 16 décembre au 18 janvier. Celle-ci sortira avec des conclusions dont les conséquences positives se sont vite fait ressentir sur le terrain. On peut en citer quelques-unes parmi les plus importantes:

      - Mise en place d'un état-major qui sera confié à Houari Boumediene, et qui comptera aussi Ali Mendjeli, Kaïd Ahmed et Azeddine Zerrari.

      - Suppression du ministère de la Guerre, et son remplacement par un Comité interministériel de Guerre (CIG), composé de Krim, Boussouf et Bentobal.

      Ces deux décisions vont mettre un terme définitif aux aspirations que cultivait Krim Belkacem pour s'approprier le leadership.
      Sur le plan militaire, la session a recommandé, notamment, l'intensification des opérations militaires et l'accélération de l'entrée des chefs militaires dans leurs wilayas d'origine.

      Houari Boumediene a rejoint Ghardimaou dans des circonstances difficiles. Mais il arrivait au bon moment. Il fallait bien redresser la situation avant qu'elle ne devienne incontrôlable. Boumediene était l'homme de la situation, envoyé par la providence pour accomplir cette mission. Nous ne le connaissions pas, mais nous entendions parler de lui. Pour nous, il demeurait étranger aux problèmes des frontières est; ce qui, du reste, lui permettra d'appréhender et de traiter la situation avec lucidité et sang froid. Heureusement que nous ne savions pas encore que c'était lui qui avait présidé le tribunal ayant condamné à mort les colonels...

      ...Boumediene réussit à instaurer la discipline et l'ordre, et les unités étaient désormais soumises à un commandement unifié et centralisé, alors qu'elles étaient, auparavant, soumises à leurs chefs directs. Après avoir reçu, de la part du GPRA, les unités relevant des Wilayas II, III et IV immobilisées sur les frontières, Boumediene eut l'idée de «brasser» djounoud et officiers, et réussit à former une armée moderne, bien entraînée et bien équipée. Le mérite revient à Houari Boumediene d'avoir aidé à transcender les mentalités régionalistes et tribalistes qui prévalaient au sein des unités. Le brassage des djounoud et officiers et le redéploiement des unités dans de nouveaux périmètres géographiques, ont fini par démanteler ce qu'on pourrait appeler les «féodalités» et à annihiler l'esprit des «seigneurs de guerre» qui a été à l'origine de graves dissidences.

      Ce brassage a contribué au contact entre éléments de la Base de l'Est et les djounoud des Wilayas II, III et IV, et aidé à bannir l'idée du «wilayisme» avec ses effets néfastes sur le moral des troupes lors des combats. Cette mesure a aussi ancré dans l'esprit des combattants, l'idée qu'ils luttaient pour une cause: la libération de leur patrie.
      Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994

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      • #4
        La première partie des mémoires de Chadli Bendjedid en librairie
        ALGER - La première partie des mémoires de Chadli Bendjedid, décédé le 6 octobre dernier, qui raconte 50 ans de sa vie (1929-1979), vient de paraître à titre posthume à "Casbah éditions".

        Ce premier tome (332 pages), qui sera disponible en librairie dimanche prochain, s’ouvre sur les appréhensions de l’ancien président de la République (1979-1992) à livrer ses mémoires. L’auteur explique ses hésitations par "la lecture des mémoires de plusieurs hommes politiques et grands chefs militaires - dont ceux de personnalités algériennes évidemment".

        "J’ai constaté, dit-il, que la plupart de ces œuvres étaient imprégnées d’un narcissisme qui met en avant la personne de leurs auteurs au détriment de la vérité et de la modestie qu’appelle tout témoignage historique".

        Ce tome comprend, en plus d’un prologue, 12 chapitres, dont le 1er est intitulé : "Mes racines et mon enfance (1929-1945)", et le dernier : "Boumediene tel que je l’ai connu".

        Dans ces chapitres, Bendjedid retrace, selon son point de vue, l’évolution de certaines situations ou évènements, comme notamment "le Congrès de la Soummam et la création de la Base de l’Est (1956-1958)", "le complot des colonels (1958-1959)", l’état-major général (EMG) ou le retour de l’espoir (1958-1959)", "le premier prisonnier après l’indépendance" et "le mouvement de redressement de juin 1965".

