Journal d’une Française en voyage
Un été, quelques jours en Kabylie…
Edith, une Française habitant la région de Lille, a été invitée par son amie algérienne, qu’elle appelle Akem à passer quelques jours chez elle en Kabylie. Durant son séjour son ‘’carnet de bord’’ n’a pas chômé. Elle y a consigné ce qu’elle a entrevu de la Kabylie. Elle nous a permis de livrer à nos lecteurs son appréciation de la Kabylie. Nous l’en remercions.
Simon m’emmène à l’aéroport de Lesquin, sous un ciel gris. Je suis enchantée de cette escapade très inattendue ; J’ai rencontré Akem — c’est le premier pronom personnel kabyle que j’ai appris — en septembre dernier à l’université, où elle était venue terminer un DEA. (diplôme d’études approfondies)
Du feeling, des points communs, quelques instants passés ensemble, et me voilà invitée à découvrir la Kabylie.
Jamais je ne pensais accepter cette invitation, et pourtant, aux alentours d’avril-mai, après un coup de blues, je me suis décidée –contre l’avis général- à me lancer dans ce qui était considéré par mon entourage comme une petite aventure, car l’Algérie a chez nous une réputation sulfureuse !
Tout a commencé par la recherche d’un billet d’avion ; Sur les conseils de Dahila, (femme de ménage à l’université), je me suis rendue dans une agence située dans le quartier de Wazemmes à Lille ; il m’a fallu un peu de patience, (quelques heures d’attente dans un bureau surpeuplé, avec des sonneries de téléphone incessantes), pour obtenir le billet convoité.
La seconde étape étant l’obtention d’un visa. Le consulat d’Algérie à Lille ressemble un peu à la cour des miracles ; Ne serait-ce que pour obtenir un document indiquant les éléments à fournir, il faut accéder au guichet, et en ce mois de juillet, cela prend deux bonnes heures.
Il y a des familles qui viennent de tout le département pour chercher qui un visa, qui un passeport. Les enfants jouent, les bébés pleurent, mais tout se passe dans une ambiance «bon enfant». Je suis un peu la bête curieuse, et l’on se demande ce que je fais là.
Cette queue a quand même une fonction intéressante au niveau de l’information, car aucun guide touristique digne de ce nom n’existe vraiment à ma connaissance. Du moins, je n’en ai trouvé qu’un seul qui ressemblait plus à un guide ferroviaire, à une longue liste de villes et leur nombre d’habitants, agrémenté de quelques photos sinistres ; Bref, un document qui ôterait toute envie de découvrir l’Algérie.
C’est donc en faisant la queue que j’ai appris par exemple qu’il ne faut pas déclarer tous ses «euros» ; Cela permet des taux de change plus intéressants. On m’a également indiqué comment faire pour éviter que votre valise soit fouillée : «tu poses au dessus, bien en évidence, des sous-vêtements». J’ai vérifié, ça marche ! C’en est même un peu inquiétant !
Comme vous le voyez, il faut donc être motivé pour entreprendre une telle escapade.
Je voyage avec Rafik, 8 ans. Il rejoint son père qu’il n’a pas vu depuis deux ans. Il me parle de sa maman, de son demi-frère, et me montre des photos.
-«Mon papa me doit deux cadeaux d’anniversaire»
-«J’ai de l’argent, et je vais acheter un poussin»
-« Regarde, ma mère m’a donné son cœur en argent !» (Il me demande si ça ne fait pas trop « fille »). Il est inquiet d’être pendant tout un mois loin de sa maman. Je lui prête un stylo, car il tient à remplir lui-même le document d’entrée en Algérie.
Je sers également d’écrivain public à une passagère et le voyage (deux heures trente) passe très vite. Me voilà à Alger.
La sortie de l’avion se voit retardée par l’hôtesse «chef» qui refuse de commencer le débarquement si Rafik n’est pas pris en charge en priorité par un accompagnant. Dix bonnes minutes se passent … Je m’étonne du calme des voyageurs.
S’ensuit la petite galère des bagages qui sont très très nombreux car chaque touriste –c’est comme ça qu’on appelle les travailleurs émigrés- de retour au pays se doit d’apporter de beaux cadeaux à sa famille. (Cela va de la cafetière au ventilateur). Bref, si ma valise n’est pas sortie la dernière, elle était juste avant-dernière ! Quel accueil triomphal ! Akem est dans la foule avec les jumeaux, un de ses frères, et le chauffeur.
Ils sont d’une gentillesse exceptionnelle, et me voilà partie en compagnie de ma joyeuse escorte qui a grillé sous le soleil, car à Alger, seuls les voyageurs peuvent pénétrer dans l’aéroport qui est très surveillé.
Cela peut se comprendre car il est impensable ici que les voyageurs ne soient pas attendus par plusieurs membres de leur famille –ce qui forme très vite, évidemment, une foule importante !-. Je propose que l’on aille prendre un verre mais le temps presse ! La sortie du parking est très embouteillée…
Sous un chaud soleil, et un ciel bleu bleu bleu, nous partons pour Tizi Ouzou ; La route est bordée de palmiers, de marchands de pastèques et de melons installés sous leurs paillotes en palmes et roseaux secs. La circulation est intense. Ici où là, un contrôle de police, l’arme au poing.
Le séisme d’il y a deux ans a laissé des traces ; les anciens villages ont disparu et laissé place à des «camps» de petites maisons préfabriquées. Du provisoire qui durera sans doute longtemps.
Très vite, nous passons à l’hôtel, rendons une brève visite aux parents de Akem qui sont charmants puis, surprise, (je comprend enfin pourquoi tant de hâte) nous sommes invités à un mariage !
