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Journal d’une Française en Kabylie

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  • Journal d’une Française en Kabylie

    Journal d’une Française en voyage


    Un été, quelques jours en Kabylie…

    Edith, une Française habitant la région de Lille, a été invitée par son amie algérienne, qu’elle appelle Akem à passer quelques jours chez elle en Kabylie. Durant son séjour son ‘’carnet de bord’’ n’a pas chômé. Elle y a consigné ce qu’elle a entrevu de la Kabylie. Elle nous a permis de livrer à nos lecteurs son appréciation de la Kabylie. Nous l’en remercions.



    Simon m’emmène à l’aéroport de Lesquin, sous un ciel gris. Je suis enchantée de cette escapade très inattendue ; J’ai rencontré Akem — c’est le premier pronom personnel kabyle que j’ai appris — en septembre dernier à l’université, où elle était venue terminer un DEA. (diplôme d’études approfondies)
    Du feeling, des points communs, quelques instants passés ensemble, et me voilà invitée à découvrir la Kabylie.

    Jamais je ne pensais accepter cette invitation, et pourtant, aux alentours d’avril-mai, après un coup de blues, je me suis décidée –contre l’avis général- à me lancer dans ce qui était considéré par mon entourage comme une petite aventure, car l’Algérie a chez nous une réputation sulfureuse !

    Tout a commencé par la recherche d’un billet d’avion ; Sur les conseils de Dahila, (femme de ménage à l’université), je me suis rendue dans une agence située dans le quartier de Wazemmes à Lille ; il m’a fallu un peu de patience, (quelques heures d’attente dans un bureau surpeuplé, avec des sonneries de téléphone incessantes), pour obtenir le billet convoité.

    La seconde étape étant l’obtention d’un visa. Le consulat d’Algérie à Lille ressemble un peu à la cour des miracles ; Ne serait-ce que pour obtenir un document indiquant les éléments à fournir, il faut accéder au guichet, et en ce mois de juillet, cela prend deux bonnes heures.

    Il y a des familles qui viennent de tout le département pour chercher qui un visa, qui un passeport. Les enfants jouent, les bébés pleurent, mais tout se passe dans une ambiance «bon enfant». Je suis un peu la bête curieuse, et l’on se demande ce que je fais là.

    Cette queue a quand même une fonction intéressante au niveau de l’information, car aucun guide touristique digne de ce nom n’existe vraiment à ma connaissance. Du moins, je n’en ai trouvé qu’un seul qui ressemblait plus à un guide ferroviaire, à une longue liste de villes et leur nombre d’habitants, agrémenté de quelques photos sinistres ; Bref, un document qui ôterait toute envie de découvrir l’Algérie.


    C’est donc en faisant la queue que j’ai appris par exemple qu’il ne faut pas déclarer tous ses «euros» ; Cela permet des taux de change plus intéressants. On m’a également indiqué comment faire pour éviter que votre valise soit fouillée : «tu poses au dessus, bien en évidence, des sous-vêtements». J’ai vérifié, ça marche ! C’en est même un peu inquiétant !


    Comme vous le voyez, il faut donc être motivé pour entreprendre une telle escapade.
    Je voyage avec Rafik, 8 ans. Il rejoint son père qu’il n’a pas vu depuis deux ans. Il me parle de sa maman, de son demi-frère, et me montre des photos.

    -«Mon papa me doit deux cadeaux d’anniversaire»
    -«J’ai de l’argent, et je vais acheter un poussin»
    -« Regarde, ma mère m’a donné son cœur en argent !» (Il me demande si ça ne fait pas trop « fille »). Il est inquiet d’être pendant tout un mois loin de sa maman. Je lui prête un stylo, car il tient à remplir lui-même le document d’entrée en Algérie.

    Je sers également d’écrivain public à une passagère et le voyage (deux heures trente) passe très vite. Me voilà à Alger.

    La sortie de l’avion se voit retardée par l’hôtesse «chef» qui refuse de commencer le débarquement si Rafik n’est pas pris en charge en priorité par un accompagnant. Dix bonnes minutes se passent … Je m’étonne du calme des voyageurs.

