Un contrat d'armement de plusieurs milliards de dollars avec l'Irak, une réunion au sommet avec la Turquie, un exercice de réconciliation avec l'Arabie Saoudite, des débuts avec les Frères Musulmans égyptiens qui font penser au Sphinx - tout ceci a de fortes chances de se produire au cours d'un mois turbulent au Moyen-Orient.
Mardi, Moscou a annoncé que le Premier ministre irakien, Nouri al-maliki, se trouvait dans la capitale russe et que les deux pays avaient signé des contrats d'armement « supérieurs à » 4,2 milliards de dollars, qui incluent l'achat par l'Irak de 30 hélicoptères d'attaque Mi-28 et 42 systèmes de missiles sol-air Pantsir-S1 qui peuvent également être utilisés pour la défense contre des avions d'attaque.
La déclaration conjointe russo-iraquienne, faite à Moscou, a révélé que des discussions ont été en cours durant les cinq derniers mois sur ce contrat d'armement et que des discussions supplémentaires sont en cours concernant l'achat par l'Irak de jets MiG-29, de véhicules lourds blindés et autres armes. Une annonce du Kremlin a dit que Maliki doit rencontrer le Président Poutine ce mercredi et que leur discussion se concentrera sur la coopération énergétique entre la Russie et l'Irak.
Cette information sensationnelle va mettre les politiciens nord-américains dans tous leurs états. Il a été rapporté que le téléphone n'a pas arrêté de sonner au cabinet de Maliki, à Bagdad, dès que son voyage à Moscou a été révélé et que quelque chose de gros pouvait être dans les tuyaux. Des questions sont arrivées du Département d'Etat et de la NSA [National Securité Council] pour savoir ce qui justifiait un tel voyage à ce moment précis.
Le fait est que Maliki reste une énigme pour Washington. Il est sans aucun doute un ami des Etats-Unis, mais il est peut-être également un meilleur ami de l'Iran. A présent, il semble qu'il soit aussi un ami de la Russie - comme l'était Saddam Hussein.
Washington et Ankara l'ont contrarié à plusieurs reprises, croyant qu'il était à leur service et allant même jusqu'à enterrer son avenir politique, en s'accordant avec le Kurdistan, au Nord, au sujet de contrats pétroliers lucratifs et en ignorant ses protestations disant que l'Irak était un Etat souverain et que Bagdad est sa capitale et que le pays avait une constitution empêchant les pays étrangers de négocier directement avec ses régions en passant au-dessus de la capitale et du gouvernement central.
Mise à la porte des majors pétrolières
Non seulement ont-ils ignoré les protestations de Maliki, mais ils l'ont admonesté pour son opposition au plan pour un « changement de régime » en Syrie et pour son soutien robuste au Président Bachar el-Assad. Dernièrement, ils ont même commencé à le harceler sur le fait qu'il fournit des infrastructures à l'Iran pour faire parvenir des fournitures au régime assiégé en Syrie. Ensuite, ils ont dépassé toute décence en donnant asile à un dirigeant sunnite irakien qui est fugitif selon la loi irakienne.
Actuellement, ils font des efforts pour réunir les groupes sunnites disparates en Irak dans une manouvre inquiétante qui pourrait conduire à une balkanisation de l'Irak.
Grâce à l'interférence des Etats-Unis et de la Turquie, le Kurdistan est déjà, de facto, une région indépendante. Le plan de jeu consiste à affaiblir un peu plus l'Irak en soutenant au centre du pays la création d'une entité sunnite, similaire au Kurdistan au Nord, confinant ainsi les Chiites irakiens dans une région méridionale miteuse. La visite en Russie montre que Maliki signale qu'il en a assez et qu'il n'accepte plus ce type d'affront contre la souveraineté irakienne.
Il est quasiment certain qu'il proposera à Poutine, ce mercredi, que les compagnies pétrolières russes reviennent en Irak en ordre de bataille avec investissements et technologie et qu'elles reprennent là où elles en étaient au moment de l'invasion américaine en 2003.
On peut s'attendre à ce que Maliki mette à la porte les majors pétrolières et les société turques du secteur pétrolier irakien. Les implications sont profondes pour le monde du pétrole, puisque les fabuleuses réserves pétrolières irakiennes sont équivalentes à celles de l'Arabie Saoudite.
