Comme le veut la coutume, après la prière de l'Aïd, on va rendre visite aux voisins et aux proches, nkabalou a3lihoum. Chaque paire de bises quand elle n'est pas multipliée par quatre, nous prend entre quinze et quarante minutes par visite. Il y en a qui vous retiennent pour vous dire pourquoi, ils ne dorment pas et ne mangent pas assez, "mghrifa, ma nzidtch". 3ala biha derti lakhdoud.
Elle parle, elle se plaint: "Yahasrah 3ala zmen". Wach men zmen, ana tani 3andi zmen, mais tu n'y étais pas.
Tellement sar3atna, qu'en la quittant, on oublie de lui donner l'assiette de gâteaux qui lui était destinée. On en avait cinq autres à offrir. Heureusement que les autres personnes n'étaient pas aussi bavardes qu'elle! Elle, chkoun ? Bouh, c'est khalti Zhor de l'autre quartier. Chkoun li ma ya3rafhach !
On adore ces visites.
Avant de rendre visite aux proches et leur offrir l'assiette de gâteaux, nous sommes allés au cimetière, nous recueillir sur les tombes de nos chers qui sont partis, Allah irhamhoum.
Qui dit cimetière, dit pleurs. Gare à celles qui ont mis du mascara. Elle en ressortiraient avec les yeux d'une gazzana qui s'est essuyée le visage avec un mouchoir imbibé de katran.
Quasiment tous les chers disparus de la famille reposent dans le même cimetière côte à côte, où nous nous sommes retrouvés, mes cousines, cousins, cousin par alliance et la grand-tante.
La grand-tante ne peut plus marcher. Comme les allées du cimetière sont impraticables en chaise roulante, il fallut la porter.
L'un de mes jeunes cousins abbaha, l'a portée sur son dos. Maskin ! Elle l'a roué d'une tapée de tapes sur la tête en lui disant: "Essar3atni. Cha3rek msabek bi pomadate essardine.".
Il s'était mis du gel dans les cheveux Wach il s'était mis ? Faragh kamal el kr3a ta3 gel fi cha3rou.
On regrette nos chers disparus.
On a tous fait la bise à la grande-tante. On a tous eu droit à une remarque de sa part.
A un autre cousin, elle a dit: "Rak bel costume, 3ambalek djit lel hafla ta3
el istiklal". Parce qu'il portait un costume, une chemise blanche et une cravate rouge.
A une cousine: "Wenti mazelki m3a lakraya? Habiti tetzewdji m3a ettablo".
A moi : "Mazal diri khdaymek el taht el taht ?"
Moi el taht el taht? Jamais ! J'aime travailler en solo sans jamais déranger les autres.
On l'adore, la grande-tante.
En face de là où nous étions, une femme est venue se recueillir sur une tombe envahie par les mauvaises herbes. "Kbar el menssi", a fait remarquer la cousine, celle qui va épouser ettablo.
La dame portait un hijab noir, des chaussures wahda fiha talon, l'autre ma fihach. Elle a arraché quelques herbes. Six paires d'yeux ne la quittant pas des yeux. Elle a mis un tapis sur les herbes arrachées. Six paires d'yeux suivant ses mouvements. Elle a enlevé ses chaussures. Six paires d'yeux regardant les chaussettes à rayures rouges et noires. Elle a sorti une bouteille d'eau, un verre et serviette de son grand sac. Six paires d'yeux attendant la suite... mais la suite ne vint pas.
Comme nous tous, ma grande-tante n'a raté aucun fait ou geste de la dame, elle dit: "Djat adir pique-nique, hadi". Elle s'adresse à mon père: " Va lui chercher des merguez, tachwihoum fel chems."
Mon père d'un air sérieux:
- Yal hadja, ettaqi moulak.
- Habite tbakamni.
- Lala ya el hadaj, mais khali nass tranquille.
- Djak laâqal el youm. Wach men faylassouf mate wa khalalek fhamtou?
- Ya el hadja, rana fel djabanna.
La grande-tante à ma mère:
- Wach dertil li moula bitek, ya bent khti. Rahou bi sayadou el youm?
Mon père adore ma tante.
La femme d'en face était maintenant bien installée sur son tapis entourée de son sac, sa bouteille et sa serviette.Tout à coup, elle se mit à pleurer. Etnawah.
Après avoir versé quelques larmes, elle s'arrêta de pleurer. Elle prit un verre d'eau. Elle s'essuya les lèvres et se remit à pleurer de plus belle.
Un akhina qui passai par là, s'est arrêté à sa hauteur et lui a dit :'
- Hram labka a3la mouta, el hadja.
