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CELLULE 16 BIS N497 DE CHEKNI MOHAND SAID Le parcours atypique d’un condamné à mort

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  • CELLULE 16 BIS N497 DE CHEKNI MOHAND SAID Le parcours atypique d’un condamné à mort

    Le titre de l’ouvrage historique de Chekini Mohand Saïd Cellule 16 bis n°4597, qui sortira en librairie dans quelques jours, fait penser à un genre policier. Pas totalement faux, puisqu’il y a de l’action, du suspense et des événements surgissant inopinément pour tenir en haleine le lecteur. Sauf qu’à la lecture du livre, dont la trame inspirerait un bon sujet de fiction, l’on se rend compte qu’il s’agit d’un courageux livre d’histoire relatant la guerre de Libération nationale avec sa gloire, sa sincérité et sa bravoure, mais aussi avec des bavures incarnées, d’après l’auteur, par des hommes en mal de gloire.
    Condamné à mort le 19 mars 1958 pour assassinat et tentative d’assassinat, l’auteur, né le 31 mars 1937, a rejoint le maquis à l’âge de 17 ans le 27 octobre 1954 en convoyant un groupe de maquisards au lendemain du conclave abrité par la ferme familiale et mettant au point les actions d’éclat signant le déclenchement de la révolution dans la région. Ses vérités feront mal dans le sérail. Cet intellectuel autodidacte, qui se décrit officier sans grade ayant pris le chemin du maquis quatre jours avant le 1er novembre 1954, clame que la révolution s’est arrêtée en 1957 à la mort de Abane et Ben M’hidi, et que, depuis, les idéaux de la révolution ont été bafoués. Comme beaucoup d’anciens maquisards de la première heure, il pense qu’une fin de mission devait être signifiée au FLN le 6 juin 1962. Cela lui a valu bien des inimitiés après l’indépendance où il a accompli de hautes fonctions administratives et politiques. Sa qualité de membre fondateur du FFS, sa conception de la démocratie et l’idée qu’il se faisait de l’indépendance lui voudront bien des déboires assénés de façon sournoise par les dirigeants de l’époque. Dans son Journal de la guerre, un rebelle dans la ville d’Azazga, il raconte comment il a été amené à écrire ses mémoires. Le tournant de sa vie correspondra au jour où son grand frère Amokrane qui assurait le premier secrétariat de la commune d’Aït- Bouadda a été prié d’abandonner son poste pour émigrer en France où il ne tardera pas à le rejoindre pour revenir ensuite au pays jusqu’à 1953, date à laquelle il retourna de nouveau à Paris. Son professeur était alors loin de se douter qu’il était un fervent militant. Activant sous la coupe de Mohand Amokrane Haddag. Le militant Bessas Mohand Saïd suggéra à l’auteur, qui activait sous les ordres de Si Mohand Amokrane Haddag, de rentrer au pays dans la perspective de la lutte armée. A bord du bateau, il rencontra un militant qu’il a connu au «quartier de la mort» à Barberousse. Le 17 novembre 1954, Si Moh, nom de guerre que lui avait attribué le responsable de la zone d’Azazga Si Abdellah, sera déclaré persona non grata à Azazga par l’administrateur «pour accointances avec les rebelles» suite à une dénonciation. C’est alors qu’il fut chargé d’une mission en France où il devait remettre deux lettres codées à Si Mohand Amokrane et au frère de Si Abdellah. Son intégration en janvier 55 dans le groupe du 19e arrondissement dont il prit la tête dans le contexte de la dualité FLN-MNA et son voyage aux Ardennes finirent par l’éclairer davantage sur les enjeux de la révolution et les clivages au sommet. Sa maturité affirmée prématurément lui permit d’échapper à bien des pièges dont celui des Messalistes dans une intrigante mission visant l’attaque du bureau de Ferhat Abbas. Il échappa ainsi à un attentat meurtrier le 10 