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"Israël", où sont ta force et ta dignité?

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  • "Israël", où sont ta force et ta dignité?

    Il est devenu clair pour chacun de nous qu’Israël ne veut pas la paix, une paix qui obligerait ses citoyens à laisser vivre librement le peuple palestinien de l’autre côté de cette barrière de la honte qui fut érigée, disait-on, par mesure de sécurité – et sans nul besoin d’y ajouter le recueillement ou la prière au mur des Lamentations! Nous le savons, nous le vérifions au fil des jours, les lamentations sont vécues au quotidien à Gaza et partout en Cisjordanie dans l’autre territoire palestinien, ce pays mité qu’occupent les ultras, ces colons juifs ultranationalistes rêvant encore et toujours du Grand Israël.

    Israël, disons-le une fois encore, vit dans l’ivresse, non seulement fier mais enivré, de sa puissance, incapable d’envisager, même sous contrôle international, de suspendre un instant, c’est-à-dire quelques mois, les démonstrations de force de ses armées, cette spécialité de l’Etat juif aussi vaine qu’elle est à chaque fois sérieusement conduite. Le chantage à l’agression est permanent. Au marché de la mort symbolique, sinistre farce, un cadavre juif en vaut douze ou treize de l’autre bord. C’est ainsi que la culture de guerre se porte à merveille. Et la scandaleuse politique d’occupation des terres palestiniennes, celle qui ne fut jamais, jamais interrompue, le démontre assez. Là est la faute permanente, inexcusable de la politique israélienne. Faire la paix comporte un risque, Israël choisit de ne pas prendre ce risque.

    Et rien, si l’on en vient deux secondes à cette radicale pomme de discorde, Jérusalem, rien dans cette ville, rien d’essentiel dans son esprit, dans son devenir historique, ne peut la conduire à n’être que la forteresse du sionisme triomphant. Cette ville, sous le signe de la paix universelle, ne peut exister que d’être ouverte à tous les hommes en raison même de leurs différences politiques ou religieuses. Et lesquelles ne mériteraient pas le respect? Jérusalem n’aurait droit d’être appelée «ville sainte» qu’à ce titre, et à lui seul, et non du simple fait que les trois monothéismes s’y rencontrent. La voix humble, ici, d’Antonio Porchia qui murmurait, et certes, les citoyens libres de l’Etat hébreux, s’il en reste, pourraient l’entendre: «Tu croyais que détruire ce qui sépare était unir. Et tu as détruit ce qui sépare. Et tu as tout détruit. Parce qu’il n’y a rien sans ce qui sépare.»

    Nous autres, intellectuels européens, qui avons l’âge de l’Etat d’Israël, qui avons applaudi à sa création, qui l’avons soutenu de toutes nos forces au cours de guerres injustes, nous ne savons plus comment l’aider, comment plaider, ce pays semble vouloir s’abîmer jour après jour dans la violence avec la terreur pour unique horizon. A peine avait-on remisé Sharon que Netanyahou a surgi pour le pire. Et l’angoisse qu’il soit un jour trop tard nous talonne. A force d’attiser – une expédition de police militaire suivant l’autre à Gaza ou ailleurs – de tels désirs de vengeance chez l’ennemi, aux Palestiniens tout sera permis. Nous sommes obligés de le reconnaître, il est possible que l’Etat hébreux ne sorte jamais de cette prison qu’il s’emploie à fortifier année après année, cette prison qui est bâtie de l’Humiliation historique d’où il a surgi sans oublier que s’en construit une autre dans les têtes palestiniennes, non moins granitique. Chercher à sortir les peuples de leur empiègement psychologique fait aussi partie de l’acte politique.

    On peut admirer le courage et l’intelligence d’un guerrier, sa ruse, pas si son combat n’illustre aucune valeur universelle, reconnaissable par tous, et qui finalement vient transcender la violence mise en jeu. Encore une fois en appeler à créer une autre politique que celle qui débouche sur une sempiternelle désolation – avec tous les Juifs de la diaspora qui acceptent d’ouvrir les yeux – encore une fois appeler, exiger enfin une politique responsable et généreuse, oui, le contraire de l’hystérie actuelle. Personne n’oublie les quelques roquettes palestiniennes qui sont tombées sur les villes du Sud – et toutes les victimes ont même statut… Il ne s’agit pas de justifier la violence, proprement inouïe aux yeux de qui vit dans la paix et le confort, seulement de la comprendre à sa source. Israël gagnerait beaucoup à se souvenir du combat qui fut le sien, souvent atroce, pour son seul droit à l’existence, et, plus récemment, d’un de ses fils assassinés, un certain Yitzhak Rabin qui, lui au moins, lui le premier, voulait la paix.

    Pierre Voélin

    LaLiberté Quotidien roman édité à Fribourg 01/12/2012

  • #2
    Bien dit ami !

    Un intellectuel suisse courageux et lucide !

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