    S’ensuit la petite galère des bagages qui sont très très nombreux car chaque touriste –c’est comme ça qu’on appelle les travailleurs émigrés- de retour au pays se doit d’apporter de beaux cadeaux à sa famille. (Cela va de la cafetière au ventilateur). Bref, si ma valise n’est pas sortie la dernière, elle était juste avant-dernière ! Quel accueil triomphal ! Akem est dans la foule avec les jumeaux, un de ses frères, et le chauffeur.

    Ils sont d’une gentillesse exceptionnelle, et me voilà partie en compagnie de ma joyeuse escorte qui a grillé sous le soleil, car à Alger, seuls les voyageurs peuvent pénétrer dans l’aéroport qui est très surveillé.

    Cela peut se comprendre car il est impensable ici que les voyageurs ne soient pas attendus par plusieurs membres de leur famille –ce qui forme très vite, évidemment, une foule importante !-. Je propose que l’on aille prendre un verre mais le temps presse ! La sortie du parking est très embouteillée…

    Sous un chaud soleil, et un ciel bleu bleu bleu, nous partons pour Tizi Ouzou ; La route est bordée de palmiers, de marchands de pastèques et de melons installés sous leurs paillotes en palmes et roseaux secs. La circulation est intense. Ici où là, un contrôle de police, l’arme au poing.

    Le séisme d’il y a deux ans a laissé des traces ; les anciens villages ont disparu et laissé place à des «camps» de petites maisons préfabriquées. Du provisoire qui durera sans doute longtemps.


    Très vite, nous passons à l’hôtel, rendons une brève visite aux parents de Akem qui sont charmants puis, surprise, (je comprend enfin pourquoi tant de hâte) nous sommes invités à un mariage !


  • #2
    Nous arrivons à la septième robe. Akem est un peu déçue que je n’aie pu en voir davantage, mais c’est pour moi un émerveillement. La mariée apparaît voilée de blanc pour un défilé parmi les invités.

    Les «youyous» fusent, les femmes pleurent, l’émotion règne dans l’assemblée majoritairement féminine ! Puis on danse et on chante. La mère de la mariée nous remet des gâteaux traditionnels ainsi qu’un petit sachet, car il est de coutume d’emporter les gâteaux chez soi.

    La mariée juchée sur une estrade se soumet ensuite à une impressionnante séance «photo» entourée de sa famille, des grand-mères vêtues de robes kabyles très colorées. Quant au marié, il est ailleurs, en compagnie des hommes.

    Le mariage est une véritable institution qui se déroule sur plusieurs jours et l’on s’endette considérablement pour cela ; Partout l’on voit de bruyants convois de mariés, dans leurs voitures décorées de fleurs aux couleurs vives. Le «déménagement» de la mariée vers la famille du garçon est suivi par tous les invités dans un joyeux concert de klaxons ;

    Autre étape importante, le départ de la mariée du foyer de ses parents vers la famille de son mari, accompagnée des tambours traditionnels.

    Retour à pied à travers les rues de Tizi Ouzou. Des échoppes où l’on vend des cigarettes (même à la pièce) de la chique proposée dans des seaux, puis mise en petits sachets….

    La ville ressemble à un immense chantier inachevé. Ici ou là, des canalisations percées laissent s’échapper une eau précieuse. Partout s’amoncellent des ordures ménagères faisant le délice de chats malingres. Dommage… il s’agirait d’une représaille du gouvernement qui n’assure pas ses fonctions et punit ainsi la Kabylie rebelle.

    Retour chez les parents de Akem. Presque toute la famille est là et nous bavardons en français. Le père m’énumère tous ses instituteurs Français, dont l’inoubliable M. Cassoulet. Ils sont adorables et m’offrent un excellent repas;
    Je me souviens d’un délicieux plat d’olives et de carottes, de poulet, et de couscous préparé par les sœurs de Akem.

