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La guerre d’Algérie, ou ce passé qui ne passe pas

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  • La guerre d’Algérie, ou ce passé qui ne passe pas

    Qui aurait dit qu’un communiqué de quelques lignes suffirait à déclencher une telle bronca ? Qui aurait pensé qu’un simple communiqué du chef de l’Etat affirmant que « La République reconnaît avec lucidité » la « sanglante répression » du 17 octobre 1961 ayant coûté la vie à « des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance » ferait un tel tohu-bohu ?

    A priori, il ne s’agit là que d’une simple constatation de bon sens. On est même en droit de se demander pourquoi nul ne l’a fait plus tôt, alors que l’on est déjà un demi siècle après le drame, et que l’on sait tout de l’engrenage ayant conduit à transformer Paris, cette nuit-là, en ville de la honte.
    L’explication est très simple. En France, pour reprendre la formule utilisée par l’historien Henry Rousso à propos du régime de Vichy, la guerre d’Algérie est un passé qui ne passe pas. Là où les Etats-Unis, pour ne prendre que cet exemple, ont su tourner la page de la guerre du Vietnam, la France reste empêtrée dans une forme de guérilla idéologique qui rend la moindre initiative suspecte des pires intentions.
    Sans doute cela tient-il à la spécificité de la colonisation algérienne, qui fut une colonisation de peuplement, ainsi qu’au drame des rapatriés, sans oublier le scandale des harkis. Sans doute peut-on également incriminer le gouvernement algérien qui n’hésite pas à agiter le grelot colonial pour cacher son impéritie et qui se refuse à faire la lumière sur les pratiques du FLN à l’époque de la lutte anticoloniale.
    Pourtant, cela ne saurait justifier que l’on continue à se voiler la face de ce côté-ci de la Méditerranée. La France s’honorerait à condamner une bonne fois pour toutes la colonisation de l’Algérie, ses conséquences inévitables et ses débordements sanglants lorsque le peuple algérien entreprit, en toute légitimité, de se libérer par les armes (comment aurait-il pu faire autrement ?).
    Plus tôt viendra ce retour critique, et les condamnations induites, mieux ce sera. Une fois que la République aura franchi ce pas, elle n’en sera que plus à l’aise pour demander aux autorités algériennes de balayer devant leur porte, de condamner les exactions passées du FLN, ou d’en finir avec la mise au rencart des harkis.
    Certains, à droite, dénoncent ce qu’ils appellent la « repentance », à l’instar de François Fillon. Mais au nom de quoi la reconnaissance d’un crime d’Etat relève-t-il de la repentance, concept à connotation religieuse n’ayant rien à faire en de telles circonstances ? D’autres, encore plus extrémistes, renvoient dos à dos le comportement des soldats de Bigeard et celui du FLN. Et l’on ne parle pas ici des délires du FN pour qui il ne s’est rien passé le 17 octobre 1961. Il est vrai que dans un parti longtemps dirigé par un homme qui s’est fait la main dans le bled, en cassant du « fellouze », certaines traditions doivent être préservées.
    On a lu des choses à peine moins délirantes sur le site internet « Boulevard Voltaire », dirigé par Robert Ménard. Ce dernier est d’ailleurs l’auteur d’un livre finement intitulé : « Vive la guerre d’Algérie », exhibé à chaque intervention de l’impétrant. Il paraît que c’est du second degré. Admettons, même si les degrés de la pensée Ménardienne ne témoignent pas vraiment d’un cerveau en ébullition.
    Reste que sur cette question, tous les intervenants du site « Boulevard Voltaire » se sont alignés sur la philosophie du petit caporal de service, en oubliant qu’à l’époque il n’y avait pas deux pays se faisant la guerre, mais un occupant et un occupé, un colonisateur et un colonisé. Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas un détail de l’histoire.
    Certes, cela ne justifie rien. La fin – aussi juste soit-elle - ne justifie pas les moyens, a fortiori lorsque ces derniers relèvent du terrorisme aveugle. Il ne faut cependant jamais oublier que le colonialisme est un crime, l’un des plus abjects qui soient, et qu’il doit être condamné comme tel. Comme l’a écrit Frantz Fanon dans « Les damnés de la terre » : « Le colonialisme n'est pas une machine à penser, n'est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l'état de nature et ne peut s'incliner que devant une plus grande violence. »
    Qu’on puisse occulter une telle réalité est une forme d’insulte à l’esprit des Lumières en général (pas en sergent-chef) et à celui de Voltaire en particulier, lequel pensait un peu plus haut que le trottoir du boulevard qui porte son nom.
    JACK DION - MARIANNE
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    De Gaulle et la cellule africaine de l'Elysée !!!!!

    A mon avis, ce qui ne passe pas dans cette affaire, c'est de reconnaître une fois pour toute la vérité et d'admettre que De Gaulle n'a pas été sincère et honnête dans sa négociation avec le GPRA pour l'indépendance de l'Algérie. La vraie négociation était secrète et avec Ben-Bella. Cette vérité est la face cachée de De Gaulle et du gaullisme. C'est l'héritage de la droite française. C'est, pourquoi, il n'est pas étonnant, aujourd'hui, que ce soit cette droite qui monte au créneau pour perpétuer le mensonge. Tôt ou tard, la France devra s'assumer.

    P.

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