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La fin du Cycle de Doha arrache des larmes et des sourires
OMC
Les milieux agricoles sont soulagés, les entreprises exportatrices pestent. Personne ne souhaite pourtant la multiplication des négociations bilatérales.
AUDE MARCOVITCH INFOSUD
Publié le 27 juillet 2006
AGRICULTURE Les paysans se réjouissent de l’échec de l’OMC, mais craignent de servir de monnaie d’échange lors de négociations bilatérales./JEAN-PAUL GUINNARD
De la déception au soulagement: l'annonce du gel des négociations du Cycle de Doha sur la libéralisation des échanges commerciaux partage les réactions des différents secteurs économiques suisses. Si elle tenait une position très défensive sur l'agriculture, Berne attendait avec impatience l'ouverture des marchés des pays émergents pour y exporter ses produits industriels et ses services.
Les droits de douane particulièrement élevés en Suisse sont la cible des gros exportateurs de biens agricoles qui, tels le Brésil, les Etats-Unis ou l'Australie souhaitent accéder aux marchés des pays protectionnistes.
Pour Jacques Bourgeois, directeur de l'Union suisse des paysans (USP), les propositions qui étaient sur la table des négociations «représentaient de graves pertes pour les familles d'agriculteurs suisses.» Soulignant que la Suisse importe pour 40% de ses denrées alimentaires, selon lui, «plus de trois milliards de francs de valeur de production pourraient être perdus si on acceptait les termes de l'accord proposé par le G20 (groupe des pays émergents)».
Néanmoins, le représentant de l'USP déplore l'échec du traitement multilatéral des négociations et le risque qu'il soit remplacé par des traités bilatéraux lancés tous azimuts: «L'agriculture pourrait servir de monnaie d'échange dans les accords bilatéraux que la Suisse conclura à l'avenir. De plus, avec le multilatéralisme, on était assuré de règles claires, égales pour tous les pays.»
Exportations freinées
Concernant les produits industriels et les services, c'est vers les pays émergents que la Suisse souhaite développer ses exportations. Or les tarifs douaniers imposés par l'Inde ou le Brésil freinent ces ambitions. «L'apparition de nouvelles couches sociales avec un pouvoir d'achat élevé en Asie, en Amérique latine ou en Russie nous offre de nouvelles opportunités», résume Gregor Kündig, responsable des affaires internationales à Economiesuisse.
De même l'amélioration des échanges entre pays du Sud «aurait des conséquences positives sur nos entreprises multinationales». Dès lors, pour les secteurs industriels suisses comme le textile, les montres, les machines, la chimie et les produits pharmaceutiques, la suspension des négociations est une occasion manquée.
Contacts bilatéraux
Sur les chapitres des services, le marché bancaire, les produits financiers et les assurances étaient en première ligne pour tirer les bénéfices du développement des échanges internationaux. Au fil des négociations, l'Inde avait par exemple accepté de diminuer ses restrictions à l'investissement pour les compagnies d'assurances étrangères implantées sur son sol.
Désormais, «il faudra faciliter les contacts bilatéraux avec les pays qui nous intéressent particulièrement», analyse Gregor Kündig. L'an dernier, le ministre de l'économie, Joseph Deiss, a d'ailleurs avancé pour la première fois cette idée avec la Chine. En outre, la Suisse pourrait accélérer ses relations avec certains groupes régionaux, à l'image du rapprochement entre l'Union européenne et le Mercosur, le marché commun des pays d'Amérique latine.
Enfin, un chapitre du Cycle de Doha était consacré à la facilitation des règles liées au commerce, comme les mesures douanières qui grèvent le budget des entreprises ou l'amélioration des lois anti-dumping. Autant de thèmes remis aux calendes grecques.
journal suisse 24 heures
OMC
Les milieux agricoles sont soulagés, les entreprises exportatrices pestent. Personne ne souhaite pourtant la multiplication des négociations bilatérales.
AUDE MARCOVITCH INFOSUD
Publié le 27 juillet 2006
AGRICULTURE Les paysans se réjouissent de l’échec de l’OMC, mais craignent de servir de monnaie d’échange lors de négociations bilatérales./JEAN-PAUL GUINNARD
De la déception au soulagement: l'annonce du gel des négociations du Cycle de Doha sur la libéralisation des échanges commerciaux partage les réactions des différents secteurs économiques suisses. Si elle tenait une position très défensive sur l'agriculture, Berne attendait avec impatience l'ouverture des marchés des pays émergents pour y exporter ses produits industriels et ses services.
Les droits de douane particulièrement élevés en Suisse sont la cible des gros exportateurs de biens agricoles qui, tels le Brésil, les Etats-Unis ou l'Australie souhaitent accéder aux marchés des pays protectionnistes.
Pour Jacques Bourgeois, directeur de l'Union suisse des paysans (USP), les propositions qui étaient sur la table des négociations «représentaient de graves pertes pour les familles d'agriculteurs suisses.» Soulignant que la Suisse importe pour 40% de ses denrées alimentaires, selon lui, «plus de trois milliards de francs de valeur de production pourraient être perdus si on acceptait les termes de l'accord proposé par le G20 (groupe des pays émergents)».
Néanmoins, le représentant de l'USP déplore l'échec du traitement multilatéral des négociations et le risque qu'il soit remplacé par des traités bilatéraux lancés tous azimuts: «L'agriculture pourrait servir de monnaie d'échange dans les accords bilatéraux que la Suisse conclura à l'avenir. De plus, avec le multilatéralisme, on était assuré de règles claires, égales pour tous les pays.»
Exportations freinées
Concernant les produits industriels et les services, c'est vers les pays émergents que la Suisse souhaite développer ses exportations. Or les tarifs douaniers imposés par l'Inde ou le Brésil freinent ces ambitions. «L'apparition de nouvelles couches sociales avec un pouvoir d'achat élevé en Asie, en Amérique latine ou en Russie nous offre de nouvelles opportunités», résume Gregor Kündig, responsable des affaires internationales à Economiesuisse.
De même l'amélioration des échanges entre pays du Sud «aurait des conséquences positives sur nos entreprises multinationales». Dès lors, pour les secteurs industriels suisses comme le textile, les montres, les machines, la chimie et les produits pharmaceutiques, la suspension des négociations est une occasion manquée.
Contacts bilatéraux
Sur les chapitres des services, le marché bancaire, les produits financiers et les assurances étaient en première ligne pour tirer les bénéfices du développement des échanges internationaux. Au fil des négociations, l'Inde avait par exemple accepté de diminuer ses restrictions à l'investissement pour les compagnies d'assurances étrangères implantées sur son sol.
Désormais, «il faudra faciliter les contacts bilatéraux avec les pays qui nous intéressent particulièrement», analyse Gregor Kündig. L'an dernier, le ministre de l'économie, Joseph Deiss, a d'ailleurs avancé pour la première fois cette idée avec la Chine. En outre, la Suisse pourrait accélérer ses relations avec certains groupes régionaux, à l'image du rapprochement entre l'Union européenne et le Mercosur, le marché commun des pays d'Amérique latine.
Enfin, un chapitre du Cycle de Doha était consacré à la facilitation des règles liées au commerce, comme les mesures douanières qui grèvent le budget des entreprises ou l'amélioration des lois anti-dumping. Autant de thèmes remis aux calendes grecques.
journal suisse 24 heures