Avec une croissance économique qui devrait se situer à 2.8% cette année et une inflation prévue à 2.2%, le déficit à fin décembre pourrait facilement s'établir à 6.5% du PIB. Déjà à fin novembre, le besoin de financement du Trésor s'élevait à 54.5 milliards de DH.
Les finances publiques, au terme de l’exercice 2012, ne se seront finalement pas améliorées tant que ça : On pensait pouvoir ramener le déficit budgétaire autour de 5% du PIB (contre 6,2% en 2011), il risque en réalité de rester au même niveau que celui de l’année dernière, sinon le dépasser. Il faut dire, à la décharge de ce gouvernement, comme de ses précédents d’ailleurs, que l’essentiel du déficit, ces dernières années, est dû, en fait, aux charges de compensation.
En 2012, en effet, le prix moyen du baril de pétrole importé s’établit à 112 dollars. Un record, lorsqu’on se rappelle qu’en 2011, le prix moyen a été de 104 dollars et l’année d’avant de 78 dollars. Il en résulte que l’enveloppe globale dédiée à la compensation pour l’année 2012, soit 46,5 milliards de DH, dont 16 milliards représentent les arriérés de 2011, a été consommée pratiquement en entier au mois de septembre. Peut-être est-ce là d’ailleurs la raison pour laquelle la Trésorerie générale du Royaume (TGR) n’a pas décaissé un centime au titre de la compensation au cours du mois d’octobre.
Au mois de novembre, les décaissements pour la compensation ont atteint 50,86 milliards de DH, mais pour cela, il a fallu une rallonge budgétaire de 10 milliards de DH. Avec ces crédits supplémentaires, ce sont donc 56,5 milliards de DH qui sont dédiés à la compensation pour cet exercice. Pour les charges réelles, c’est une autre histoire ! Elles seraient, selon nos calculs, de l’ordre 66 à 67 milliards de DH. Autrement dit, il y aurait environ 10 milliards de DH qui seront payés comme arriérés en 2013. Notons d’ailleurs que dans son projet de Loi de finances pour 2013, le gouvernement a prévu 50 milliards de DH de dépenses de compensation, dont justement 10 milliards au titre des arriérés de 2012. Donc, le compte est bon…
Soit dit en passant, cette situation semble donner des raisons supplémentaires à l’Exécutif pour déployer au plus vite la réforme du système de compensation, malgré les aléas que comporte nécessairement un tel projet (voir entretien Najib BOULIF).
Les salaires consomment la moitié des recettes ordinaires
Si les charges de compensation sont la cause première du déficit budgétaire élevé, les autres dépenses ne pèsent pas moins lourdement dans le solde final. Par exemple, les rémunérations des fonctionnaires. A fin novembre, ces dépenses se sont élevées à 88,1 milliards de DH (sur une enveloppe prévue de 93,51 milliards), en hausse de 9,2% par rapport à novembre 2011. Ces dépenses de salaires ont consommé 49,6% des recettes ordinaires. En y ajoutant les 36,3 milliards de DH de dépenses de matériels (+14,4%) et les 50,8 milliards de DH pour la compensation, les dépenses ordinaires (193,2 milliards) dépassent largement les recettes ordinaires (177,6 milliards de DH). Il en résulte qu’une partie des dépenses ordinaires et la totalité des dépenses d’investissement (38,8 milliards) ont été financées par l’endettement. Le Trésor a dû en effet lever un peu plus de 55 milliards de DH pou combler ces deux déficits : -15,6 milliards pour le solde ordinaire au lieu de +4,1 milliards à la même période de 2011, et -47 milliards pour le solde global au lieu de -27 milliards l’année dernière.