        Dans ce dernier chapitre, il consacre une partie à la "sédition de Chabani", où il dit : "Je me dois, ici, de revenir sur les faits et les conséquences de cette affaire parce que j’en fus un des acteurs principaux". Il voit dans cette dissidence "un vil complot dont fut victime un des officiers les plus honnêtes qu’ait connus l’Algérie".

        Dans ces mémoires, il retrace son parcours militaire, en tant que moudjahid qui a débuté en 1955 et se termine à l’indépendance en tant que membre de la zone Nord opérationnelle, après avoir été chef de région en 1956 et chef de zone (1958-1959).

        Chadli Bendjedid, qui dément avoir été dans l’armée française avant de rallier en 1955 l’Armée de libération nationale (ALN), relate sa rencontre en novembre 1956 avec le colonel Amirouche.

        "Je garde de lui l’image connue de tous : élancé, balèze, le regard pénétrant, emmitouflé dans sa kachabia bariolée et sa tête couverte d’un chèche", dit-il ajoutant : "Amirouche tenait fortement à l’unité des rangs au point qu’il n’eut de cesse de réconcilier les frères ennemis, aussi bien à la Wilaya I qu’en Tunisie".

        Il a salué, dans ses mémoires, "la sagesse de Mohand Oulhadj, qui mit un terme à sa rébellion en Kabylie pour se joindre aux forces des frontières engagées dans la bataille de l’intrus marocain (octobre 1963)" et le leader Mehdi Ben Barka "qui fut le seul homme politique marocain à condamner ouvertement et sans ambages les visées impérialistes du roi" et qui a qualifié l’agression de son pays contre l’Algérie de "trahison à la lutte des peuples maghrébins pour l’unité".

        L’auteur se considère le premier prisonnier de l’Algérie indépendante. De retour de Tripoli, après la réunion du CNRA (Conseil national de la révolution algérienne), Chadli raconte qu’il fut "arrêté" sur le territoire de la Wilaya II, "parce que les responsables du GPRA avaient dit à Boubnider (Responsable de la Wilaya II) que Chadli est le plus grand des perturbateurs. Son nom est parmi les premiers de la liste des officiers ayant signé la pétition dénigrant le GPRA et soutenant l’état-major général".

        Ce premier tome, édité en arabe et en français, sera suivi en mars prochain de l’édition du 2e et dernier tome, qui sera consacré à des "questions importantes et sensibles ayant marqué l’histoire récente de l’Algérie".

        L’auteur justifie sa décision d’écrire ses mémoires par "l’insistance d’un certain nombre de (ses) amis, parmi les fidèles moudjahidine" et par "les tentatives de certains de porter atteinte à (son) passé militant".
        APS
        The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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        • #5
          ...

          il y a un autre "article" et le partage n'est pas plus différencié du différend...

          LES MÉMOIRES «D'OUTRE-TOMBE» DE CHADLI BENDJEDID Les relations avec le Maroc avant 1979
          ...

          entre consternant tragique courageux s'ajoutent libre inquiet héritage, donc si il était un sens complexe de liberté à recouvrer il peut être possible contractuel inévitable tous ceux réfléchis d'une fraternité et d'une égalité à investir...la politique n'ayant jamais cessé d'exister à tort ou à raison d'un avenir et du peuple...

          Salam, merci...
          ...Rester Humain pour le devenir de l'Homme... K.H.R.

