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La Bataille des 3 Rois

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  • La Bataille des 3 Rois

    La mémoire de la bataille d'Elksa el-Kebir de (Wâd al-Makhâzin, pour les Arabes et d'Alcàcer-Quibir, pour les Portugais) dite aussi bataille des trois Rois, car trois monarques y ont laissé la vie. L'auteur analyse comment cette victoire marocaine et cette défaite portugaise a été vécu par les deux nations.

    En 1578, Sébastien, roi du Portugal, rassemble une armée chrétienne forte de dix-sept mille hommes pour conquérir le Maroc. Il peut compter sur l'alliance d'un des princes de la dynastie saadienne qui gouverne le pays, Muhammad al-Mutaxakkil. Chassé du pouvoir par son oncle, il espère le regagner grâce au soutien des Portugais, installés depuis longtemps dans plusieurs places fortes côtières : Ceuta, Tanger, Mazagan. Partie de Lisbonne le 24 juin, débarquée à Arzila, l'armée de Sébastien s'enfonce dans les terres à la rencontre de son adversaire, Moulay'Abd al-Mâlik.

    La bataille a lieu le 4 août au voisinage de la rivière Wad al-Makhâzin. Après avoir un moment cru en la victoire, les Portugais sont mis en déroute et, chose tenue pour inouïe et mémorable par tous les chroniqueurs, les trois rois engagés dans le combat y trouvent la mort. « C'est un grand secret de Dieu que moururent, en l'espace d'une heure, trois grands rois dont deux étaient si puissants », écrit, deux semaines après l'événement, le médecin juif d'Abd al-Mâlik. Un captif portugais, détenu à Fès, souligne l'extraordinaire d'un « événement si nouveau et insolite, jamais vu ni jamais raconté dans aucune histoire du monde, de la mort de trois grands rois en une rencontre, l'un du côté des vainqueurs et deux du côté des vaincus ». À l'autre extrémité du monde méditerranéen, en Asie mineure, au coeur de l'Empire ottoman, le chroniqueur al-Djannâbi lui fait écho en déclarant : « Dans nulle autre bataille on ne vit, comme dans celle-là, périr trois rois à la fois. Louange à Dieu et à ses volontés. »

    « Au point de départ, un événement : une guerre qui présente l'économie d'une tragédie classique. Elle se joue en quelques heures, en une seule bataille, qui s'achève par une victoire éclatante du Maroc sur le Portugal. Trois princes trouvent la mort au cours de l'affrontement. Guerre meurtrière, une des plus sanglante du XVIe siècle, elle marque un tournant décisif dans l'histoire du face-à-face entre islam et chrétienté. On sut partout qu'elle resterait gravée dans les mémoires. Quels souvenirs garde-t-on d'une grande guerre ? Qu'en retient-on quand on est vainqueur, comment oublier que l'on a essuyé une défaite , Qui transmet les souvenirs quand disparaissent les derniers témoins ? Et pourquoi ? Et pour qui ?

    Dès les premiers échos de la bataille en 1578 aux derniers films qu'elle a inspirés au Maroc comme au Portugal, ce livre suit le fil du souvenir chez les descendants des vainqueurs et des vaincus, s'interroge sur les usages sociaux de la mémoire, et finalement sur les rapports qu'elle entretient avec l'histoire. »

    Bibliomonde

  • #2
    ....

    La bataille s'engagea le 4 août 1578 au matin. Sébastien décida d'inaugurer la bataille par une glorieuse charge de ses « chevaliers » comme il les appelait. Il massa ses mille cavaliers sur le flanc gauche, et s'élança furieusement sur l'aile droite marocaine sous Moulay Ahmed. Voyant la cavalerie portugaise arriver, le sultan ordonna à ses artilleurs de viser le centre de l'armée, c'est-à-dire les charrettes et le personnel non combattant, afin d'y provoquer une débandade. En même temps, il fait avancer son centre composé d'arquebusiers afin de faire feu sur l'avant-garde ennemie.

    Parallèlement, sur l'aile droite portugaise, se lancent Menezes, le duc et le sultan déchu à la tête de leurs contingents respectifs, ciblant l'aile gauche marocaine tenue par Zarco. Entre temps, au centre, la canonnade et mousqueterie se fait plus intense. Les arquebusiers marocains, entraînés par les Turcs, s'avèrent plus précis que leurs homologues portugais, donnant ainsi l'avantage à Abu Marwan.

    Cependant, aux ailes, la situation est plus critique pour ce dernier. Les charges portugaises furent dévastatrices et impétueuses, la cavalerie d'Ahmed résistant tant bien que mal au choc des armes. Sébastien, en clair infériorité numérique et craignant d'être encerclé et coupé de son corps d'armée, fit retirer ses hommes, permettant ainsi à Ahmed d'emporter la décision sur ce flanc. En même temps, la cavalerie portugaise sur l'aile gauche marocaine venait de disloquer les contingents de Zarco, entraînant un début de débandade. En effet, nombres de cavaliers marocains tournèrent bride et s'enfuirent. Zarco perdit dans cette charge deux des cinq drapeaux de l'armée chérifienne.

