Comment les Marocains voient les Etats-Unis ? Quelle place tient le royaume dans la politique étrangère de la première puissance mondiale ? A quel niveau celle-ci nous apporte son soutien ? Que devraient changer dans nos rapports les élections présidentielles du 6 novembre ? Scan de l’axe Rabat – Washington.
« Les Etats-Unis, j’en ai toujours rêvé, je les ai visités... et la réalité s’est avérée encore plus belle que mes rêves”. Les propos sont d’Imane, 21 ans, qui n’avait jamais mis les pieds hors du Maroc avant cet été. Son “american dream”, elle l’a réalisé grâce à un programme d’entrepreunariat de Coca-Cola Company, qui a offert à 100 jeunes du monde arabe une tournée d’un mois à travers les USA. Juste le temps de mieux connaître l’Oncle Sam et sa mentalité de winner. “Je suis revenue de ce voyage plus ambitieuse que jamais, j’ai été vaccinée contre le mot impossible”, poursuit notre élève ingénieur qui compte bientôt retourner aux States pour décrocher un MBA, devenir comme les 1200 Marocains diplômés chaque année des universités US.
Des jeunes Marocains rêvant d’Amérique, on en trouve à tous les coins de rue. Et particulièrement, sur le Bd Moulay Youssef à Casablanca, siège du consulat US. Karim, trentenaire vient aujourd’hui déposer son dossier pour tenter sa chance dans le “Diversity Immigrant Visa Program”, une sorte de méga-loterie pour l’attribution de green cards à laquelle participent chaque année plus de 100 000 Marocains. “Pourquoi je veux aller l’miricane ? Ben, c’est là-bas que ça se passe brother. Quand tu manges un hamburger ou tu bois un soda, quand tu te connectes à un réseau social ou à un moteur de recherche, quand tu regardes un DVD ou tu écoutes un MP3… tu vis à l’heure américaine. Alors autant tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique, là où tout est possible”, nous lance-t-il avant de traverser la rue pour s’engouffrer dans la représentation diplomatique. Ce bout de territoire américain, au cœur de la métropole, est sans doute l’un des bâtiments les plus protégés de la ville. C’est que la première puissance mondiale n’a pas que des fans, au Maroc comme partout dans le monde, et ses intérêts sont bien trop précieux pour les laisser exposés au moindre danger.
Anti-américanisme, just a little bit
Des concitoyens qui voient derrière la bannière étoilée, les traits du grand méchant Satan, responsable des malheurs du monde musulman, of course, il en existe aussi chez nous. Et ils ont leurs raisons : “L’invasion de l’Irak, la torture à Abu Ghraib et Guantanamo, le soutien à Israël… Pour servir leurs intérêts, les Américains n’hésitent pas à piétiner les musulmans. Alors c’est normal que des gens révoltés décident de les combattre”, argumente Abdelouahed, 32 ans, pour qui la plus belle des revanches de la Oumma a été ce légendaire lancer de chaussures ciblant l’ex-président George W. Bush par un journaliste irakien. En effet, la politique étrangère américaine au Moyen-Orient ne laisse pas la rue arabe indifférente. Et les diplomates de Washington admettent eux-mêmes, entre les lignes (lire interview page 28), que certaines mesures de l’ancien locataire de la White House ont terni l’image des USA. Mais au Maroc, ce sentiment reste peu significatif, ou du moins n’a que très rarement atteint un seuil où il puisse se transformer en menace terroriste. A part l’appel à vigilance lancé en 2007 par l’ambassade US à ses ressortissants (après qu’un kamikaze s’est fait exploser non loin du Centre culturel américain à Casablanca) et le renforcement des mesures sécuritaires qui s’en sont suivies, les Américains ne courent aucun danger au royaume. Les 200 jeunes Peace Corps américains qui œuvrent à Dar Chabab du royaume se sentent tous en sécurité. “Au Maroc, nous vivons très rarement des expériences d’anti-américanisme, explique Peggy McClure, membre de cette organisation.