Ceci pour les onze mois de l’année. Qu’en sera-t-il pour l’ensemble de l’exercice ? Vu le rythme de progression des dépenses, largement plus élevé que celui des recettes, il est presque certain que 2012 s’achèvera sur un déficit budgétaire représentant au mieux 6% du PIB. Pour les raisons suivantes: les dépenses de personnel, comme cela est régulièrement constaté ces dernières années, devraient dépasser l’enveloppe prévue de quelque 3 milliards de DH, et ceci au regard du rythme de progression de cette dépense jusque-là. Les dépenses d’investissement, on l’a dit, ont été toutes financées par l’emprunt, et si d’autres venaient à être réalisées en ce mois de décembre, elles le seraient très probablement également par la dette. Bien sûr, il ne faut pas oublier les recettes qui vont rentrer mais elles ne suffiraient pas à couvrir toutes les dépenses. Et si, par hypothèse, elles suffisaient à couvrir les dépenses de décembre, le déficit serait quand même de l’ordre de 55 milliards, soit le besoin de financement dégagé à fin novembre. Il se trouve que la croissance du PIB ne devrait pas dépasser 2,8%, au mieux. Le HCP, rappelons-le, l’avait estimé à 2,4%. Avec une inflation également estimée à 2,2%, le PIB nominal progresserait donc de 5% et, sous cette hypothèse, le déficit budgétaire serait de 6,5%.
On pourra toujours dire qu’il s’agit là d’une construction qui peut ne pas correspondre tout à fait à la réalité. Mais au vu du comportement à la fois des recettes (très favorable d’ailleurs, s’agissant de l’IS, l’IR et la taxe d’habitation), des dépenses et de la croissance économique, il est difficile d’imaginer qu’il en sera autrement. Sauf à réduire substantiellement certaines dépenses prévues au cours du mois de décembre...
La Vie Eco
Les finances publiques, au terme de l’exercice 2012, ne se seront finalement pas améliorées tant que ça : On pensait pouvoir ramener le déficit budgétaire autour de 5% du PIB (contre 6,2% en 2011), il risque en réalité de rester au même niveau que celui de l’année dernière, sinon le dépasser. Il faut dire, à la décharge de ce gouvernement, comme de ses précédents d’ailleurs, que l’essentiel du déficit, ces dernières années, est dû, en fait, aux charges de compensation.
En 2012, en effet, le prix moyen du baril de pétrole importé s’établit à 112 dollars. Un record, lorsqu’on se rappelle qu’en 2011, le prix moyen a été de 104 dollars et l’année d’avant de 78 dollars. Il en résulte que l’enveloppe globale dédiée à la compensation pour l’année 2012, soit 46,5 milliards de DH, dont 16 milliards représentent les arriérés de 2011, a été consommée pratiquement en entier au mois de septembre. Peut-être est-ce là d’ailleurs la raison pour laquelle la Trésorerie générale du Royaume (TGR) n’a pas décaissé un centime au titre de la compensation au cours du mois d’octobre.
Au mois de novembre, les décaissements pour la compensation ont atteint 50,86 milliards de DH, mais pour cela, il a fallu une rallonge budgétaire de 10 milliards de DH. Avec ces crédits supplémentaires, ce sont donc 56,5 milliards de DH qui sont dédiés à la compensation pour cet exercice. Pour les charges réelles, c’est une autre histoire ! Elles seraient, selon nos calculs, de l’ordre 66 à 67 milliards de DH. Autrement dit, il y aurait environ 10 milliards de DH qui seront payés comme arriérés en 2013. Notons d’ailleurs que dans son projet de Loi de finances pour 2013, le gouvernement a prévu 50 milliards de DH de dépenses de compensation, dont justement 10 milliards au titre des arriérés de 2012. Donc, le compte est bon…
Soit dit en passant, cette situation semble donner des raisons supplémentaires à l’Exécutif pour déployer au plus vite la réforme du système de compensation, malgré les aléas que comporte nécessairement un tel projet (voir entretien Najib BOULIF).
