Les dernières enquêtes de l’organe officiel des statistiques, l’ONS, de novembre 2012 témoignent d’une accélération du processus inflationniste en Algérie risquant de s’amplifier en 2013 avec des incidences sur le pouvoir d’achat des Algériens ayant surtout un revenu fixe.
Sans un changement de cap de la politique économique, il y a risque de vives tensions sociales avec une spirale infernale, augmentation de salaires, inflation-augmentation à nouveau de salaires rendant nécessaire l’élévation du taux d’intérêt bancaire si l’on veut éviter la faillite du système financier, tout cela remettant en cause le cadre macro économique stabilisé artificiellement par la rente des hydrocarbures.
1.- Le constat : le retour accéléré de l’inflation
L’indice des prix à la consommation a atteint 9,9% à Alger au mois d’octobre 2012 par rapport au même mois de 2011, accentuant ainsi la hausse du rythme d’inflation. De janvier à octobre 2012, plusieurs produits alimentaires ont augmenté, essentiellement la pomme de terre (39,9%), la viande de mouton (30,2%), la volaille (17,2%), les légumes frais (13%), les poissons (10,3%) et les fruits frais (7,2%), données de l’APS reprises auprès de l’ONS. Concernant l’indice global de l’inflation, il doit être régulièrement réactualisé car le besoin est historiquement daté, les besoins évoluant. Le taux d’inflation officiel est biaisé, étant comprimé artificiellement par les subventions sinon il dépasserait les 13/14%. Un agrégat global comme le revenu national par tête d’habitant peut voiler d’importantes disparités entre les différentes couches sociales. Une analyse pertinente devrait lier le processus d’accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales. Certes, le SNMG a plus que doublé en passant de 6.000 à 20.000 dinars, (200 euros au cours officiel, environ 150 euros par mois au cours du marché parallèle) la dernière augmentation ayant lieu en septembre 2011, mais devant déflater par le taux d’inflation réel pour déterminer le véritable pouvoir d’achat. Aussi, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, (200 euros par mois, soit 6,6 euros par jour alors que le kilo de viande est de 10 euros) fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé et éducation. La cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les transferts sociaux qui ont atteint 1.200 milliards DA en 2011, prévues 1400 milliards de dollars en 2012 soit plus de 18% du budget général de l'Etat jouent temporairement comme tampon social.
2.- Inflation et la faiblesse de la production et de la productivité interne
Selon les institutions, le rapport du FMI 2011, le produit intérieur brut l'Algérie est de 158,97 milliards en 2010, 183,4 milliards de dollars en 2011 avec une prévision de 188,6 milliards de dollars en 2012. Or, il y a lieu de souligner la faiblesse de la production et de la productivité du fait que 97/98% des exportations sont le résultat des hydrocarbures à l’état brut et semi brut, les 2.3% hors hydrocarbures fluctuant depuis plus de 20 ans pour un montant dérisoire entre 900 millions de dollars et 1,5 milliard de dollars. Ces 2/3% sont constitués en majorité de produits semi finis, issus eux-mêmes des hydrocarbures et déchets ferreux et non ferreux. C’est que plus de 90% du tissu économique sont constitués de PMI/PME organisées sur des structures familiales, ne possédant pas de management stratégique, ne pouvant pas faire face à la concurrence internationale. Les importations couvrent 70/75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 10/15%. On peut démontrer facilement que le taux de croissance officiel hors hydrocarbures de 5/6% a été permis pour 80% via la dépense publique et qu’il ne reste pour les entreprises véritablement autonomes créatrices de richesses, pouvant évoluer dans un environnement concurrentiel mondial, moins de 20% du produit intérieur brut. Encore que le PIB peut cacher d’importantes disparités et l’indice du développement humain combinant 1/3 du taux de croissance, 1/3 le système éducatif et 1/3 le système de santé élaboré par le PNUD est beaucoup plus fiable. Lié à l’analyse précédente, nous avons évidemment la croissance démographique et le versement de salaires sans contreparties productives. La population était de 35,6 millions d’habitants au 1er janvier 2012 selon l’Office des statistiques à 37,1 millions d’habitants La population active devrait dépasse les dix millions et la demande d’emplois additionnelle varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an, nombre d’ailleurs sous estimé le calcul de l’ONS appliquant un taux largement inférieur pour les taux d’activité à la population féminine, représentant pourtant la moitié de la population active et dont la scolarisation est en forte hausse. Pourtant le taux de chômage officiel est estimé à 10% entre 2010/2012, mais incluant les sureffectifs des administrations, des entreprises publiques, les emplois dans la sphère informelle et les activités temporaires de moins de six mois, pour partie des emplois improductifs. Or, le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. Dans son rapport d’octobre 2011, le FMI note que l’Algérie doit faire plus pour diversifier son économie et sortir de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, notamment pour dynamiser l’emploi parmi les jeunes dont le taux de chômage dépasse pour certaines régions 25/30%.
