Les défaillances intrinsèques du capitalisme
Le courant politique de l’écosocialisme est d’abord fondé sur un constat scientifique : le réchauffement global dont souffre la planète (auquel on pourrait adjoindre la dégradation des nappes phréatiques et de la biodiversité terrestre et marine, la perturbation du cycle carbone et de celui de l’ azote – responsable de l’épuisement des terres – le tarissement des ressources naturelles…) s’approche dangereusement de seuils critiques pour la survie de l’humanité.
Le réchauffement climatique englobe tous les aspects de la destruction irraisonnée dont souffre notre environnement du fait de sa soumission à un système économique construit sur une croissance expansive, sur l’accumulation illimitée du capital et la surproduction exponentielle des biens. Ce système économique porte un nom : le capitalisme.
Productiviste par essence, le capitalisme globalisé – orienté par la spéculation et permis par le libre-échange – est intrinsèquement défaillant dans la prise en compte et le traitement des contradictions qu’il fait supporter à l’environnement, aujourd’hui surexploité. D’un mot, les intérêts de la nature, qui sont aussi les intérêts de l’humanité, sont étrangers aux intérêts du capital. Et la croissance des forces productives s’est transformée en croissance de forces destructives. L’écosocialisme est donc antilibéral : il rejette le modèle de société néolibéral fondé sur un individualisme abstrait, sur la croissance, la propriété privée et la privatisation du monde, la concurrence de tous contre tous et l’autonomisation agressive du champ économique.
À distance du capitalisme vert et de l’écologie profonde
L’écosocialisme porte ainsi une écologie politique aux antipodes du capitalisme vert défendu par les thuriféraires du développement durable, dont on ne sait plus vraiment s’ils sont sociaux-démocrates ou carrément néolibéraux, tant la distinction concrète entre ces deux appellations politiques devient ténue à l’âge de la globalisation. Le capitalisme vert nourrit le tort fondamental de ne pas remonter aux origines profondes des contradictions entre productivisme et respect de l’environnement. Croyant pouvoir corriger la dégradation des écosystème en recourant à des solutions de marché (comme les droits à polluer), il contribue en fait à installer l’environnement dans la sphère de la marchandisation et à le subsumer sous la rationalité capitaliste. Résultat : une financiarisation galopante de la nature, véritable violation de son caractère universel. Une voie sans-issue, donc. Pire : un cercle vicieux.
Mais l’écosocialisme se porte également à distance de la « deep écologie » dessinée par le norvégien Arne Naess, où l’humanité se voit rabaisser à sa pure condition biologique, espèce parmi d’autres dans le sein d’une mère Nature exempte de hiérarchies. Cette vision relativiste qui propose de donner les mêmes droit à toutes les espèces vivantes – voire à tous les composants de l’environnement – remet fondamentalement en cause l’humanisme des Lumières posé par la Révolution française. Or, l’écosocialisme se veut d’abord un projet humaniste, porté par une espèce seule capable de s’organiser politiquement au sein de la Res publica et de formuler des principes de justice. Il réaffirme ainsi avec Jean Jaurès que le socialisme est l’aboutissement logique de la République.
Une nouvelle émancipation collective
L’écosocialisme constitue donc un courant politique révolutionnaire qui ambitionne de transformer radicalement la forme de notre régime politique et le contenu de notre organisation sociale. Son enjeu n’est pas seulement de protéger la nature en tant que domaine distinct et séparé des activités humaines, mais de protéger et d’enrichir l’environnement de vie des êtres humains. Il s’appuie sur les conséquences politiques universelles de la crise environnementale pour réaffirmer l’existence tangible d’un intérêt général humain, limite et démenti cinglant de la fiction de l’individualisme néolibéral. Puisqu’un intérêt général est prouvé, il convient de réencastrer économie et politique, de réaffirmer que l’activité économique doit être démocratiquement élaborée en fonction de sa finalité sociale et collective. Il devient par conséquent urgent de réinventer des procédures économiques centrées sur la valeur d’usage (aujourd’hui parfaitement déconnectée de la valeur d’échange).
Cette réévaluation de la valeur d’usage prend sa place dans une pensée politique du temps long, délivrée du court-termisme par une planification écologique collectivement déterminée, à même de prendre les mesures nécessaires à une réelle transition écologique et à observer avec constance le respect de l’environnement nécessaire à la perpétuation de l’espèce humaine dans un climat civilisé. Radicalement démocratique, le projet écosocialiste inscrit son action vers une émancipation renouvelée des citoyens et suppose une socialisation des moyens de productions comme des ressources naturelles, élevées au rang de biens communs.
Ce socialisme nouveau, critique non seulement des rapports de production mais également des conditions de production, se propose de résoudre à la fois les antagonisme entre capital et nature et les antagonismes entre capital et travail. De fait, le projet écosocialiste appelle à la reconstruction d’un imaginaire collectif libéré des abyssales vacuités du consumérisme, délaissant le quantitatif pour le qualitatif en chaque chose, à commencer par le rapport aux autres et à l’environnement.
