Fouad Soufi, historien, est actuellement maître de recherche au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle CRASC à Oran. Pendant des années, il a
aussi été conservateur en chef aux Archives nationales. Cette double expérience lui permet d’avoir un point de vue académique et technique sur deux métiers intimement
liés, certes, mais différents par leurs pratiques…
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR A. SAMER
A.Samer : Il y a quelques semaines,
lors de votre intervention au
colloque organisé par le CRASC
sur 1962, vous avez fait une
intervention intitulée «Les archives
: héritage et ‘‘mémoricide’’ ».
Pourquoi le choix d’une telle
dénomination et pour quel thème ?
Fouad Soufi Mustapha : L’intitulé exact de
mon intervention était «Les archives en 1962,
héritage et mémoricide…». J’ai repris et utilisé
à dessein, pour bien attirer l’attention de mes
vis-à-vis, cette notion de «mémoricide». Au fait,
«mémoricide» est un néologisme forgé par un
historien français dans un contexte français. Je
l’ai trouvé malgré tout parfaitement adapté à
ce qui s’est passé entre 1830 et 1847, d’abord,
puis entre 1961 et 1962 chez nous : destruction
des archives de l’administration du dey et des
beyliks et des archives de l’Etat de Abdelkader,
puis transfert en France des principaux
fonds d’archives et de l’Etat colonial et des
préfectures. Il ne s’agit donc pas seulement
de la spoliation de notre mémoire, mais bien
de nous faire admettre et intérioriser qu’avant
1830, il y avait un Etat étranger, à qui a succédé
une administration étrangère qui a récupéré
ses biens. Le tour de passe-passe est joué ! Le
drame - mais je n’ai pas encore creusé cette
question, en vérité -, c’est qu’il se trouve chez
nous des gens tout ce qu’il y a de plus sérieux
qui accréditent cette thèse qui veut que les
«Turcs», comme ils les appellent, sont partis
avec leurs archives ! «Turcs» et Français «ont
colonisé l’Algérie, un colonisateur a chassé
l’autre» ! C’est donc plus qu’une grave atteinte,
c’est la destruction d’une mémoire, c’est nous
priver de notre mémoire.
Le cinquantenaire de
l’indépendance permet de voir
que le débat sur notre pays met en
relation trois axes : les archives, la
mémoire et l’histoire…
Oui, l’articulation entre ces trois champs
est évidente : l’historien a besoin des
archives et traite la mémoire des acteurs et
des témoins comme une source. En fait, et
plus concrètement en tant que chercheur au
CRASC, dans la division socio-anthropologie de
l’histoire et de la mémoire, nous travaillons sur
la représentation et l’écriture de l’histoire, sur
les réactions des structures de l’Etat et celles de
notre société, dont d’ailleurs les journalistes,
les romanciers, les hommes politiques et bien
sûr les historiens.
Qu’il s’agisse d’Histoire ou de
mémoire, l’intérêt porte le plus
souvent et de manière frustrante
sur la seule séquence de la guerre
de Libération nationale…
Il est vrai qu’en braquant nos projecteurs
exclusivement sur la période de la guerre de
Libération nationale, on prend le risque de
plonger, en quelque sorte, les périodes antérieures
dans l’obscurité. De plus, ce faisant, tout se passe
comme si la période qui a suivi fait partie du
domaine des politologues et des économistes.
Les historiens ne l’ont pas encore investie. Cela
dit, il ne faut pas être aussi radical. Nous pouvons
nous honorer des grands travaux d’histoire qui
ont pour objet toutes les périodes, mais qui
sont hélas peu connus du grand public. Ils ont
été publiés, mais la demande sociale est ailleurs.
Elle porte sur la période 1954-1962, c’est là que
s’exprime le besoin de savoir, de comprendre,
mais également de dire et de se souvenir.
Toute interrogation sur la question des
archives, chez nous, rime presque avec
«déperdition», un vocable qu’utilise
nombre d’historiens et d’archivistes.
Qui est responsable de cette
déperdition ? Les acteurs de la Guerre
de libération ?