Manifestement, Maliki à l'intention d'affirmer la souveraineté irakienne. Récemment, il a décidé de mettre un terme à l'accord passé avec la Turquie, remontant à l'époque de Saddam, qui autorisait une présence militaire turque dans le nord de l'Irak pour surveiller les activités séparatistes du PKK.
Mais Ankara n'a pas apprécié et a passé un savon à Maliki. Le contrat avec la Russie lui permet maintenant de reconstruire les forces armées irakiennes, obligeant les Turcs à y regarder à deux fois avant de violer l'espace aérien de l'Irak ou de conclure que leur présence militaire dans le Nord de l'Irak restera incontestée.
Cela signifie-t-il que l'Irak est en route pour défier les Etats-Unis sur le plan stratégique ? Ce qu'il faut prendre en compte est que les Etats-Unis restent toujours le premier fournisseur d'armes de l'Irak. L'Irak attend la livraison de 30 avions F-16. Défier stratégiquement les Etats-Unis est éloigné des pensées de Maliki - du moins, pour l'instant.
Le message de Maliki doit plutôt être compris comme une déclaration ferme que l'Irak est un pays indépendant. Ce message n'est sans doute pas très différent de la portée celui du Président Mohammed Morsi en matière de politique égyptienne. Pour le dire simplement, les Etats-Unis ont besoin d'accepter des occurrences comme la décision de Maliki de renouer les liens militaires avec la Russie ou la décision de Morsi de rendre sa première visite d'Etat à la Chine.
Il est concevable que l'Égypte soit la prochaine à renouer ses liens avec la Russie. En tout cas, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, doit se rendre au Caire début novembre, dans le cadre du premier échange de haut niveau avec la direction de Morsi.
En effet, beaucoup dépend du calme avec lequel les Etats-Unis seront capables de s'adapter à ces nouvelles réalités au Moyen-Orient. Telles que les choses se présentent, les Etats-Unis sont parvenus à vendre pour 6 milliards de dollars d'armes à l'Irak. Leur position est effectivement assez confortable.
La réaction initiale du Département d'Etat respirait la confiance. La porte-parole Victoria Nuland a déclaré que le contrat avec la Russie ne signifiait pas une réduction des liens « mil-to-mil » [militaires] avec les Etats-Unis, qui sont « très larges et très profonds ».
Elle a révélé que des discussions sont en cours pour « quelque 467 contrats de vente militaires » avec l'Irak, pour un montant supérieur à 12 milliards de dollars, « si tous aboutissent ». Nuland a dit : « Nous faisons avec l'Irak des affaires militaires pour environ 12,3 milliards de dollars, donc, je ne pense pas que l'on doive s'inquiéter de notre relation qui n'est rien d'autre que la plus forte ».
Une nouvelle alchimie non expérimentée
Mais la touche d'anxiété dans les mots de Nuland ne peut non plus être dissimulée. La vérité brute est que les « Russes arrivent », et cette fois-ci, ils sont capitalistes et mondialistes ; ils connaissent également le marché irakien, tandis que le soldat irakien connaît bien les armes russes. A l'ère de Saddam, l'Irak était un acheteur essentiel d'armement russe et Moscou a estimé avoir perdu l'équivalent de 8 milliards de contrats à cause du « changement de régime » à Bagdad en 2003, soutenu par les Etats-Unis.
Il se pourrait que la Russie fasse son possible pour regagner sa position en haut du marché irakien et rattraper le temps perdu. Mais alors en même temps, les contrats d'armement ont invariablement un contenu politique et stratégique. A court terme, « l'inconnue » sera de savoir si Maliki peut choisir de partager les capacités irakiennes avec ses proches alliés iranien et syrien.
Fait révélateur, des délégations syrienne et iranienne à haut niveau se sont également rendues à Moscou ces derniers mois. Il y aura des froncements de sourcils du fait que le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad prévoit de se rendre à Bagdad prochainement.
