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Il fut membre du “groupe des 22” Mechati revisite les origines de la guerre de Libération

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  • Il fut membre du “groupe des 22” Mechati revisite les origines de la guerre de Libération

    Mohamed Mechati revient sur les circonstances ayant présidé à la création du Crua remettant en cause la version de Mohamed Boudiaf et explique le déclenchement “tardif” de la Révolution.

    Liberté : Dans quel contexte s’est tenue la fameuse réunion des 22 à laquelle vous avez pris part et qui a donné naissance au Crua ?

    Mohamed Mechati : La question qui mérite d’être posée est celle de savoir comment est-on arrivé à cette fameuse réunion des 22. Le 1er Novembre n’est pas un fait du hasard. Ses origines se trouvent dans le mouvement national. Si on ne connaît pas l’histoire de ce mouvement, on ne peut pas comprendre l’action du groupe des 22. Les historiens font remonter l’histoire du mouvement national à l’Étoile nord-africaine (ENA). Pour moi, l’apport de celle-ci est négatif pour le mouvement national. C’était une déviation même dans la mesure où elle était une création du pouvoir colonial, par l’entremise du Parti communiste français, pour saborder l’action de l’Émir Khaled qui le dérangeait énormément. En 1919, à la fin de la Première Guerre mondiale, l’Émir Khaled réclamait déjà pour les Algériens le droit à l’autodétermination. Il est revenu en Algérie en 1923 ou 1924 en faisant une tournée à travers tout le pays dans le but de lancer un mouvement. Il s’adressait aux gens lettrés et aux conseillers municipaux. Cela a tellement bien pris que le pouvoir colonial a eu peur, allant jusqu’à expulser l’Émir Khaled d’Algérie et réprimer férocement ses partisans.
    Pour revenir à l’ENA, son apport au mouvement national se résume à trois choses : zaïmisme, populisme et activisme irréfléchi. Les Algériens ont perdu beaucoup de temps avec l’ENA qui était, au final, une tromperie et un frein. S’il n’y avait pas eu cette ENA, le mouvement de l’Émir khaled aurait continué à évoluer pour aller à l’indépendance du pays.

    Pourtant c’était des entrailles de l’ENA qu’était né le PPA, le plus grand parti nationaliste…

    Ce n’est qu’en 1937 qu’on avait un vrai parti politique avec la création du PPA (le Parti du peuple algérien). Ceci dit, c’était une sorte de zaouïa qui avait pour gourou Messali Hadj. Il n’aimait pas les intellectuels et ne supportait pas les gens qui ont un bagage intellectuel supérieur au sien. Il a d’abord liquidé Imache Amar puis Lamine Debaghine et les jeunes berbéristes du lycée Amara-Rachid qui posaient le problème de l’identité algérienne. Il faut reconnaître que le parti avait mal réagi en excluant ces jeunes ainsi que Lamine Debaghine. Si on avait traité ce problème à l’époque, on n’en serait pas là aujourd’hui. Après la dissolution du PPA en 1939 les trois courants nationalistes se sont retrouvés dans Les Amis du manifeste et de la liberté (AML) qui s’est opposé à l’hostilité du pouvoir colonial. Puis, survinrent les événements du 8 Mai 45 qui ont fait plus de 40 000 morts et 100 000 arrestations. En 1946, le PPA a violement condamné la participation de l’Udema de Ferhat Abbas aux élections de l’Assemblée française avant de prendre part, lui aussi, aux élections de 1947 où, l’administration coloniale, veillant au grain, il n’avait gagné que 4 sièges. Cette nouvelle stratégie a créé un malaise chez les militants. Il faut dire que lors du congrès de Zedine, Messali Hadj, influencé par Azzam Pacha, a fait un véritable forcing pour imposer son idée de création d’un parti politique légal pour pouvoir participer aux élections contre l’avis de la grande majorité des militants nationalistes qui y étaient réfractaires. Messali avait eu ce qu’il voulait avec la naissance du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) tout en faisant une concession aux tenants du passage à l’action armée en décidant de créer l’OS (Organisation spéciale), avant d’être découverte par la police coloniale en mai 1950 à cause des erreurs (l’affaire de Biskra et celle de Tébessa) commises par les nôtres. Pendant trois mois, la police coloniale a mené une campagne massive d’arrestations dans les rangs de l’OS à travers tout le pays. Le cataclysme passé, l’OS a été dissoute et tous ses militants ont été versés dans le parti. C’est comme çà qu’on s’était retrouvé Ben M’hidi, Benabdelmalek, Didouche, Boussouf, Guerras et moi, à l’ouest du pays, comme chefs de zone, sous la houlette de Zitouni Messaoudi. C’était lors de l’une de nos réunions avec notre responsable, qui nous reprochait le peu de militants enrôlés, que Ben M’hidi avait lâché sa célèbre phrase : “Jetez la Révolution dans la rue et le peuple la reprendra.” J’étais donc responsable de la zone de Mascara qui va jusqu’à Béchar, puis de celle Mostaganem avant de revenir à Alger, fin 1953, pour me soigner. Durant cette année 1953, les divisions entre les dirigeants du PPA-MTLD ont été à leur paroxysme avant d’éclater au grand jour. C’était à l’issue du congrès du parti quand la direction avait décidé de mettre à l’écart certains dirigeants incompétents qui étaient proches de Messali. Ce dernier avait très mal encaissé le coup et accusé les membres du comité central de trahison et de collaboration avec l’ennemi.