    Je me sens bien. Je suis impressionnée du calme, de l’ordre, de la propreté de l’appartement, compte-tenu du nombre de personnes habitant ici : quatorze !
    Akem a beaucoup insisté pour que je sois la quinzième,

    et je ne savais comment expliquer que je ne voulais pas être une charge supplémentaire pour sa famille. Elle a finalement accepté de me réserver une chambre à l’hôtel Lalla-Khadidjia.

    L’hôtel est agréablement décoré de poteries anciennes, et d’objets d’artisanat. Il y a une piscine, un jardin, la climatisation, et fort peu de chambres occupées. La salle de bains a un robinet qui goutte, et une baignoire qui se vide plus que lentement…

    Au petit matin, l’écho de la prière arrive jusqu’ici. (Tout cela pour 2 100 dinars la nuit, soit environ 20 euros ! Qui dit mieux ?)

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    • #3
      Tizi Ouzou est une ville inachevée, située dans une cuvette entourée de montagnes assez verdoyantes ; de nombreux immeubles sont en cours de construction depuis un temps qui me paraît indéterminé et j’ai quelques difficultés à me repérer ! Je ne suis pas la seule apparemment ; un endroit est baptisé «boulevard des 7 Salopards».

      Les constructions s’y ressemblent tellement, que les bâtisseurs ont été soupçonnés de l’avoir fait exprès pour égarer le voyageur !
      Ici ou là, des fresques peintes dans la ville rappellent les révoltes, les évènements douloureux d’un passé proche. Les émeutes de 2001 ont été sanglantes, les gendarmes n’ont pas hésité à tirer…On n’oublie pas Matoub Lounes, le chanteur.

      Vendredi
      Une longue virée en minibus (appelé «fourgon») nous emmène à Tigzirt, au bord de la Méditerranée. La route est très sinueuse, et Melkhir, la sœur de Akem, est malade. C’est son anniversaire, elle a 23 ans aujourd’hui, mais je ne le saurai qu’en fin de journée.

      Un incident exaspère Akem pendant le voyage. Quelqu’un se permet d’arrêter le bus, sous prétexte qu’il a égaré son téléphone portable, et sur un ton virulent, va jusqu’à accuser un voyageur. Le ton monte…

      Finalement, le portable sera retrouvé discrètement, mais aucune excuse ne sera formulée !

      Nous visitons les ruines gallo-romaines ; le site est très négligé. Pas de guide, aucune information sur les lieux. Seule notre imagination nous permet de retrouver des traces de vie. Le site a été pillé, et l’on aperçoit dans la ville, ici une pierre sculptée encastrée dans un portail, ou plus loin un morceau de colonne dans un muret… C’est ainsi !

      Une tente touareg est dressée près de la plage ; nous y prenons un thé à la menthe préparé en bonne et due forme par un bel «Homme bleu» venu en Kabylie apporter un peu de sa culture. Je me baigne (sans Akem ni Melkhir) dans une mer chaude et salée. La plage est noire de monde, les regards insistants ! Il y a les endroits pour filles, et ceux pour garçons…

      Samedi

      Nous nous rendons à la gare routière pour visiter Ouacifs, puis le village natal de la famille, haut perché dans les montagnes. La maman de Akem et son frère nous accompagnent.
      Le bus nous dépose dans un village ; nous traversons un marché très bien achalandé, et très animé. Les cigognes ont fait leur nid sur le minaret de la mosquée. Puis nous marchons jusqu’au village, accompagnés du chant des cigales, parmi les oliviers centenaires, sous un soleil puissant.
      Nous approchons du rocher aux singes qui n’acceptent aucune intrusion dans leur territoire, et se manifestent en grognant si nous approchons un peu trop pour cueillir «leurs» mûres.
      Nous sommes ensuite invités à prendre café et petits gâteaux dans une maison toute simple, très propre, blanchie à la chaux naturelle. Les femmes ont une conversation très animée, elles sont visiblement heureuses de se rencontrer car les visites sont rares !

