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La «boîte» qui a changé le monde

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  • La «boîte» qui a changé le monde

    Une idée simple, qui a révolutionné le monde, j'aurai pu y penser en achetant mes chaussures.
    Commentaire - Le point de vue d’un professeur de l’Université de Californie
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    Elle mesure 12 mètres de long, 2,6 ou 2,9 mètres de haut, et 2,4 mètres de large. Elle peut transporter jusqu’à 29 tonnes dans un volume d’utilisation recommandé de 60 m3, soit des marchandises d’une valeur d’environ 500 000 dollars (ou plus) vendues au détail. Cette boîte et son contenu peuvent être transportés en un mois partout dans le monde où il y a des ports équipés, des chemins de fer, des locomotives, des wagons plats, des semi-remorques, du diesel et des routes.

    Cette boîte, c’est le conteneur standardisé. Il permet de transporter des marchandises non fragiles, non périssables, de toute usine moderne équipée d’une aire de chargement à tout entrepôt moderne n’importe où dans le monde, pour environ 1 % de la valeur au détail. Le transport s’effectue en effet pour un coût marginal d’environ 5 000 dollars, soit moins qu’un billet d’avion en première classe, comme le fait remarquer Marc Levinson, auteur de l’excellent ouvrage The Box : How the Shipping Container Made the World Smaller and the World Economy Bigger.

    Tout cela date des années 1960. À l’époque, le coût du transport international transocéanique de la plupart des marchandises représentait facilement 10 % à 20 % de la valeur au détail. Le conteneur a tout changé. Lorsque ma famille a acheté un lave-linge allemand dans un magasin de San Leandro, en Californie, les dix minutes que la vendeuse a passées à nous présenter le produit, ou le transfert par chariot élévateur de l’aire de chargement de San Leandro aux rangées de lave-linge de l’entrepôt, ont coûté davantage que le voyage de l’usine de Schorndorf, en Allemagne, à San Leandro. Finalement, le coût de la livraison à domicile était huit fois supérieur à celui du transport de la machine de l’usine allemande où elle avait été fabriquée au magasin où nous l’avons achetée. Le monde n’est certainement pas « plat », comme le pense le chroniqueur du New York Times Thomas Friedman. Mais en termes économiques, il est très petit pour les marchandises non périssables et non fragiles. Toute usine moderne produisant un volume suffisant pour le transport par conteneur, et équipée d’une aire de chargement adaptée, est à deux pas de tout entrepôt moderne doté de caractéristiques techniques similaires.

    Et pourtant, le monde n’est petit que pour ceux qui sont reliés au réseau international de transport par conteneur. Les zones dépourvues de l’infrastructure nécessaire demeurent éloignées du système commercial mondial qui transporte des machines allemandes haut de gamme des usines westphaliennes aux entrepôts californiens pour une bouchée de pain. Par exemple, si votre approvisionnement en électricité n’est pas fiable, de sorte que vous n’êtes pas sûr de pouvoir pomper le diesel dans le camion, vous n’êtes pas relié au réseau. Si votre volume de production est insuffisant pour remplir 60 m3 à destination d’un seul pays, vous n’êtes pas relié au réseau. De la même façon, si les fonds nécessaires pour réparer vos routes ont été détournés, et si personne ne veut y laisser circuler des camions, vous n’êtes pas relié au réseau. Si votre système judiciaire fonctionne si mal que peu d’étrangers lui font confiance pour garantir la propriété de leurs biens, vous n’êtes pas relié au réseau. Si personne ne connaît votre produit, vous n’êtes pas relié au réseau. Si vos entrepreneurs ne peuvent rien faire sans attirer des escrocs bénéficiant d’appuis politiques, vous n’êtes pas relié au réseau. Pour toute zone pauvre de l’économie mondiale, être relié au réseau de transport international par conteneur est une chance immense. Mais il faut pour cela que tout – les infrastructures, l’échelle, l’administration publique, le gouvernement et la connaissance de votre production à l’étranger – fonctionne parfaitement.

    Et si vous n’avez pas commencé par établir les liens sociaux permettant à vos ouvriers et à leurs patrons de savoir quels produits manufacturés sont susceptibles de générer une forte demande dans les zones riches postindustrielles de l’économie mondiale, peu importe que vous soyez relié au réseau.

    On a fait couler beaucoup d’encre sur les technologies de télécommunications et l’abolition des distances. Certes, aujourd’hui, vous pouvez parler à n’importe qui n’importe où. Mais c’est le conteneur standardisé qui semble avoir aboli les distances d’une manière plus efficace et jusqu’ici plus significative. Car, sur le plan commercial du moins, les marchandises que nous transportons par-delà les océans sont bien plus importantes que nos bavardages internationaux.

    * J. Bradford DeLong enseigne l’économie à l’Université de Californie à Berkeley, et a été secrétaire d’État adjoint aux Finances sous la présidence de Bill Clinton.

    © Project Syndicate, 2006. Traduit de l’anglais par Emmanuelle Fabre.
    29 Juillet 2006 L'Orient-Le Jour
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Interessant, j'achete le bouquin.

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