3.- Non proportionnalité entre la dépense publique et les impacts, facteur de l’inflation
La vrai richesse ne peut apparaitre que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. La dépense publique est passée successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars, mais faute de bilan on ne sait pas si l’intégralité de ce montant a été dépensé. Dans un Conseil des ministres le dernier trimestre 2011, le président de la République a affirmé qu’entre 2004/2013 plus de 500 milliards de dollars seront mobilisés. Pour un programme d’investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements financiers de l’ordre de 286 milliards de dollars et concerne deux volets, à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009, l’équivalent de 130 milliards de dollars (46%) et l’engagement de projets nouveaux pour un montant de près de 156 milliards de dollars. Qu’en sera-t-il des restes à réaliser pour les nouveaux projets inscrits au 31 décembre 2004 à la fois faute de capacités d’absorption et d’une gestion défectueuses. Il n’y a pas de proportionnalité comme démontré précédemment en cette dépense publique et les impacts économiques expliquant largement le déficit budgétaire et le taux d’inflation actuel. Le jeu à la baisse du taux de change du dinar voile l’importance du déficit budgétaire, gonflant artificiellement la fiscalité pétrolière et donc l’inefficience de la dépense publique. Elle gonfle également artificiellement le fonds de régulation des recettes, une dévaluation de 20% donnant une valeur de 20% de plus en dinars algériens calculé par le trésor et la Banque d’Algérie dans leurs bilans annuels.
Avec une dévaluation de 20% cela abaisserait également d’autant le montant de la fiscalité pétrolière. Pour plus de transparence, je préconise que les lois de finances se fonde sur le cours réel du marché des hydrocarbures, que toutes les subventions soient budgétarisées par le parlement lors de l’élaboration de la loi des finances quitte à ce que l‘excédent soit versé dans un fonds pour les générations futures comme c’est le cas en Norvège. D’une manière générale selon un rapport pour la région MENA 2010, l’Algérie pour des pays similaires dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats, démontrant une mauvaise gestion pour ne pas dire une corruption socialisée. Et l’Etat algérien continue de dépenser sans compter en lançant des projets non fiables à terme économiquement souvent pour des raisons de prestige. Tant qu’il y a la rente. Mais l’Algérie peut-elle continuer de vivre de l’illusion de la rente sur la base d’un cours de 70 dollars pour le budget de fonctionnement et 40/50 dollars pour le budget d’équipement si le cours des hydrocarbures baisse au risque d’une hyperinflation ? Peut-elle continuer dans cette voie suicidaire des assainissement répétées des entreprises publiques de plus de 50 milliards de dollars entre 1971 et 2011, avec des recapitalisations répétées des banques publiques contrôlant 90% du crédit global, malades de leurs clients souvent non bancables, dont plus de 70% des entreprises publiques sont revenues à la case de départ, au risque sans relèvement des taux d’intérêt d’une faillite du système bancaire freinant l’investissement ? Cette masse monétaire sans contreparties productives alimente le processus inflationniste.