    Qu’en est-il de la réunion des 22 ?

    Face à cette impasse, Hocine Lahouel, adversaire de Messali et l’interface du parti avec l’OS, a convoqué à Alger Mohamed Boudiaf qui se trouvait alors en France. Une réunion s’est tenue à la medersa Rachad et a débouché sur la mise sur pied d’un comité de 4 militants (Mostefa Ben Boulaïd, Mohamed Boudiaf, Bachir Dekhli et Mourad Bouchebouba) qui était chargé de réfléchir à la mise en place d’une nouvelle organisation pour le passage à l’action armée. Pour l’histoire, l’idée de la création du Crua appartient à Hocine Lahouel. Après deux ou trois réunions, Boudiaf, mécontent, avait décidé de n’en faire qu’à sa tête en constituant le groupe des 22. Il m’avait alors remis une liste de militants de Constantine à contacter pour se rendre à Alger.
    En juillet 1954, on s’était donc retrouvé à la maison de Lyes Derriche, à El- Mouradia. C’était l’équipe de Boudiaf (Didouche, Ben M’hidi et Ben Boulaïd) qui ont pris les choses en main. Curieusement, les militants de Constantine ont été éparpillés dans la salle. Autre chose : nombre de régions ont été sous-représentées (Algérois, Oranie) ou pas du tout (Kabylie). Plus de 16 membres sont du Constantinois dont 7 de la ville de Constantine. Après avoir fait un exposé de la situation, Boudiaf a soumis au vote la question du passage ou non à l’action armée. Bien évidement tout le monde a voté pour. Puis, décision est prise de mettre en place une direction de deux personnes. Ils nous ont alors donné des bouts de papier sur lesquels nous devions cocher notre choix. Personnellement, j’ai porté mon choix sur Ben Boulaïd et Benabdelmalek.
    Boudiaf a donné une autre version en assurant que chaque candidat avait un numéro et que le quorum n’ayant pas été atteint, un deuxième tour avait été organisé. C’est archifaux. J’étais le premier à parler de ce problème en 1968 à la sortie du livre d’Yves Courrière, Les fils de la Toussaint. J’étais alors conseiller à l’ambassade d’Algérie à Stockholm. J’ai protesté de façon véhémente auprès de l’auteur français pour les inexactitudes et mises en cause contenues dans son bouquin. Mais je persiste et signe : nous n’avions fait que choisir les deux noms de responsables et il n’y avait aucune intervention hormis celles de Ben Boulaïd et de Boudiaf.

    Qu’en était-il de l’état d’esprit des membres du Crua ? Étaient-ils optimistes quant à l’issue de leur action ?

