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CHINE :Les cinq défis de Xi Jinping

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  • CHINE :Les cinq défis de Xi Jinping

    Le 18ème congrès du Parti communiste chinois (PCC) s'est achevé, à Pékin, le mercredi 14 novembre. Après d'obscures négociations, c'est dans le clinquant Palais de l'Assemblée du peuple qu'accédera au pouvoir la "cinquième génération" de dirigeants, dont Xi Jinping, le probable futur secrétaire général du Parti. Dans cette Chine bouillonnante où la croissance faiblit (légèrement), les enjeux de cette transition sont innombrables. Retenons-en cinq.

    Réorienter le système productif.
    En Chine, les exportations nettes ne contribuent plus à la croissance... depuis 2008. Le carburant principal reste l'investissement, qui culmine à 48% du PIB. Le défi du futur pouvoir : déplacer enfin le curseur vers la consommation. La politique assumée de la flambée des salaires (+ 15 à 20% par an) va déjà dans ce sens. À Shenzhen, le salaire minimum atteint 240 dollars par mois, le niveau du Maroc. Problème : à l'échelle du pays, cette réorientation a échoué. Depuis dix ans, la part de la consommation dans le PIB ne cesse de chuter (35% aujourd'hui). Un argument de plus pour l'appréciation du yuan. Réussir ce virage sans dégrader la compétitivité relèvera du tour de force.

    Répondre aux attentes sociales.
    Depuis dix ans, la croissance des inégalités a suivi celle du pays. À côté de ses milliardaires rouges, la Chine dénombre officiellement 128 millions de laissés-pour-compte, survivant avec moins de 1 dollar par jour. Les disparités, y compris géographiques, deviennent si criantes qu'elles sapent les bases de la "société harmonieuse" vantée par le président sortant Hu Jintao. L'insécurité sociale se reflète aussi dans le taux d'épargne : 53% des revenus ! Un niveau record qui empêche la consommation de décoller et nourrit la flambée immobilière. Pour convaincre les Chinois de puiser dans leurs économies, Xi Jinping devra, en matière de sécurité sociale (santé, retraites...), aller bien plus loin que le système minimal mis en place en 2007, et revoir la fiscalité. Autre sujet clé, la réforme du hukou, le passeport intérieur qui fait des ouvriers migrants (mingong) des citoyens de seconde zone.

    Sortir du cauchemar environnemental.
    L'empreinte carbone de chaque Chinois a dépassé en 2011 la moyenne de celle des Européens, soit 7,5 tonnes/an. Mais la population s'en moque. Pour elle, le sujet environnemental clé, c'est la santé. De l'eutrophisation du lac Taihu aux multiples "villages du cancer", en passant par le nuage jaune sur Wuhan, les scandales sont innombrables. Ils ulcèrent la population qui défie désormais les autorités, comme à Ningbo où un projet de site chimique vient d'être suspendu après des manifestations. Les réglementations existent, mais sont mal appliquées, sauf pour les sociétés étrangères. Le 12e plan vient de fixer des objectifs ambitieux en matière de pollution, reste à les imposer aux pouvoirs locaux.

    Faire une place aux firmes étrangères.
    Après son entrée dans l'OMC en 2001, Pékin déroula le tapis rouge aux capitaux étrangers. Cet eldorado est fini. Le dernier "catalogue des investissements étrangers" introduit en février 2012 a douché les espoirs d'ouverture accrue de l'économie. Le secteur automobile s'est quasi fermé aux nouveaux entrants. La Chambre de commerce européenne à Pékin dénonce les pratiques discriminatoires et le protectionnisme masqué. Et les promesses de libéralisation des télécoms ou de la finance sont restées lettre morte. Un beau sujet de négociations pour l'Occident avec Xi Jinping, alors que la Chine doit se voir attribuer à l'OMC le statut d'économie de marché en 2016.

    Changer (ou non) le système politique.
    L'emprise du Parti est immuable. L'équipe sortante a fait preuve d'un conservatisme à outrance et lutté contre les dissidents. Ces derniers jours, le PCC a révisé ses statuts et abandonné les références à Mao, célébrant le "développement scientifique" de Deng Xiaoping. Mais il en faudra plus pour changer un système à bout de souffle. Sans oublier le népotisme et la corruption des élites mis en lumière par l'affaire Bo Xilai ou les révélations sur les fortunes familiales du Premier ministre sortant Wen Jiabao et de Xi Jinping. Les cadres se servent avant de servir. La nouvelle classe moyenne, bien que peu politisée, le supporte de moins en moins. Dans le dernier empire communiste, la révolte viendra peut-être de la bourgeoisie.

    USINE NOUVELLE
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