Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Égypte : les anti-Morsi marchent sur la présidence

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Égypte : les anti-Morsi marchent sur la présidence

    REPORTAGE - Le chef de l'État a quitté mardi soir son palais du Caire, près duquel des heurts ont éclaté.

    Envoyé spécial au Caire
    Ils ont réussi à couper les barbelés qui entourent le palais présidentiel. Ce mardi soir, des milliers de manifestants sont rassemblés devant le bâtiment, à une quinzaine de kilomètres du centre du Caire. Quelques tirs de gaz lacrymogènes partent des rangs de la police. Les protestataires reculent, puis reviennent. Ils reprennent le slogan fétiche de la lutte anti-Moubarak - «Dégage!» -, mais cette fois l'ordre s'adresse à Mohammed Morsi. En fin d'après-midi, on annonce que le président islamiste a quitté le palais. Nombre de ceux qui sont venus manifester avaient pourtant voté pour lui, fin juin, au deuxième tour de la présidentielle, afin de barrer la route à son adversaire Ahmed Chafiq, considéré comme le candidat des militaires. Aujourd'hui, ils ne veulent plus ni de Morsi ni de son projet de Constitution, rédigé à la hâte par une commission presque entièrement composée d'islamistes.
    On manifeste aussi place Tahrir, le lieu emblématique de la révolution anti-Moubarak. Tous les partis d'opposition participent, ainsi que des syndicats, des mouvements révolutionnaires et l'Église copte. Mais aussi, surprise, des clercs de l'université islamique d'al-Azhar. Vers 16 heures, une série de bonnets blancs surnagent au-dessus des têtes. Les religieux se dirigent vers le centre de la place. On les applaudit. Ils représentent une faction de l'université qui ne veut pas d'un pouvoir des Frères musulmans. On peut être religieux et opposé à l'islam politique.
    «Les gardes du corps de Tahrir»

    L'objectif de l'opposition est de rassembler au moins autant de monde que les islamistes, qui ont manifesté samedi pour soutenir le président. À 15 heures, quand les marches commencent à se diriger vers la place à partir de plusieurs quartiers du Caire, l'ambiance est déjà survoltée. Les journalistes, en grève, se sont rassemblés devant leur siège. Les slogans vont bien plus loin que la simple dénonciation du référendum. Ils visent directement le pouvoir. «Le peuple veut le départ de Morsi! Le peuple veut la chute des Frères musulmans!», scandent les protestataires. Abeer Saady, élégante jeune femme en veste-pantalon, secrétaire générale adjointe du syndicat, a voté elle aussi pour Mohammed Morsi au deuxième tour. Elle réclame aujourd'hui le départ du président. «En cinq mois, il est devenu un dictateur comme Moubarak, dit-elle. C'est maintenant ou jamais. Si nous ne faisons rien, nos enfants ne nous le pardonneront pas. Aujourd'hui, nous faisons l'histoire.»
    Abeer redoute néanmoins un possible «oui» au référendum. «La moitié des Égyptiens sont illettrés. Ils vont voter selon leurs sentiments.» Arrivés sur la place, les journalistes rejoignent une foule qui grossit de minute en minute. Assis tranquillement sur une chaise en plastique d'un café improvisé, Chérif, vieux militant de gauche en blouson, la moustache blanche et les cheveux ras, apprécie l'ambiance. «Nous ne pouvons pas reculer. Nous irons jusqu'au bout», dit-il. Chérif est prêt à une période de troubles graves, il envisage sereinement une grève générale. Salma, jeune réalisatrice de télévision, est là, caméra en main. Elle appartient à un groupe dont on peut traduire le nom comme «Les Insistants» et qui s'est donné pour but de filmer la révolution. Mais ces jeunes militants, qui ont chassé Moubarak, ne font confiance à personne: «Aucun des partis ou des mouvements ne nous représente. On ne veut pas se faire voler notre révolution», dit Salma, les yeux gonflés par le manque de sommeil.
    Les jeunes retrouvent l'atmosphère des journées anti-Moubarak, où tout semblait possible. Ils s'organisent pour la durée. Ils ont monté des miradors en bois où veillent des garçons en casques de chantier et chasubles orange fluo, munis de gros bâtons. On les appelle «les gardes du corps de Tahrir». Ils surveillent la place pour intervenir dès qu'ils constateraient des cas d'agression sexuelle, comme pendant la révolution ou des femmes ont été violentées par des groupes d'hommes surexcités. Tahrir se prépare pour une longue résistance.
    Les journalistes en grève refusent d'être mis au pas