    On n’attendait que cela. Nous, militants du PPA, étions persuadés que l’indépendance du pays était inéluctable. Parce que le peuple était mûr pour la Révolution. Il n’a jamais cessé le combat tout le long de son histoire et presque tous les quatre ans il y avait une révolte jusqu’au grand soulèvement de 1871 sous la houlette d’El-Mokrani et Cheikh El-Haddad. Les autorités coloniales avaient pris peur, surtout que le fils de l’Émir est rentré en Algérie en apportant son soutien aux insurgés. Ce qui lui a valu la dénonciation de son propre père par le biais d’un tract.

    Où étiez-vous en Novembre 1954 ?


    Depuis octobre 1954, j’étais en France pour soigner une tuberculose. C’était Guerras qui m’avait accueilli à Lyon. Au déclenchement de la Révolution, les flics sont venus à l’hôpital pour me cueillir. Vu mon état de santé, le médecin les a peut-être dissuadés. Ils s’étaient rendus chez moi aussi à Constantine pour m’arrêter. À ma sortie de l’hôpital, j’ai rejoint les rangs du premier noyau de la Fédération de France aux côtés de Guerras, Doum et Bensalem sous la responsabilité de Terbouche, envoyé en France par Boudiaf. Nous avons livré un dur combat aux messalistes même si la zone dont j’avais hérité était la moins difficile.

    Selon vous, l’Algérie indépendante est-elle à la hauteur de l’espérance de l’Algérie en guerre ?

    Malheureusement non. Où sont passés nos rêves et nos espérances ? Nous avions fait des sacrifices énormes et vécu des souffrances inouïes durant les sept ans de guerre pour en arriver à la situation que nous vivons actuellement. Plus catastrophique que cela, il n’y en a pas. Le Vietnam qui est le seul pays, avec l’Algérie, à s’être libéré de lui-même du joug colonial après une guerre de libération de vingt ans, exporte pour une valeur de 150 milliards de dollars pendant que nous importons tout. Nos jeunes ne croient plus à rien et préfèrent affronter la mer que de rester au pays, quand ils ne tombent pas entre les mains de la perversion islamiste pour tuer et se faire tuer.
    C’est terrible ce qui se passe sur le plan économique, sans parler de la pauvreté qui gagne des pans entiers de la société.
    Mais rien ne vient de rien. Toute action, toute décision a un début et une fin. Toute fin n’est que la conséquence logique de son début en bien ou en mal. Cela dit, je me pose une question : avons-nous bien commencé notre Révolution ? Si la réponse est oui, le Congrès de la Soummam n’aurait pas eu sa raison d’être. Mais il faut reconnaître que les responsables de l’époque étaient devant un dilemme : déclencher d’abord et organiser ensuite ou organiser d’abord et déclencher après. Les responsables de Constantine étaient pour la deuxième solution.

    Que pensez-vous de ce nombre de livres appréciables qui sont écrits ces dernières années, sur notre histoire ?
    Je n’arrête pas de dire qu’il faut dire ce qu’on pense et inviter les gens à dire ce qu’ils pensent sans concession mais sans haine.
    liberte-Par : Arab Chih
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    @ solas
    Il est revenu en Algérie en 1923 ou 1924 en faisant une tournée à travers tout le pays dans le but de lancer un mouvement. Il s’adressait aux gens lettrés et aux conseillers municipaux.
    l'Emir KHALED en s'adressant aux lettrés et aux conseillers municipaux savait que parmi eux beaucoup militaient pour l'acquisition des pleins droits des Algériens

    pourquoi conseillers municipaux ? à l'époque les "indigènes" n'avaient le droit que de se présenter aux élection municipales dans les communes mixtes.

    MECHATI revient sur le rôle minimisé par nos nouveaux colons , de tous les autres Algériens qui ont contribué chacun à son époque à la lutte contre l'inégalité et au bien être de leurs frères. Les lettrés formeront les ULEMAS* et les élus municipaux seront la Fédération des Elus Musulmans ** pour laquelle Mounira ZERKINE , elle même fille de Mohammed ZERKINE premier chirurgien dentiste algérien, prix de prothèse du Sud Ouest de la France. élu municipal de Constantine, membre actif de la dite fédération, consacrera une thèse aux Etats Unis, devenue référence pour les historiens mais jamais traduite par nos décideurs et qui ne figure dans aucune des bibliothèques de nos universités.