Il y a deux questions en une. Les archivistes
n’ont pas pour mission d’exploiter les archives.
Seuls peuvent - pouvaient, je dirais pour être
plus juste - le faire les archivistes qui ont une
formation d’historiens puis d’archivistes. Il est
vrai que l’université forme des bibliothécaires,
qui deviennent par la suite archivistes. Mais
il faut encore être juste et signaler que des
magisters en archivistique ont été ouverts
dans les principales universités du pays. Donc,
si déperdition il y eut, il faut aller chercher
les explications dans le comportement de la
bureaucratie.
Il m’a été donné de rencontrer beaucoup de
responsables, petits et grands, qui ignoraient
l’existence d’une loi sur les archives ! Quant
au rôle des acteurs de la Révolution dans cette
déperdition, j’avoue que je ne le comprends
pas. Je note surtout avec grand plaisir une
soif de transmettre leur vécu, leur expérience
et le souvenir de ceux qui ne sont plus là. La
multiplication de l’édition des témoignages est
le signe évident du contraire, non ?
Au dernier Salon international du
livre, vous avez défendu l’idée que
l’accès aux archives est un droit
humain. Qu’en est-il au juste ?
C’est la communauté internationale
des archivistes, que représente le Conseil
international des archives (ICA), qui inscrit la
question du droit à l’information - donc l’accès
aux archives - comme un des droits de l’homme,
et ce, depuis au moins le Congrès des archives de
1992 de Montréal. A cette époque, et chez nous,
on évoquait la transparence administrative, on
essayait de régler au mieux la question des
relations entre administrateurs et administrés.
Ce n’est pas, comme vous le constatez, une
idée nouvelle. J’avais eu personnellement,
lors d’une rencontre d’archivistes arabes, à
présenter une communication sur «Les archives
et l’Etat de droit». En revanche, pour les experts
de l’ICA, que j’ai eu l’honneur de croiser, cette
question est devenue tellement centrale que je
me suis surpris à trouver leur insistance plutôt
ambiguë, une sorte de droit d’ingérence.
Comment expliquer le peu de cas
accordé à la question des archives
par les négociateurs algériens à
Evian, alors que du côté français
il y a à ce sujet abondance de
matière ?
La question leur a-t-elle été posée ?
Personnellement, j’en reste au niveau des
hypothèses. En 1992, lors du colloque de Paris
sur les accords d’Evian, Rédha Malek avait
présenté une communication intitulée «La
question seconde des intérêts économiques».
Je cite de mémoire. La question essentielle des
négociateurs était bel et bien l’indépendance.
Tout le reste était forcément secondaire, dont
les archives. A cela j’ajouterai le manque
d’expérience.
Les diplomates français ont appris à inclure
la question des archives lors des négociations à
des fins de conflit. Ils n’allaient tout de même
pas ouvrir les yeux de nos négociateurs ! Je
pense, en revanche, que c’est réécrire l’histoire
que de dire que ceux qui ont négocié pour le
GPRA, et donc l’Algérie, ont fait «des projections
se rapportant à l’exercice du pouvoir». Penser
cela relève, à mon humble avis, du fantasme et
de la complotite.
On parle des archives algériennes
à récupérer en France et à
l’étranger et pas beaucoup de
celles qui se trouvent chez nous et
qui sont sous scellés comme celles
relatives au MALG. Pourquoi ?
Ce sont deux questions fondamentalement
différentes. La première relève des relations
internationales et d’un contentieux entre notre
pays et la France. C’est ce qui explique que l’on
n’en parle souvent pas. Ce sont des archives
consultables pour leur grande majorité du
fait de la loi française. Celles qui ne sont pas
légalement ouvertes au public peuvent être
consultées grâce à un système de dérogation.