    Après les juges, la presse dit «non» à la Constitution. Remontés contre les atteintes à la liberté d'expression qui prévalent dans la nouvelle loi fondamentale, plusieurs journaux étaient absents des kiosques mardi matin. Cette grève des médias, qui comprend les quotidiens al-Tahrir, al-Watan et al-Masry al-Yom, vise aussi à protester contre la pression croissante dont sont victimes les journalistes qui osent s'en prendre au président Morsi et aux Frères musulmans. Dernier exemple en date: celui d'une présentatrice de la deuxième chaîne dont le programme a été suspendu pour avoir critiqué le texte constitutionnel, rédigé par une Assemblée majoritairement islamiste. «Ces différentes restrictions imposées à la presse sont contre l'esprit de liberté de notre révolution», s'insurge Lina Attalah, rédactrice en chef d'Egypt Independent, le pendant anglophone d'al-Masry al-Yom. Sur la page Web du journal, un petit texte incrusté dans un bandeau noir annonce la couleur: «Vous lisez ce message parce que Egypt Independent s'oppose aux restrictions continues contre les libertés des médias, surtout après que des centaines d'Égyptiens ont donné leur vie pour la liberté et la dignité.» La veille, un dessin publié en une de ces mêmes quotidiens pro-révolution montrait un journal sous des traits humains, menotté dans une cellule, avec pour légende: «Une Constitution qui supprime les droits et menotte la liberté. Non à la dictature!»

    LeFigaro

  • #2
    Égypte: soutien massif des islamistes au président Morsi




    Des dizaines de milliers de militants Frères musulmans et salafistes ont manifesté samedi au Caire pour soutenir le projet de Constitution. Publié vendredi, le texte devrait être soumis à référendum dans les quinze jours après son approbation par le président.

    De notre envoyé spécial au Caire
    Ils n'étaient pas trois millions, comme l'a clamé un orateur enthousiaste. Mais les Frères musulmans et les salafistes ont réussi leur pari en rassemblant plus de 50.000 personnes autour de l'université de Gizeh, pour soutenir le président Mohammed Morsi, issu des Frères musulmans, et le projet de Constitution publié en hâte vendredi par la Commission constituante, entièrement composée d'islamistes depuis le départ de ses membres libéraux
    Les manifestants pro-Morsi avaient reporté leur rassemblement, prévu mardi, pour ne pas causer de friction avec l'importante manifestation des libéraux, opposés à la Constitution, qui se réunissaient le même jour sur la place Tahrir, lieu symbolique de la révolution anti-Moubarak. Samedi, les islamistes ont choisi de rester autour de l'université, à dix minutes de la place Tahrir où quelques milliers de personnes continuaient de camper pour réclamer le retrait de la Constitution, qu'ils jugent trop religieuse et dangereuse pour les libertés.
    Les islamistes ont indéniablement réussi leur démonstration de force. À 16 heures, quatre heures après le début du rassemblement, des marches continuent d'arriver de plusieurs quartiers du Caire. Les manifestants viennent aussi de toutes les régions, amenés par des bus qui stationnent dans les avenues proches. La manifestation déborde largement de la vaste place de l'université. Le ton et l'allure des manifestants contrastent avec ceux de la place Tahrir, mélange d'hommes et de femmes, de bourgeois, de gens du peuple et de chrétiens. Ici, la foule est presque entièrement masculine, populaire et majoritairement barbue.
    On scande et chante «Égypte islamique! Égypte islamique!»

