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Tanger : La renaissance : De l’autre côté du miroir

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  • Tanger : La renaissance : De l’autre côté du miroir

    Si Tanger retrouve des couleurs, c'est grâce à des Technocrates, jeunes, compétents et hautement diplômés, quand je pense que le concour de l'ENA en Algérie, recrutait avec le bac, il y a encore un mois, et qu'ils viennent de relevé la candidature du concour au niveau de la licence.
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    Les qualificatifs manquent pour décrire l’ampleur des travaux de modernisation engagés à l’extrémité nord du Maroc. Sur place, l’homme de la rue a lui-même du mal à appréhender l’importance des enjeux économiques.
    Le débarcadère du port de Tanger déverse son flot annuel de camionnettes brinquebalantes et d’automobiles surchargées de bagages. Comme chaque année à la même période, les Marocains résidant à l’étranger sont de retour. À peine descendus du car-ferry et libérés des formalités administratives, ils s’engouffrent au volant de leurs voitures allemandes ou françaises sur le boulevard Mohammed-VI longeant le front de mer. Destination : le bled. Les autorités locales ne comptent pas sur eux pour développer le tourisme. Ont-ils même le temps de remarquer que la capitale du Nord est en pleine mutation ?

    Pas sûr. Et pourtant, Tanger s’offre un grand lifting ou plutôt plusieurs opérations de chirurgie esthétique. Les façades d’immeubles sont en ravalement. Les jardins publics retrouvent progressivement leurs arbres et leurs fleurs. Le Grand Socco et les grandes artères de la ville sont en chantier. La plage de Merkala a été débarrassée de ses taudis et, malheureusement de ses jolies paillotes de fortune… « Notre ville respire beaucoup mieux, et nous commençons à mieux respirer avec elle », se réjouit Rachid Taferssiti, l’auteur d’un livre de photos sur Tanger.

    Longtemps réputée pour être le royaume de l’anarchie, la ville semble enfin s’être dotée d’un plan d’urbanisme et n’est plus seulement livrée à l’appétit vorace des promoteurs immobiliers véreux et des architectes corrompus. « Jusqu’à une période très récente, les spéculateurs utilisaient le copinage, la ruse, la convoitise électorale et la *corruption pour s’enrichir et asseoir leur pouvoir sur la ville et les habitants. Ce qui se traduisait par le non-respect des études topographiques, par des constructions ou des surélévations d’habitations sauvages, explique Hanae Bekkari, architecte et militante associative. La volonté politique de développer économiquement Tanger et le nord du Maroc a amené les autorités à faire respecter la loi. » Si le prince héritier, futur Hassan II, avait fait mater la rébellion rifaine, en 1959, puis longtemps délaissé les provinces du Nord, Mohammed VI a décidé de faire de la région un nouveau pôle économique, dont l’épicentre sera Tanger.

    « Il ne se passe pas un mois sans qu’il vienne dans son palais », explique une voisine de la demeure royale. Ces visites fréquentes redonnent à la ville un certain lustre. Courtisans, hommes d’affaires et célébrités sont nombreux à y rechercher un nouveau pied-à-terre. Dans le fauteuil de wali (préfet), le roi a installé un homme efficace, de la fameuse génération des quadras, pour mener à bien les grands travaux de la région de Tanger-Tétouan.

    Le polytechnicien Mohamed Hassad, qui occupait auparavant la même fonction à Marrakech, n’a pas hésité à s’attaquer aux mafias locales pour faire respecter la loi. « Pendant plusieurs mois, c’était l’Afghanistan ! explique Fadwa, une Tangéroise, faisant allusion à la transformation de la ville en vaste chantier. Les autorités ont fait détruire tout ce qui obstruait la vue sur la plage, rasé les constructions illicites, élargi les artères et chassé du centre-ville nombre de *commerçants informels. » Celui-ci n’entend pas en rester là. « Tanger est une porte sur l’Europe et l’Afrique.

    Elle doit retrouver une place de choix au niveau national et international. D’ailleurs, j’ai déposé à la fin du mois de juin le dossier de candidature de la ville à l’Exposition universelle de 2012 », explique-t-il avant d’énumérer les nombreux projets de développement du tourisme, de l’industrie et de l’agriculture. L’autoroute Tanger-Casablanca achevée, bien d’autres axes sont en construction, notamment des voies express entre Tanger et Tétouan, entre les zones franches et le nouveau port de Tanger-Med. Le réseau ferroviaire est également en pleine expansion, pour permettre l’acheminement des marchandises vers les nouvelles zones commerciales.

