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Des reporters anglo-saxons « de référence » contre la désinformation sur Damas, Homs et la Syrie en général

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  • Des reporters anglo-saxons « de référence » contre la désinformation sur Damas, Homs et la Syrie en général

    Le site franco-(néo)conservateur Atlantico publie régulièrement des articles sur la Syrie. Longtemps frappés du sceau du conformisme anti-Bachar et pro-rébellion, ces articles ont connu une évolution sensible ces derniers temps, n’hésitant plus à dénoncer le caractère peu démocratique et franchement extrémiste de la « révolution » syrienne. Et mettant du coup en cause la désinformation pratiquée par les plus prestigieux ou puissants des médias français.

    Mardi 18 décembre, Atlantico a mis en ligne un article très critique contre la couverture de la guerre en Syrie par ces mêmes médias français « de référence », en s’appuyant sur les tout récents témoignages de deux reporters anglo-saxons, Patrick Cockburn et Élisabeth Kennedy. Le premier, un Irlandais, s’est fait un nom respecté dans sa profession, obtenant plusieurs distinctions (trois prix internationaux en 2005, 2006 et 2009) pour l’ensemble de son oeuvre consacrée depuis une trentaine d’années au Proche-Orient – il a notamment écrit trois livres sur l’Irak. De retour d’un voyage de dix jours en Syrie, Cockburn a livré ses impressions au quotidien anglais, généraliste (et plutôt centriste politiquement) The Independant.

    Damas « pas assiégée » et Homs quasi-reconquise

    Il en ressort que, contrairement à ce que racontent quotidiennement ici l’AFP, Le Monde, Libération, le Figaro, Laurent Fabius – et ailleurs Reuters, al-Jazeera, Victoria Nuland ou le secrétaire général de l’OTAN – non seulement le régime syrien n’est pas près de s’effondrer, mais il domine la situation militaire et politique. « Les Syriens et les diplomates étrangers les mieux informés déclarent, au contraire, que les attaques les plus récentes des rebelles sur la capitale ont été repoussées par une contre-offensive gouvernementale » écrit notamment Patrick Cockburn à propos des combat en cours depuis deux ou trois semaines autour de Damas, rituellement présentés par l’AFP comme un nouvel épisode décisif de la guerre. Se basant sur ces même sources locales, le journaliste britannique ajoute « que les dernières avancées rebelles qui ont nourri les spéculations à l’étranger sur le fait que le gouvernement syrien serait sur le point d’exploser, sont à expliquer en partie par une nouvelle stratégie de l’armée syrienne qui se retire des avant-postes et des bases indéfendables et concentre ses troupes dans les villes et les villages ». Ce qui relativiserait quelque peu certaines récentes « victoires » islamistes contre des bases et camps isolés dans le secteur d’Alep, applaudies et magnifiées par les bobos du Monde et de Libération.

    De Damas, Patrick Cockburn s’est ensuite rendu à Homs, naguère le « cœur (ou la capitale) de la révolution« , dont il a pu constater qu’elle est désormais majoritairement tenue par les forces loyalistes de Bachar al-Assad. On est donc loin d’une défaite imminente, bien au contraire.

    On signalera que Cockburn, dans son article mis en ligne dimanche 16 décembre, signale l’atroce vidéo montrant un enfant décapitant un prisonnier des rebelles, ainsi que d’autres sur le même thème de la décapitation rituelle. Une vidéo dont il dit que tout le monde à Damas l’a vue. À partir de quoi il dénonce la politique pro-rebelle des Occidentaux et la représentation manichéenne du conflit donnée par trop de médias occidentaux. Et à la fin de celui-ci il cette phrase : « Tous les jours, je suis frappé du fait que la situation dans les secteurs que j’ai visités en Syrie est entièrement différente de l’image donnée aussi bien par les dirigeants que les médias étrangers« .

    Et sur Damas, où il vient de séjourner, Cockburn voit les choses ainsi : « Par moments, le grondement de l’artillerie et la détonation d’une bombe résonnent au-dessus de Damas, mais celle-ci n’est pas assiégée« . Et tous ses interlocuteurs – y compris des diplomates étrangers – lui ont confirmé que la contre-offensive gouvernementale a repoussé partout les rebelles autour de la capitale. Le journaliste s’est rendu aussi à l’hôpital militaire de Damas-Tichrine : le directeur lui a dit que son établissement recevait ces dernières semaines une moyenne de 15 à 20 soldats blessés, dont environ 20% décédaient. Cockburn en conclut qu’un tel taux de pertes traduit bien d’avantage une guérilla faite d’assassinats ou de tirs de snipers plutôt qu’une vraie bataille autour de Damas.

    En ce qui concerne Homs, Cockburn assure donc que l’ensemble de la ville est sous le contrôle de l’armée, à l’exception notable de la Vieille ville, toujours infestée de rebelles.

    Le journaliste en conclut que certes le pouvoir est dans une situation militaire tendue, mais qu’il est encore très loin d’une défaite que seule une intervention étrangère, « improbable« , pourrait éventuellement obtenir. Et il explique ce décalage entre la réalité de terrain et la perception qu’en ont les opinions occidentales par une propagande et un parti-pris des médias digne des pires moments de la Guerre froide ! Il rend le gouvernement syrien d’ailleurs responsable en partie de cet état de fait, son refus d’accepter la plupart – pas tous – des journalistes occidentaux sur son sol ayant permis aux rebelles d’exploiter ce vide médiatique. Peut-être, mais Cockburn se fait peut-être pas mal d’illusions sur l’honnêteté intellectuelle de nombre de ses confrères. Qui, constate Cockburn, exagèrent systématiquement la force et la popularité des rebelles.