    Le sultan, qui observait la chose depuis sa colline, fut saisi d'une violente colère. Il hurla qu'il irait lui même rallier ces couards, pour les ramener au combat. Chancelant, il voulut se saisir des rênes de son cheval, mais les forces lui manquèrent. Il murmura dans un tremblement convulsif ce qu'on attribua d'abord à un délire, puis plus tard à la profession de foi que se doit de faire tout musulman mourant. Il s'écroula, mort.

    On camoufla sa mort, n'en informant que son frère Ahmed. Son chambellan fit croire aux soldats qu'il se reposait derrière les courtines, installant un jeune page à la fenêtre mimant de rapporter au sultan les différentes phases de la bataille, et en circulant lui-même entre les différents régiments faisant semblant de transmettre les ordres d'Abou Marwane.

    Sur l'aile gauche marocaine, les différents contingents de cavalerie disposés en arrière-garde vinrent se jeter dans la mêlée après une charge qu'un chroniqueur de l'époque estime avoir emporté près de la moitié des forces portugaises10. Sous le choc, ces derniers se replièrent, permettant aux cavaliers marocains de pousser jusqu'aux pièces d'artillerie qui furent toutes capturées et emportées à l'arrière. Ils poursuivirent également les portugais qui se repliaient. Ces derniers, coincés entre les charrettes et le Loukos, n'offrirent guère de résistance. Affolés, paniqués, certains se rendirent, d'autres exécutés, d'autres encore écrasés par les masses marocaines et portugaises. Certains se jetèrent dans le Loukos, mais leurs armures eurent tôt fait de les emporter. Menezes se rendit, tandis que le Duc d'Aveiro fut tué.

    Le sultan déchu, quant à lui, voyant que les soldats marocains insistaient particulièrement dans leur poursuite sur les sympathisants dudit sultan, il plaça son salut dans la fuite, et se lança dans le Loukos. Fleuve boueux car à proximité de l'Atlantique, son cheval s'y embourba. Pour se dégager, la monture impériale jeta par-dessus elle son cavalier. Ne sachant pas nager, il se noya.

    L'échange de coups de feu commençait à perdre en intensité, compte tenu de l'épuisement progressif des munitions. La charge fut sonnée côté marocain, le chambellan Redouan prétendant que « le sultan [leur] ordonne de marcher contre les Infidèles ». La mêlée s'engagea, et les « Allemands » commencèrent à perdre pied, affaiblis par la longue canonnade et mousqueterie. Les Italiens et Espagnols opposèrent une farouche résistance, parvenant presque à repousser l'offensive marocaine. Cependant, la précision létale de l'artillerie marocaine, servie par des Ottomans (nation experte en l'art de manier l'artillerie) disloqua les formations ennemies de tercios qui commencèrent à refluer, « par lassitude de tuer » selon un chroniqueur.

    Pendant ce temps, sur l'aile gauche portugaise, la situation devenait de plus en plus critique. En effet, la corne droite du croissant (soit les dix milles cavaliers d'Ahmed) vînt se refermer sur Sébastien et ses cavaliers, pendant que les quinze milles cavaliers irréguliers djihadistes déferlent les collines afin de s'abattre sur le flanc gauche et l'arrière de Sébastien. On tua trois chevaux sous Sébastien qui, tout en combattant vaillamment, cherchait à rallier ses cavaliers afin de porter secours à son arrière-garde. Mais rapidement, il ne trouva autour de lui que sept à huit fronteiros de Tanger, cavaliers intrépides des colonies. Car les combattants portugais commençaient déjà à fuir au niveau de l'aile gauche, abandonnant leur roi à son sort.

    Il continua à combattre, presque seul, jusqu'à ce qu'il fut touché par la lance d'un officier au torse. Il fut désarçonné et achevé au sol, entouré par une soixantaine de cavaliers. Libérés, les contingents d'Ahmed chargèrent contre les fuyards désorganisés, finissant d'achever les restes d'une armée aux lueurs du coucher du soleil.

    Après des heures de poursuite et de pillage, l’Émir Ahmed rassembla ses hommes, leur annonçant la triste nouvelle. Dans l'émotion générale, il fut couronné en sa qualité d’Émir héritier, Empereur du Maroc. Il deviendra durant son règne Ahmed El-Mansour (le Victorieux), puis Ed-Dahabi (le Doré) en référence à ses conquêtes ayant étendu les frontières chérifiennes jusqu'au fleuve Niger, importante région aurifère.

    Les pertes seront plus tard évaluées à 3 000 soldats marocains tués, en plus de leur Sultan, alors que les Portugais enregistrèrent plus de 14 000 morts et blessés, et plus de 20 000 prisonniers, petits nobles, pages, ou soldats ayant rendu les armes. Seule une cinquantaine de Portugais purent en réchappe.

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