      Les femmes portent une tenue toujours très colorée, la jupe est plus courte qu’en ville, la ceinture est différente. Elle permet de protéger le dos et d’y appuyer un fardeau.

      Nous rentrons en taxi passant par de jolis villages perchés. Nous visitons le village des bijoux d’argent où je remplis avec plaisir mon rôle de touriste. La montagne est belle et les habitants prennent soin de leur environnement bien mieux que dans les villes, heureusement.

      Un petit regret : les anciennes maisons de pierre disparaissent pour laisser place à des constructions de briques creuses nettement moins esthétiques.
      Retour chez Akem pour un sublime couscous.

      Je revêts avec joie la robe kabyle, et suis prête pour une leçon de cuisine. On m’apprend à rouler le couscous, à fabriquer les boulettes. Un repas délicieux qui se termine par une pastèque au parfum incomparable.

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      • #4
        Dimanche, de Assouel à Tikjda.


        Grande promenade dans le Djurjura, escortées par notre jeune chauffeur. Les paysages sont magnifiques, et forment des sculptures naturelles : la «Main du juif» «l’Eléphant» en font partie. Un paradis potentiel et inexploité pour l’escalade, le trekking ou le parapente.

        Notre jeune chauffeur nous raconte ses états d’âme, la difficulté à vivre dans la société d’aujourd’hui en Algérie. Il nous dit ses sentiments envers sa petite amie, les amours platoniques imposées par le poids des traditions, et de la religion. Il me fait lire le SMS très romantique qu’il vient de recevoir.

        Une longue conversation s’instaure sur la vie, la religion, les mariages possibles ou non entre ethnies (kabyle, marabout, chaouis). On me raconte comment ‘’on’’ dresse des barrages dans les montagne où il n’est toujours pas prudent de se promener la nuit tombée, et comment lors des émeutes de 2001, un jeune, abattu par les gendarmes, a trempé sa main dans son propre sang, l’a apposée contre un mur, puis écrit le début du mot «LIBERTE» avant de s’écrouler. Comment d’autres se sont fait arrêter en plein cours au lycée. Il n’est vraiment pas facile d’être jeune aujourd’hui en Algérie.

        Nous passons près de l’école où Akem a enseigné pour la première fois, dans un village de montagne. Paysages à perte de vue, villages haut perchés, une nature à l’état brut…J’en ai plein les yeux…

        De retour à Tizi, Akem me présente une de ses anciennes collègues, directrice de collège. Nous sommes reçues à l’improviste avec beaucoup d’empressement et de gentillesse ; L’accueil n’est pas un vain mot ici ! Les fiançailles de sa fille viennent d’avoir lieu, et une grande partie de la famille est encore présente. Là aussi, conversation très intéressante sur la philosophie de la vie. Je reçois en cadeau, des gâteaux de fiançailles.

        Je fais mes adieux à la famille de Akem, car nous avons prévu de continuer le voyage vers Béjaïa (Bgayet) puis Alger.


        Je remercie beaucoup mon « banquier » qui a eu la gentillesse de convertir au meilleur taux mes euros en dinars (l’usage de la carte bleue n’est pas entré dans les moeurs à ce jour, ici). La maman m’offre une superbe ceinture kabyle qui fera de moi une star à mon retour à l’hôtel.

        Akem m’apprend la fonction de la ceinture dans le costume traditionnel qui se compose d’une robe très colorée et brodée, d’un “timahramt”, morceau de tissu rayé noué autour de la taille, et de la fameuse ceinture multicolore à pompons. Le haut de la robe devient ainsi une espèce de besace, où les grand-mères cachent, par exemple, des bonbons que les petits-enfants s’amusent à chercher… La nuit est tombée.


        Je m’installe près de la piscine, sur la terrasse avec mon petit carnet de voyage. J’ai envie de goûter le vin d’Algérie. «Désolé, servir du vin n’est pas permis. Mais la bière, oui !» me répond le serveur amusé. Je suis seule et femme de surcroît. Forcément, j’intrigue. On m’observe, on m’emprunte un stylo pour me voir de plus près… L’air est doux, le croissant de lune est oblique dans la nuit étoilée...