juin à la rue Boisières dans une scène digne des polars. Le 17 juin, il retourne à Alger avec pour mission de remettre une lettre et une somme de 300 000 F à Si Abdellah. C’est alors qu’ill rencontra le colonel Ouamrane à Sidi-Ali-Bounab qui le fit convoyer à Tizi-Ouzou avant de rallier Azazga où on lui confia une délicate mission : démanteler le réseau de l’organisation secrète «la Main rouge». D’autres missions aussi risquées les unes que les autres l’attendaient. Connaisseur en matière de fusion des métaux, il fabriqua 20 000 balles et 50 kg de chevrotine. Le 2 février, ordre lui est donné de rallier Paris pour assister au vote du Parti socialiste français et à une conférence coanimée par Jean Amrouche et le Malgache Tsirana avant de rallier de nouveau le pays pour assurer le transit et la logistique de tous les éléments appelés à commettre des attentats à Azazga. L’infiltration de l’organisation par des gens activant à l’intérieur de la structure poussa à l’établissement d’une liste de traîtres à abattre. La perspicacité de Si Moh a permis de déjouer des complots, des intrigues et même de restructurer avec Si Saïd Bessa, en mai 56 l’organisation locale des Fidaïs minée par une guerre de leadership. A cela venait s’ajouter le recrutement d’éléments dans le cadre de la Force K et la mise en place d’une cellule secrète chargée d’exécuter un planning d’actions conçu et approuvé par l’ALN. Il fallait aussi prévenir le phénomène des règlements de comptes et des exécutions sommaires qui agitaient le secteur d’Azazga… Il sera marqué par la méprise dramatique ayant conduit à l’exécution d’une liaison personnelle de Krim Belkacem, un jeune intellectuel venu remettre des documents secrets à Si Abdellah, cela en dépit de ses réserves. Ce qu’il ne s’est pas gêné de rapporter à Krim Belkacem. C’était avant la tenue du congrès de la Soummam qui a soumis toute condamnation à un procès équitable. Le sabotage des infrastructures routières et des réseaux de télécommunications, les attentats, le désarmement de militaires en plein centre-ville, harcèlement de postes militaires, étaient autant d’actions spectaculaires pour gagner du terrain sur l’armée française et déjouer sa propagande. Le 1er novembre 56, avec 6 fusils de chasse et un pistolet 6,35, son groupe a tendu une embuscade, rapportée par l’Echo d’Alger, à un convoi militaire composé de deux GMC, un Half Track et une Jeep,et récupéré deux Matt 49 et vingt grenades. Des djounouds voulaient accaparer les deux armes avant que Si Moh ne brandisse la fameuse note n°7 signée colonel Ouamrane avertissant que «ceux qui veulent des armes n’ont qu’à aller les chercher dans le goudron». Absolument pathétique fut l’épilogue ayant conduit à sa condamnation à mort après l’attentat commis le 5 décembre 56 contre trois Européens, dont le gendarme Arpin abattu en plein centre-ville d’Azazga. Il se dénoncera au colonel chargé de l’enquête pour sauver 14 de ses compatriotes menacés d’exécution. A sa condamnation à mort par le Tribunal des forces armées françaises, il sera approché par les services du contreespionnage pour être retourné. Le 8 décembre, il a pu enfin fournir, à partir de sa cellule de Maison- Carrée, le nom du responsable de «la Main rouge». Si Abdellah ordonnera l’exécution de Thomas Charles, cantonnier aux Ponts et Chaussées d’Azazga, par Si Arezki de Tinkicht et Yousnadj Mouloud. Thomas avait assassiné Saïd, serveur au restaurant chinois pour avoir refusé de donner les noms de l’organisation locale. Il reviendra sur le ratage du second objectif de la révolution «excluant la prise en charge de notre histoire lointaine et récente en la ramenant à «deux personnages historiques qui n’ont guère joué un rôle primordial dans