On tombe parfois sur des gens qui nous disent : ‘On n’aime pas la politique américaine, mais on aime les Américains comme vous’”. La rue marocaine vaccinée contre l’anti-américanisme, c’est une évidence. Dernière démonstration, les manifestations hostiles aux Etats-Unis dans le monde arabe en septembre dernier, suite au film Innocence of muslims. Alors qu’à Benghazi on attaquait le consulat américain au lance-roquettes, qu’en Tunisie ou au Caire, les manifestants escaladaient les murs des ambassades américaines… à Casablanca, la seule manifestation organisée devant la représentation diplomatique a été jugée peu inquiétante, bien que le risque ait été évalué comme il se doit. “Après un tel événement, nous avons bien entendu été consultés par l’officier responsable de la sécurité à l’ambassade, nous confie un cadre d’une multinationale américaine. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il n’y avait pratiquement aucune menace pour les intérêts américains. Les autorités marocaines ne ménagent d’ailleurs aucun effort pour assurer leur protection”.
Un pays modèle
Au lendemain de ces manifestations anti-américaines, Rabat marquait d’ailleurs un joli coup diplomatique. Alors que le State Department est meurtri par la perte de quatre de ses diplomates en Libye, que les Américains regardent incrédules cette réaction disproportionnée des musulmans, les officiels marocains, eux, sont reçus en grande pompe dans l’antre de la politique étrangère à Washington. Hasard du calendrier, le 13 septembre 2012, à Washington, était programmée la première session du Dialogue stratégique entre les deux pays. Quoi de mieux pour confirmer que le royaume est différent des autres pays arabes, qu’il est l’un des premiers de la classe du monde musulman, que c’est un modèle démocratique qui a la bénédiction de l’Oncle Sam.
Pour la diplomatie américaine, le Maroc est souvent gratifié de qualificatifs qui mettent du baume au cœur de nos officiels : “Allié stratégique”, “partenaire majeur”, “ami durable”… Des paroles qui se traduisent souvent par des accords et des conventions, se monnayent en aides ou en prêts en billet vert. “Depuis son indépendance, le Maroc a reçu plus d’aide financière américaine que tout autre pays arabe. À partir de 1975, début du conflit au Sahara occidental, le Maroc a obtenu plus d’un cinquième de l’aide totale américaine pour l’Afrique, dont plus d’un milliard de dollars pour la seule aide militaire. En 2002, le Maroc a décroché 72% de l’aide totale américaine aux pays du Maghreb”, peut-on lire sur la revue L’année du Maghreb sous la plume de Yahya H. Zoubir, directeur de recherche en géopolitique à Euromed Management, à Marseille. Le Maroc est par ailleurs l’un des rares pays arabes à avoir ratifié un accord de libre-échange avec les USA (lire encadré business). Mieux encore, il a même accédé au statut d’allié majeur non membre de l’OTAN, qui lui permet de se doter d’équipements militaires comme cette flotte de F-16. à cela s’ajoute le programme du Millenium Challenge Account, dont le Maroc est l’un des principaux bénéficiaires pour près de 700 millions de dollars, ainsi que toutes les actions initiées par l’USAID (United States Agency for International Development). “Pour les Etats-Unis, un Maroc démocratique et prospère signifie qu’ils continueront à avoir un grand ami et allié dans cette région importante sur le plan stratégique. Dans cet esprit, effectivement, notre programme sert les intérêts généraux défendus par la politique étrangère des Etats-Unis”, souligne John Groarke, directeur de l’USAID Maroc, qui injecte chaque année une vingtaine de millions de dollars dans des projets économiques et sociaux.
Sir, yes sir !
On l’aura compris, tous les “cadeaux” de l’Oncle Sam, il faut bien les mériter. Et le Maroc fait tout pour plaire. En plus de la libéralisation économique qui coïncide avec les objectifs idéologiques américains, des positions de la diplomatie chérifienne moins hostiles à l’égard de l’Etat d’Israël, le royaume a toujours été un pilier de la présence américaine au Maghreb et au Moyen-Orient. “Pour la politique étrangère américaine, le Maroc a servi, pendant la guerre froide, d’État par procuration (proxy state) pour les États-Unis en Afrique subsaharienne pour contrer les mouvements révolutionnaires proches du communisme”, analyse Yahya H. Zoubir. “À la fin de cette période, le Maroc retrouvait son rôle de ‘rempart’ contre les forces extrémistes anti-occidentales, l’islamisme radical ayant remplacé aux yeux de décideurs américains le communisme comme menace sur leurs intérêts.