C’est la règle française. La loi algérienne - qui
existe, faut-il le rappeler - s’applique à tous les
fonds publics où qu’ils soient. Les archives dont
vous parlez ne sont pas communicables encore,
puisque notre loi exige d’attendre soixante ans
après la date de l’acte. Dans le meilleur des cas,
il faut attendre octobre 2018, le GPRA, donc le
MALG, ayant été fondé en septembre 1958. Il
faut savoir aussi qu’il faut attendre 100 ans pour
les documents concernant la vie privée des
personnes. Les esprits chagrins doivent savoir
que ces délais sont respectivement de 75 et
150 ans dans certains pays européens. Enfin, il
faut que ces fonds d’archives soient dotés d’un
instrument de recherche et aient fait l’objet
d’un classement.
Que proposez-vous pour que
l’Algérien se réconcilie avec sa
mémoire et, partant, avec son
histoire ?
Encore une fois, je n’ai pas la prétention
de proposer quoi que ce soit. Par contre, les
conflits de mémoire sont une réalité, et pas
seulement chez nous. La question est peutêtre
de savoir ce que pense l’Algérien. Y a-t-il
eu des sondages, des études d’opinion ? Il
faut l’espérer ! Pour ma part, je l’ignore et je
ne peux que m’en remettre à vous ! Il revient
aux historiens de faire l’histoire et aux médias
de faire connaître les travaux de ces derniers.
Entrent en jeu, par la suite, les romanciers, les
cinéastes, les peintres, les sculpteurs, car eux
aussi ont leur part dans la construction de notre
histoire et dans la fabrication de notre mémoire
nationale.
Dans une conférence donnée à
l’IDRH, le Ramadhan dernier,
vous avez annoncé que toute
la production de l’école
historique d’Alger, une école
colonialiste, a été rééditée et se
trouve en circulation dans nos
établissements universitaires. Estce
une conséquence du mépris de
notre patrimoine des archives et
de notre mémoire ?
Du mépris, peut-être pas. Je me permets d’y
voir surtout de la paresse intellectuelle et de la
facilité ! Mais il n’en demeure pas moins qu’il
y a danger à reproduire sans discernement la
production de l’école coloniale d’Alger. C’est
faire passer la vision des historiens coloniaux
pour l’histoire nationale, et c’est la plus grosse
contradiction, pour ne pas dire autre chose. Ce
n’est pas du mépris, c’est du commerce. A.S
reporters
aussi été conservateur en chef aux Archives nationales. Cette double expérience lui permet d’avoir un point de vue académique et technique sur deux métiers intimement
liés, certes, mais différents par leurs pratiques…
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR A. SAMER
A.Samer : Il y a quelques semaines,
lors de votre intervention au
colloque organisé par le CRASC
sur 1962, vous avez fait une
intervention intitulée «Les archives
: héritage et ‘‘mémoricide’’ ».
Pourquoi le choix d’une telle
dénomination et pour quel thème ?
Fouad Soufi Mustapha : L’intitulé exact de
mon intervention était «Les archives en 1962,
héritage et mémoricide…». J’ai repris et utilisé
à dessein, pour bien attirer l’attention de mes
vis-à-vis, cette notion de «mémoricide». Au fait,
«mémoricide» est un néologisme forgé par un
historien français dans un contexte français. Je
l’ai trouvé malgré tout parfaitement adapté à
ce qui s’est passé entre 1830 et 1847, d’abord,
puis entre 1961 et 1962 chez nous : destruction
des archives de l’administration du dey et des
beyliks et des archives de l’Etat de Abdelkader,
puis transfert en France des principaux
fonds d’archives et de l’Etat colonial et des
préfectures. Il ne s’agit donc pas seulement
de la spoliation de notre mémoire, mais bien
de nous faire admettre et intérioriser qu’avant
1830, il y avait un Etat étranger, à qui a succédé
une administration étrangère qui a récupéré
ses biens. Le tour de passe-passe est joué ! Le
drame - mais je n’ai pas encore creusé cette
question, en vérité -, c’est qu’il se trouve chez
nous des gens tout ce qu’il y a de plus sérieux
qui accréditent cette thèse qui veut que les
«Turcs», comme ils les appellent, sont partis
avec leurs archives ! «Turcs» et Français «ont
colonisé l’Algérie, un colonisateur a chassé
l’autre» ! C’est donc plus qu’une grave atteinte,
c’est la destruction d’une mémoire, c’est nous
priver de notre mémoire.