        Lundi,

        Nous prenons un taxi collectif ; Akem négocie le reste de la course car il n’y a pas de compteur. Uniquement la parole ! Une longue journée de voyage dans une guimbarde brinquebalante nous attend. J’avais promis à ma nièce Stéphanie de rendre visite à son oncle qui habite Lakhdaria (Palestro étant l’ancien nom de l’époque française). Sur la carte, cela représentait un petit détour ; Je ne connaissais pas les routes kabyles, ni les « règles » de conduite automobile ! J’y reviendrai plus tard…
        Stéphanie m’avait donné l’adresse de son oncle, marchand de chaussures, en m’assurant que tout le monde le connaissait, là-bas ! Lakhdaria possède une rue principale, où il y a essentiellement des marchands de chaussures, alternant avec des cafés, et des étals de légumes…. Sans Akem, sans le chauffeur de taxi, jamais je n’aurai trouvé l’oncle !

        Nous finissons par le rencontrer dans sa villa, en compagnie de deux de ses filles. Il est tout surpris et heureux, et ne veut pas nous laisser partir ! Il me montre des tas de photos, d’ailleurs j’y figure lors du mariage de Stéphanie !
        Je dois lui promettre, si je reviens en Algérie, de venir habiter chez lui… Une surprise, les filles ne parlent pas la langue kabyle.


        Les femmes voilées sont plus nombreuses ici qu’à Tizi Ouzou, et un autre état d’esprit semble régner.


        Pour nous remettre de cette aventure, j’invite le chauffeur à nous accompagner au restaurant. On nous installe tous les trois au fond de la salle, derrière un moucharabieh ; Akem et moi nous sentons simplement « tolérées », il faut bien le dire. Les femmes, même déshydratées comme moi, n’entrent pas dans les cafés…


        En route pour Bejaïa autrefois appelée Bougie. Après avoir parcouru un paysage d’oliviers, une route bordée de marchands de figues de barbarie posées dans les petits paniers, (et aussi d’un immense marché de pièces de voitures d’occasion) nous arrivons dans la ville sous une magnifique voûte d’arbres de couleur vert émeraude. C’est sublime sous le soleil de cette fin d’après-midi. Nous trouvons une chambre libre dans un hôtel du centre-ville à la façade honorable, et pourtant incroyable. Il n’y a pas de savon, il me faut réclamer des serviettes éponge, et du papier toilette ! J’avais oublié les coutumes locales… Moi qui avais demandé à Akem de vivre la «vraie» vie algérienne, je n’ai pas été déçue ! Le règlement de l’hôtel stipule -entre autres- que les animaux ne sont pas admis, mais les cafards ne savent pas lire apparemment !


        Notre chambre possède une fenêtre donnant sur une cour intérieure où nos voisins donnent des «conférences» interminables par téléphones portables interposés, bref, une vraie expérience dont je vous passe les détails!
        Tandis que Akem s’installe, je décide d’acheter quelques cartes postales. Je fais ainsi la connaissance d’un libraire très sympathique, un vrai Bougiotte, qui se propose de nous «montrer» sa ville le lendemain, comme seul un vrai Bougiotte peut le faire. Invitation acceptée, In challah !

        La soirée est agréable, nous nous promenons jusqu’à la place ……aux allures coloniales qui domine le port tout illuminé. Nous prenons une grillade, puis au lit pour une très courte nuit compte tenu de notre «discret» voisinage !

        Mardi,

        Nous voilà parties voir les célèbres cascades. Le taxi –bien négocié- longe les plages de sable fin, et nous sommes loin d’être seuls sur la route !
        A ce propos, voici la technique pour se faufiler dans les embouteillages :
        1°, avoir un vieux taxi
        2°, se faufiler sur les bas-côtés dans un beau nuage de terre sèche
        3°, remonter la file embouteillée sur quelques centaines de mètres
        4°, repérer un véhicule rutilant, neuf, et sans bosse
        5°, réintégrer la file devant cette belle voiture qui vous cédera la place sans discuter.