Sans un changement de cap de la politique économique, il y a risque de vives tensions sociales avec une spirale infernale, augmentation de salaires, inflation-augmentation à nouveau de salaires rendant nécessaire l’élévation du taux d’intérêt bancaire si l’on veut éviter la faillite du système financier, tout cela remettant en cause le cadre macro économique stabilisé artificiellement par la rente des hydrocarbures.
1.- Le constat : le retour accéléré de l’inflation
L’indice des prix à la consommation a atteint 9,9% à Alger au mois d’octobre 2012 par rapport au même mois de 2011, accentuant ainsi la hausse du rythme d’inflation. De janvier à octobre 2012, plusieurs produits alimentaires ont augmenté, essentiellement la pomme de terre (39,9%), la viande de mouton (30,2%), la volaille (17,2%), les légumes frais (13%), les poissons (10,3%) et les fruits frais (7,2%), données de l’APS reprises auprès de l’ONS. Concernant l’indice global de l’inflation, il doit être régulièrement réactualisé car le besoin est historiquement daté, les besoins évoluant. Le taux d’inflation officiel est biaisé, étant comprimé artificiellement par les subventions sinon il dépasserait les 13/14%. Un agrégat global comme le revenu national par tête d’habitant peut voiler d’importantes disparités entre les différentes couches sociales. Une analyse pertinente devrait lier le processus d’accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales. Certes, le SNMG a plus que doublé en passant de 6.000 à 20.000 dinars, (200 euros au cours officiel, environ 150 euros par mois au cours du marché parallèle) la dernière augmentation ayant lieu en septembre 2011, mais devant déflater par le taux d’inflation réel pour déterminer le véritable pouvoir d’achat. Aussi, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, (200 euros par mois, soit 6,6 euros par jour alors que le kilo de viande est de 10 euros) fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé et éducation. La cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les transferts sociaux qui ont atteint 1.200 milliards DA en 2011, prévues 1400 milliards de dollars en 2012 soit plus de 18% du budget général de l'Etat jouent temporairement comme tampon social.
2.- Inflation et la faiblesse de la production et de la productivité interne
Selon les institutions, le rapport du FMI 2011, le produit intérieur brut l'Algérie est de 158,97 milliards en 2010, 183,4 milliards de dollars en 2011 avec une prévision de 188,6 milliards de dollars en 2012. Or, il y a lieu de souligner la faiblesse de la production et de la productivité du fait que 97/98% des exportations sont le résultat des hydrocarbures à l’état brut et semi brut, les 2.3% hors hydrocarbures fluctuant depuis plus de 20 ans pour un montant dérisoire entre 900 millions de dollars et 1,5 milliard de dollars. Ces 2/3% sont constitués en majorité de produits semi finis, issus eux-mêmes des hydrocarbures et déchets ferreux et non ferreux. C’est que plus de 90% du tissu économique sont constitués de PMI/PME organisées sur des structures familiales, ne possédant pas de management stratégique, ne pouvant pas faire face à la concurrence internationale. Les importations couvrent 70/75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 10/15%. On peut démontrer facilement que le taux de croissance officiel hors hydrocarbures de 5/6% a été permis pour 80% via la dépense publique et qu’il ne reste pour les entreprises véritablement autonomes créatrices de richesses, pouvant évoluer dans un environnement concurrentiel mondial, moins de 20% du produit intérieur brut. Encore que le PIB peut cacher d’importantes disparités et l’indice du développement humain combinant 1/3 du taux de croissance, 1/3 le système éducatif et 1/3 le système de santé élaboré par le PNUD est beaucoup plus fiable. Lié à l’analyse précédente, nous avons évidemment la croissance démographique et le versement de salaires sans contreparties productives. La population était de 35,6 millions d’habitants au 1er janvier 2012 selon l’Office des statistiques à 37,1 millions d’habitants La population active devrait dépasse les dix millions et la demande d’emplois additionnelle varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an, nombre d’ailleurs sous estimé le calcul de l’ONS appliquant un taux largement inférieur pour les taux d’activité à la population féminine, représentant pourtant la moitié de la population active et dont la scolarisation est en forte hausse. Pourtant le taux de chômage officiel est estimé à 10% entre 2010/2012, mais incluant les sureffectifs des administrations, des entreprises publiques, les emplois dans la sphère informelle et les activités temporaires de moins de six mois, pour partie des emplois improductifs. Or, le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. Dans son rapport d’octobre 2011, le FMI note que l’Algérie doit faire plus pour diversifier son économie et sortir de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, notamment pour dynamiser l’emploi parmi les jeunes dont le taux de chômage dépasse pour certaines régions 25/30%.
