La rencontre qui a réuni l’Envoyé spécial de l’ONU au Sahara, Christopher Ross, avec le « Polisario de l’intérieur » à Laâyoune, et plus précisément au siège de la Minurso, n’aurait pu se tenir sans le feu vert des autorités marocaines ; cela représente une indication de l’évolution de « l’esprit sécuritaire » de l’Etat dans l’élaboration d’une approche politique plus intelligente dans la gestion de la question du Sahara, loin de toute autre considération sécuritaire « nationaliste » rigide.
Au Sahara évoluent des unionistes et des séparatistes… des Sahraouis d’esprit et de cœur avec le Maroc et d’autres, leurs pensées et leurs sentiments allant vers le Polisario. Quelle est la proportion des uns et des autres dans la population totale de ces régions ? Nul ne le sait avec exactitude. Et malgré l’échec dans l’organisation d’un référendum au Sahara pour des raisons aussi bien politiques que juridiques ou encore tribales de natures diverses, on peut affirmer qu’il y a des Sahraouis, au Sud, qui pensent que « marcher en terrain connu est meilleur que l’aventure », et qu’il en existe d’autres qui n’ont pas encore arrêté leur choix ; une troisième catégorie se contente de rêver de stabilité, attendant, espérant une fin prochaine de ce conflit qui a séparé les proches, les familles et les amis durant près de 40 ans.
En fin de semaine dernière, des séparatistes sont sortis dans les rues de Laâyoune pour manifester et demander l’indépendance de leur territoire, brandissant des drapeaux de l’Etat autoproclamé à partir des terres algériennes ; et le même jour, d’autres manifestations ont été organisées, demandant exactement l’inverse, levant haut les drapeaux marocains et les portraits du roi Mohammed VI, et réclamant le rattachement du Sahara au Maroc.
L’Américain Ross est un diplomate intelligent qui a acquis une grande expérience et qui connaît très bien cette question du Sahara dont il a reçu la charge en 2009 afin de mettre au point une solution ; il sait donc parfaitement que le conflit n’oppose pas le Maroc au Polisario, mais d’abord Rabat et Alger, et accessoirement le Maroc et le Polisario. Cela n’empêche pas qu’il existe à Laâyoune, Smara, Tindouf, Dakhla, Zouerate des Sahraouis qui rêvent de voir leur territoire indépendant du Maroc ; la plupart continue de voir le Maroc de Mohammed Vi avec le même regard que celui d’Hassan II, et une grande partie d’entre ces Sahraouis endurent toujours les mêmes affres qu’avaient subi leurs aînés des mains des bourreaux de l’ancien règne, exactement comme les gens de gauche, les syndicalistes, les islamistes et l’ensemble des opposants qui avaient souffert des violations de leurs droits du fait des généraux, des ministres de l’Intérieur et autres responsables sécuritaires qui avaient toujours considéré que la répression, les enlèvements, les assassinats et la terreur étaient des moyens aussi efficaces qu’utiles pour soumettre les populations et assécher les oppositions en les réduisant au silence, de même que pour mettre fin à toutes les demandes de partage équitable du pouvoir et des richesses … Seulement voilà, aujourd’hui, beaucoup d’eau est passée sous les ponts, et les Sahraouis ont aujourd’hui plus d’un espace pour contribuer à édifier un Maroc démocratique, tant pour eux que pour leurs enfants et leurs petits-enfants.
M. Christopher Ross notera sans aucun doute un point positif pour le Maroc lors de cette tournée ; il aura eu la possibilité de rencontrer Aminatou Haidar, Tamek, Moutawakkil et d’autres encore. Les séparatistes auront pu manifester et se manifester, pacifiquement, en dépit de quelques dérapages sécuritaires ici et là. Aujourd’hui, la balle se trouve dans le camp de M. Mohamed Abdelaziz, le chef du Polisario… Permettra-t-il, à son tour, aux Sahraouis des camps de Tindouf d’exprimer leurs opinions si elles sont différentes des thèses officielles consistant à rejeter le plan d’autonomie présenté par le Maroc et qui a emporté l’adhésion de l’ONU, de la France, des USA et de bien d’autres pays encore ? Accordera-t-il à Ross l’autorisation de rencontrer des personnalités opposantes au groupe dirigeant du Polisario et en place depuis des dizaines d’années ? Ainsi, par exemple, Ross pourra-t-il avoir des entretiens avec Bachir Sayed, le frère du fondateur du Front, ou encore el Ouali Mustapha Sayed, et de recueillir leur avis en dehors de toute surveillance ou contrôle des services d’Abdelaziz ?
Nombreux sont les pays aujourd’hui qui gèrent leurs problèmes « séparatistes » dans le respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques, tant que les revendications s’effectuent de manière pacifique, dans le rejet total de toute forme de violence. Alors donc, bienvenue au Polisario de l’Intérieur s’il accepte de se comporter en groupe non armé, car ces gens connaissent au moins le Maroc, du dedans, ses évolutions et ses structures, nettement mieux que les chefs du Polisario qui se trouvent aujourd’hui comme des otages aux mains des services algériens, qui ne leur laissent absolument aucune marge de manœuvre. Et qui sait… peut-être que demain, ou plus tard, ce courant du Polisario, celui qui vit au Maroc, s’apercevra-t-il que la solution politique est viable, si bien entendu il est convaincu que le Maroc avance sur la bonne voie, dans la bonne direction de la démocratie et de la transition résolue vers un Etat de droit, de l’égalité et du développement. Il est par ailleurs nettement préférable pour le Maroc d’avoir comme interlocuteur un séparatiste qui affiche clairement ses positions et ses objectifs, que de se mettre autour d’une table avec des notables sahraouis aux opinions changeantes en fonction de l’air du temps et selon leurs intérêts bien compris.
