L’Audience nationale, la plus haute juridiction espagnole, a jugé recevable la plainte déposée par des Sahraouis contre des dirigeants du Polisario pour génocide et violations graves des droits de l’homme, a-t-on appris auprès des avocats espagnols des victimes sahraouies.
Le juge du tribunal central d’instruction N 5 de l’Audience nationale espagnole, a accepté définitivement le traitement de la plainte qui avait été déposée, le 14 décembre 2007, par des victimes du Polisario et une ONG sahraouie, contre de hauts responsables algériens et des membres de la sécurité et dirigeants du Polisario, dont certains portent encore la nationalité espagnole, pour délits de “génocide, tortures, disparition forcée, détention illégale et graves violations des droits de l’Homme” dans les camps de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie.
A cet égard, les avocats des victimes sahraouies tiendront, jeudi, une conférence de presse à Madrid pour donner plus de détails sur cette question, selon l’avocat espagnol, Jose Manuel Romero Gonzalez.
La plainte, rappelle-t-on, est intervenue après la visite de plusieurs membres du barreau espagnol dans les Provinces du sud, où ils avaient recueilli les témoignages de près de 50 personnes et constaté de visu les traces de tortures qu’elles portent toujours sur leurs corps. Cette visite a permis aux avocats espagnols de mieux comprendre cette plainte, qui a été appuyée par des dossiers médicaux rédigés par des experts internationaux ayant constaté l’état physique et psychique des victimes, dont 76 cas uniquement à Laâyoune.
La décision de l’Audience nationale, qui s’était prononcée par le passé sur des procès concernant le Chili, le Honduras et l’Argentine, vise à établir les faits et responsabilités des personnes incriminées dans ces violations graves.
Parmi les dirigeants du polisario dénoncés par la plainte figurent l’ex-représentant du Polisario en Espagne, Brahim Ghali, (actuellement en Algérie), le “ministre” de l’information de la pseudo république sahraouie, Sid Ahmed Batal et le “ministre” de l’éducation, Bachir Mustapha Sayed.
Les dénommés Khalil sidi Mhamed, “ministre” des colonies, Mohamed Khaddad, actuel coordinateur avec la MINURSO et ancien directeur général de la sécurité militaire, sont également accusés de tortures de membres de la population sahraouie.
Les avocats des victimes, José Manuel Romero Gonzalez et Carlos Sancho de la Calle, avaient auparavant relevé l’existence de témoins oculaires et de forts indices devant inculper les mis en cause
Les deux avocats avaient affirmé qu’ils s’étaient rendus à Laâyoune où ils avaient pu constater qu’un grand nombre de victimes portaient de graves séquelles de tortures infligées par des tortionnaires du Polisario à des sahraouies et même à des fondateurs du mouvement séparatiste “pour la simple raison qu’ils ne partageaient pas leur vision”.
Des victimes du polisario, toujours en vie, avaient par ailleurs livré aux représentants de la presse espagnole et aux correspondants de la presse internationale accréditée à Madrid, lors d’un dernier déplacement en Espagne, des témoignages émouvants sur leur triste expérience dans les geôles du polisario sur le territoire algérien.
“C’est une énorme injustice que de voir celui qui m’a arrêté et torturé pendant six ans dans les camps de Tindouf peut circuler librement en Espagne et faire tranquillement sa propagande sans payer pour ses crimes”, avait alors dénoncé Houcine Baida, militant sahraoui des droits de l’Homme et victime du polisario, en référence à Brahim Ghali, qui était le représentant du polisario en Espagne, avant que la direction de Tindouf ne l’affecte en Algérie juste après la présentation de cette plainte à Madrid.
D’autres victimes, comme les militants des droits de l’Homme Dahi Aguai et Saadani Maalainine, fille d’une figure emblématique du polisario, en l’occurrence feu El Wali Sheikh Slama, avaient eux aussi présenté des témoignages accablants sur la souffrance et l’humiliation infligées à un grand nombre de sahraouis par des dirigeants du polisario
Nouvelle Tribune
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