Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Classe politique : la normalisation par le bas (Liberté)

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Classe politique : la normalisation par le bas (Liberté)

    Le reportage sur la relation de nos députés au livre a fait jaser dans les chaumières. Mais n’a pas fait scandale : la hausse tendancielle de l’illettrisme dans le pays est programmée. L’école et les institutions culturelles censées compléter sa mission se complètent dans cette véritable mission d’État d’appauvrissement intellectuel des nouvelles générations. Partant, il est naturel que “l’élite”, progressivement constituée dans ce système, corresponde à l’objectif qui fonde la gestion du système scolaire-culturel : l’uniformisation et l’adaptation politique de la pensée.
    À côté d’une école abrutissante, les canaux de communication de masse diffusent l’image d’un modèle de réussite entièrement liée à la capacité individuelle à évoluer dans le système rentier national. Les honneurs symboliques endurent le mépris qui désormais accable les réussites dépourvues de contreparties matérielles et qui ne mènent même pas à une de ces positions de rente que le système réserve à ses privilégiés.
    C’est tout un message que le régime nous transmet, ou qui lui échappe, quand il se choisit Ammar Saâdani comme président de l’Assemblée nationale. Il illustre le fait que, dans le système de promotion maison, la compétence s’efface devant l’obédience, quitte à sacrifier la mission même qui constitue le prétexte de cette nomination. Même si l’on a inventé, pour la cause, l’impropre appellation de “gouvernement de technocrates”, il n’est pas exclu que l’actuel Premier ministre doive sa nomination à ce qu’il a conduit, deux fois plutôt qu’une, la campagne pour la réélection du Président. Comme quoi il est plus sûr de gagner son attention que de remporter les élections. L’incompétence politique est érigée en valeur, faisant chuter notre niveau d’exigence au point de voir des calibres comme Belkhadem ou Ghoul présentés à une opinion complaisante comme des alternatives crédibles au pouvoir en place !
    C’est le fait que la légitimité vient de la décision de nomination et n’a pas plus besoin de la précéder qui a rendu possibles tous les opportunismes. Un marché de l’allégeance s’est créé et de tous les côtés les disponibilités se manifestent, se bousculent et émergent.
    Plus grave, la politique constitue aujourd’hui la carrière la plus prometteuse mais aussi la moins rude. On rapporte l’histoire, vraie ou fausse, mais en tout cas significative, d’un candidat à la candidature de député à qui l’on reprochait l’incompatibilité de son ambition avec son analphabétisme : “Pourquoi faudrait-il donc être instruit pour dire oui en levant la main ?”
    On voit que la politique a créé une voie socioprofessionnelle qui, à l’inverse de toutes les autres, ne demande ni qualification, ni talent, ni effort, C’est même la seule voie qui permet de compenser les handicaps d’incompétence et de paresse.
    Abou Djerra Soltani exprime parfaitement cet attachement au système à mamelles quand il dit qu’il ne remettra pas en cause les résultats des élections locales, “même si nous obtenons zéro siège”. L’essentiel est d’être dans le circuit et d’y rester ! Parce que lorsqu’il vous intègre, le système vous met en situation de n’avoir plus les moyens d’en sortir.
    Cette dépendance crée une solidarité de destin qui dépasse les péripéties individuelles ou collectives de ses défenseurs. Et qui lui assure sa pérennité.

    Mustapha Hammouche (Liberté)
    le DRS contrôle toute la Galaxie
Chargement...
X