Le royaume renouait ainsi avec le statut de protecteur des valeurs occidentales contre ‘l’obscurantisme islamiste’ après avoir rempli cette fonction contre le communisme”, poursuit le chercheur. En effet, depuis que les Etats-Unis se sont lancés en 2001 dans la “guerre contre la terreur”, suite aux attentats du 11 septembre, le Maroc a gagné de précieux points. C’est que la conduite du royaume a été exemplaire avec les Américains : Rabat déroulant le tapis rouge à toute forme de collaboration. Des affaires de vols secrets de la CIA et de sous-traitance d’interrogatoires de présumés terroristes avaient fait les choux gras de la presse internationale au fur et à mesure que des prisonniers de Guantanamo étaient libérés. Les fuites des câbles diplomatiques par Wikileaks relatent, par exemple, cette demande de renseignements -faite en 2008 au gouvernement marocain- d’informations détaillées sur deux citoyens marocains détenus à la prison offshore américaine. Samuel Kaplan, l’ambassadeur US à Rabat, se réjouit d’ailleurs de la collaboration des autorités marocaines d’un point de vue de renseignements. “Nous en sommes très contents”, insiste-t-il.
Aujourd’hui, la coopération militaire entre les deux pays prend une ampleur telle qu’elle peut être affichée au grand jour. En plus de l’équipement des forces armées marocaines -comme le dernier contrat de 24 avions de combats F16 et leur attirail de missiles-, les hauts galonnés du Pentagone paradent au royaume. Lors de sa dernière visite au pays, le général Carter F. Ham, commandant de l’Africom (Commandement des Etats-Unis en Afrique), livrait à la presse nationale quelques confidences sur la collaboration entre les FAR et les GI’s : “Les Etats-Unis et le Maroc effectuent environ 30 activités militaires bilatérales annuelles (…) Un grand nombre d’officiers marocains voyagent aux Etats-Unis et participent à des programmes de formation et d’éducation”.
(à suivre)
« Les Etats-Unis, j’en ai toujours rêvé, je les ai visités... et la réalité s’est avérée encore plus belle que mes rêves”. Les propos sont d’Imane, 21 ans, qui n’avait jamais mis les pieds hors du Maroc avant cet été. Son “american dream”, elle l’a réalisé grâce à un programme d’entrepreunariat de Coca-Cola Company, qui a offert à 100 jeunes du monde arabe une tournée d’un mois à travers les USA. Juste le temps de mieux connaître l’Oncle Sam et sa mentalité de winner. “Je suis revenue de ce voyage plus ambitieuse que jamais, j’ai été vaccinée contre le mot impossible”, poursuit notre élève ingénieur qui compte bientôt retourner aux States pour décrocher un MBA, devenir comme les 1200 Marocains diplômés chaque année des universités US.
Des jeunes Marocains rêvant d’Amérique, on en trouve à tous les coins de rue. Et particulièrement, sur le Bd Moulay Youssef à Casablanca, siège du consulat US. Karim, trentenaire vient aujourd’hui déposer son dossier pour tenter sa chance dans le “Diversity Immigrant Visa Program”, une sorte de méga-loterie pour l’attribution de green cards à laquelle participent chaque année plus de 100 000 Marocains. “Pourquoi je veux aller l’miricane ? Ben, c’est là-bas que ça se passe brother. Quand tu manges un hamburger ou tu bois un soda, quand tu te connectes à un réseau social ou à un moteur de recherche, quand tu regardes un DVD ou tu écoutes un MP3… tu vis à l’heure américaine. Alors autant tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique, là où tout est possible”, nous lance-t-il avant de traverser la rue pour s’engouffrer dans la représentation diplomatique. Ce bout de territoire américain, au cœur de la métropole, est sans doute l’un des bâtiments les plus protégés de la ville. C’est que la première puissance mondiale n’a pas que des fans, au Maroc comme partout dans le monde, et ses intérêts sont bien trop précieux pour les laisser exposés au moindre danger.