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          • #6
            Le clash entre le GPRA et l'état-major

            Suite
            ...Le clash entre le GPRA et l'état-major était inévitable au vu des divergences de vues et de visions sur les questions inhérentes à la conduite de la guerre. Le conflit allait en s'aggravant, avant d'éclater en juin 1961, lorsque l'artillerie de l'ANP a abattu un avion de reconnaissance français au-dessus du centre d'instruction de Mellag. Son pilote, Frédéric Gaillard, fut capturé par l'état-major, après avoir sauté en parachute sur le territoire tunisien, et accusé d'espionnage. Sous la pression du gouvernement tunisien, le GPRA a demandé de livrer le prisonnier aux autorités tunisiennes, mais Boumediene et ses collègues de l'état-major, s'y sont refusés, prétextant que le pilote était mort. Les Tunisiens mirent la pression pour récupérer le prisonnier «mort ou vif», en menaçant d'intervenir contre l'ALN et de lui couper tout approvisionnement. Au début, Boumediene avait hésité un moment, sous la pression d'Ali Mendjeli et Kaïd Ahmed qui s'y opposaient fermement, avant de céder à la fin et de livrer le pilote.

            C'était une épreuve difficile pour Boumediene. Il avait certes perdu une bataille, mais il avait gagné un pari. Pour la première fois, donc, le conflit sortait au grand jour. L'état-major entama une vaste campagne, accusant le GPRA de vouloir humilier l'armée, et convoqua une réunion avec les chefs des zones nord et sud, et les responsables de bataillons, de compagnies d'armement lourd et de camps d'instruction à Oued Mellag. A l'ordre du jour, l'évolution du conflit entre l'état-major et le gouvernement provisoire. Boumediene n'a pas beaucoup parlé; il s'est contenté de nous annoncer la démission des membres de l'état-major. Ali Mendjeli était, quant à lui, furieux. Tenant les membres du gouvernement pour responsables de toutes les tares et de tous les malheurs, il accusera notamment Krim Belkacem de vouloir affaiblir l'armée.


            Le 15 juillet, le commandement de l'état-major présenta sa démission au gouvernement provisoire, et fit circuler une pétition auprès des chefs d'unités combattantes.
            Cette pétition, au ton très virulent, dénonçait la politique du GPRA et ses concessions au président Habib Bourguiba que le commandement de l'état-major soupçonnait de visées expansionnistes.
            Les rédacteurs du texte s'élevaient également contre la politique de dilapidation et de népotisme que pratiquait Krim Belkacem.
            A la veille de la tenue de la session du CNRA à Tripoli, nous avions signé, nous les officiers, une autre pétition dénonçant les agissements du GPRA, et s'opposant à la désignation du commandant Moussa à la tête de l'état-major. J'ai été chargé de recueillir les signatures des officiers de la zone opérationnelle nord, parmi lesquelles figurait la mienne, en tête de liste. Il y avait en tout 21 signatures...
            ...Un mois plus tard, les officiers de l'ouest vont signer, sous l'impulsion de Kaïd Ahmed, une pétition similaire saluant le retrait des membres de l'état-major des travaux du CNRA.
            Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994

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            • #7
              La Suite

              ...Pendant ce temps, Krim Belkacem prit la décision d'écarter Ressaâ Mazouz du commandement de la zone 1, à cause de son lien de parenté avec Amara Bougiez, et de déléguer Abdelkader Chabou, Mohamed Alleg et un jeune officier répondant au nom de Sahraoui, à la région. Sur place, Chabou consultera les chefs de région, Haddad Abdennour, Kara Abdelkader et Bouterfa El Fadhel, sur celui qui serait le mieux indiqué pour succéder à Mazouz; tous lui donnèrent le nom de Chadli Bendjedid. C'est ainsi que je devins chef de la zone 1. Dans le souci d'arrêter l'engrenage de la crise, nous décidâmes, nous les chefs des zones 1 et 3, de charger Bensalem de prendre contact avec Mohammedi Saïd en vue d'organiser une rencontre avec un représentant du GPRA, afin de tirer les choses au clair, et éviter une confrontation fatale entre frères...

              ...Nous prîmes la route, Abderrahmane Bensalem, Zine Noubli et moi-même, en compagnie de Mohammedi Saïd - très à cheval sur les horaires de prière bien que nous fussions en déplacement - en direction de Tunis, où le groupe était incarcéré. Il y avait Krim Belkacem et Bentobal - Boussouf étant absent. Les deux premiers cités avaient pu convaincre Lamouri de nous demander de revenir à la légalité. Je me souviens encore de ses supplications: «Au nom de la fraternité, au nom des moudjahidine, au nom des principes de la Révolution, rentrez dans les rangs et laissez notre sort entre les mains du GPRA!»