    La suite...
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Mais l’œuvre la plus ambitieuse est, sans nul doute, la construction du port de Tanger-Méditerranée. Implanté face au détroit de Gibraltar (à 35 km à l’est de Tanger et à 15 km de l’Europe), adossé à deux zones franches, l’ouvrage, débuté en juin 2003, est en cours de finalisation. Sur le chantier, grues, camions, pelleteuses, bétonneuses travaillent 24 heures sur 24.

    Les manœuvres, logés à deux pas du chantier, s’échinent au rythme des trois-huit au milieu des blocs de béton. La mise en service est prévue pour juillet 2007 et il n’est pas question de rater l’échéance. « Le roi est déjà venu superviser les travaux à trois reprises. Nous respectons le calendrier. Tous les quais, à l’exception du deuxième terminal à conteneurs, dont les travaux débuteront en mars 2008, seront achevés à la date prévue », explique Mohamed Arjouan, directeur de l’aménagement du site. Enfant de Tétouan, cet ingénieur spécialisé dans la construction des grands barrages ne manque pas d’enthousiasme : « Plus de 100 000 navires marchands passent chaque année dans le détroit de Gibraltar. Tanger-Med va devenir une plate-forme pour le transbordement en proposant des coûts bien inférieurs aux ports européens.

    La qualité des services et la profondeur du chenal (de 16 à 19 m) nous permettront d’accueillir les plus grands pavillons du monde, notamment en provenance de Shanghai. » Le géant danois Maersk Sealand a sauté sur l’occasion. Il voulait même l’exclusivité des terminaux à conteneurs qu’il n’a pas obtenue, les autorités souhaitant entretenir un environnement concurrentiel.

    « La vocation industrielle va s’affirmer de plus en plus dans les prochaines années avec la mise à niveau des infrastructures et le développement des services de haute technologie, indique Jelloul Samsseme, directeur du Centre régional d’investissement. La signature des accords de libre-échange avec l’Europe, les États-Unis, la Turquie et les autres pays arabes nous donnent accès à un marché d’un milliard d’habitants. Nous nous inspirons du modèle des maquiladoras mexicaines [NDLR : entreprises américaines installées en zone frontalière sur le territoire mexicain] pour inciter les sociétés étrangères à délocaliser leurs activités chez nous. » Les plus prompts à profiter de la conjoncture sont les Espagnols, particulièrement les groupes andalous à la recherche d’une main-d’œuvre bon marché à proximité. L’entreprise Fadesa multiplie actuellement les chantiers touristiques et immobiliers.

    Les opérateurs du Moyen-Orient, peu enclins à investir aux États-Unis au lendemain du 11 Septembre, viennent également faire fructifier leurs pétrodollars dans le tourisme. Diar (Qatar), Emaar (Dubaï) et Gulf Finance House (Bahreïn) construisent hôtels de luxe et terrains de golf. « Notre objectif est d’atteindre 7 millions de nuitées en 2012. La capacité hôtelière de la région sera alors de 45 000 lits contre 13 000 aujourd’hui », précise Jelloul Samsseme. Outre le balnéaire, les autorités ont la volonté de diversifier l’offre avec la transformation du port actuel de Tanger en port de plaisance et l’accueil des bateaux de croisière. Le patrimoine de la ville (Médina, Kasbah, Théâtre Cervantès) devrait, pour cela, être réhabilité à condition d’y mettre les moyens, ce qui n’est pas encore le cas.

    Tous ces grands projets parviendront-ils à absorber assez rapidement la population en âge de travailler et à détourner les Rifains de la culture du kif ? Exode rural, arrivées de clandestins, appel d’air économique, natalité importante… Tanger croît actuellement plus vite que les autres grandes communautés urbaines marocaines (2 % par an au lieu de 1,4 % en moyenne). Les nouveaux quartiers sortent de terre à la périphérie de la ville, notamment sur la route de l’aéroport. La population dépasse aujourd’hui 800 000 habitants, 1 million peut-être sur les 2,5 millions que compte la région. À Beni Makada, ils sont des dizaines de milliers à s’être entassés dans des cahutes de fortune le long des chemins rocailleux, avec comme perspective la mer et l’exil.