    * Ulémas , fondé à Constantine par BEN BADIS
    ** Fédération des Elus, toujours à Constantine par le Docteur BENDJELLLOUL cousin de BEN BADIS.

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    • #3
      Zoubir Bouadjadj

      La cheville ouvrière du 1er novembre 1954
      Il est flanqué du titre de factotum du 1er novembre 1954. Zoubir Bouadjadj, membre des 22, était l’homme à tout faire le long de la préparation du déclenchement des actions armées. La cheville ouvrière en quelque sorte depuis que Didouche l’a contacté, au mois d’avril à Alger, quelques jours seulement après la naissance du CRUA.
      Depuis, cet ancien membre de l’Organisation spéciale (OS) est partout, déniche les lieux de réunion et les planques, débrouille les moyens de transport, ramasse l’argent nécessaire aux préparatifs des actions armées et achète même la machine qui a servi à l’écriture de la Proclamation du 1er-Novembre qu’il fait transporter jusqu’au village Ighil-Imoula, au pied du Djurdjura. Qui est ce Bouadjadj dont on parle si peu malgré le rôle principal qu’il a joué d’avril 1954 jusqu’au déclenchement de la Révolution ?
      Issu d’une famille pauvre, dont le père est mort alors qu’il n’avait que trois ans, Bouadjadj adhère, dès le début des années 1940, au PPA puis à l’OS, une organisation paramilitaire présidée à cette époque par Mohamed Belouizdad, frère de Othmane, membre du commando ayant accompli les actions armées dans la capitale, le
      1er novembre 1954. Au démantèlement de l’OS, en 1950, Bouadjadj se «range» et aide sa mère à joindre les deux bouts. Dans son quartier, la Colonne-Voirol, il ne passe pas inaperçu tant il est imposant et marque de sa présence tous les événements. Pour faire vivre sa famille, il est vendeur de pièces détachées chez Soumeillant. Un travail qui l’a aidé plus tard quand l’heure de vérité a sonné. Sa vie se résume donc à son petit boulot et au football, comme tous les jeunes de son époque. En ce début du mois d’avril, sa vie va basculer lorsque Didouche Mourad, une vieille connaissance, l’informe d’un imminent tournant historique. Il n’attend que ça depuis longtemps. Il accomplit un travail de fourmi alliant efficacité et efficience à toute épreuve. Homme d’ordre, il laisse peu de place à l’improvisation. Depuis qu’il est dans le bain, il se démène comme un diable, dans tous les sens et sur tous les fronts, pour accomplir la nouvelle mission dont il est investi. Zoubir Bouadjadj se met à l’œuvre avec abnégation et courage défiant l’autorité coloniale et bravant les dangers. Sa première mission, il l’accomplit avec Boudiaf «chez Mostefa Zergaoui qui depuis cinq ans cachait un arsenal dans une pièce sombre, une sorte de cave creusée dans le roc de La Casbah, ils avaient retrouvé Didouche. Zergaoui n’avait jamais su ce qu’il y avait dans les paquets entourés de toile à sac graisseuse déposés à l’époque de l’OS. Lui, il n’était qu’un exécutant, un militant comme les autres. Ce n’est que chez Bouadjadj, où l’on avait transporté les armes à l’abri de la calme ruelle Montréal, à la Colonne-Voirol, que les trois hommes avaient découvert l’importance de la cache donnée la semaine précédente par Ben Bella dans un bureau étouffant du Caire», a écrit Yves Courrière dans les Fils de la Toussaint. Une première mission réussie par Bouadjadj. Il y en aura tant d’autres jusqu’au jour J, date où les Algériens utilisent le langage des armes, mettant fin au long et stérile militantisme politique ayant abouti à l’implosion du MTLD. Bouadjadj se lance alors à corps perdu dans la préparation de la lutte armée. Concomitamment à cette première mission, Mohamed Boudiaf et Didouche le chargent du recrutement d’éléments sûrs, discrets et prêts au combat. Cette mission, il la mène d’une main de maître. Il est l’un des tout premiers s’engager dans la voie de l’action directe et son apport est considérable comme le témoignent à l’unanimité les acteurs du 1er-Novembre et les historiens. Il contribue également à faire rencontrer, pour la première fois, les six historiques, Boudiaf, Didouche, Ben M’Hidi, Bitat, Benboulaïd et Krim chez le cordonnier de La Casbah, Mourad Boukechoura. A cette réunion prend part également Amar Ouamrane, le fidèle