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L’avenement de la bourgeoisie

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  • L’avenement de la bourgeoisie

    La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n’a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n’a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d’autrefois. La découverte de l’Amérique, la colonisation de l’Afrique, le marché des Indes et de la Chine donnèrent un essor jusqu’alors inconnu au négoce. A mesure que s’ouvraient les nouveaux marchés, les besoins croissaient sans cesse. La classe moyenne industrielle supplanta les maitres de jurande : la division du travail entre les différentes corporations céda la place à la division du travail au sein de l’atelier lui-même. Mais les marchés s’agrandissant sans cesse, la vapeur et la machine révolutionnèrent la production industrielle. La classe moyenne industrielle céda sa place aux millionnaires de l’industrie, aux chefs de véritables armées industrielles, aux bourgeois modernes. Le marché mondial était né et la bourgeoisie se développait en décuplant ses capitaux.
    La bourgeoisie est elle-même le produit d’un long processus de développement, d’une série de révolutions dans le monde de production et d’échange. Chaque étape de développement de la bourgeoisie s’accompagne d’un progrès politique correspondant. La bourgeoisie, depuis l’établissement de la grande industrie et du marché mondial, s’est finalement emparée de la souveraineté politique exclusive dans l’Etat représentatif moderne. Le pouvoir étatique moderne n’est qu’un comité chargé de gérer les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière.
    Partout où elle a conquis le pouvoir, la bourgeoisie a détruit les relations féodales, patriarcales et idylliques. Elle a noyé les anciennes valeurs dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a brisé sans pitié tous les liens, pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du « payement au comptant ». Elle a supprimé la dignité de l’individu, devenu simple valeur d’échange, aux innombrables libertés dument conquises ; elle a substitué l’unique et impitoyable loi du marché. En un mot, à l’exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a substitué une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.
    La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités considérées jusqu’alors avec un saint respect, comme vénérables. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, l’homme de science, elle en a fait des salariés à ses gages. Elle a déchiré le voile de sentimentalité touchante qui recouvrait les rapports familiaux et les a réduits à de simples rapports d’argent.
    Toutes les sociétés ont reposé sur l’antagonisme de classes oppressives et de classes opprimés. L’existence et la domination de la classe bourgeoise ont pour condition essentielle l’accumulation de la richesse aux mains des particuliers, la formation et l’accroissement du capital : la condition du capital c’est le salariat. Et l’ouvrier moderne, loin de s’élever avec le progrès de l’industrie, déchoit de plus en plus au-dessous même des conditions de vie de sa propre classe. L’ouvrier devient un pauvre et le paupérisme s’accroit plus rapidement encore que la population et la richesse. Il en ressort donc clairement que la bourgeoisie est incapable de demeurer plus longtemps classe dirigeante et d’imposer à la société, comme loi impérative, les conditions d’existence de sa classe. La société ne peut plus vivre sous sa domination, ce qui revient à dire que l’existence de la bourgeoisie n’est plus compatible avec celle de la société.
    D’après Marx et Engels
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