    Le temps – et les islamistes – travaillent pour Bachar

    Autre regard, même diagnostic, celui d’Elizabeth Kennedy, représentante à Beyrouth de l’Associated Press, l’illustre et vénérable agence de presse américaine, basée à New York. Elizabeth Kennedy a elle été couronnée par ses compatriotes et pairs pour son travail, recevant en août dernier le « Gramling Journalism Award« , décerné par la corporation. La reporter américaine, qui s’est rendue plusieurs fois en Syrie, estime qu’après plus de 20 mois d’un conflit de plus en plus disputé et sanglant, Bachar et son gouvernement sont loin d’être finis. Le président syrien peut en effet compter toujours sur « des milliers de troupes loyales et qu’il disopose d’un monopole de la puissance aérienne« . On va même dire que c’est une estimation a minima, le gouvernement disposant plutôt de dizaines de milliers d’hommes, d’un armement lourd. Et aussi, même si E. Kennedy ne semble pas l’évoquer, de l’appui d’une majorité de Syriens, pas vraiment tentés par le projet de califat et de chaos « porté » par les bandes armés islamo-ASL.

    Elizabeth Kennedy ajoute que l’impasse diplomatique sert objectivement le pouvoir syrien, lui donnant une « certaine marge de manoeuvre » militaire. Peut-être bien mais, au fait, qui bloque le plus le processus diplomatique dans cette affaire ? Enfin, la journaliste pense que la montée en puissance des groupes radicaux type al-Nosra au sein de la rébellion « ruine les espoirs que l’Occident inverse le cours de la guerre civile en envoyant des armes lourdes à l’opposition« .

    Tout ceci nous parait relever de la plus élémentaire lucidité. Une qualité professionnelle dont sont cependant dépourvus la majorité des collègues français, dont les « reportages », « analyses » et articles relèvent depuis le début de l’acte militant et de la propagande la plus grossière et la plus répétitive. Dans cette crise syrienne, le pays de Pulitzer – pourtant bien engagé contre la Syrie de Bachar – fait nettement mieux que celui de Théophraste Renaudot, Beaumarchais, Chateaubriand ou, pour prendre une référence plus actuelle (et controversée), Robert Ménard !

    Une journaliste ukrainienne toujours en danger de mort

    Un des tout derniers articles de Miss Kennedy sur la Syrie évoque la libération d’une équipe de la chaîne américaine NBC, apparemment détenue pendant cinq jours par des miliciens pro-gouvernementaux, et qui aurait pu s’échapper et rejoindre la Turquie à la faveur d’un engagement entre ces miliciens et des rebelles, au nord d’Idleb. Richard Engel, le chef de l’équipe et correspondant de NBC à Beyrouth, a raconté que leurs geôliers, des combattants chiites d’après lui, ne les ont pas battus mais menacés d’une exécution. Engel ajoute que ces hommes étaient « entraînés » par des gardiens de la Révolution iraniens, et qu’il voulaient échanger les journalistes américains contre quatre Iraniens et deux Libanais détenus par les rebelles. On rappellera qu’Engel et ses collègues se trouvaient « embedded » avec un groupe rebelle quand celui-ci a été surpris par les miliciens pro-gouvernementaux.

    On se félicite que l’équipe de NBC ait pu recouvrer la liberté, dans quelque condition que ce soit. Et l’on rappelle que leur collègue ukrainienne Ankhar Kotchneva est toujours captive, elle, depuis plus de deux mois ce ces rebelles qui ont libéré accidentellement l’équipe NBC. Présente en Syrie, pour des média russes, depuis plus d’un an, Ankhar Kotchneva a été enlevée en octobre, entre Tartous et Homs, semble-t-il. Ses ravisseurs – qui se sont réclamés de l’ASL – ont même menacé de l’exécuter le 13 décembre s’ils ne recevaient pas la somme de 50 millions de $ d’ici cette date. Ce même jour l’organisation Reporters sans frontières demandait aux gouvernements français, britannique et américain de faire pression sur leur amis de la « Coalition nationale syrienne » pour qu’eux-mêmes fassent respecter, dans ce cas précis au moins, « les droits de l’Homme et les standards humanitaires internationaux ». Outre RSF, des médias comme Paris-Match se sont mobilisés. De son côté le gouvernement ukrainien a demandé à son homologue syrien de faire tout son possible, et la mère de la journaliste a lancé un appel aux ravisseurs.

    Les « standards humanitaires internationaux« , ça ne concerne guère malheureusement les fanatiques à front bas (et ceints d’un bandeau noir) qui entretiennent l’insécurité en Syrie. La malheureuse Ankha Khotchneva n’a pas été exécutée le 13, mais sa vie ne tient qu’à un fil. Il existe au moins une vidéo (en date du 29 novembre) où la captive, dûment voilée, explique qu’en fait de journalisme, elle travaillait pour les renseignements russes et syriens en tant que traductrice : pour RSF ces « aveux » ont été obtenus sous la menace. Le 11 décembre, une vidéo d’islamistes syriens proclamait, à l’intention de Kiev et de Moscou autant que de Damas qu’ »aucun Russe, Ukrainien ou Iranien ne doit quitter la Syrie vivant« . Ainsi parlaient les amis du Monde, de Libération et d‘I-Télé. Et l’on doute que les protégés de François Hollande, de David Cameron et d’Hillary Clinton puissent faire quelque chose contre cette froide détermination meurtrière.

    Par Louis Denghien, le 19 décembre 2012 InfoSyrie
    Dernière modification par Elghifari, 22 décembre 2012, 00h33.

  • #2
    Enfin les médias-mensonges sont confondus par leurs propres confrères...

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