Et ma grande-tante, avocate des nawahate, lui dit:
- Khaliha tebki. Hetta labka habitou tamen3ouh a3lina.
- Allah yakdik wa yahdina
Et il a continué son chemin.
Ensuite, la tante s'adressant à la pleureuse:
- Bessah nti raki rayha tnawdina el mouta bel bka dialek. Ma ta3arfich tebki ki nass.
Mon père s'adressant à ma tante:
- Ya el hadja...
Ma tante s'adressant à ma mère:
- Ahakmi fi radjlek. Il me cherche, il va me trouver.
Ma mère s'adressant à nous tous:
- Khlasset zyara, aya nrouhou!
Le cousin aux cheveux gelés à ma tante:
- Viens tata, que je te porte jusqu'à ton fauteuil
La grande-tante s'adressant au cousin par alliance:
- Erfadni nta, hadak asraâni bel pomadat el badjidj.
Dans la voiture, mon père à ma mère:
- Ta tante...
Ma mère lui coupant la parole:
- Khali ma tante tranquille.
Mon père me regardant dans le rétroviseur:
- Makhlouka, ta portière n'est pas bien fermée
Moi m'adressant à la petite cousine qui nous accompagnait:
- Dee, ferme bien la porte.
La petite cousine à mon père :
- Ca y est, tu peux démarrer maintenant, tonton.
Ma mère à mon père:
- Arrête, j'ai oublié de donner l'assiette de gâteau à ma tante.
Mon père à moi:
- Va lui donner son assiette de gâteaux à el hadja
Moi à ma grande-tante:
- Tata, voici ta part de gâteaux.
La grande-tante au cousin par alliance qui peinait à lui attacher la ceinture de sécurité de la voiture:
- 3ambalhoum, rani nessana ghir fel gato ta3houm.
Le cousin par alliance s'adressant à moi:
- Au revoir Makhlouka, on s'appelle.
Moi pensant :
- Depuis quand on s'appelle?! Djdida hadi!
Ma mère à moi:
- Wach kalatlek ?
Mon père à ma mère:
- Que veux-tu qu'elle lui dise?
Ma mère à la petite cousine:
-Tu veux un gâteau, pupuce?
Et mon père qui regarde ma mère de travers :
Et ma mère qui sourit en l'ignorant
Et moi me demandant:
- Pourquoi ma mère a donné un gâteau à la pupuce Dee sachant pertinemment que mon père a horreur que l'on mange dans sa voiture !
J'adore ma famille.
Makhlouqiate
Le 25 octobre 2012
Elle parle, elle se plaint: "Yahasrah 3ala zmen". Wach men zmen, ana tani 3andi zmen, mais tu n'y étais pas.
Tellement sar3atna, qu'en la quittant, on oublie de lui donner l'assiette de gâteaux qui lui était destinée. On en avait cinq autres à offrir. Heureusement que les autres personnes n'étaient pas aussi bavardes qu'elle! Elle, chkoun ? Bouh, c'est khalti Zhor de l'autre quartier. Chkoun li ma ya3rafhach !
On adore ces visites.
Avant de rendre visite aux proches et leur offrir l'assiette de gâteaux, nous sommes allés au cimetière, nous recueillir sur les tombes de nos chers qui sont partis, Allah irhamhoum.
Qui dit cimetière, dit pleurs. Gare à celles qui ont mis du mascara. Elle en ressortiraient avec les yeux d'une gazzana qui s'est essuyée le visage avec un mouchoir imbibé de katran.
Quasiment tous les chers disparus de la famille reposent dans le même cimetière côte à côte, où nous nous sommes retrouvés, mes cousines, cousins, cousin par alliance et la grand-tante.
La grand-tante ne peut plus marcher. Comme les allées du cimetière sont impraticables en chaise roulante, il fallut la porter.
L'un de mes jeunes cousins abbaha, l'a portée sur son dos. Maskin ! Elle l'a roué d'une tapée de tapes sur la tête en lui disant: "Essar3atni. Cha3rek msabek bi pomadate essardine.".
Il s'était mis du gel dans les cheveux Wach il s'était mis ? Faragh kamal el kr3a ta3 gel fi cha3rou.
On regrette nos chers disparus.
On a tous fait la bise à la grande-tante. On a tous eu droit à une remarque de sa part.
A un autre cousin, elle a dit: "Rak bel costume, 3ambalek djit lel hafla ta3
el istiklal". Parce qu'il portait un costume, une chemise blanche et une cravate rouge.
A une cousine: "Wenti mazelki m3a lakraya? Habiti tetzewdji m3a ettablo".
