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Maroc;l'adaptation anticipee a la secheresse

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  • Maroc;l'adaptation anticipee a la secheresse

    Si le ciel se montre clément ces derniers temps avec un taux de pluviométrie favorable, il n’en a pas été ainsi durant les dernières décennies. Depuis, les années 80, la sécheresse est devenue au Maroc un phénomène naturel structurel.

    «L’Afrique et la rive sud de la Méditerranée sont touchées par la sécheresse entraînant des conséquences fâcheuses sur l’agriculture et cela s’amplifie avec le réchauffement climatique dans une région qui souffre déjà d’un manque d’eau», a souligné Mohamed Sadiki, directeur général de l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II, lors de l’atelier organisé dernièrement à Rabat sur le thème «Amélioration de l’alerte précoce pour l’adaptation à la sécheresse en Afrique» (Dewfora).

    Une rencontre qui a réuni 45 participants d’Europe et d’Afrique couronne deux années de travaux et études, financés par l’Union européenne (UE). Ce projet de recherche a concerné quatre bassins : bassin du Nil en Égypte, bassin du Niger, bassin Limpopo en Afrique du Sud et bassin Oum Er Rbia au Maroc et au Botswana. «Notre projet pour Oum Er Rbia a pour objectif notamment le développement d’une plate forme de partage de connaissances, l’organisation de formations ainsi que la réalisation d’un film pour présenter au grand public les acquis de notre expérience», a noté Antonio Lopez-Francos de l’Institut agronomique méditerranéen de Saragosse. Cet atelier a été aussi l’occasion de présenter l’expérience algérienne en matière d’adaptation à la sécheresse. «Face à la sécheresse répétitive dans notre pays, le bilan hydrique est devenu déficitaire et des parcours ont eu des difficultés à se régénérer. Cette situation qui a perturbé le marché de la viande a incité les éleveurs à s’adapter. Ainsi, ils ont adhéré à des organismes pour pouvoir bénéficier des aides de l’État ou se sont transformés en gardiens d’animaux d’autrui pour améliorer leurs revenus mensuels», a indiqué Mohamed Kanoun de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) en Algérie.
    La sécheresse est un processus lent et il devient nécessaire d’anticiper. Aux États unis et en Australie, il existe des plans de gestion de la sécheresse qui décrivent, de manière précise, les différents seuils de sécheresse et les mesures d’adaptation à entreprendre. Ce qui n’est pas le cas de la politique nationale, qui se limite à réagir aux conséquences immédiates de la sécheresse. Ce retard résulte en grande partie du manque de coordination entre les départements ministériels concernés par l’adaptation à la sécheresse. Selon des responsables présents à cet atelier, il n’y aura pas de progrès dans ce domaine, si les chercheurs refusent de partager leurs connaissances. «La prévision de la sécheresse est un travail multidimensionnel et il faut le concours de tous les départements ministériels concernés par ce sujet.

    Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Je peux citer l’exemple de la Direction de la météorologie nationale qui est absente à notre rencontre», a souligné Oumaima Lahlou, enseignante-chercheur à l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II à Rabat. En 2001, le Maroc a lancé en collaboration avec les États-Unis, l’Observatoire national de la sécheresse. Mais cette structure chargée de coordonner la politique nationale en matière de lutte contre la sécheresse a disparu des radars. Ce qui est une aberration pour un pays, qui souffre depuis des années d’une sécheresse devenue structurelle et dont l’impact sur les populations rurales ne cesse de croître. L’exode rural est une des grandes conséquences de ce phénomène naturel extrême.
    Questions à : Yasmina Imani, enseignante chercheur à l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II

    «L’Observatoire national de la sécheresse est en panne»

    En matière d’adaptation à la sécheresse, l’Australie et les États-Unis sont cités comme des références. Dans ce sens, quelles ont été leurs principales actions ?
    Le National Drought Mitigation Center (NDMC) des États-Unis et le Bureau de la météorologie australien (BOM) suivent de manière continue et régulière l’évolution de la situation climatique, hydrologique et agronomique. Ces informations sont synthétisées dans des cartes dynamiques de l’évolution de la situation de sécheresse publiées périodiquement au niveau des sites institutionnels, mais aussi des médias qui en assurent une large diffusion. Des cartes de prévisions saisonnières (à trois mois) sur les perspectives d’apparition et d’évolution de la sécheresse sont également publiées régulièrement. Ainsi, une alerte précoce est émise lorsque des «signes éclaireurs» apparaissent. Des plans de gestions de la sécheresse qui décrivent de manière précise, les différents seuils de sécheresse et les mesures d’adaptation correspondantes sont alors déclenchés. Aux États-Unis, il existe des plans de gestion de la sécheresse par État, bassin hydraulique, comté, ville et parfois même par exploitation agricole.
    Le Maroc peut-il s’inspirer des expériences australienne et américaine en matière d’adaptation à la sécheresse ?
    Le Maroc peut tout à fait s’inspirer de ces expériences. D’ailleurs, il l’a déjà fait dans le passé.
    En effet, suite aux grandes sécheresses des années 80 et 90, un Observatoire national de la sécheresse (ONS) a été créé en 2001 sur le modèle et avec le concours des experts du National Drought Mitigation Center (NDMC) des États-Unis. Malheureusement, une décennie plus tard, cet observatoire n’est plus fonctionnel en raison notamment du manque de coopération entre les différentes institutions et départements ministériels assurant le suivi et la réponse à la sécheresse.
    Vous dites que la création d’un système national d’alerte à la sécheresse est possible, mais il existe des obstacles. Lesquels ?
    Au Maroc, la densité et le degré d’automatisation des réseaux de mesure météorologiques et hydrologiques demeurent faibles. Le calcul des indices de sécheresse ne se fait pas sur une base régulière et les seuils de sécheresse ne sont pas définis de manière claire et précise. L’information, lorsqu’elle existe, est souvent trop technique et peu
    diffusée. Cependant, un système d’alerte doit être basé sur l’état actuel et la prévision de l’évolution de la situation climatique, hydrologique et agronomique et le principal frein demeure le manque de communication et de coopération entre les différentes institutions assurant le suivi de ces informations.
    Phénomène global

    «Situé dans une zone aride et semi-aride, le Maroc connaît des températures moyennes annuelles élevées, dépassant les 20 °C dans le Sud et plus douces le long du littoral».
    L’évolution de la température des 50 dernières années, dans plusieurs stations météorologiques nationales, montre que les températures maximales d’hiver, et minimales et maximales d’été, s’inscrivent plutôt dans une tendance haussière, tandis que la température minimale d’hiver connaît une tendance à la baisse. En termes d’évolution générale, le Maroc aura connu une augmentation de sa température moyenne d’environ 1°C, renseignant sur le phénomène global de réchauffement climatique.

    LE MATIN MA
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