compagnon de Krim. De cette rencontre découle le partage de l’Algérie en cinq zones, érigées plus tard en wilayas à l’issue du congrès de la Soummam. Le rôle de Bouadjadj prend de plus en plus de l’ampleur. Au fil du temps, il devient l’organisateur, le régisseur et l’intendant. Le 3 juin 1954, il choisit encore une fois la maison qui abrite la réunion des sept (les six et Ouamrane). Située à la rue Montpensier, ce lieu de rencontre s’inscrira dans la postérité dans la mesure où les chefs discutent de l’imminence du passage à l’action coordonnée par les cinq chefs de zone, Krim (Kabylie), Didouche (Nord-Constantinois), Benboulaïd (Aurès-Nemenchas), Bitat (l’Algérois) et Ben M’Hidi (l’Oranie) désignés comme tels lors de la précédente rencontre chez Mourad Boukechoura. Toujours actif, Bouadjadj prend sur lui la responsabilité d’organiser la réunion des 22 à Clos-Salembier chez Lyès Derriche à l’été 1954. Il se charge également du recrutement des éléments des commandos d’Alger. Othmane Bélouizdad et Mohamed Merzougui, également membres des 22, sont les premiers à être inscrits dans l’agenda de Bouadjadj qui les chargent, à leur tour, d’enrôler des éléments et de les préparer au combat. Après cette réunion historique, Zoubir n’a pas perdu de temps, loin s’en faut. Comme seules armes une conviction infaillible et une disponibilité à se trouver là où il faut et quand il faut. Aidé dans sa tâche par ses deux lieutenants, Othmane Bélouizdad et Mohamed Merzougui, il s’attelle à constituer le commando utile aux opérations du 1er-Novembre. «Il avait recruté les Kaci, Mokhtar et son oncle, Abderrahmane, Nabti Sadek et Bisker. Chacun d’eux, nommé chef de groupe, avait recruté de son côté quelques hommes sûrs.
      Le groupe d’Alger se composait ainsi d’une trentaine d’hommes», relate Yves Courrière. Restait maintenant le problème des armes et des bombes que Bouadjadj doit résoudre en un temps record. Grâce à l’argent procuré par Didouche Mourad, il achète le matériel nécessaire à la fabrication de bombes, qu’il transporte dans la ferme de Souidani Boudjemaâ, lui aussi membre des 22, à Soumaâ. Une autre ferme à Khraicia servait, quant à elle, à l’entraînement des éléments du commando. L’heure ayant sonné, Bouadjadj réunit ses hommes et, ensemble, décident des objectifs à attaquer. L’adjoint de Rabah Bitat vole au secours également de Souidani Boudjemaâ dès que celui-ci sollicite un renfort d’hommes pour les besoins des actions dans la région de Blida. Plus d’une vingtaine de maquisards kabyles envoyés par Krim débarquent à Alger pour rallier la région de Blida. «Je me suis trouvé avec, sur les bras et en plein Alger, 21 maquisards qui descendaient de Kabylie. Il fallait leur trouver un chef et les emmener sur les lieux. Je les ai embarqués à Khraicia pour y passer la nuit et Souidani est venu les chercher», raconte Bouadjadj dans la Guerre d’Algérie, d’Henri Alleg. Durant le mois d’octobre, la dernière réunion, durant laquelle les six historiques choisirent le nom à donner à leur mouvement (FLN) et la date de l’insurrection, s’est déroulée grâce à Bouadjadj qui a pu, comme à son habitude, débrouiller le lieu de rencontre. Une fois la machine en marche, il ne reste plus qu’à passer à l’action. Ce qui fut fait dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre. Mission accomplie pour Zoubir Bouadjajdj, qui est arrêté le samedi 7 novembre dans sa maison de la Colonne-Voirol. Mohamed Merzougui et Bélouizdad Othmane l’est aussi, ainsi que Kaci Mokhtar et Nabti. Le chef du commando d’Alger n’est libéré qu’au lendemain des Accords d’Evian. Toujours en vie, Zoubir Bouadjadj et Othmane Bélouizdad ne se quittent plus.
      Leur lieu de rencontre, une petite manufacture créée par Bouadjadj et tous les membres de son commando ayant participé au 1er novembre 1954. Etrangement, il se confine dans le silence refusant de parler de son parcours héroïque autant que Bélouizdad, lui aussi préférant cultiver le mystère que de parler de son passé révolutionnaire. Pourquoi ? Seule l’histoire le dira un jour.
      Zoubir Khélaifia
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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      • #4
        Où étiez-vous en Novembre 1954 ?