Le courant politique de l’écosocialisme est d’abord fondé sur un constat scientifique : le réchauffement global dont souffre la planète (auquel on pourrait adjoindre la dégradation des nappes phréatiques et de la biodiversité terrestre et marine, la perturbation du cycle carbone et de celui de l’ azote – responsable de l’épuisement des terres – le tarissement des ressources naturelles…) s’approche dangereusement de seuils critiques pour la survie de l’humanité.
Le réchauffement climatique englobe tous les aspects de la destruction irraisonnée dont souffre notre environnement du fait de sa soumission à un système économique construit sur une croissance expansive, sur l’accumulation illimitée du capital et la surproduction exponentielle des biens. Ce système économique porte un nom : le capitalisme.
Productiviste par essence, le capitalisme globalisé – orienté par la spéculation et permis par le libre-échange – est intrinsèquement défaillant dans la prise en compte et le traitement des contradictions qu’il fait supporter à l’environnement, aujourd’hui surexploité. D’un mot, les intérêts de la nature, qui sont aussi les intérêts de l’humanité, sont étrangers aux intérêts du capital. Et la croissance des forces productives s’est transformée en croissance de forces destructives. L’écosocialisme est donc antilibéral : il rejette le modèle de société néolibéral fondé sur un individualisme abstrait, sur la croissance, la propriété privée et la privatisation du monde, la concurrence de tous contre tous et l’autonomisation agressive du champ économique.
À distance du capitalisme vert et de l’écologie profonde
L’écosocialisme porte ainsi une écologie politique aux antipodes du capitalisme vert défendu par les thuriféraires du développement durable, dont on ne sait plus vraiment s’ils sont sociaux-démocrates ou carrément néolibéraux, tant la distinction concrète entre ces deux appellations politiques devient ténue à l’âge de la globalisation. Le capitalisme vert nourrit le tort fondamental de ne pas remonter aux origines profondes des contradictions entre productivisme et respect de l’environnement. Croyant pouvoir corriger la dégradation des écosystème en recourant à des solutions de marché (comme les droits à polluer), il contribue en fait à installer l’environnement dans la sphère de la marchandisation et à le subsumer sous la rationalité capitaliste. Résultat : une financiarisation galopante de la nature, véritable violation de son caractère universel. Une voie sans-issue, donc. Pire : un cercle vicieux.
Mais l’écosocialisme se porte également à distance de la « deep écologie » dessinée par le norvégien Arne Naess, où l’humanité se voit rabaisser à sa pure condition biologique, espèce parmi d’autres dans le sein d’une mère Nature exempte de hiérarchies. Cette vision relativiste qui propose de donner les mêmes droit à toutes les espèces vivantes – voire à tous les composants de l’environnement – remet fondamentalement en cause l’humanisme des Lumières posé par la Révolution française. Or, l’écosocialisme se veut d’abord un projet humaniste, porté par une espèce seule capable de s’organiser politiquement au sein de la Res publica et de formuler des principes de justice. Il réaffirme ainsi avec Jean Jaurès que le socialisme est l’aboutissement logique de la République.
Une nouvelle émancipation collective
L’écosocialisme constitue donc un courant politique révolutionnaire qui ambitionne de transformer radicalement la forme de notre régime politique et le contenu de notre organisation sociale. Son enjeu n’est pas seulement de protéger la nature en tant que domaine distinct et séparé des activités humaines, mais de protéger et d’enrichir l’environnement de vie des êtres humains. Il s’appuie sur les conséquences politiques universelles de la crise environnementale pour réaffirmer l’existence tangible d’un intérêt général humain, limite et démenti cinglant de la fiction de l’individualisme néolibéral. Puisqu’un intérêt général est prouvé, il convient de réencastrer économie et politique, de réaffirmer que l’activité économique doit être démocratiquement élaborée en fonction de sa finalité sociale et collective. Il devient par conséquent urgent de réinventer des procédures économiques centrées sur la valeur d’usage (aujourd’hui parfaitement déconnectée de la valeur d’échange).
Cette réévaluation de la valeur d’usage prend sa place dans une pensée politique du temps long, délivrée du court-termisme par une planification écologique collectivement déterminée, à même de prendre les mesures nécessaires à une réelle transition écologique et à observer avec constance le respect de l’environnement nécessaire à la perpétuation de l’espèce humaine dans un climat civilisé. Radicalement démocratique, le projet écosocialiste inscrit son action vers une émancipation renouvelée des citoyens et suppose une socialisation des moyens de productions comme des ressources naturelles, élevées au rang de biens communs.
Ce socialisme nouveau, critique non seulement des rapports de production mais également des conditions de production, se propose de résoudre à la fois les antagonisme entre capital et nature et les antagonismes entre capital et travail. De fait, le projet écosocialiste appelle à la reconstruction d’un imaginaire collectif libéré des abyssales vacuités du consumérisme, délaissant le quantitatif pour le qualitatif en chaque chose, à commencer par le rapport aux autres et à l’environnement.
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