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Le monde traduit en algérien

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    Le monde traduit en algérien

    Un jeu de lunettes : lire l'actualité des pays «arabes» voisins, selon notre histoire traumatique des années 90. D'abord l'Egypte : là, Abassi Madani est devenu président de la République. L'armée ne stoppe pas le processus électoral. Chadli et ses fils vont en prison. Khaled Nezzar et Tewfik sont écartés et mis à la retraite. Ali Benhadj est le patron du hizbsalafiste Nour. En Kabylie, on appelle à voter contre la constitution des islamistes. Dans un curieux effet d'écho, il existe en Egypte même un Front de Salut et des comités de sauvegarde du pays. Comme chez nous. Amr Moussa ressemble même un peu à feu Abdelhak Benhamouda. Donc, les islamistes sont au pouvoir, l'armée est dans les casernes et le pays dans la dérive. Que va-t-il se passer ? L'armée renverse Abassi et son pantalon. Ou Abassi se maintient au Pouvoir sans pouvoirs. L'Egypte se divise en deux comme à l'époque des pharaons : haute et basse Egypte, mais en longueur. On a de la peine à imaginer la suite dans un pays où une Constitution qui devrait être consensuelle est refusée par presque la moitié du pays. L'émergence du Califat ne peut aller sans un remake de la fitna : c'est dans le sang et l'histoire. Morsi est comparé à Omar le second Calife, par la propagande de la confrérie. Il mourra comme lui. Les conquêtes en moins.

    En Tunisie ? Là, un général Khaled Nezzar renverse (du moins selon le mythe) Chadli (Benali) après une sorte de 05 Octobre réussi et pas avorté. Chadli s'enfuit en France chez Mitterrand qui l'aimait bien. La bien connue zaouïa de Mostaganem est démantelée. Arrive Abassi qui gagne les élections mais laisse Aït Ahmed devenir Président d'honneur de la coalition. Cela ne va pas loin. Des crises éclatent entre les partenaires Saint Egedio. Octobre 88 devient une année entière, puis deux et même trois. Abassi/Ghannouchi mènent le pays vers sa ruine. Aït Ahmed se sent coincé et utilisé. L'UGTA aussi. La formule est un naufrage.

    Au Yémen, C'est loin mais on peut y jouer : Chadli est brûlé mais est vivant. Il ne quitte pas le pays et y revient. Les militaires sont divisés entre vieille garde et nouveaux promus. Des centaines de morts et les islamistes qui basculent vers les GIA et Al-Qaïda. C'est Gao et Mali, mais vers Ghardaïa. Avec le pétrole en plus.

    La Syrie ? Le régime tue. La répression du 05 Octobre 88 et les tortures durent deux ans et demi. Le régime ne tombe pas mais c'est le pays qui tombe à sa place et se fracasse et devient des ruines. Benhadj prend de l'ascendant sur Abassi qui prend de l'ascendant sur le FFS. Divisée, l'opposition avance peu puis se fait OTANiser. Le régime bascule dans la guerre de survie.

    Reste la Libye : là, Chadli est lynché. Ou Khaled Nezzar. Ou les autres et leurs fils. La France revient par les airs. Le pays est divisé en milices et en puits. Après avoir été divisé en wilayas pour les fils par le Père Kadhafi.

    Le monde selon nous donc. Selon notre histoire. Nous restons de grands lecteurs de l'avenir par notre passé. Chez nous et chez les autres. Avec du vrai et du faux. Nous avons l'immense expérience des revenants. Mais qui ne peuvent plus rien soulever avec leurs mains d'airs.




    par Kamel Daoud
    Le Quotidien d'Oran

    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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