Le cinquantenaire de
l’indépendance permet de voir
que le débat sur notre pays met en
relation trois axes : les archives, la
mémoire et l’histoire…
Oui, l’articulation entre ces trois champs
est évidente : l’historien a besoin des
archives et traite la mémoire des acteurs et
des témoins comme une source. En fait, et
plus concrètement en tant que chercheur au
CRASC, dans la division socio-anthropologie de
l’histoire et de la mémoire, nous travaillons sur
la représentation et l’écriture de l’histoire, sur
les réactions des structures de l’Etat et celles de
notre société, dont d’ailleurs les journalistes,
les romanciers, les hommes politiques et bien
sûr les historiens.
Qu’il s’agisse d’Histoire ou de
mémoire, l’intérêt porte le plus
souvent et de manière frustrante
sur la seule séquence de la guerre
de Libération nationale…
Il est vrai qu’en braquant nos projecteurs
exclusivement sur la période de la guerre de
Libération nationale, on prend le risque de
plonger, en quelque sorte, les périodes antérieures
dans l’obscurité. De plus, ce faisant, tout se passe
comme si la période qui a suivi fait partie du
domaine des politologues et des économistes.
Les historiens ne l’ont pas encore investie. Cela
dit, il ne faut pas être aussi radical. Nous pouvons
nous honorer des grands travaux d’histoire qui
ont pour objet toutes les périodes, mais qui
sont hélas peu connus du grand public. Ils ont
été publiés, mais la demande sociale est ailleurs.
Elle porte sur la période 1954-1962, c’est là que
s’exprime le besoin de savoir, de comprendre,
mais également de dire et de se souvenir.
Toute interrogation sur la question des
archives, chez nous, rime presque avec
«déperdition», un vocable qu’utilise
nombre d’historiens et d’archivistes.
Qui est responsable de cette
déperdition ? Les acteurs de la Guerre
de libération ?
Il y a deux questions en une. Les archivistes
n’ont pas pour mission d’exploiter les archives.
Seuls peuvent - pouvaient, je dirais pour être
plus juste - le faire les archivistes qui ont une
formation d’historiens puis d’archivistes. Il est
vrai que l’université forme des bibliothécaires,
qui deviennent par la suite archivistes. Mais
il faut encore être juste et signaler que des
magisters en archivistique ont été ouverts
dans les principales universités du pays. Donc,
si déperdition il y eut, il faut aller chercher
les explications dans le comportement de la
bureaucratie.
Il m’a été donné de rencontrer beaucoup de
responsables, petits et grands, qui ignoraient
l’existence d’une loi sur les archives ! Quant
au rôle des acteurs de la Révolution dans cette
déperdition, j’avoue que je ne le comprends
pas. Je note surtout avec grand plaisir une
soif de transmettre leur vécu, leur expérience
et le souvenir de ceux qui ne sont plus là. La
multiplication de l’édition des témoignages est
le signe évident du contraire, non ?
Au dernier Salon international du
livre, vous avez défendu l’idée que
l’accès aux archives est un droit
humain. Qu’en est-il au juste ?
C’est la communauté internationale
des archivistes, que représente le Conseil
international des archives (ICA), qui inscrit la
question du droit à l’information - donc l’accès
aux archives - comme un des droits de l’homme,
et ce, depuis au moins le Congrès des archives de
1992 de Montréal. A cette époque, et chez nous,
on évoquait la transparence administrative, on
essayait de régler au mieux la question des
relations entre administrateurs et administrés.
Ce n’est pas, comme vous le constatez, une
idée nouvelle. J’avais eu personnellement,
lors d’une rencontre d’archivistes arabes, à
présenter une communication sur «Les archives
et l’Etat de droit». En revanche, pour les experts
de l’ICA, que j’ai eu l’honneur de croiser, cette
question est devenue tellement centrale que je
me suis surpris à trouver leur insistance plutôt
ambiguë, une sorte de droit d’ingérence.