        Je ne vous parle pas des sens interdits (qui n’ont aucun sens), des lignes continues (qui n’ont aucune fonction précise) ni des feux rouges qui n’existent pas. De toute façon, ni le rouge ni le vert ne seraient respectés. Il fait chaud, très chaud ; La cascade grande et belle est prise d’assaut par une foule de jeunes garçons qui grimpent et plongent joyeusement. C’est très spectaculaire ; un vrai moment d’insouciance. Les filles quant à elles, se contentent de regarder d’un peu plus loin.


        Poursuite vers la grotte enchanteresse… enchanteresse ? Il s’agit d’une grotte aux stalactites et stalagmites extraordinaires. La preuve, nous sommes nombreux à attendre l’ouverture des lieux, prévue à 14 h. 14 h 15, rien ne bouge. 14h 30, toujours rien. Nous attendons sagement parmi la foule sous un tunnel où les automobilistes prennent plaisir à klaxonner en passant pour jouir de l’écho. C’est assez effroyable, il faut bien l’avouer… Certains se découragent et font demi-tour, mais nous tenons bon malgré la chaleur et le bruit. 15h, toujours rien…. le chauffeur de taxi nous attend, et nous avons rendez-vous avec le libraire bougiote à 16 h !!!


        15 h 15, nous renonçons à la visite. La grotte n’ouvrira pas. Les visiteurs n’en seront pas informés et la foule continuera d’attendre sagement ! Existe-t-il un ministère du Tourisme en Algérie ?


        Notre libraire a délaissé son magasin pour nous faire l’honneur de visiter le cap Carbon. Il nous emmène dans une belle Renault Scénic qu’il semble ne pas très bien maîtriser par ailleurs.


        S’ensuit une longue balade à pied en compagnie des singes cabotins, dans ce magnifique paysage de rochers plongeant dans une mer bleue limpide. La promenade est superbe, malheureusement, ici où là, les ordures

        s’accumulent et les quelques panneaux incitant à la protection de la nature ne suffiront sans doute pas à résoudre le problème.

        Vite vite, nous avons rendez-vous avec M’hand, compagnon des tribulations universitaires de Akem. Nous sommes en retard, il nous attend patiemment près de notre hôtel et nous invite au restaurant.
        M’hand, le compteur d’allumettes…. Je lui souhaite de les craquer très vite, car la vie est courte…


        Il a été nommé à l’université de Bougie, et a donc quitté Tizi Ouzou ; Il nous accueille ensuite dans son grand appartement (il a de la chance !) où nous conversons très longuement avant de rentrer à l’hôtel à pied, en sa compagnie, dans une ville déserte et silencieuse, sous un ciel étoilé.

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        • #5
          Mercredi
          Akem n’est pas très en forme ce matin. Cependant, elle m’emmène sur les hauteurs de Bougie, M’hand nous accompagne. La montagne Gouraya a une forme de femme allongée, un mausolée établi sur les bases d’un ancien fort espagnol se trouve au sommet.


          Deux dames sont installées sur le chemin ; Elles posent du henné dans le creux de la main des visiteurs et il est de coutume de manger une cuillère de couscous puis, bien sûr, de formuler un vœu, ce que je ne manque pas de faire, bien sûr…


          De là-haut, on surplombe toute la ville et le port. C’est grandiose. Une petite balade dans les escaliers de la ville ancienne aux façades blanches et bleues, nous ramène au port. Akem souffre de plus en plus hélas, et nous décidons de rentrer à Tizi. Je verrai Alger une autre fois, in challah !


          Nous trouvons un bus et rentrons par une route qui serpente dans la montagne. Un petit arrêt près d’une source permet aux voyageurs de se désaltérer. Ici et là, toujours des postes de police. Véhicules guerriers, sacs de sable, armes, tout semble prêt pour une intervention.