En fait, même si le contrat d'armement russo-iraquien a été signé à Moscou, le commandant de la marine des Gardiens de la révolution iranienne s'est rendu en Irak, signifiant par-là les liens étroits entretenus entre Bagdad et Téhéran. Il ne fait aucun doute que Washington restera sur ses gardes sur ce front.
La Suite..........
Mardi, Moscou a annoncé que le Premier ministre irakien, Nouri al-maliki, se trouvait dans la capitale russe et que les deux pays avaient signé des contrats d'armement « supérieurs à » 4,2 milliards de dollars, qui incluent l'achat par l'Irak de 30 hélicoptères d'attaque Mi-28 et 42 systèmes de missiles sol-air Pantsir-S1 qui peuvent également être utilisés pour la défense contre des avions d'attaque.
La déclaration conjointe russo-iraquienne, faite à Moscou, a révélé que des discussions ont été en cours durant les cinq derniers mois sur ce contrat d'armement et que des discussions supplémentaires sont en cours concernant l'achat par l'Irak de jets MiG-29, de véhicules lourds blindés et autres armes. Une annonce du Kremlin a dit que Maliki doit rencontrer le Président Poutine ce mercredi et que leur discussion se concentrera sur la coopération énergétique entre la Russie et l'Irak.
Cette information sensationnelle va mettre les politiciens nord-américains dans tous leurs états. Il a été rapporté que le téléphone n'a pas arrêté de sonner au cabinet de Maliki, à Bagdad, dès que son voyage à Moscou a été révélé et que quelque chose de gros pouvait être dans les tuyaux. Des questions sont arrivées du Département d'Etat et de la NSA [National Securité Council] pour savoir ce qui justifiait un tel voyage à ce moment précis.
Le fait est que Maliki reste une énigme pour Washington. Il est sans aucun doute un ami des Etats-Unis, mais il est peut-être également un meilleur ami de l'Iran. A présent, il semble qu'il soit aussi un ami de la Russie - comme l'était Saddam Hussein.
Washington et Ankara l'ont contrarié à plusieurs reprises, croyant qu'il était à leur service et allant même jusqu'à enterrer son avenir politique, en s'accordant avec le Kurdistan, au Nord, au sujet de contrats pétroliers lucratifs et en ignorant ses protestations disant que l'Irak était un Etat souverain et que Bagdad est sa capitale et que le pays avait une constitution empêchant les pays étrangers de négocier directement avec ses régions en passant au-dessus de la capitale et du gouvernement central.
Mise à la porte des majors pétrolières
Non seulement ont-ils ignoré les protestations de Maliki, mais ils l'ont admonesté pour son opposition au plan pour un « changement de régime » en Syrie et pour son soutien robuste au Président Bachar el-Assad. Dernièrement, ils ont même commencé à le harceler sur le fait qu'il fournit des infrastructures à l'Iran pour faire parvenir des fournitures au régime assiégé en Syrie. Ensuite, ils ont dépassé toute décence en donnant asile à un dirigeant sunnite irakien qui est fugitif selon la loi irakienne.
Actuellement, ils font des efforts pour réunir les groupes sunnites disparates en Irak dans une manouvre inquiétante qui pourrait conduire à une balkanisation de l'Irak.
Grâce à l'interférence des Etats-Unis et de la Turquie, le Kurdistan est déjà, de facto, une région indépendante. Le plan de jeu consiste à affaiblir un peu plus l'Irak en soutenant au centre du pays la création d'une entité sunnite, similaire au Kurdistan au Nord, confinant ainsi les Chiites irakiens dans une région méridionale miteuse. La visite en Russie montre que Maliki signale qu'il en a assez et qu'il n'accepte plus ce type d'affront contre la souveraineté irakienne.
Il est quasiment certain qu'il proposera à Poutine, ce mercredi, que les compagnies pétrolières russes reviennent en Irak en ordre de bataille avec investissements et technologie et qu'elles reprennent là où elles en étaient au moment de l'invasion américaine en 2003.
On peut s'attendre à ce que Maliki mette à la porte les majors pétrolières et les société turques du secteur pétrolier irakien. Les implications sont profondes pour le monde du pétrole, puisque les fabuleuses réserves pétrolières irakiennes sont équivalentes à celles de l'Arabie Saoudite.