Anti-américanisme, just a little bit
Des concitoyens qui voient derrière la bannière étoilée, les traits du grand méchant Satan, responsable des malheurs du monde musulman, of course, il en existe aussi chez nous. Et ils ont leurs raisons : “L’invasion de l’Irak, la torture à Abu Ghraib et Guantanamo, le soutien à Israël… Pour servir leurs intérêts, les Américains n’hésitent pas à piétiner les musulmans. Alors c’est normal que des gens révoltés décident de les combattre”, argumente Abdelouahed, 32 ans, pour qui la plus belle des revanches de la Oumma a été ce légendaire lancer de chaussures ciblant l’ex-président George W. Bush par un journaliste irakien. En effet, la politique étrangère américaine au Moyen-Orient ne laisse pas la rue arabe indifférente. Et les diplomates de Washington admettent eux-mêmes, entre les lignes (lire interview page 28), que certaines mesures de l’ancien locataire de la White House ont terni l’image des USA. Mais au Maroc, ce sentiment reste peu significatif, ou du moins n’a que très rarement atteint un seuil où il puisse se transformer en menace terroriste. A part l’appel à vigilance lancé en 2007 par l’ambassade US à ses ressortissants (après qu’un kamikaze s’est fait exploser non loin du Centre culturel américain à Casablanca) et le renforcement des mesures sécuritaires qui s’en sont suivies, les Américains ne courent aucun danger au royaume. Les 200 jeunes Peace Corps américains qui œuvrent à Dar Chabab du royaume se sentent tous en sécurité. “Au Maroc, nous vivons très rarement des expériences d’anti-américanisme, explique Peggy McClure, membre de cette organisation.
On tombe parfois sur des gens qui nous disent : ‘On n’aime pas la politique américaine, mais on aime les Américains comme vous’”. La rue marocaine vaccinée contre l’anti-américanisme, c’est une évidence. Dernière démonstration, les manifestations hostiles aux Etats-Unis dans le monde arabe en septembre dernier, suite au film Innocence of muslims. Alors qu’à Benghazi on attaquait le consulat américain au lance-roquettes, qu’en Tunisie ou au Caire, les manifestants escaladaient les murs des ambassades américaines… à Casablanca, la seule manifestation organisée devant la représentation diplomatique a été jugée peu inquiétante, bien que le risque ait été évalué comme il se doit. “Après un tel événement, nous avons bien entendu été consultés par l’officier responsable de la sécurité à l’ambassade, nous confie un cadre d’une multinationale américaine. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il n’y avait pratiquement aucune menace pour les intérêts américains. Les autorités marocaines ne ménagent d’ailleurs aucun effort pour assurer leur protection”.
Un pays modèle
Au lendemain de ces manifestations anti-américaines, Rabat marquait d’ailleurs un joli coup diplomatique. Alors que le State Department est meurtri par la perte de quatre de ses diplomates en Libye, que les Américains regardent incrédules cette réaction disproportionnée des musulmans, les officiels marocains, eux, sont reçus en grande pompe dans l’antre de la politique étrangère à Washington. Hasard du calendrier, le 13 septembre 2012, à Washington, était programmée la première session du Dialogue stratégique entre les deux pays. Quoi de mieux pour confirmer que le royaume est différent des autres pays arabes, qu’il est l’un des premiers de la classe du monde musulman, que c’est un modèle démocratique qui a la bénédiction de l’Oncle Sam.