              Nous eûmes beau essayer de persuader les membres du gouvernement provisoire que la réunion en question était une simple réunion de consultation pour essayer de trouver une solution à la situation, Krim et Bentobal persistèrent à dire que Lamouri et ses camarades fomentaient un coup d'Etat contre les dirigeants de la Révolution «pour le compte d'intérêts étrangers». Nous leur demandâmes de les maintenir en prison et de ne pas les exécuter; demande qu'ils approuvèrent avec, cependant, la condition de leur livrer Ahmed Draïa, qui avait réussi à s'échapper et à rejoindre le territoire national. Lors de la rencontre, Mohamed-Chérif Messaâdia, se tenant au loin, me faisait signe qu'il ne fallait pas les croire.
              Les traces des tortures qui avaient été infligées par les éléments des 3 «B» étaient perceptibles sur le visage tuméfié de Lamouri. Aouachria, quant à lui, se tourna vers Bensalem et lui lança: «Prends soin des enfants, Bensalem!» Il savait sans doute le sort qui l'attendait. Il était dit que Bourguiba aurait proposé sa protection à Lamouri, mais celui-ci l'aurait déclinée, préférant s'en remettre à ses compagnons d'armes.

              Rentrés au pays, nous leur avons livré, comme entendu, Draïa. Après la fin de l'enquête, un tribunal a été mis en place, sous la présidence de Houari Boumediene, avec Ali Mendjeli comme procureur et Kaïd Ahmed et le colonel Sadek comme assesseurs. Les colonels Lamouri et Nouaoura, le commandant Aouachria et le capitaine Mostafa Lakehal seront finalement exécutés; les autres seront condamnés à des peines de prison allant de quatorze mois à deux ans. Ces exécutions vont avoir des conséquences néfastes sur le moral des soldats et des officiers qui ne feront plus confiance au GPRA, et encore moins aux trois «B». Les tentatives de dissidence, de désobéissance et de désertion vont se multiplier.
              Lorsque Boumediene prit le commandement de l'état-major, il libéra Belhouchet, Draïa, Messaâdia et Lakhdar Belhadj, et les chargea, avec Abdelaziz Bouteflika, d'ouvrir un front au Mali.
              Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994

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              • #8
                Les relations avec le Maroc acant 1979

                J'ai dirigé la 2e Région militaire durant 15 années consécutives. J'étais pleinement conscient de la gravité de la responsabilité qui m'incombait. C'est que cette région est très sensible et revêt une grande importance stratégique, en raison de l'étendue de son territoire, de la concentration du tiers des effectifs de l'armée en son sein et du type d'armement hautement sophistiqué dont elle est dotée. De plus, la 2e Région longe la frontière avec le Maroc, ce qui la rend d'autant plus sensible. La probabilité était forte pour qu'un conflit armé éclatât avec ce pays à n'importe quel moment, sur fond de tensions permanentes. Ma seule préoccupation était d'éviter d'en arriver aux armes, tout en veillant à l'intégrité et à la sécurité du territoire national...


                ...Le problème des revendications frontalières avait surgi avant l'indépendance de l'Algérie. Hassan II avait exercé divers types de pressions sur le gouvernement provisoire pour l'empêcher d'organiser le référendum sur l'autodétermination sans la région de Tindouf dont il clamait la marocanité. Il déploya ses troupes le long des frontières. Ce fut le premier signe révélateur de ce que cette bande frontalière allait se transformer en un terrain miné qui allait souffler toutes les bonnes volontés qui nourrissaient le rêve d'un Maghreb uni. Les frontières est n'étaient pas en reste, puisque l'approche de l'indépendance avait aussi aiguisé l'appétit de Bourguiba qui réclamait à son tour l'annexion de territoires algériens. Ces intentions belliqueuses - tantôt ouvertes, tantôt cachées - faisaient que je me méfiais des desseins de Hassan II. A tel point que nos forces armées étaient en état d'alerte quasi permanent...


