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france:Les sections locales prennent le pouvoir au Parti pirate

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  • france:Les sections locales prennent le pouvoir au Parti pirate

    Le Parti pirate fait sa "révolution". Lors de son assemblée générale annuelle, dimanche 21 octobre, le parti a révisé en profondeur son organisation. Par un amendement à ses statuts, l'organisation a limogé son conseil national actuel, qui sera remplacé par une coordination nationale de représentants des treize sections locales du parti et des sections nationales thématiques. L'objectif affiché : limiter la concentration des pouvoirs dans un parti qui peine à s'imposer, contrairement à ses homologues européens.

    Le Parti pirate milite pour la transparence politique, la protection des droits fondamentaux et les libertés, notamment numériques. La promotion des échanges non-marchands est l'un de ses chevaux de bataille. Le PP compterait actuellement plus de 900 membres en France.

    "Jusqu'à maintenant, le parti était dirigé par le conseil administratif et politique (CAP) et le conseil national (CN). Le CAP, composé du président, du secrétaire et du trésorier, avait un pouvoir assez important sur la majorité des décisions du parti. Le conseil national était chargé de la consultation des adhérents et de la coordination nationale. Les deux amenaient un équilibre des pouvoirs", explique Solarus, un membre actif qui s'était présenté sous la bannière pirate lors des dernières élections législatives.

    UNE NOUVELLE ORGANISATION

    Le vote de dimanche dernier avait pour but de répondre à ces problèmes. "Le CAP et le conseil national sont remplacés par une coordination nationale, sans président. La coordination nationale est l'émanation des sections internes, à laquelle chaque coordinateur de section locale prend part. Des sections transverses (technique, trésorerie) vont être créées pour permettre à tous de participer à l'exécutif", explique Solarus.

    "Les anciens responsables ne sont plus aux commandes, car ils ne sont pas membres, et encore moins responsables de sections locales. L'autre conséquence est un pouvoir augmenté des sections locales, et donc des militants de terrain", détaille le membre du parti, qui ajoute que les détails sont encore à régler. Selon lui, "nous avions plusieurs jours de débats à débattre en seulement neuf heures. Cette stratégie, volontaire ou non, de jouer la montre a amené du stress supplémentaire à l'ambiance déjà tendue."

    UNE POLITIQUE INTERNE COMPLEXE...

    Ces dissensions ne datent pourtant pas d'hier. "L'assemblée générale 2011 a été très mouvementée, des conseillers à peine élus au CAP ont démissionné suite à des problèmes internes. Au fil de l'année, le CN s'est vidé, laissant la voie libre au CAP", poursuit le "pirate". "L'ancienne direction avait pour technique favorite de décourager ceux qui n'étaient pas d'accord avec elle, en faisant traîner les débats en réunion jusque tard dans la nuit, puis en reportant le point en question", estime Solarus.

    Mais des membres du Conseil administratif et politique réfutent ces accusations. "Nous avons toujours eu des problèmes avec le CN, qui venaient d'un manque d'adhérents pour remplir les conseils. Au vu du nombre de candidats cette année, nous nous approchions de deux conseils complets et efficaces", expliquent-ils. Le CAP explique également la longueur des réunions par la recherche du débat et du consensus, difficile à atteindre quel que soit le temps consacré.

    ... POUR PEU DE DÉBATS DE FOND

    "Le CAP prenait beaucoup de décisions administratives, techniques, voire organisationnelles. Si on comptait les décisions politiques, il y en aurait moins que les doigts des mains, et chacune est prise sur plusieurs réunions. [...] Quelle que soit la quantité d'adhérents consultés, il est rare qu'une décision plaise à tout le monde", déclarent encore les anciens responsables.

    Le manque de personnes décisionnaires serait bien au cœur du problème. "Si vous concentrez les responsabilités sur un nombre très faible de personnes, celles-ci ne peuvent que gérer les affaires courantes. Tout est bloqué parce que de moins en moins de gens s'investissent, par découragement, et ceux qui sont aux commandes n'ont plus le temps ni l'énergie pour être proactifs. On a un pilotage du politique par l'administratif", indique Pierre Mounier, l'un des rédacteurs de l'amendement. Pour lui, l'idée de président serait "incompatible avec les valeurs d'autonomie et d'horizontalité portées par les Pirates, et qui viennent d'Internet même".

    Cette ancienne organisation aurait retardé des adhésions. "Ma non-adhésion était surtout liée au CAP en place et aux drames sur les forums et la liste de discussion interne. Quand je voyais que la liste de discussion servait plus à discuter la gestion d'éléments inutiles (comme les sanctions et les bons points sur le forum) que du programme et de 'vraie gestion', j'étais un peu déçu", explique Garfieldairlines, un internaute impliqué dans la défense des libertés numériques.

    RELANCER LE PARTI

    Suite au vote de l'amendement, certains anciens membres qui ont quitté le parti seraient d'ailleurs en cours de réadhésion. "J'adhérerai quand la machine se mettra réellement en marche. J'espère que ce changement radical va changer les choses sur [l'organisation]", explique Garfieldairlines.

    "Ma position est que nous avons fait le choix le plus intéressant, mais le plus difficile. Ce nouveau mode de fonctionnement fait peur parce qu'il est nouveau, mais je pense qu'en tant que pirates, nous ne devons pas avoir peur de la nouveauté", affirme l'ancien candidat aux législatives du parti.

    "Au-delà de la transition, je ne veux plus rien avoir à faire avec la gestion du Parti pirate. Si je continue de contribuer, ce sera sur des dossiers en cours, les relations internationales ou le programme, mais j'ai déjà perdu trop de temps à vouloir améliorer le fonctionnement interne pour recommencer après ce retour en arrière", répond Maxime Rouquet, l'ancien président du parti. Pour sa part, l'ancien secrétaire national, Baptiste Marcel, explique "voir comment les nouveaux équilibres se mettent en place" avant de déterminer sa future place dans le parti.

    Aux dernières élections législatives, seuls 19 des 101 candidats présentés avaient obtenu au moins 1 % des voix. L'importante réorganisation de ce petit parti est censée apporter une stabilité nécessaire à des projets politiques plus larges et une meilleure représentation. Même si, pour l'instant, cela reste à l'état de souhait.

    Le Monde
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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