        Depuis octobre 1954, j’étais en France pour soigner une tuberculose

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        • #5
          Il nie le rôle de l'ENA, c'est bizarre...

          Il élude (et ne répond pas à la question suivante) : "Pourtant c’était des entrailles de l’ENA qu’était né le PPA, le plus grand parti nationaliste…"

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          • #6
            C'est à peu près la version mise en avant par les centralistes.
            pourquoi conseillers municipaux ? à l'époque les "indigènes" n'avaient le droit que de se présenter aux élection municipales dans les communes mixtes.
            Non, un quart des conseillers municipaux des communes de plein exercice étaient du deuxième collège. Enfin, un quart maximum.

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            • #7
              @ AAnis
              Non, un quart des conseillers municipaux des communes de plein exercice étaient du deuxième collège. Enfin, un quart maximum.
              merci pour la précision

              collège mixte, plein exercice , nos parents n'avaient pas beaucoup d'occasion pour participer efficacement à la gestion de leur ville, même si l'exception confirme la règle ci joint le texte que j'ai trouvé sur le net et qui concerne le Docteur BOUMALI qui a été maire de Ain BEIDA où il exerçait . Bien que de tendance "socialiste" dit l'article le docteur avait loué dans son petit immeuble un cabinet secondaire au déjà cité Mohammed ZERKINE chirurgien dentiste.

              BOUMALI (Mohamed)
              Né le 10 mai 1896 à Bône (Algérie)
              Date et lieu de décès inconnus
              Membre de la première Assemblée nationale constituante (Constantine)
              Mohamed Boumali est né à Bône le 10 mai 1896. Il exerce la profession de médecin, s'intéresse à la vie politique et adhère bientôt à la SFIO. Il est élu maire d'Ain-Beida.
              En octobre 1945, il se présente aux élections dans le collège des Français musulmans du département de Constantine à la tête d'une liste d'union socialiste et démocratique musulmane. 293 083 des 586 322 électeurs inscrits ont voté. Ses 58 637 voix lui permettent d'être élu à la proportionnelle dans ce département qui envoie également au Palais Bourbon un communiste (41 901 voix) et quatre députés de la liste d'union démocratique musulmane du docteur Benjelloul (192 545 suffrages).
              Au Parlement, le nouveau député appartient à la Commission de la justice et de la législation générale. Le 31 décembre 1945, il prend part à la discussion du projet de loi relatif au budget de l'Algérie pour 1946. Il se réjouit de la disparition des délégations financières remplacées par une nouvelle assemblée et, plus encore, des cinq milliards de francs prévus sur un budget de douze milliards, pour l'équipement et les réformes en faveur des musulmans. Il souhaite que, désormais, le représentant de la France en Algérie soit assuré d'y demeurer un temps suffisamment long pour pénétrer en profondeur les difficiles problèmes humains du pays, gage de justes décisions. Il est persuadé que la confiance pourra être instaurée entre Européens et Musulmans si une large amnistie pour les délits politiques est décidée. Il espère qu'un plan de profondes réformes de l'administration algérienne pourra être rapidement l'objet d'un grand débat devant l'Assemblée.
              Mohamed Boumali ne se représente pas lors des élections pour la seconde Assemblée nationale constituante.

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              • #8
                Le plus grave probleme à mon sens, c'est qu'on leur a à peine permis d'acceder à l'école, en les maintenant dans des conditions sociales terribles ou en les expulsant dès le certificat d'étude (pour ceux qui avaient la chance d'arriver jusque là). Le reste aurait suivi naturellement ou presque.

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