Les salaires consomment la moitié des recettes ordinaires
Si les charges de compensation sont la cause première du déficit budgétaire élevé, les autres dépenses ne pèsent pas moins lourdement dans le solde final. Par exemple, les rémunérations des fonctionnaires. A fin novembre, ces dépenses se sont élevées à 88,1 milliards de DH (sur une enveloppe prévue de 93,51 milliards), en hausse de 9,2% par rapport à novembre 2011. Ces dépenses de salaires ont consommé 49,6% des recettes ordinaires. En y ajoutant les 36,3 milliards de DH de dépenses de matériels (+14,4%) et les 50,8 milliards de DH pour la compensation, les dépenses ordinaires (193,2 milliards) dépassent largement les recettes ordinaires (177,6 milliards de DH). Il en résulte qu’une partie des dépenses ordinaires et la totalité des dépenses d’investissement (38,8 milliards) ont été financées par l’endettement. Le Trésor a dû en effet lever un peu plus de 55 milliards de DH pou combler ces deux déficits : -15,6 milliards pour le solde ordinaire au lieu de +4,1 milliards à la même période de 2011, et -47 milliards pour le solde global au lieu de -27 milliards l’année dernière.
Ceci pour les onze mois de l’année. Qu’en sera-t-il pour l’ensemble de l’exercice ? Vu le rythme de progression des dépenses, largement plus élevé que celui des recettes, il est presque certain que 2012 s’achèvera sur un déficit budgétaire représentant au mieux 6% du PIB. Pour les raisons suivantes: les dépenses de personnel, comme cela est régulièrement constaté ces dernières années, devraient dépasser l’enveloppe prévue de quelque 3 milliards de DH, et ceci au regard du rythme de progression de cette dépense jusque-là. Les dépenses d’investissement, on l’a dit, ont été toutes financées par l’emprunt, et si d’autres venaient à être réalisées en ce mois de décembre, elles le seraient très probablement également par la dette. Bien sûr, il ne faut pas oublier les recettes qui vont rentrer mais elles ne suffiraient pas à couvrir toutes les dépenses. Et si, par hypothèse, elles suffisaient à couvrir les dépenses de décembre, le déficit serait quand même de l’ordre de 55 milliards, soit le besoin de financement dégagé à fin novembre. Il se trouve que la croissance du PIB ne devrait pas dépasser 2,8%, au mieux. Le HCP, rappelons-le, l’avait estimé à 2,4%. Avec une inflation également estimée à 2,2%, le PIB nominal progresserait donc de 5% et, sous cette hypothèse, le déficit budgétaire serait de 6,5%.
On pourra toujours dire qu’il s’agit là d’une construction qui peut ne pas correspondre tout à fait à la réalité. Mais au vu du comportement à la fois des recettes (très favorable d’ailleurs, s’agissant de l’IS, l’IR et la taxe d’habitation), des dépenses et de la croissance économique, il est difficile d’imaginer qu’il en sera autrement. Sauf à réduire substantiellement certaines dépenses prévues au cours du mois de décembre...
Maroc : 460 milliards de DH de dette
La dette du Trésor à fin novembre s’établit à environ 460 milliards de DH, dont 359,1 milliards au titre de la dette intérieure. Celle-ci a augmenté de 14% par rapport à son niveau de fin 2011. Le Trésor a dû emprunter 110,1 milliards de DH et remboursé 68,5 milliards de dette échue, d’où un flux net de 41,5 milliards de DH. Pour la dette extérieure, le flux (solde entre les tirages et les remboursements en principal) a été négatif de près de 700 millions de DH à fin novembre. Autrement dit, l’encours de la dette extérieure, qui s’établissait à 99,32 milliards de DH à fin juin 2012, ne devrait pas avoir varié sensiblement quatre mois plus tard. Ceci, compte non tenu évidemment du dernier emprunt de 1,5 milliard de dollars (près de 13 milliards de DH).
La dette du Trésor à fin novembre s’établit à environ 460 milliards de DH, dont 359,1 milliards au titre de la dette intérieure. Celle-ci a augmenté de 14% par rapport à son niveau de fin 2011. Le Trésor a dû emprunter 110,1 milliards de DH et remboursé 68,5 milliards de dette échue, d’où un flux net de 41,5 milliards de DH. Pour la dette extérieure, le flux (solde entre les tirages et les remboursements en principal) a été négatif de près de 700 millions de DH à fin novembre. Autrement dit, l’encours de la dette extérieure, qui s’établissait à 99,32 milliards de DH à fin juin 2012, ne devrait pas avoir varié sensiblement quatre mois plus tard. Ceci, compte non tenu évidemment du dernier emprunt de 1,5 milliard de dollars (près de 13 milliards de DH).
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