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Petraeus, le sexe n'est pas une raison pour démissionner
La carrière du plus brillant penseur militaire américain de la dernière décennie, le général David Petraeus, est ruinée.
La maison de sa maîtresse a été fouillée et la femme que cette dernière menaçait fait, au cas où, l'objet d'une enquête pour tentative de soutirer des informations confidentielles. L'ami de celle-ci – un autre général américain de premier plan – pourrait connaître le même sort que Petraeus.
"Rattraper et dépasser les Etats-Unis" – voici un demi-siècle que l'élite politique russe vit et agit en suivant ce slogan informel de Nikita Khrouchtchev. Mais, comme la démission du directeur de la CIA David Petraeus l'a une nouvelle fois montré, il est des domaines où la Russie ferait mieux d'emprunter la direction opposée.
Le héros de la mythologie grecque Midas, roi de Phrygie, transformait en or tout ce qu'il touchait. Tout scandale politico-sexuel aux Etats-Unis a une propriété similaire. Pas que les Etats-Unis aient inventé une nouvelle façon de produire de l'or mais chaque personne impliquée dans un tel scandale en prend forcément pour son grade.
Même l’agent du FBI à qui s'était adressée cette femme, menacée par la maîtresse du général, a été pris dans l'engrenage. Il est accusé de lui avoir envoyé ses photos torse nu.
Il existe peut-être dans ce monde des moralistes qui apprécient cette version originale de
"La maison que Jack a construite". Mais je me sens comme le héros d'une ancienne plaisanterie sur la liberté d'expression en URSS et aux USA. "Nous avons la liberté d'expression dans notre pays. Je peux sortir sur la place centrale et crier "Reagan, dehors !", et on ne me fera rien", dit fièrement l'Américain. "Chez nous aussi, on a la liberté d'expression, répond un Soviétique tout aussi fier. Moi aussi, je peux crier sur une place "Reagan, dehors !", et on ne me fera rien !"
Et j'ai bien envie de crier "Reagan, dehors !". Ou, ce qui serait plus pertinent dans le cas présent, "à bas les règles actuelles étranges du jeu politique américain ! Et Dieu merci que, pendant la Seconde guerre mondiale, les Etats-Unis jouaient selon d'autres règles !".
Vous ne voyez pas le rapport avec la Seconde guerre mondiale ? J'explique. Le président américain de l'époque, Franklin Roosevelt, vivait selon le principe "rien d'humain ne m'est étranger" - malgré sa paralysie. Les historiens ont prouvé qu’il avait beaucoup de maîtresses. L'une d'elles était même en sa compagnie lorsqu’il est mort.
Vous pensez que Roosevelt est une exception parmi un océan de grands hommes politiques ? Alors voici un autre exemple éloquent. Pendant la Première guerre mondiale, c'est le premier ministre David Lloyd George qui a permis au Royaume-Uni de résister. Pourtant, il ne changeait pas seulement de maîtresse comme de chemise : il a entretenu deux familles pendant plusieurs décennies. Il passait une partie du temps avec son épouse officielle Margaret Lloyd George et l’autre avec sa secrétaire, Frances Stevenson, qui a donné naissance à sa fille.
Et ne croyez pas que les élites politiques américaines et britanniques ignoraient les particularités de la vie privée de Roosevelt ou de Lloyd George. Aussi bien leurs amis que leurs ennemis étaient au courant. Mais personne n'a rendu ces informations publiques et n'a ruiné leur carrière.
Je ne cherche pas à prouver que, par définition, un grand homme politique ne peut pas être un mari fidèle. D'après les historiens britanniques, par exemple, Winston Churchill n'a jamais connu de liaison extraconjugale.
Là où je veux en venir, c'est que le comportement d'un homme politique dans sa vie privée peut déteindre sur la façon de remplir son devoir national - ou pas.
