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FRANCE La sous-traitance en mal de compétitivité

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  • FRANCE La sous-traitance en mal de compétitivité

    Et tous étaient atteints... Le problème de compétitivité ne concerne pas seulement les grands industriels. Comparant le prix des Clio IV produites en France et en Turquie, lors des récentes Assises de l'industrie organisées par L'Usine Nouvelle, le directeur général délégué de Renault, Carlos Tavares, estimait que "la différence de 1 300 euros était imputable pour moitié au coût du travail et pour moitié à l'efficacité des usines et à la compétence du tissu de fournisseurs".
    Les sous-traitants se trouvent bien au coeur du problème. Et comme leurs donneurs d'ordres, ils font grise mine. "Les chefs d'entreprise sont inquiets, juge Éric Moleux, le vice-président de la Fédération des industries mécaniques (FIM). Il y a des freins, comme la suppression des exonérations sur les heures supplémentaires et les interrogations sur le traitement fiscal des chefs d'entreprise, qui pourraient gripper la machine."
    "Le paquet fiscal commence à peser lourd dans la besace ! Il faut plus de souplesse dans la gestion des effectifs", juge, pour sa part, Bruno de Chaisemartin, le président du Groupement des industries de la sous-traitance mécanique (Gist) et PDG de Supermétal (Sallanches - Haute-Savoie). Mais, au-delà du fameux rapport Gallois et d'un hypothétique "choc de compétitivité", la sous-traitance sait qu'elle ne devra pas compter uniquement sur des mesures gouvernementales.
    "À elle seule, la parité euro/dollar a plus d'effets que d'éventuelles mesures fiscales", relativise Gilles Benhamou, le PDG d'Asteelflash (Neuilly-Plaisance - Seine-Saint-Denis). Et les handicaps structurels du secteur ne sont pas moins nombreux.
    Un outil de production vieillissant
    Confrontés à un coût du travail globalement similaire au nôtre, les sous-traitants allemands produisent de la qualité tout en restant compétitifs. Pour Vincent Schramm, le directeur général du Symop (le syndicat des entreprises de technologies de production), "c'est surtout dû au fait qu'ils s'intéressent en permanence à la performance de leur outil de production".
    Aujourd'hui, l'âge moyen des machines en France est de 17 ans, contre 9 chez nos voisins. Sans être désuètes, ces machines qui affichent une génération de retard visent la productivité et non la flexibilité. Conséquence : les sous-traitants français ont des difficultés à se positionner sur les nouveaux marchés où la personnalisation des produits est forte. "Nos machines ne sont plus compétitives du point de vue de la consommation énergétique. Cela va bientôt poser problème", ajoute Thierry Charles d'Alliance Zone Est Plasturgie (Allizé Plasturgie), union interrégionale.
    La France accuse aussi du retard dans la robotisation. Plus flexibles que les systèmes d'amenage traditionnels, notamment grâce à la vision, les robots peuvent effectuer du contrôle qualité en temps masqué. Et contrairement aux idées reçues, les industriels qui robotisent ne le font pas pour réduire leur masse salariale. "En produisant davantage de pièces à effectif constant, nous avons pu baisser le prix de nos produits et gagner de nouveaux marchés", explique Franck Motret, le directeur industriel chez ESM Industrie (Septème - Isère).
    Des relations tendues
    L'absence de travail en filière constitue également un énorme handicap. "C'est le cas dans l'automobile, où le principe de liberté de sourcing fait que les donneurs d'ordres ne s'intéressent pas à la fidélisation des sous-traitants", commente Jérôme Frantz, le directeur de Frantz Électrolyse (Villeneuve-La-Garenne - Hauts-de-Seine) et président de la Fédération des industries mécaniques (FIM).
    Même constat dans l'électronique : "Pressurés par des baisses de prix à répétition, les sous-traitants voient leurs marges réduites à néant, entraînant la méfiance des banquiers, et rendent difficiles les investissements", expose Richard Crétier, le porte-parole du Syndicat national des entreprises de sous-traitance électronique (Snese).
    Seule la filière aéronautique sort du lot, avec des pratiques plus responsables. Concernant les relations entre les donneurs d'ordres et les fournisseurs, le modèle allemand fait encore une fois office d'exemple, avec des sous-traitants qui s'organisent entre eux pour répondre au mieux à un besoin exprimé par un client. Des initiatives encore trop peu nombreuses en France.
    "Pour créer de la dynamique, il faut déployer les bonnes pratiques de la médiation inter-entreprises et donner davantage de pouvoir à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes pour faire respecter la loi", affirme le vice-président de la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises, Frédéric Grivot.
    Peu de service
    La notion de filière implique la nécessité de gagner en taille critique. Outre la croissance externe, les sous-traitants doivent offrir plus de services. "C'est le meilleur moyen de fidéliser un donneur d'ordres", confirme Thierry Charles.
    Les grands groupes sont demandeurs : "Nous sommes disposés à payer un produit plus cher si notre fournisseur nous propose du service ou du conseil", confirme Serge Ailhaud, le DG de SKF France, qui a son siège à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines). "Mais il faut que les sous-traitants français reprennent confiance en eux. L'an passé nous n'avons reçu qu'une seule proposition de service de la part d'une entreprise française, contre 400 propositions de sociétés allemandes et italiennes !"
    USINE NOUVELLE
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