Par Marc DAOU le 29/11/2012 - 17:17
Ces derniers jours, les rebelles ont abattu un hélicoptère et un avion de l'armée syrienne, près d'Alep, grâce à des missiles sol-air. Le recours systématique à ces armes pourrait constituer, à terme, un tournant dans la crise.
Le régime de Bachar al-Assad est-il en train de perdre la maîtrise des airs ? Pour la première fois depuis le début de l’insurrection en mars 2011, les rebelles ont utilisé des missiles sol-air pour abattre coup sur coup un hélicoptère et un avion de l'armée de l’air syrienne, les 27 et 28 novembre, entre Alep et Idlib, dans le nord du pays. Des images amateurs des deux opérations attestent de l’usage de telles armes dont on ignorait jusqu’ici la présence entre les mains de la rébellion.
Des missiles en provenance des stocks de l'armée régulière
Selon les experts militaires, l’hélicoptère qui bombardait les alentours de la base de cheikh Souleimane, à 25 kilomètres au nord-ouest d'Alep, a été touché de plein fouet par un missile Sam-7. "Les armes qui ont été utilisées pour abattre un avion et un hélicoptère proviennent de l’armée syrienne. Elles ont été récupérées par les forces de l’opposition, et ce comme 90 % du matériel utilisé par ces derniers depuis le début de l’insurrection", explique à FRANCE 24 Afak Ahmad, un ancien officier de renseignement de l'Armée de l'air, réfugié en France après avoir fait défection.
Ces derniers jours, les rebelles ont pris le contrôle de cinq bases aériennes de l’armée régulière, toutes situées dans le nord du pays, près de la frontière avec la Turquie. L'un des chefs militaires de la rébellion, le général Ahmad Faj, avait déclaré la semaine dernière à l'AFP que les rebelles avaient récupéré des missiles sol-air lors de la prise de la Base 46, située à quelques kilomètres d’Alep (nord-ouest). "Des dizaines de missiles sol-air Sam-7 de type Cobra étaient entreposés dans des caches aménagées dans des réseaux souterrains de la base. C'est une bombe larguée par un MiG pendant l'attaque qui les a mis au jour", a raconté à l’AFP Mouhannad, un sous-officier de l'armée syrienne qui a déserté pendant l'assaut rebelle final, le 18 novembre, sur la Base 46.
Toutefois, les experts rechignent, pour l'instant, à voir un "tournant" de la crise dans la destruction de ces deux appareils en moins de 24 heures. "Si l’Armée syrienne libre (ASL) a les capacités de maintenir cette stratégie et que la suprématie aérienne du régime est remise en cause dans les semaines à venir, alors oui, on pourra dire qu’il s’agit d’un tournant", explique Joshua Landis, professeur associé d'études moyen-orientales à l'université d'Oklahoma, spécialiste de la Syrie et auteur du blog très bien documenté Syria Comment. Celui-ci estime que le régime réfléchira alors à deux fois avant d’envoyer ses hélicoptères.
Un avis que partage Georges Malbrunot, grand reporter au service étranger du quotidien Le Figaro et spécialiste du Moyen-Orient. Selon lui, ce n'est que si la suprématie aérienne du régime - "son principal atout militaire" - est durablement remise en cause par les rebelles que Bachar al-Assad pourrait perdre le nord de la Syrie. "Reste à savoir s’ils ont suffisamment d’armes anti-aériennes pour répéter ce type d’action", résume-t-il.
Un choix stratégique
Pour les observateurs en revanche, la destruction des deux appareils s'apparente bien à un changement de stratégie de la rébellion. "L’ASL a compris que sa demande de voir une zone d’exclusion aérienne dans le nord du pays n’est pas prête d’être exaucée et en a tiré les conclusions en concentrant ses attaques sur l’armée de l’air de Bachar al-Assad et sur ses bases afin de contrer la suprématie aérienne du régime et de récupérer les armes qu’ils demandent à la communauté internationale", explique Afak Ahmad.
En effet, depuis plusieurs mois, les rebelles réclament la livraison d'armes anti-aériennes comme des Stingers, d’une portée de 8 kilomètres. Mais les Occidentaux, contrairement au Saoudiens et aux Qataris, s’y opposent, craignant de voir ces missiles parvenir à des djihadistes. Selon le quotidien américain Washington Post de ce jeudi, la rébellion disposerait de 40 missiles sol-air, dont certains ont été livrés ces dernières semaines par le Qatar, ont rapporté au journal deux responsables du renseignement proche-orientaux.
"Cette nouvelle phase de l’insurrection est capitale car l’armée régulière, lorsqu’elle ne pouvait envoyer des troupes au sol, utilisait son aviation pour frapper les positions de l’opposition, ce qui obligeait les rebelles à abandonner certaines zones fraîchement conquises et d’être toujours en mouvement", reprend Joshua Landis. Qui estime par ailleurs qu’il n’est pas exclu, vu cette "nouvelle phase de l’insurrection", que Bachar al-Assad soit forcé, à terme, d’abandonner le nord du pays et de créer une nouvelle ligne de front au nord de Hama et de Homs afin de protéger le sud du pays. "Ce qui n’est pas sans rappeler l’exemple de Benghazi", juge encore celui-ci, en référence à la ville libyenne qui, libérée des troupes du colonel Kadhafi, était finalement devenue le quartier général de la rébellion.