          Plusieurs feux de forêt à l’horizon. Il parait que l’armée brûle parfois des collines, pour en chasser les... Et voilà à nouveau «l’envahisseuse» chez les parents de Akem. Tandis qu’elle se repose et se soigne, j’accompagne les parents pour une petite visite chez des cousins.


          La maman de Akem est très belle ce soir dans sa robe rouge et or ! J’insiste mais ne parviens pas à les inviter au restaurant. Pourtant, j’aurai tellement aimé les voir tous ensemble autour de la même table. Et je dormirai chez eux. C’est incontournable. (Je crois qu’il y a un peu de caractère breton chez les Kabyles !).


          Je dormirai dans la chambre des filles qui sont déjà quatre. Des matelas de laine de mouton sont installés sur le sol. Pendant la journée, ils sont rangés sur un beau lit de bois sculpté. C’est très confortable, et je dors bien dans les draps de coton rose.

          Jeudi,

          Départ matinal ; je suis accompagnée du père et de son fils………. J’ai quelques scrupules à déranger tout le monde, mais jamais aucun voyageur ici ne repart seul…
          Voilà ce que j’ai entrevu de cette région d’Algérie, ce qui m’a étonnée, ce qui m’a surprise.

          J’emporte avec moi de très beaux souvenirs, des leçons de simplicité, de générosité, de partage et surtout d’accueil.


          J’ai une très grande admiration pour les parents de Akem, pour l’éducation qu’ils ont transmise à leurs enfants : La tradition, la culture kabyle, mais aussi et surtout une grande ouverture sur le monde. Beaucoup d’admiration aussi pour les étudiants, car les conditions de travail ne sont pas faciles !


          Encore mille «S SAHIT» à toi Akem, pour cette invitation ; tu m’as tant appris sur ton fier pays rebelle ; je n’ai relaté ici qu’une infime partie de ce que nous avons vécu, le reste est consigné dans ma mémoire.


          Et merci à toi, Jean-Pierre, pour avoir accepté que je m’échappe une fois de

          plus !
          Carnet de bord
          ‘’détourné’’ par T.O.A

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          • #6
            comme j'aurais aimé être à sa place !

            merci Nedjma
            Dernière modification par Absente, 23 juillet 2006, 18h07.

            Commentaire


            • #7
              Mekench Mouchkel Makéda ,


              je suis certaine que beaucoup de forumistes de l'Algérie te recevront avec un grand plaisir , car tu aimes vraiment l'Algérie


              je ne peux m'empecher de rire en lisant ce passage


              Moi qui avais demandé à Akem de vivre la «vraie» vie algérienne, je n’ai pas été déçue ! Le règlement de l’hôtel stipule -entre autres- que les animaux ne sont pas admis, mais les cafards ne savent pas lire apparemment !
              Dernière modification par absente, 23 juillet 2006, 20h17.

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              • #8
                il y a beaucoup de passages très émouvants ou drôles dans le journal d'Edith

                elle a un regard très ouvert ...elle voit avec le coeur

                Merci Nedjma

                mon fils rêve d'Amérique, plutot de Montreal
                il est à l'âge où l'on a envie de construire...

                moi, je rêve d'Algérie...où il y a aussi à construire certes mais il y a aussi des traditions

                à mon âge, on aime ce qui vient du passé...

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                • #9
                  Effectivement, il y a pleins de passages touchant dans ce récit (le contenu du journal).On doit etre très sensible et avoir un coeur si doux pour prendre tous pleine de tendresse et de profondeur et réagir de la manière dont elle décrit les choses...Les gens de chez font ses choses car ils sont comme ça (chaleureux et bons) sans excès..... Merci d'avoir partagé.

                  moi, je rêve d'Algérie...où il y a aussi à construire certes mais il y a aussi des traditions
                  Un reve si beau et facile arealiser...Tout simplement bienvenue.