A moi : "Mazal diri khdaymek el taht el taht ?"
Moi el taht el taht? Jamais ! J'aime travailler en solo sans jamais déranger les autres.
On l'adore, la grande-tante.
En face de là où nous étions, une femme est venue se recueillir sur une tombe envahie par les mauvaises herbes. "Kbar el menssi", a fait remarquer la cousine, celle qui va épouser ettablo.
La dame portait un hijab noir, des chaussures wahda fiha talon, l'autre ma fihach. Elle a arraché quelques herbes. Six paires d'yeux ne la quittant pas des yeux. Elle a mis un tapis sur les herbes arrachées. Six paires d'yeux suivant ses mouvements. Elle a enlevé ses chaussures. Six paires d'yeux regardant les chaussettes à rayures rouges et noires. Elle a sorti une bouteille d'eau, un verre et serviette de son grand sac. Six paires d'yeux attendant la suite... mais la suite ne vint pas.
Comme nous tous, ma grande-tante n'a raté aucun fait ou geste de la dame, elle dit: "Djat adir pique-nique, hadi". Elle s'adresse à mon père: " Va lui chercher des merguez, tachwihoum fel chems."
Mon père d'un air sérieux:
- Yal hadja, ettaqi moulak.
- Habite tbakamni.
- Lala ya el hadaj, mais khali nass tranquille.
- Djak laâqal el youm. Wach men faylassouf mate wa khalalek fhamtou?
- Ya el hadja, rana fel djabanna.
La grande-tante à ma mère:
- Wach dertil li moula bitek, ya bent khti. Rahou bi sayadou el youm?
Mon père adore ma tante.
La femme d'en face était maintenant bien installée sur son tapis entourée de son sac, sa bouteille et sa serviette.Tout à coup, elle se mit à pleurer. Etnawah.
Après avoir versé quelques larmes, elle s'arrêta de pleurer. Elle prit un verre d'eau. Elle s'essuya les lèvres et se remit à pleurer de plus belle.
Un akhina qui passai par là, s'est arrêté à sa hauteur et lui a dit :'
- Hram labka a3la mouta, el hadja.
Et ma grande-tante, avocate des nawahate, lui dit:
- Khaliha tebki. Hetta labka habitou tamen3ouh a3lina.
- Allah yakdik wa yahdina
Et il a continué son chemin.
Ensuite, la tante s'adressant à la pleureuse:
- Bessah nti raki rayha tnawdina el mouta bel bka dialek. Ma ta3arfich tebki ki nass.
Mon père s'adressant à ma tante:
- Ya el hadja...
Ma tante s'adressant à ma mère:
- Ahakmi fi radjlek. Il me cherche, il va me trouver.
Ma mère s'adressant à nous tous:
- Khlasset zyara, aya nrouhou!
Le cousin aux cheveux gelés à ma tante:
- Viens tata, que je te porte jusqu'à ton fauteuil
La grande-tante s'adressant au cousin par alliance:
- Erfadni nta, hadak asraâni bel pomadat el badjidj.
Dans la voiture, mon père à ma mère:
- Ta tante...
Ma mère lui coupant la parole:
- Khali ma tante tranquille.
Mon père me regardant dans le rétroviseur:
- Makhlouka, ta portière n'est pas bien fermée
Moi m'adressant à la petite cousine qui nous accompagnait:
- Dee, ferme bien la porte.
La petite cousine à mon père :
- Ca y est, tu peux démarrer maintenant, tonton.
Ma mère à mon père:
- Arrête, j'ai oublié de donner l'assiette de gâteau à ma tante.
Mon père à moi:
- Va lui donner son assiette de gâteaux à el hadja
Moi à ma grande-tante:
- Tata, voici ta part de gâteaux.
La grande-tante au cousin par alliance qui peinait à lui attacher la ceinture de sécurité de la voiture:
- 3ambalhoum, rani nessana ghir fel gato ta3houm.
Le cousin par alliance s'adressant à moi:
- Au revoir Makhlouka, on s'appelle.
Moi pensant :
- Depuis quand on s'appelle?! Djdida hadi!
Ma mère à moi:
- Wach kalatlek ?
Mon père à ma mère:
- Que veux-tu qu'elle lui dise?
Ma mère à la petite cousine:
-Tu veux un gâteau, pupuce?
Et mon père qui regarde ma mère de travers :
Et ma mère qui sourit en l'ignorant
Et moi me demandant:
- Pourquoi ma mère a donné un gâteau à la pupuce Dee sachant pertinemment que mon père a horreur que l'on mange dans sa voiture !
J'adore ma famille.
Makhlouqiate
Le 25 octobre 2012
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