"Un scandale chez les Britanniques : leur ministre a une maîtresse ! Tu parles ! Chez nous le scandale, c'est quand il n'en a pas !", c'est ainsi qu'un journaliste français commentait la démission, en plein scandale, du ministre britannique John Profumo en 1963.
Je ne trouve pas ce commentaire très correct. Le scandale n'était pas seulement dû au fait que le ministre marié Profumo avait une maîtresse. Le fait est qu'il la partageait avec un diplomate de l'ambassade soviétique de Londres.
Mais la fille cachée du président Mitterrand me semble être l’exemple parfait. Mitterrand n'avait pas simplement un enfant hors mariage. Il a entretenu une longue liaison avec sa mère, y compris lorsqu’il était président.
On peut facilement imaginer la réaction à une telle révélation sur le président des Etats-Unis aujourd'hui. Mais en France, le scénario a été différent. Le président a regardé d'un air moqueur l’arrogant journaliste et n'a prononcé que deux mots : "Et alors ?". C'est tout. Personne n'a lapidé Mitterrand ou sa maîtresse, encore moins sa fille cachée. Tout le monde a simplement pris connaissance de cette nouvelle information sur la vie privée du président.
Les jugements sur se ce genre de questions doivent être portées au sein de la famille et en aucun cas au "tribunal de l'opinion publique". Si la première dame de France, Danielle Mitterrand, l'acceptait, alors qu'il en soit ainsi.
Je n'ai jamais ressenti de parenté mentale particulière avec les Français. Bien au contraire – les Anglais et les Américains ne me sont peut-être pas proches, mais compréhensibles. Ce n'est pas le cas des Français.
Mais en ce qui concerne la vie privée des hommes politiques, je pense que l'approche française serait la plus raisonnable. Les adultes doivent régler eux-mêmes leurs problèmes personnels, sans ingérence quelle qu’elle soit.
Ainsi, les Américains ont eu tort de s'abattre sur le général Petraeus ! Monsieur Obama, faites le revenir au poste de directeur de la CIA. Et que la femme du général s'occupe de ses "vices".
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction
source: RIA Novosti
La maison de sa maîtresse a été fouillée et la femme que cette dernière menaçait fait, au cas où, l'objet d'une enquête pour tentative de soutirer des informations confidentielles. L'ami de celle-ci – un autre général américain de premier plan – pourrait connaître le même sort que Petraeus.
"Rattraper et dépasser les Etats-Unis" – voici un demi-siècle que l'élite politique russe vit et agit en suivant ce slogan informel de Nikita Khrouchtchev. Mais, comme la démission du directeur de la CIA David Petraeus l'a une nouvelle fois montré, il est des domaines où la Russie ferait mieux d'emprunter la direction opposée.
Le héros de la mythologie grecque Midas, roi de Phrygie, transformait en or tout ce qu'il touchait. Tout scandale politico-sexuel aux Etats-Unis a une propriété similaire. Pas que les Etats-Unis aient inventé une nouvelle façon de produire de l'or mais chaque personne impliquée dans un tel scandale en prend forcément pour son grade.
Même l’agent du FBI à qui s'était adressée cette femme, menacée par la maîtresse du général, a été pris dans l'engrenage. Il est accusé de lui avoir envoyé ses photos torse nu.
Il existe peut-être dans ce monde des moralistes qui apprécient cette version originale de
"La maison que Jack a construite". Mais je me sens comme le héros d'une ancienne plaisanterie sur la liberté d'expression en URSS et aux USA. "Nous avons la liberté d'expression dans notre pays. Je peux sortir sur la place centrale et crier "Reagan, dehors !", et on ne me fera rien", dit fièrement l'Américain. "Chez nous aussi, on a la liberté d'expression, répond un Soviétique tout aussi fier. Moi aussi, je peux crier sur une place "Reagan, dehors !", et on ne me fera rien !"
