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Le Qatar, nouvel eldorado des champions de la haute technologie ?

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  • Le Qatar, nouvel eldorado des champions de la haute technologie ?

    Le point en commun entre la Shard London Bridge Tower, le club de football Paris-Saint-Germain, le Royal Savoy à Lausanne, le géant pétrolier français Total ou le constructeur automobile allemand Volkswagen est la participation financière du Qatar dans leurs développements.

    Immobilier, sport, tourisme, industrie, il n’existe plus un domaine qui échappe aux fonds d'investissement qataris. Ceux-ci augmentent jour après jour leurs participations dans des entreprises occidentales.

    Depuis quelques années, la puissance économique de cet Etat de 11 437 km² situé sur la rive sud du golfe Persique dépasse largement ses propres frontières. En investissant dans des domaines tels que le sport, l'art, les médias et l’humanitaire, l’émirat du Qatar accroît également son influence culturelle et consolide ses liens avec les gouvernements d’Occident. Ce faisant, il anticipe le tarissement à venir de la manne pétrolière (80% de ses recettes extérieures et 60% de ses revenus).

    Dans cette perspective, le pays ne consacre pas exclusivement sa puissance financière à la conquête du monde. Limiter sa vision du Qatar à tel rachat ou telle prise de participation serait réducteur. L’émirat entend également assurer la croissance interne de son économie.

    Le cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani a ainsi lancé fin 2008 un plan de développement sans commune mesure baptisé National Vision 2030. Il prévoit d’engager plus de 140 milliards de dollars en faveur de la modernisation du pays.

    Les domaines de la pétrochimie et de l’agroalimentaire sont, dans ce cadre, privilégiés. Mais pas seulement. D’ici 2016, 15 à 18 milliards de dollars par an seront exclusivement consacrés aux financements des infrastructures.

    Deux lignes de tramway, une ligne à grande vitesse, quatre lignes de métro seront créées pour un coût de 35 milliards de dollars sur 10 ans. 20 milliards supplémentaire seront aussi dégagés pour rénover le réseau routier actuel. La vocation maritime de l’émirat ne sera pas en reste puisque le port de Doha va être agrandi et modernisé, pour un montant de 7 milliards de dollars.

    Des projets urbains novateurs et hors normes se sont en outre multipliés ces derniers mois. Le Msheireb Project en plein centre de Doha avec ses bâtiments écologiques, ses transports non polluants et son éclairage LED, les deux villes nouvelles Lusail et Pearl, la Cité de l’Espace dédiées aux satellites ou la construction de 9 stades dans le cadre de la coupe du monde de football de 2022 vont booster les secteurs de l’urbanisme et de la construction.

    Avec la création de la cité de l’éducation, le Qatar a par ailleurs misé sur le développement d’une économie du savoir avec l’ambition affichée de devenir un pôle régional de formation universitaire de haut niveau. Plusieurs universités américaines et européennes se sont ainsi implantées à proximité de Doha. Elles ont noué des liens avec le Parc pour les Sciences et la Technologie avec comme objectif d’attirer les centres de recherches et développement des grandes entreprises pétrolières (Total, ExxonMobil) et des sociétés high tech (EADS, Apple, Microsoft…).

    Ces projets ambitieux sont autant de défis pour les entreprises étrangères qui sauront valoriser leurs atouts pour remporter les appels d’offres. Parmi ces atouts, et au-delà des critères purement techniques, figurent la capacité à répondre aux besoins spécifiques du pays et la compréhension de l’identité qatarie. Les chantiers qui réussissent ne sont pas pilotés depuis Londres, Paris ou Francfort mais conduits en lien étroit avec les Qataris. La prise en compte des spécificités régionales, la place accordée aux PME locales et la qualité des échanges entre personnes doivent être privilégiées dans l’élaboration des réponses aux appels d’offre.

    C’est en tout cas l’approche adoptée par des entreprises comme Veolia Eau qui ont réussi leur implantation au Moyen-Orient. Depuis plusieurs années, le leader français dans le domaine de l’assainissement est bien connu des autorités du Qatar et décroche des contrats importants dans le pays. Parmi ceux-ci, notamment, Veolia Eau s'est vu confier en 2006 la conception et la construction de l’usine de traitement des effluents du complexe Pearl GTL, exploité par Qatar Petroleum et Shell.

    Cette adaptabilité aux spécificités régionales se retrouve sur le plan technique: la même année 2006, son principal concurrent, l’entreprise Suez Environnement, était contraint de faire appel à Veolia Eau dans le cadre du contrat de production d’eau dessalée le plus important au monde sur la zone industrielle de Ras Laffan. Veolia est en effet l’un des seuls acteurs dans le domaine du traitement des eaux à disposer de la technologie la mieux adaptée à la salinité particulière de l’eau du Golfe persique : le dessalement par évaporation ou dessalement thermique.

    Cette expertise contribue à en faire le numéro 1 incontesté du dessalement dans le monde avec près 7,5 millions de m3 traités par jour. Elle ne laisse pas le Qatar indifférent tant l’eau est en passe de devenir un enjeu stratégique majeur pour le pays. En 2040, 32 millions de m3 d’eau seront nécessaires pour répondre aux besoins de la population pendant…7 jours seulement.

    Veolia n’est pas la seule à s’intégrer harmonieusement dans le paysage qatari. Dans le domaine de la construction, le groupe Vinci a été choisi pour la réalisation d’un pont de 40 km entre le Qatar et Bahreïn. Bouygues y réalise son plus gros chantier à l'international : un ensemble de neuf tours qui accueillera en 2014 le siège de Qatar Petroleum ainsi qu'un hôtel de luxe.

    Dans le domaine des transports, la Deutsche Bahn prend en charge la construction des voies ferrées et du métro de Doha. Aux côtés des sociétés nationales RasGas et QatarGas Air Liquide, spécialiste des gaz industriels, va construire le plus grand liquéfacteur d'hélium au monde.

    Les exemples de groupes comme Total, ExxonMobil, Chevron Philips Chemical qui prospèrent dans ce nouvel eldorado sont nombreux. S’ils réussissent, c’est sans doute parce que leurs dirigeants ont en mémoire la devise de Mohammed Al Marri, directeur du Msheireb Project : « Nous devons changer le Qatar tout en gardant notre identité. »

    Loïc Pernant
    Continental News
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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