Pour la diplomatie américaine, le Maroc est souvent gratifié de qualificatifs qui mettent du baume au cœur de nos officiels : “Allié stratégique”, “partenaire majeur”, “ami durable”… Des paroles qui se traduisent souvent par des accords et des conventions, se monnayent en aides ou en prêts en billet vert. “Depuis son indépendance, le Maroc a reçu plus d’aide financière américaine que tout autre pays arabe. À partir de 1975, début du conflit au Sahara occidental, le Maroc a obtenu plus d’un cinquième de l’aide totale américaine pour l’Afrique, dont plus d’un milliard de dollars pour la seule aide militaire. En 2002, le Maroc a décroché 72% de l’aide totale américaine aux pays du Maghreb”, peut-on lire sur la revue L’année du Maghreb sous la plume de Yahya H. Zoubir, directeur de recherche en géopolitique à Euromed Management, à Marseille. Le Maroc est par ailleurs l’un des rares pays arabes à avoir ratifié un accord de libre-échange avec les USA (lire encadré business). Mieux encore, il a même accédé au statut d’allié majeur non membre de l’OTAN, qui lui permet de se doter d’équipements militaires comme cette flotte de F-16. à cela s’ajoute le programme du Millenium Challenge Account, dont le Maroc est l’un des principaux bénéficiaires pour près de 700 millions de dollars, ainsi que toutes les actions initiées par l’USAID (United States Agency for International Development). “Pour les Etats-Unis, un Maroc démocratique et prospère signifie qu’ils continueront à avoir un grand ami et allié dans cette région importante sur le plan stratégique. Dans cet esprit, effectivement, notre programme sert les intérêts généraux défendus par la politique étrangère des Etats-Unis”, souligne John Groarke, directeur de l’USAID Maroc, qui injecte chaque année une vingtaine de millions de dollars dans des projets économiques et sociaux.
Sir, yes sir !
On l’aura compris, tous les “cadeaux” de l’Oncle Sam, il faut bien les mériter. Et le Maroc fait tout pour plaire. En plus de la libéralisation économique qui coïncide avec les objectifs idéologiques américains, des positions de la diplomatie chérifienne moins hostiles à l’égard de l’Etat d’Israël, le royaume a toujours été un pilier de la présence américaine au Maghreb et au Moyen-Orient. “Pour la politique étrangère américaine, le Maroc a servi, pendant la guerre froide, d’État par procuration (proxy state) pour les États-Unis en Afrique subsaharienne pour contrer les mouvements révolutionnaires proches du communisme”, analyse Yahya H. Zoubir. “À la fin de cette période, le Maroc retrouvait son rôle de ‘rempart’ contre les forces extrémistes anti-occidentales, l’islamisme radical ayant remplacé aux yeux de décideurs américains le communisme comme menace sur leurs intérêts.
Le royaume renouait ainsi avec le statut de protecteur des valeurs occidentales contre ‘l’obscurantisme islamiste’ après avoir rempli cette fonction contre le communisme”, poursuit le chercheur. En effet, depuis que les Etats-Unis se sont lancés en 2001 dans la “guerre contre la terreur”, suite aux attentats du 11 septembre, le Maroc a gagné de précieux points. C’est que la conduite du royaume a été exemplaire avec les Américains : Rabat déroulant le tapis rouge à toute forme de collaboration. Des affaires de vols secrets de la CIA et de sous-traitance d’interrogatoires de présumés terroristes avaient fait les choux gras de la presse internationale au fur et à mesure que des prisonniers de Guantanamo étaient libérés. Les fuites des câbles diplomatiques par Wikileaks relatent, par exemple, cette demande de renseignements -faite en 2008 au gouvernement marocain- d’informations détaillées sur deux citoyens marocains détenus à la prison offshore américaine. Samuel Kaplan, l’ambassadeur US à Rabat, se réjouit d’ailleurs de la collaboration des autorités marocaines d’un point de vue de renseignements. “Nous en sommes très contents”, insiste-t-il.
Aujourd’hui, la coopération militaire entre les deux pays prend une ampleur telle qu’elle peut être affichée au grand jour. En plus de l’équipement des forces armées marocaines -comme le dernier contrat de 24 avions de combats F16 et leur attirail de missiles-, les hauts galonnés du Pentagone paradent au royaume. Lors de sa dernière visite au pays, le général Carter F. Ham, commandant de l’Africom (Commandement des Etats-Unis en Afrique), livrait à la presse nationale quelques confidences sur la collaboration entre les FAR et les GI’s : “Les Etats-Unis et le Maroc effectuent environ 30 activités militaires bilatérales annuelles (…) Un grand nombre d’officiers marocains voyagent aux Etats-Unis et participent à des programmes de formation et d’éducation”.
(à suivre)
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