la formation de la nation». L’affaire L’Oiseau bleu (1955- 1056), dite «Force K», complot de Jacques Soustelle visant la création de contre-maquis en Kabylie, a été revisitée et déterrée par l’auteur qui a apporté sa version sur cette affaire dans laquelle il dit avoir été être impliqué secrètement. Ce pan de l’histoire a été, d’après l’auteur, voué à disparaître du langage des maquis avant l’indépendance. Il établirait le rôle prépondérant de la Kabylie durant la guerre de Libération nationale avec les 1 200 armes sophistiquées et 300 millions de francs venus renflouer les maquis et l’échec cinglant infligé à Jacques Soustelle et ses services de renseignements, ce que ne voulaient ni la France ni certains responsables du FLN. Selon lui, la révolution s’est achevée en 1957 après la mort de Abane et de Ben M’hidi, et qu’après cette date, il fallait plutôt parler de guerre de Libération nationale. Au quartier des condamnés à mort, il a séjourné avec des responsables de la Zone autonome d’Alger et le directeur d’ Alger républicain, Henry Alleg, non loin du quartier des femmes où étaient détenues Djamila Bouhired, Djamila Boubacha et bien d’autres militantes de la cause nationale parmi les 126 condamnés à mort en mars 58. Si Moh a partagé sa cellule avec son compatriote Hattab Mohamed et deux Français alliés du FLN, Acompora Georges et Loubet Serge qui ont tous échappé à l’exécution après la grâce présidentielle du 27 janvier 1959. Il échouera dans la sinistre prison de Berrouaghia où furent enterrés vivants deux détenus en 1951. De son parcours post-indépendance naîtra un CV invraisemblable. Membre fondateur du FFS, il affirme être en rupture de ban avec Aït- Ahmed en raison des dissensions avec Mohand Oulhadj. Son ami et codétenu Mohamed El Badji, auteur de la célèbre chanson El Maqnine Ezzine, réussira à dérober et lui faire parvenir ses chaînes de prison, entraves qui ont marqué sa vie de condamné à mort et qu’il exhibe aujourd’hui en guise de trophée. Le rossignol est désormais libre.
    Salem Hammoum

    - 27 octobre 1954 : Participation à la logistique et aux préparatifs du conclave marquant le déclenchement de la révolution et à une mission d’acheminement d’armes et d’un commando dans la région d’Azazga.
    -19 mars 1958 : Condamnation à mort suite à l’attentat sur trois Européens après son arrestation le 5 décembre 56.
    - 16 septembre 1963 : Membre fondateur du FFS à El- Kahra en présence de Aït-Ahmed, Mouhand Oulhadj, puis arrêté et mis en résidence surveillée à la prison civile de Mostaganem jusqu’à sa libération en janvier 1965.
    - Directeur du Théâtre régional de Annaba jusqu’à son arrestation par Boumediène le 22 septembre 1965 suite à sa prise de position vis-à-vis du coup d’Etat. Evènement dont s’est fait écho le journal Le Monde qui annoncé sa libération le 1er mai 1966 .
    - Affectation à Constantine en 1969 dans le cadre de la recherche scientifique et sociologique (AARDES). En 1970, il se consacre aux études à l’Ecole pratique des hautes études en histoire où il obtint une licence et maîtrise de sociologie.
    - 1974 : chargé d’études au ministère du Travail jusqu’en 1978 où il fut nommé DG adjoint du complexe Electro Industries d’Azazga.
    - 1re retraite en 1988 : Il reprendra du service comme chef de daïra en 1992 à Bologhine puis nommé wali de Béjaïa en 1994 et de Béchar en 1995 avant sa retraite en 1996.
    - Création du parti UDL avec l’oncle de Abane, Fredi Lounès et Moula Boukhalfa président.
    - 1992 : Chef de la défunte daïra de Bologhine créée provisoirement dans le contexte politique de l’époque. Biographie
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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