                ...Je me trouvais en Chine lorsque j'appris que l'armée marocaine s'était infiltrée, le 15 octobre 1963, à l'intérieur des territoires algériens, à Hassi Beïda, et y avait implanté des camps militaires. J'essayai de convaincre les dirigeants chinois d'écourter notre visite mais ils insistèrent pour que nous l'achevions. A notre retour au pays, la Guerre des sables était déjà finie, l'armée marocaine s'étant retirée grâce à la mobilisation du peuple algérien qui avait défendu l'intégrité de son territoire bec et ongle, aux démarches de l'Organisation de l'Unité africaine et aux pressions de Djamel Abdennasser et Fidel Castro.A ce sujet, j'aimerais ouvrir une parenthèse pour saluer la sagesse de Mohand Oulhadj qui mit un terme à sa rébellion en Kabylie pour se joindre aux forces régulières engagées dans la bataille contre l'intrus marocain...

                ...Les relations entre l'Algérie et le Maroc ne se sont pas améliorées après le redressement de juin 1965. Chaque partie campait sur ses positions. Plus grave, la présence d'une opposition marocaine sur notre sol, héritée du règne de Ben Bella, constituait un obstacle supplémentaire à l'apaisement entre les deux pays. Hassan II faisait un abcès de fixation de cette opposition qui s'était réfugiée en Algérie en 1963, considérant le règlement de cette question comme un préalable au réchauffement des relations entre les frères ennemis. Tout comme il accusait l'Algérie d'apporter aide et soutien à son rival politique Mehdi Ben Barka. La direction politique de cette opposition activait dans la capitale, tandis que son bras armé se trouvait dans deux centres de l'Ouest du pays, le premier à Sidi Bel-Abbès et le second à Mohammadia; autrement dit, sur le territoire de la Région que je commandais. Conscient de la nécessité d'apaiser le climat de guerre larvée qui régnait entre les deux pays, Boumediene, en prévision de la première visite qu'il devait effectuer au Maroc, prit attache avec moi pour connaître mon opinion sur l'opposition marocaine. Je lui ai dit, après lui avoir fait un état des lieux: «Je ne crois pas en une opposition qui active hors de son pays. Si les frères marocains veulent s'opposer au pouvoir en place, qu'ils le fassent chez eux». Puis, je l'ai informé que je détenais des informations qui indiquaient que les services secrets marocains avaient infiltré les rangs de cette opposition. Convaincu par mon point de vue, Boumediene me demanda d'agir dans l'intérêt suprême du pays...

                ...Durant la première visite de Boumediene au Maroc, j'étais la deuxième personnalité de la délégation dans l'ordre protocolaire, mais Hassan II modifia la liste et me classa au quatrième rang. Je sentis, durant les entretiens, que le roi était froid et distant avec moi et compris la raison de cette attitude.
                Le soir, je refusai de prendre part au dîner qu'il avait donné en l'honneur de la délégation algérienne. J'avais dit à Mouloud Kassim: «Si jamais Boumediene te demande la raison de mon absence, dis-lui que je suis fatigué et que je ne pourrai pas assister à la cérémonie». Plus tard, Boumediene reprochera à Hassan II son comportement vis-à-vis de moi. Lors de ma deuxième visite au Maroc, je sentis le roi moins hostile à mon égard...