Un été, quelques jours en Kabylie…
Edith, une Française habitant la région de Lille, a été invitée par son amie algérienne, qu’elle appelle Akem à passer quelques jours chez elle en Kabylie. Durant son séjour son ‘’carnet de bord’’ n’a pas chômé. Elle y a consigné ce qu’elle a entrevu de la Kabylie. Elle nous a permis de livrer à nos lecteurs son appréciation de la Kabylie. Nous l’en remercions.
Simon m’emmène à l’aéroport de Lesquin, sous un ciel gris. Je suis enchantée de cette escapade très inattendue ; J’ai rencontré Akem — c’est le premier pronom personnel kabyle que j’ai appris — en septembre dernier à l’université, où elle était venue terminer un DEA. (diplôme d’études approfondies)
Du feeling, des points communs, quelques instants passés ensemble, et me voilà invitée à découvrir la Kabylie.
Jamais je ne pensais accepter cette invitation, et pourtant, aux alentours d’avril-mai, après un coup de blues, je me suis décidée –contre l’avis général- à me lancer dans ce qui était considéré par mon entourage comme une petite aventure, car l’Algérie a chez nous une réputation sulfureuse !
Tout a commencé par la recherche d’un billet d’avion ; Sur les conseils de Dahila, (femme de ménage à l’université), je me suis rendue dans une agence située dans le quartier de Wazemmes à Lille ; il m’a fallu un peu de patience, (quelques heures d’attente dans un bureau surpeuplé, avec des sonneries de téléphone incessantes), pour obtenir le billet convoité.
La seconde étape étant l’obtention d’un visa. Le consulat d’Algérie à Lille ressemble un peu à la cour des miracles ; Ne serait-ce que pour obtenir un document indiquant les éléments à fournir, il faut accéder au guichet, et en ce mois de juillet, cela prend deux bonnes heures.
Il y a des familles qui viennent de tout le département pour chercher qui un visa, qui un passeport. Les enfants jouent, les bébés pleurent, mais tout se passe dans une ambiance «bon enfant». Je suis un peu la bête curieuse, et l’on se demande ce que je fais là.
Cette queue a quand même une fonction intéressante au niveau de l’information, car aucun guide touristique digne de ce nom n’existe vraiment à ma connaissance. Du moins, je n’en ai trouvé qu’un seul qui ressemblait plus à un guide ferroviaire, à une longue liste de villes et leur nombre d’habitants, agrémenté de quelques photos sinistres ; Bref, un document qui ôterait toute envie de découvrir l’Algérie.
C’est donc en faisant la queue que j’ai appris par exemple qu’il ne faut pas déclarer tous ses «euros» ; Cela permet des taux de change plus intéressants. On m’a également indiqué comment faire pour éviter que votre valise soit fouillée : «tu poses au dessus, bien en évidence, des sous-vêtements». J’ai vérifié, ça marche ! C’en est même un peu inquiétant !
Comme vous le voyez, il faut donc être motivé pour entreprendre une telle escapade.
Je voyage avec Rafik, 8 ans. Il rejoint son père qu’il n’a pas vu depuis deux ans. Il me parle de sa maman, de son demi-frère, et me montre des photos.
-«Mon papa me doit deux cadeaux d’anniversaire»
-«J’ai de l’argent, et je vais acheter un poussin»
-« Regarde, ma mère m’a donné son cœur en argent !» (Il me demande si ça ne fait pas trop « fille »). Il est inquiet d’être pendant tout un mois loin de sa maman. Je lui prête un stylo, car il tient à remplir lui-même le document d’entrée en Algérie.
Je sers également d’écrivain public à une passagère et le voyage (deux heures trente) passe très vite. Me voilà à Alger.
La sortie de l’avion se voit retardée par l’hôtesse «chef» qui refuse de commencer le débarquement si Rafik n’est pas pris en charge en priorité par un accompagnant. Dix bonnes minutes se passent … Je m’étonne du calme des voyageurs.
S’ensuit la petite galère des bagages qui sont très très nombreux car chaque touriste –c’est comme ça qu’on appelle les travailleurs émigrés- de retour au pays se doit d’apporter de beaux cadeaux à sa famille. (Cela va de la cafetière au ventilateur). Bref, si ma valise n’est pas sortie la dernière, elle était juste avant-dernière ! Quel accueil triomphal ! Akem est dans la foule avec les jumeaux, un de ses frères, et le chauffeur.
Ils sont d’une gentillesse exceptionnelle, et me voilà partie en compagnie de ma joyeuse escorte qui a grillé sous le soleil, car à Alger, seuls les voyageurs peuvent pénétrer dans l’aéroport qui est très surveillé.
Cela peut se comprendre car il est impensable ici que les voyageurs ne soient pas attendus par plusieurs membres de leur famille –ce qui forme très vite, évidemment, une foule importante !-. Je propose que l’on aille prendre un verre mais le temps presse ! La sortie du parking est très embouteillée…
Sous un chaud soleil, et un ciel bleu bleu bleu, nous partons pour Tizi Ouzou ; La route est bordée de palmiers, de marchands de pastèques et de melons installés sous leurs paillotes en palmes et roseaux secs. La circulation est intense. Ici où là, un contrôle de police, l’arme au poing.
Le séisme d’il y a deux ans a laissé des traces ; les anciens villages ont disparu et laissé place à des «camps» de petites maisons préfabriquées. Du provisoire qui durera sans doute longtemps.
Très vite, nous passons à l’hôtel, rendons une brève visite aux parents de Akem qui sont charmants puis, surprise, (je comprend enfin pourquoi tant de hâte) nous sommes invités à un mariage !
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