3.- Non proportionnalité entre la dépense publique et les impacts, facteur de l’inflation
La vrai richesse ne peut apparaitre que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. La dépense publique est passée successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars, mais faute de bilan on ne sait pas si l’intégralité de ce montant a été dépensé. Dans un Conseil des ministres le dernier trimestre 2011, le président de la République a affirmé qu’entre 2004/2013 plus de 500 milliards de dollars seront mobilisés. Pour un programme d’investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements financiers de l’ordre de 286 milliards de dollars et concerne deux volets, à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009, l’équivalent de 130 milliards de dollars (46%) et l’engagement de projets nouveaux pour un montant de près de 156 milliards de dollars. Qu’en sera-t-il des restes à réaliser pour les nouveaux projets inscrits au 31 décembre 2004 à la fois faute de capacités d’absorption et d’une gestion défectueuses. Il n’y a pas de proportionnalité comme démontré précédemment en cette dépense publique et les impacts économiques expliquant largement le déficit budgétaire et le taux d’inflation actuel. Le jeu à la baisse du taux de change du dinar voile l’importance du déficit budgétaire, gonflant artificiellement la fiscalité pétrolière et donc l’inefficience de la dépense publique. Elle gonfle également artificiellement le fonds de régulation des recettes, une dévaluation de 20% donnant une valeur de 20% de plus en dinars algériens calculé par le trésor et la Banque d’Algérie dans leurs bilans annuels.
Avec une dévaluation de 20% cela abaisserait également d’autant le montant de la fiscalité pétrolière. Pour plus de transparence, je préconise que les lois de finances se fonde sur le cours réel du marché des hydrocarbures, que toutes les subventions soient budgétarisées par le parlement lors de l’élaboration de la loi des finances quitte à ce que l‘excédent soit versé dans un fonds pour les générations futures comme c’est le cas en Norvège. D’une manière générale selon un rapport pour la région MENA 2010, l’Algérie pour des pays similaires dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats, démontrant une mauvaise gestion pour ne pas dire une corruption socialisée. Et l’Etat algérien continue de dépenser sans compter en lançant des projets non fiables à terme économiquement souvent pour des raisons de prestige. Tant qu’il y a la rente. Mais l’Algérie peut-elle continuer de vivre de l’illusion de la rente sur la base d’un cours de 70 dollars pour le budget de fonctionnement et 40/50 dollars pour le budget d’équipement si le cours des hydrocarbures baisse au risque d’une hyperinflation ? Peut-elle continuer dans cette voie suicidaire des assainissement répétées des entreprises publiques de plus de 50 milliards de dollars entre 1971 et 2011, avec des recapitalisations répétées des banques publiques contrôlant 90% du crédit global, malades de leurs clients souvent non bancables, dont plus de 70% des entreprises publiques sont revenues à la case de départ, au risque sans relèvement des taux d’intérêt d’une faillite du système bancaire freinant l’investissement ? Cette masse monétaire sans contreparties productives alimente le processus inflationniste.
Commentaire