Manifestement, Maliki à l'intention d'affirmer la souveraineté irakienne. Récemment, il a décidé de mettre un terme à l'accord passé avec la Turquie, remontant à l'époque de Saddam, qui autorisait une présence militaire turque dans le nord de l'Irak pour surveiller les activités séparatistes du PKK.
Mais Ankara n'a pas apprécié et a passé un savon à Maliki. Le contrat avec la Russie lui permet maintenant de reconstruire les forces armées irakiennes, obligeant les Turcs à y regarder à deux fois avant de violer l'espace aérien de l'Irak ou de conclure que leur présence militaire dans le Nord de l'Irak restera incontestée.
Cela signifie-t-il que l'Irak est en route pour défier les Etats-Unis sur le plan stratégique ? Ce qu'il faut prendre en compte est que les Etats-Unis restent toujours le premier fournisseur d'armes de l'Irak. L'Irak attend la livraison de 30 avions F-16. Défier stratégiquement les Etats-Unis est éloigné des pensées de Maliki - du moins, pour l'instant.
Le message de Maliki doit plutôt être compris comme une déclaration ferme que l'Irak est un pays indépendant. Ce message n'est sans doute pas très différent de la portée celui du Président Mohammed Morsi en matière de politique égyptienne. Pour le dire simplement, les Etats-Unis ont besoin d'accepter des occurrences comme la décision de Maliki de renouer les liens militaires avec la Russie ou la décision de Morsi de rendre sa première visite d'Etat à la Chine.
Il est concevable que l'Égypte soit la prochaine à renouer ses liens avec la Russie. En tout cas, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, doit se rendre au Caire début novembre, dans le cadre du premier échange de haut niveau avec la direction de Morsi.
En effet, beaucoup dépend du calme avec lequel les Etats-Unis seront capables de s'adapter à ces nouvelles réalités au Moyen-Orient. Telles que les choses se présentent, les Etats-Unis sont parvenus à vendre pour 6 milliards de dollars d'armes à l'Irak. Leur position est effectivement assez confortable.
La réaction initiale du Département d'Etat respirait la confiance. La porte-parole Victoria Nuland a déclaré que le contrat avec la Russie ne signifiait pas une réduction des liens « mil-to-mil » [militaires] avec les Etats-Unis, qui sont « très larges et très profonds ».
Elle a révélé que des discussions sont en cours pour « quelque 467 contrats de vente militaires » avec l'Irak, pour un montant supérieur à 12 milliards de dollars, « si tous aboutissent ». Nuland a dit : « Nous faisons avec l'Irak des affaires militaires pour environ 12,3 milliards de dollars, donc, je ne pense pas que l'on doive s'inquiéter de notre relation qui n'est rien d'autre que la plus forte ».
Une nouvelle alchimie non expérimentée
Mais la touche d'anxiété dans les mots de Nuland ne peut non plus être dissimulée. La vérité brute est que les « Russes arrivent », et cette fois-ci, ils sont capitalistes et mondialistes ; ils connaissent également le marché irakien, tandis que le soldat irakien connaît bien les armes russes. A l'ère de Saddam, l'Irak était un acheteur essentiel d'armement russe et Moscou a estimé avoir perdu l'équivalent de 8 milliards de contrats à cause du « changement de régime » à Bagdad en 2003, soutenu par les Etats-Unis.
Il se pourrait que la Russie fasse son possible pour regagner sa position en haut du marché irakien et rattraper le temps perdu. Mais alors en même temps, les contrats d'armement ont invariablement un contenu politique et stratégique. A court terme, « l'inconnue » sera de savoir si Maliki peut choisir de partager les capacités irakiennes avec ses proches alliés iranien et syrien.
Fait révélateur, des délégations syrienne et iranienne à haut niveau se sont également rendues à Moscou ces derniers mois. Il y aura des froncements de sourcils du fait que le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad prévoit de se rendre à Bagdad prochainement.
En fait, même si le contrat d'armement russo-iraquien a été signé à Moscou, le commandant de la marine des Gardiens de la révolution iranienne s'est rendu en Irak, signifiant par-là les liens étroits entretenus entre Bagdad et Téhéran. Il ne fait aucun doute que Washington restera sur ses gardes sur ce front.
La Suite..........
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