                ... Oufkir tâte le pouls
                A la fin du défilé, le roi chargea le général Oufkir d'organiser des cérémonies en l'honneur de la délégation algérienne. Avant cela, l'officier supérieur marocain avait demandé à Chabou s'il n'était pas inconvenant d'aborder avec moi des sujets politiques. Pendant que nous visitions Casablanca, Oufkir s'enquérait de temps en temps de notre situation. Un jour, un groupe de jeunes officiers, au grade de commandant, s'approchèrent de moi. Après discussion, je compris qu'ils voulaient me faire passer un message. Ils finirent par me livrer le fond de leur pensée: «Essayez, en Algérie, d'empêcher Kadhafi de sceller une union entre la Libye et l'Egypte, en attendant que nous renversions la monarchie ici au Maroc et mettions en place un régime républicain. Après, nous construirons ensemble l'Union du grand Maghreb arabe». Je reconnais que leur audace me laissa pantois. Je me demandai, au fond de moi-même, si ces officiers étaient sérieux ou essayaient juste de jauger les intentions de l'Algérie. Je découvris le subterfuge lorsque je m'aperçus que le général Oufkir les appelait auprès de lui l'un après l'autre, visiblement pour qu'ils lui rendent compte de mes propos. L'ère était aux coups d'Etat en Afrique, en Asie et dans le Monde arabe, et le Maroc n'était pas à l'abri. Mes doutes se confirmèrent lors de notre déplacement à Marrakech. Je descendis à la Mamounia, un hôtel de haut standing très apprécié par l'ancien Premier Ministre britannique Winston Churchill. J'avais pour habitude de me réveiller tôt le matin et de prendre mon petit déjeuner dans le hall de l'hôtel. Alors que j'étais seul, un jeune homme s'approcha de moi et me demanda la permission de s'asseoir à ma table. Il me parut bizarre. Après un moment d'hésitation, il me tint le même discours que les jeunes officiers de Casablanca.

                J'éludai ses questions par des réponses évasives en prétendant ignorer tout du sujet. J'étais convaincu que c'était encore un élément du général Oufkir. De deux choses l'une: soit Oufkir voulait connaître ma position sur le roi et la monarchie en général, parce qu'il savait que j'étais à la tête de grandes unités de combat de l'armée algérienne stationnées sur les frontières avec le Maroc, soit il était sérieux et échafaudait un plan pour détrôner Hassan II.
                De retour en Algérie, j'en informai Houari Boumediene. Il ne me répondit pas et se Contenta de sourire, comme à son habitude. Boumediene était-il au courant de quelque chose? Franchement, je n'en ai aucune idée.
                Je n'avais aucune relation avec le général Oufkir. Pourquoi alors avait-il tenté de me sonder sur cette question? Cette interrogation m'intrigue à ce jour...

                ...Nous débattîmes longuement de la question du Sahara Occidental lors d'une réunion du Conseil de la Révolution et examinâmes le sujet sous tous ses angles. Houari Boumediene insista pour connaître l'avis de chacun d'entre nous. Il posa le problème de la disposition de l'armée algérienne en cas de déclenchement des hostilités. Aucun membre du Conseil ne prit la parole. Il me demanda mon avis et je lui dis: «L'armée manque de moyens et d'organisation. Objectivement, nous ne serons pas en mesure de ravitailler nos unités loin de leurs bases en cas de guerre.» Je n'avais pas le droit de lui mentir dans des circonstances aussi graves. Ce qu'il avait entendu lors de la réunion ne lui a pas plu. Il réagit violemment: «Alors, cela veut dire que je n'ai pas d'hommes!» Quand je lui répétai que je ne lui avais dit que la stricte vérité et qu'il fallait que nous la prenions en considération, il me répondit, plus calme: «Je ne parlais pas de toi, Chadli!» Puis, il s'adressa à Abdelaziz Bouteflika: «Dans ce cas, prépare tes bataillons, Si Abdelaziz!» Il voulait dire que nous n'avions d'autre choix que de privilégier la solution diplomatique.
                A notre sortie de la réunion, un membre du Conseil crut utile de me mettre en garde: «Pourquoi t'opposes-tu à lui? II t'en tiendra rigueur et se vengera de toi!» Et d'ajouter, médisant: «S'il était un homme, il jetterait son burnous et rentrerait chez lui sans plus attendre!»
                Je lui répondis, assommé, surtout que cet énergumène se trouvait sous la protection de ce même burnous: «Je suis militaire comme lui et j'ai dit ce que je pensais en toute franchise. Cela dit, je suis tout à fait prêt à prendre ma retraite et redevenir un citoyen normal, [si c'est ce que tu veux dire]!» Boumediene préférait ma franchise à l'hypocrisie des courtisans et des flagorneurs...
                L'EXPRESSION DZ
                Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994

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