Comment expliquer le peu de cas
accordé à la question des archives
par les négociateurs algériens à
Evian, alors que du côté français
il y a à ce sujet abondance de
matière ?
La question leur a-t-elle été posée ?
Personnellement, j’en reste au niveau des
hypothèses. En 1992, lors du colloque de Paris
sur les accords d’Evian, Rédha Malek avait
présenté une communication intitulée «La
question seconde des intérêts économiques».
Je cite de mémoire. La question essentielle des
négociateurs était bel et bien l’indépendance.
Tout le reste était forcément secondaire, dont
les archives. A cela j’ajouterai le manque
d’expérience.
Les diplomates français ont appris à inclure
la question des archives lors des négociations à
des fins de conflit. Ils n’allaient tout de même
pas ouvrir les yeux de nos négociateurs ! Je
pense, en revanche, que c’est réécrire l’histoire
que de dire que ceux qui ont négocié pour le
GPRA, et donc l’Algérie, ont fait «des projections
se rapportant à l’exercice du pouvoir». Penser
cela relève, à mon humble avis, du fantasme et
de la complotite.
On parle des archives algériennes
à récupérer en France et à
l’étranger et pas beaucoup de
celles qui se trouvent chez nous et
qui sont sous scellés comme celles
relatives au MALG. Pourquoi ?
Ce sont deux questions fondamentalement
différentes. La première relève des relations
internationales et d’un contentieux entre notre
pays et la France. C’est ce qui explique que l’on
n’en parle souvent pas. Ce sont des archives
consultables pour leur grande majorité du
fait de la loi française. Celles qui ne sont pas
légalement ouvertes au public peuvent être
consultées grâce à un système de dérogation.
C’est la règle française. La loi algérienne - qui
existe, faut-il le rappeler - s’applique à tous les
fonds publics où qu’ils soient. Les archives dont
vous parlez ne sont pas communicables encore,
puisque notre loi exige d’attendre soixante ans
après la date de l’acte. Dans le meilleur des cas,
il faut attendre octobre 2018, le GPRA, donc le
MALG, ayant été fondé en septembre 1958. Il
faut savoir aussi qu’il faut attendre 100 ans pour
les documents concernant la vie privée des
personnes. Les esprits chagrins doivent savoir
que ces délais sont respectivement de 75 et
150 ans dans certains pays européens. Enfin, il
faut que ces fonds d’archives soient dotés d’un
instrument de recherche et aient fait l’objet
d’un classement.
Que proposez-vous pour que
l’Algérien se réconcilie avec sa
mémoire et, partant, avec son
histoire ?
Encore une fois, je n’ai pas la prétention
de proposer quoi que ce soit. Par contre, les
conflits de mémoire sont une réalité, et pas
seulement chez nous. La question est peutêtre
de savoir ce que pense l’Algérien. Y a-t-il
eu des sondages, des études d’opinion ? Il
faut l’espérer ! Pour ma part, je l’ignore et je
ne peux que m’en remettre à vous ! Il revient
aux historiens de faire l’histoire et aux médias
de faire connaître les travaux de ces derniers.
Entrent en jeu, par la suite, les romanciers, les
cinéastes, les peintres, les sculpteurs, car eux
aussi ont leur part dans la construction de notre
histoire et dans la fabrication de notre mémoire
nationale.
Dans une conférence donnée à
l’IDRH, le Ramadhan dernier,
vous avez annoncé que toute
la production de l’école
historique d’Alger, une école
colonialiste, a été rééditée et se
trouve en circulation dans nos
établissements universitaires. Estce
une conséquence du mépris de
notre patrimoine des archives et
de notre mémoire ?
Du mépris, peut-être pas. Je me permets d’y
voir surtout de la paresse intellectuelle et de la
facilité ! Mais il n’en demeure pas moins qu’il
y a danger à reproduire sans discernement la
production de l’école coloniale d’Alger. C’est
faire passer la vision des historiens coloniaux
pour l’histoire nationale, et c’est la plus grosse
contradiction, pour ne pas dire autre chose. Ce
n’est pas du mépris, c’est du commerce. A.S
reporters