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Les joyaux de la colline

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    La route vers Ath Yenni n’a pas désempli le week-end dernier. La fête du bijou, qui a été relancée cette année après une rupture de deux ans, a redonné vigueur à cette destination, oubliée pendant plus d’une décennie. Sur le tronçon routier de Takhoukht, réputé pour sa dangerosité en raison de l’insécurité, ont été disséminés des dizaines de militaires pour sécuriser l’axe routier.

    Le passage d’une délégation officielle était programmé durant la journée pour inaugurer la manifestation. L’auberge, le Bracelet d’argent, l’unique établissement touristique de la région en proie à une crise qui menace sa fermeture, était fermé durant la journée. « La délégation ministérielle est attendue dans notre auberge, et nous ne voulons pas faire prendre des risques à nos hôtes », dit-on à la réception. Ath Yenni tourne le dos à l’activité touristique. C’est facile à remarquer. Coûte que coûte, elle voudrait sauvegarder son image de région à vocation artisanale. A l’entrée, à l’intérieur tout comme à la sortie du gros bourg, les commerces d’objets de l’artisanat sont plus nombreux et plus présents que les autres commerces, tels que les cafétérias et les restaurants plus discrets et moins accueillants. Ath Yenni, à l’évidence, a perdu énormément de ses réflexes d’hospitalité. Lors de la journée inaugurale, chacune des ruelles principales de la localité et les lieux « stratégiques » ont été transformés en parkings. Les nombreux jeunes de la commune n’ont pas raté cette aubaine pour ramasser quelques dinars auprès des automobilistes. Mais Ath Yenni, région aux sept villages aussi légendaires les uns que les autres, tente de sauvegarder contre vents et marées, sa renommée de destination nationale. Le bijou traditionnel a survécu à toutes les crises. Le bijou d’argent, bien que déloyalement concurrencé par les produits en toc et par d’autres produits de pacotille, demeure apprécié, choyé par le consommateur, car il est l’expression d’authenticité et de fierté.
    Nacer Tabèche, président du comité communal des fêtes et P/APC de Beni Yenni, dira : « Cette édition marque un virage important et nous la voulons singulière des précédentes éditions dans sa portée et ses incidences. Il faut dire que les artisans bijoutiers n’ont jamais abandonné l’effort de création malgré les vicissitudes de la conjoncture économique. » Pendant la période florissante du bijou, le nombre de bijoutiers était de 350, actuellement, il n’y a guère plus d’une trentaine. Au niveau central de l’Etat, l’on a décidé de prendre en charge cette 7e édition de la Fête du bijou pour essayer de fouetter l’activité artisanale.
    Ce qui est communément appelé le bijou kabyle, après une période faste, connaît un remarquable recul pour plusieurs raisons : cherté de la matière première, rareté du corail, domination de l’informel et méventes. Ali Benbelkacem, président de l’association des artisans de Beni Yenni, affirme : « La fiscalité est notre cauchemar, et cela a poussé de nombreux artisans à mettre la clé sous le paillasson. Mais nous avons réussi à convaincre une soixantaine de mes collègues à reprendre du service. »
    En dépit de ces aléas, des artisans bijoutiers continuent leurs œuvres inlassablement. Beni Yenni leur réserve à l’occasion de la Fête du bijou plusieurs sites. Le consommateur ou le touriste en visite dans la région pourront s’approvisionner en toutes sortes de bijoux au CEM Mezani, en poterie, dinanderie, vannerie, tapisserie dans la maison de l’artisanat de la localité. La fête, qui prendra fin le 4 août prochain, comprend plusieurs autres activités : expositions, journées d’étude avec les caisses sociales, les représentants des fonds de soutien, l’administration fiscale et les artisans. L’on s’attend réellement à un décollage de l’activité. Ath Yenni vaut bien le détour, histoire de se remémorer au moins la Colline oubliée, si chère à l’écrivain Mouloud Mammeri.
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."
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