France24.
Ces derniers jours, les rebelles ont abattu un hélicoptère et un avion de l'armée syrienne, près d'Alep, grâce à des missiles sol-air. Le recours systématique à ces armes pourrait constituer, à terme, un tournant dans la crise.
Le régime de Bachar al-Assad est-il en train de perdre la maîtrise des airs ? Pour la première fois depuis le début de l’insurrection en mars 2011, les rebelles ont utilisé des missiles sol-air pour abattre coup sur coup un hélicoptère et un avion de l'armée de l’air syrienne, les 27 et 28 novembre, entre Alep et Idlib, dans le nord du pays. Des images amateurs des deux opérations attestent de l’usage de telles armes dont on ignorait jusqu’ici la présence entre les mains de la rébellion.
Des missiles en provenance des stocks de l'armée régulière
Selon les experts militaires, l’hélicoptère qui bombardait les alentours de la base de cheikh Souleimane, à 25 kilomètres au nord-ouest d'Alep, a été touché de plein fouet par un missile Sam-7. "Les armes qui ont été utilisées pour abattre un avion et un hélicoptère proviennent de l’armée syrienne. Elles ont été récupérées par les forces de l’opposition, et ce comme 90 % du matériel utilisé par ces derniers depuis le début de l’insurrection", explique à FRANCE 24 Afak Ahmad, un ancien officier de renseignement de l'Armée de l'air, réfugié en France après avoir fait défection.
Ces derniers jours, les rebelles ont pris le contrôle de cinq bases aériennes de l’armée régulière, toutes situées dans le nord du pays, près de la frontière avec la Turquie. L'un des chefs militaires de la rébellion, le général Ahmad Faj, avait déclaré la semaine dernière à l'AFP que les rebelles avaient récupéré des missiles sol-air lors de la prise de la Base 46, située à quelques kilomètres d’Alep (nord-ouest). "Des dizaines de missiles sol-air Sam-7 de type Cobra étaient entreposés dans des caches aménagées dans des réseaux souterrains de la base. C'est une bombe larguée par un MiG pendant l'attaque qui les a mis au jour", a raconté à l’AFP Mouhannad, un sous-officier de l'armée syrienne qui a déserté pendant l'assaut rebelle final, le 18 novembre, sur la Base 46.
Toutefois, les experts rechignent, pour l'instant, à voir un "tournant" de la crise dans la destruction de ces deux appareils en moins de 24 heures. "Si l’Armée syrienne libre (ASL) a les capacités de maintenir cette stratégie et que la suprématie aérienne du régime est remise en cause dans les semaines à venir, alors oui, on pourra dire qu’il s’agit d’un tournant", explique Joshua Landis, professeur associé d'études moyen-orientales à l'université d'Oklahoma, spécialiste de la Syrie et auteur du blog très bien documenté Syria Comment. Celui-ci estime que le régime réfléchira alors à deux fois avant d’envoyer ses hélicoptères.
Un avis que partage Georges Malbrunot, grand reporter au service étranger du quotidien Le Figaro et spécialiste du Moyen-Orient. Selon lui, ce n'est que si la suprématie aérienne du régime - "son principal atout militaire" - est durablement remise en cause par les rebelles que Bachar al-Assad pourrait perdre le nord de la Syrie. "Reste à savoir s’ils ont suffisamment d’armes anti-aériennes pour répéter ce type d’action", résume-t-il.
Un choix stratégique
Pour les observateurs en revanche, la destruction des deux appareils s'apparente bien à un changement de stratégie de la rébellion. "L’ASL a compris que sa demande de voir une zone d’exclusion aérienne dans le nord du pays n’est pas prête d’être exaucée et en a tiré les conclusions en concentrant ses attaques sur l’armée de l’air de Bachar al-Assad et sur ses bases afin de contrer la suprématie aérienne du régime et de récupérer les armes qu’ils demandent à la communauté internationale", explique Afak Ahmad.
En effet, depuis plusieurs mois, les rebelles réclament la livraison d'armes anti-aériennes comme des Stingers, d’une portée de 8 kilomètres. Mais les Occidentaux, contrairement au Saoudiens et aux Qataris, s’y opposent, craignant de voir ces missiles parvenir à des djihadistes. Selon le quotidien américain Washington Post de ce jeudi, la rébellion disposerait de 40 missiles sol-air, dont certains ont été livrés ces dernières semaines par le Qatar, ont rapporté au journal deux responsables du renseignement proche-orientaux.
"Cette nouvelle phase de l’insurrection est capitale car l’armée régulière, lorsqu’elle ne pouvait envoyer des troupes au sol, utilisait son aviation pour frapper les positions de l’opposition, ce qui obligeait les rebelles à abandonner certaines zones fraîchement conquises et d’être toujours en mouvement", reprend Joshua Landis. Qui estime par ailleurs qu’il n’est pas exclu, vu cette "nouvelle phase de l’insurrection", que Bachar al-Assad soit forcé, à terme, d’abandonner le nord du pays et de créer une nouvelle ligne de front au nord de Hama et de Homs afin de protéger le sud du pays. "Ce qui n’est pas sans rappeler l’exemple de Benghazi", juge encore celui-ci, en référence à la ville libyenne qui, libérée des troupes du colonel Kadhafi, était finalement devenue le quartier général de la rébellion.
France24.
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