    Il y a aujourd'hui deux Égypte. Celle de l'université s'embarrasse moins de précautions oratoires que le président, qui cherche à rassembler. Des drapeaux égyptiens flottent au-dessus des têtes, avec l'inscription «il n'y a de Dieu que Dieu» rajoutée au milieu. Il y a aussi les drapeaux noirs des salafistes. On scande et chante «Égypte islamique! Égypte islamique!» Ou «le peuple veut la charia de Dieu!» (la loi islamique). On conspue les juges, qui font grève, et la Haute Cour constitutionnelle, qui s'apprête à retoquer la «proclamation» qui, actuellement, donne provisoirement des pouvoirs étendus au président. «Morsi, supprime la Cour constitutionnelle!» s'écrie un militant des «Frères» au micro de la tribune. On dénonce les médias: une affiche rassemblant les portraits des principaux présentateurs de journaux télé est frappée à coups de chaussures. On s'attaque aussi aux leaders de l'opposition, parfois dans un style particulier: une banderole montre le président Morsi flanqué de «ses six femmes», à savoir les chefs de l'opposition coiffés de perruques… Une moquerie courante pour ridiculiser l'adversaire.
    La quasi-totalité de la galaxie islamiste, majoritaire aux élections législatives, est présente: les Frères musulmans et leur Parti de la justice et de la liberté, le Mouvement salafiste et sa traduction politique, le parti al-Nour «(La lumière») et même le parti Wasat («Le centre») qualifié de «modéré». Les salafistes avaient œuvré pour une version encore plus dure de la Constitution, mais malgré leurs réticences, ils ont décidé de soutenir le président.
    «Pain, liberté, charia islamique!»

    Difficile parfois de distinguer qui est qui: les salafistes ne portent pas tous la barbe longue et la robe courte «comme au temps du Prophète». Et les militants des «Frères», à la barbe courte, tiennent souvent le même langage que les intégristes. «On a essayé tous les systèmes occidentaux, le socialisme, le capitalisme, que sais-je… Pourquoi ne pas essayer l'État islamique? Les gens en ont peur, mais ils ne l'ont pas essayé…», dit un commerçant d'Alexandrie, sympathisant des Frères musulmans et fier de montrer sa carte d'identité: il s'appelle Mohammed Morsi, comme le président.
    Toutefois, certains appartiennent visiblement à une tendance plus moderniste: «Un État normal avec un fond islamique, pas une théocratie», proteste Mohammed Chaaban, un pharmacien de la région du Fayoum, à 160 km au sud du Caire. Mais les orateurs qui se succèdent sur les tréteaux lancent des mots d'ordre bien plus radicaux dans la sono saturée: «Soyez patients! Ce sera la victoire de Dieu, pas la nôtre! Le peuple a pris sa décision, il veut la charia!», crie le meneur de jeu. Un des fondateurs du Mouvement salafiste d'Alexandrie, Cheikh Mohammed Ismail al-Muqadim, présentateur sur une chaîne religieuse, détourne le slogan de la révolution anti-Moubarak: «Pain, liberté, charia islamique!» clame-t-il.
    Pour lui comme pour tous les manifestants, c'est ici, à l'université, que sont les vrais révolutionnaires. Ceux de la place Tahrir sont noyautés, dit-il, par les anciens du régime Moubarak. Deux Égypte pour une révolution. Les partisans de Morsi sont convaincus de gagner. «Il y aura 70% de “oui” au référendum», assure Mohammed Chaaban, le pharmacien du Fayoum.


    Le Figaro

    Commentaire


    • #3
      Quand je disais que la démocratie n'est pas compatible avec les arabes ...

      Le résultat d'une élection chez les arabes qui donne une majorité à un président est synonyme d'une division. Ca se traduit vite sur le terrain. L'Egypte est divisé en deux comme le score de l'élection présidentielle.

      La décision de Morsi peut être contestable mais c'est ça la démocratie. Il faut apprendre à accepter la différence.

      L'Egypte est sur le point d'exploser.

      Commentaire

      Chargement...
      X