Akhbar el youm ( Taoufik Bouachrine)
Au Sahara évoluent des unionistes et des séparatistes… des Sahraouis d’esprit et de cœur avec le Maroc et d’autres, leurs pensées et leurs sentiments allant vers le Polisario. Quelle est la proportion des uns et des autres dans la population totale de ces régions ? Nul ne le sait avec exactitude. Et malgré l’échec dans l’organisation d’un référendum au Sahara pour des raisons aussi bien politiques que juridiques ou encore tribales de natures diverses, on peut affirmer qu’il y a des Sahraouis, au Sud, qui pensent que « marcher en terrain connu est meilleur que l’aventure », et qu’il en existe d’autres qui n’ont pas encore arrêté leur choix ; une troisième catégorie se contente de rêver de stabilité, attendant, espérant une fin prochaine de ce conflit qui a séparé les proches, les familles et les amis durant près de 40 ans.
En fin de semaine dernière, des séparatistes sont sortis dans les rues de Laâyoune pour manifester et demander l’indépendance de leur territoire, brandissant des drapeaux de l’Etat autoproclamé à partir des terres algériennes ; et le même jour, d’autres manifestations ont été organisées, demandant exactement l’inverse, levant haut les drapeaux marocains et les portraits du roi Mohammed VI, et réclamant le rattachement du Sahara au Maroc.
L’Américain Ross est un diplomate intelligent qui a acquis une grande expérience et qui connaît très bien cette question du Sahara dont il a reçu la charge en 2009 afin de mettre au point une solution ; il sait donc parfaitement que le conflit n’oppose pas le Maroc au Polisario, mais d’abord Rabat et Alger, et accessoirement le Maroc et le Polisario. Cela n’empêche pas qu’il existe à Laâyoune, Smara, Tindouf, Dakhla, Zouerate des Sahraouis qui rêvent de voir leur territoire indépendant du Maroc ; la plupart continue de voir le Maroc de Mohammed Vi avec le même regard que celui d’Hassan II, et une grande partie d’entre ces Sahraouis endurent toujours les mêmes affres qu’avaient subi leurs aînés des mains des bourreaux de l’ancien règne, exactement comme les gens de gauche, les syndicalistes, les islamistes et l’ensemble des opposants qui avaient souffert des violations de leurs droits du fait des généraux, des ministres de l’Intérieur et autres responsables sécuritaires qui avaient toujours considéré que la répression, les enlèvements, les assassinats et la terreur étaient des moyens aussi efficaces qu’utiles pour soumettre les populations et assécher les oppositions en les réduisant au silence, de même que pour mettre fin à toutes les demandes de partage équitable du pouvoir et des richesses … Seulement voilà, aujourd’hui, beaucoup d’eau est passée sous les ponts, et les Sahraouis ont aujourd’hui plus d’un espace pour contribuer à édifier un Maroc démocratique, tant pour eux que pour leurs enfants et leurs petits-enfants.
M. Christopher Ross notera sans aucun doute un point positif pour le Maroc lors de cette tournée ; il aura eu la possibilité de rencontrer Aminatou Haidar, Tamek, Moutawakkil et d’autres encore. Les séparatistes auront pu manifester et se manifester, pacifiquement, en dépit de quelques dérapages sécuritaires ici et là. Aujourd’hui, la balle se trouve dans le camp de M. Mohamed Abdelaziz, le chef du Polisario… Permettra-t-il, à son tour, aux Sahraouis des camps de Tindouf d’exprimer leurs opinions si elles sont différentes des thèses officielles consistant à rejeter le plan d’autonomie présenté par le Maroc et qui a emporté l’adhésion de l’ONU, de la France, des USA et de bien d’autres pays encore ? Accordera-t-il à Ross l’autorisation de rencontrer des personnalités opposantes au groupe dirigeant du Polisario et en place depuis des dizaines d’années ? Ainsi, par exemple, Ross pourra-t-il avoir des entretiens avec Bachir Sayed, le frère du fondateur du Front, ou encore el Ouali Mustapha Sayed, et de recueillir leur avis en dehors de toute surveillance ou contrôle des services d’Abdelaziz ?
Nombreux sont les pays aujourd’hui qui gèrent leurs problèmes « séparatistes » dans le respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques, tant que les revendications s’effectuent de manière pacifique, dans le rejet total de toute forme de violence. Alors donc, bienvenue au Polisario de l’Intérieur s’il accepte de se comporter en groupe non armé, car ces gens connaissent au moins le Maroc, du dedans, ses évolutions et ses structures, nettement mieux que les chefs du Polisario qui se trouvent aujourd’hui comme des otages aux mains des services algériens, qui ne leur laissent absolument aucune marge de manœuvre. Et qui sait… peut-être que demain, ou plus tard, ce courant du Polisario, celui qui vit au Maroc, s’apercevra-t-il que la solution politique est viable, si bien entendu il est convaincu que le Maroc avance sur la bonne voie, dans la bonne direction de la démocratie et de la transition résolue vers un Etat de droit, de l’égalité et du développement. Il est par ailleurs nettement préférable pour le Maroc d’avoir comme interlocuteur un séparatiste qui affiche clairement ses positions et ses objectifs, que de se mettre autour d’une table avec des notables sahraouis aux opinions changeantes en fonction de l’air du temps et selon leurs intérêts bien compris.
Akhbar el youm ( Taoufik Bouachrine)
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