Et j'ai bien envie de crier "Reagan, dehors !". Ou, ce qui serait plus pertinent dans le cas présent, "à bas les règles actuelles étranges du jeu politique américain ! Et Dieu merci que, pendant la Seconde guerre mondiale, les Etats-Unis jouaient selon d'autres règles !".
Vous ne voyez pas le rapport avec la Seconde guerre mondiale ? J'explique. Le président américain de l'époque, Franklin Roosevelt, vivait selon le principe "rien d'humain ne m'est étranger" - malgré sa paralysie. Les historiens ont prouvé qu’il avait beaucoup de maîtresses. L'une d'elles était même en sa compagnie lorsqu’il est mort.
Vous pensez que Roosevelt est une exception parmi un océan de grands hommes politiques ? Alors voici un autre exemple éloquent. Pendant la Première guerre mondiale, c'est le premier ministre David Lloyd George qui a permis au Royaume-Uni de résister. Pourtant, il ne changeait pas seulement de maîtresse comme de chemise : il a entretenu deux familles pendant plusieurs décennies. Il passait une partie du temps avec son épouse officielle Margaret Lloyd George et l’autre avec sa secrétaire, Frances Stevenson, qui a donné naissance à sa fille.
Et ne croyez pas que les élites politiques américaines et britanniques ignoraient les particularités de la vie privée de Roosevelt ou de Lloyd George. Aussi bien leurs amis que leurs ennemis étaient au courant. Mais personne n'a rendu ces informations publiques et n'a ruiné leur carrière.
Je ne cherche pas à prouver que, par définition, un grand homme politique ne peut pas être un mari fidèle. D'après les historiens britanniques, par exemple, Winston Churchill n'a jamais connu de liaison extraconjugale.
Là où je veux en venir, c'est que le comportement d'un homme politique dans sa vie privée peut déteindre sur la façon de remplir son devoir national - ou pas.
"Un scandale chez les Britanniques : leur ministre a une maîtresse ! Tu parles ! Chez nous le scandale, c'est quand il n'en a pas !", c'est ainsi qu'un journaliste français commentait la démission, en plein scandale, du ministre britannique John Profumo en 1963.
Je ne trouve pas ce commentaire très correct. Le scandale n'était pas seulement dû au fait que le ministre marié Profumo avait une maîtresse. Le fait est qu'il la partageait avec un diplomate de l'ambassade soviétique de Londres.
Mais la fille cachée du président Mitterrand me semble être l’exemple parfait. Mitterrand n'avait pas simplement un enfant hors mariage. Il a entretenu une longue liaison avec sa mère, y compris lorsqu’il était président.
On peut facilement imaginer la réaction à une telle révélation sur le président des Etats-Unis aujourd'hui. Mais en France, le scénario a été différent. Le président a regardé d'un air moqueur l’arrogant journaliste et n'a prononcé que deux mots : "Et alors ?". C'est tout. Personne n'a lapidé Mitterrand ou sa maîtresse, encore moins sa fille cachée. Tout le monde a simplement pris connaissance de cette nouvelle information sur la vie privée du président.
Les jugements sur se ce genre de questions doivent être portées au sein de la famille et en aucun cas au "tribunal de l'opinion publique". Si la première dame de France, Danielle Mitterrand, l'acceptait, alors qu'il en soit ainsi.
Je n'ai jamais ressenti de parenté mentale particulière avec les Français. Bien au contraire – les Anglais et les Américains ne me sont peut-être pas proches, mais compréhensibles. Ce n'est pas le cas des Français.
Mais en ce qui concerne la vie privée des hommes politiques, je pense que l'approche française serait la plus raisonnable. Les adultes doivent régler eux-mêmes leurs problèmes personnels, sans ingérence quelle qu’elle soit.
Ainsi, les Américains ont eu tort de s'abattre sur le général Petraeus ! Monsieur Obama, faites le revenir au poste de directeur de la CIA. Et que la femme du général s'occupe de ses "vices".
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction
source: RIA Novosti