                  Commentaire


                  • #10
                    Nedjma

                    Nedjma,
                    Oh! cher chti! quel plaisir j'ai eu de te lire. Emporté par ta plume j'ai dévouvert à travers elle une sensibilité respectueuse de la différence des autres qui semble, comme le disait Saint Exupéry, t'enrichir. C'est un vrai bonheur que ton récit. Simple, dirtect, dans échapatoire, un vérité dite avec amour des autres. Tu as retrouvé tout ce que ma jeunesse passée en Algérie a laissé dans mon ame et mon coeur. La gentillesse des gens de mon pays. Et souvent les plus démunis qui sont prét à tout pour dire combien notre visite leur fait plaisir. Valeur de l'hospitalité qui s'effiloche dans notre pays. Nos amis Algériens, qu'ils soient kabyles ou autres ne savent pas quoi faire pour nous être agréables. Chaleureux, attentionnés, attentifs, courtois, généreux, gentilles, respectueux, ils sont là à se couper en mille pour nous êtres agréables. C'est çà mes amis algériens et quelque soit leur niveau social. J'aime aussi à me rappeler les odeurs, les lumiéres, les éclairages. Cette grotte merveilleuse que tu n'as pas visité est de ma région, celle de Jijel. Qu'elle était belle cette grotte qui a mis des siécles et des siécles pour se laisser visiter par les hommes dont certains ont malheureusement mis que quelques heures pour détruire cette extraordinaire beauté ancestrale. Mon Algérie est mon Algérie quelle qu'elle soit. C'est un véritable joyaux. Cette corniche Jijel Bejaia devrait être classée au patrimoine de l'Unesco. Mais les hommes sont fous et si l'on ne prend garde dans quelques décennies une magnifique, grandiose,immensemment belle nature sera détruite. Dieu jette un oeil compatissant sur ce beau pays et son peuple. Donne lui la force, la volonté, le courage de devenir le phare du Maghreb. Elle en a tous les atouts il suffit simplement que son peuple le veuille. Inch'Allah Nedjma Inch'Allah.
                    Merci pour ta prose, merci pour ces petites larmes qui sont venues sournoisement brouiller ma vue.
                    Je t'embrasse trés fraternellement car maintenant je sais que jamais plus tu n'oublieras ce pays qui a été le mien de 1942 à 1962 et que je considérais jusqu'à ma mort comme mon pays natal qui m'a tant et tant donné de bonheur.
                    Claudehenri

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                    • #11
                      claudehenri

                      Ton message me touche énormément , mais j'aimerai préciser que je ne suis pas l'auteur , mais ce merveilleux récit , je j'ai découvert a la depeche de kabylie ,

                      Ca me fait tellement plaisir de partager ce témoignage plein de chaleur et d'amour pour notre pays , avec des gens comme vous , comme Makéda , l'adorable Thirga , Kikka , Hippone , Bloum , Hellas , des gens qui n'oublieront jamais l'Algerie , meme s'ils vivent loin d'elle .....

                      Nos amis Algériens, qu'ils soient kabyles ou autres ne savent pas quoi faire pour nous être agréables. Chaleureux, attentionnés, attentifs, courtois, généreux, gentilles, respectueux, ils sont là à se couper en mille pour nous êtres agréables. C'est çà mes amis algériens et quelque soit leur niveau social
                      on ne peux imaginer a quel point les algériens sont généreux ...meme dans leurs pauvreté et leurs misére , ils ne peuvent pas ne pas l'etre .. a quatorze dans un Appartement Akem a beaucoup insisté pour que son invitée (la francaise ) soit la quinzième .......

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                      • #12
                        Merci nedjma de m'avoir fait voyager par l'entremise de ton amie. Quel beau récit, qui sent toute l'affection de cette fille pour votre pays. Ca donne vraiment le goût de l'imiter.

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                        • #13
                          C'est moi qui te remercie Chouki

                          Ca donne vraiment le goût de l'imiter.
                          Et pourquoi pas ?? tu seras toujours la Bienvenue en Algérie ........

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                          • #14
                            il est tres bien ce recit, ca donne vraiment envie d'y aller....

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                            • #15
                              merci c t avec beaucoup de plaisir

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