    Et pour environnement immédiat les mares stagnantes, les égouts à ciel ouvert et les ordures ménagères à flanc de collines. Insécurité, zone de non-droit, les caïds locaux font la loi, la police et les taxis évitent de s’y aventurer. À Casa Barata, autre quartier précaire, les familles vivent de la contrebande, partout présente sur le marché. Les produits chinois ont le vent en poupe. C’est l’autre face de Tanger, celle de l’intégrisme religieux, du trafic de drogue et de la prostitution. Et des milliers d’enfants de la rue livrés à eux-mêmes. Près de 37 000 ménages n’ont actuellement pas accès à l’eau courante, et un Tangérois sur dix vit en dessous du seuil de pauvreté. Les populations vulnérables s’accroissent chaque année et l’avenir de la jeunesse est compromis : les salles de classe sont bondées, et beaucoup abandonnent les cours peu après la rentrée, les universités sont saturées et les jeunes alternent chômage et petits boulots.

    « La renaissance de Tanger, c’est du marketing politique avec un impact très lourd au niveau social, s’insurge Fouad, jeune cadre. Les gens ne parviennent plus à se loger, l’accès aux services de base fait défaut. Une société à deux vitesses est en train de voir le jour. » Un sujet de débat pour les Tangérois de souche, aujourd’hui en minorité (entre 10 % et 15 % des habitants), et d’adoption, les premiers exprimant souvent un conservatisme bougon doublé d’une vaine nostalgie. Il y a, en tout cas, un point sur lequel tout le monde s’accorde : Tanger n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était au temps de son âge d’or, entamé au début des années 1920, quand elle était placée sous l’administration d’un sultan lointain et de représentants de neuf grandes puissances.

    Très peu de choses restent de ce fameux paradis des artistes (Matisse, Morand, Barthes, Pasolini, Beckett, les époux Bowles et Burroughs y ont résidé), de la cité des truands, des espions et des grandes fortunes, même si les avantages fiscaux (notamment l’impôt sur les sociétés, réduit de 50 %) attirent toujours les aventuriers en tout genre. Pour Philippe Lorin, publicitaire français retraité et reconverti dans le mécénat artistique (il organise le festival Tanjazz), il subsiste un parfum des années folles : « Les personnalités sont de retour : Yves Saint-Laurent, Bernard-Henri Lévy, Betty Lagardère. On a également des homosexuels grisonnants, tendance Montherlant, des parisiano-mondains ainsi que des hispano-business. Tous les grands de l’immobilier catalan sont là. »

    L’écrivain-chroniqueur, Lotfi Akalay, natif de la ville, compare Tanger à Serge Gainsbourg : « Elle est à la fois laide et séduisante. » Pour Tahar Ben Jelloun, autre enfant de la cité, elle est une « dame qui n’ose plus se regarder dans un miroir ». Tanger continue, en tout cas, de fasciner et de susciter les interprétations les plus contradictoires. « Avant, on se plaignait de l’abandon de la ville. Maintenant, on craint qu’elle ne soit en train de perdre son âme », résume Rachid Taferssiti.

    PASCAL AIRAULT
    23 juillet 2006 Jeune Afrique
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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    • #3
      Il faudra juste veiller a permettre aux gens qui ont à souffrir des expulsions obligatoires pour un reamenagement de la ville de se loger dignement et de vivre du fruit d'un travail louable et non pas de trafique comme aujourd'hui.

      Comme d'hab Hassad fait du bon boulot
      Bonne chance a lui.

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      • #4
        eh oui on ne peut pas faire d omelettes ( avances economiques , creation de boulots) sans casser d oeufs ( "Les gens ne parviennent plus à se loger, l’accès aux services de base fait défaut. Une société à deux vitesses est en train de voir le jour". )

        ce phenomene est universel. allez dans n importe quelle grande metropolitaine et vous trouverez une societe a deux vitesses, des quartiers impenetrable , etc

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        • #5
          Pour que la croissance profite à tout le monde, il faudra bien faire un grand lifting à toutes les villes d'Algérie, une remise à niveau de l'urbanisme, la destruction de l'illicite ainsi que de toutes constructions qui n'est pas anti-sysmique ou au norme internationale, ce projet peut s'étaler sur 20 ans, mais il faudra passer par là avant que les tremblements de terre s'en charge.
          Gouverner c'est prévoir...
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