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Les constructeurs attirés par la compétitivité et la flexibilité espagnoles

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  • Les constructeurs attirés par la compétitivité et la flexibilité espagnoles

    Main-d'œuvre moins chère et plus flexible, fournisseurs très présents... L'industrie automobile espagnole revient sur le devant de la scène. Depuis le milieu des années 2000, les constructeurs généralistes avaient préféré les pays d'Europe centrale.

    Aujourd'hui, alors qu'ils sont en surcapacité de production, ils préfèrent sacrifier leurs sites historiques en Europe du Nord, et privilégier la péninsule ibérique.

    Avant Ford, qui a annoncé, mercredi 24 octobre, le transfert de la production de son usine belge de Genk vers celle de Valence, c'est PSA Peugeot Citroën qui a préféré investir dans ses sites ibériques, au détriment d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

    Vigo, le site le plus compétitif du groupe, va produire les futures 301 et C4L, l'offre milieu de gamme pour le pourtour méditerranéen. L'usine de Madrid produira le futur modèle E3. Dans son rapport sur PSA, remis au gouvernement mi-septembre, le haut fonctionnaire Emmanuel Sartorius, avait critiqué ce dernier choix, pris en 2009, qui a condamné Aulnay-sous-Bois, dont la fermeture interviendra en 2014.

    Quant à Renault, il présente ses usines espagnoles comme des modèles de compétitivité. Pour Carlos Tavares, le directeur général délégué du constructeur, l'usine de Palencia est l'exemple à suivre pour les sites français.

    En 2011, les dix-sept usines automobiles que compte l'Espagne ont produit 2,3 millions de voitures et de véhicules utilitaires. Le pays est le deuxième producteur automobile européen, loin derrière l'Allemagne, mais juste devant la France.

    La crise économique qui secoue le pays n'a pas pour autant épargné ce secteur, qui représente 10 % du PIB espagnol et 20 % des exportations. En 2012, la production n'atteindra pas 2 millions de véhicules, tandis que les immatriculations poursuivent leur chute, passant de 1,6 million en 2007 à 800 000 en 2011.

    Les usines multiplient les licenciements temporaires. Malgré tout, le secteur résiste mieux que les autres et les destructions d'emplois ont été limitées à 8 % depuis 2008, contre près de 20 % en moyenne dans le reste de l'industrie, souligne l'Association espagnole des fabricants d'automobiles et de camions (Anfac).

    "PAYS LOW COST"

    Cette année, les annonces positives s'accumulent. Nissan a promis 300 millions d'euros d'investissement, Iveco 500 millions d'euros et 1 200 emplois. Renault promet 1 300 nouveaux emplois et Seat et PSA vont lancer la fabrication de véhicules électriques.

    "Les entreprises ont confiance dans l'industrie automobile espagnole parce que nous avons une tradition importante ", assure-t-on à l'Anfac. "L'Espagne a beaucoup appris, grâce aux Allemands et aux Français, confirme José Antonio Bueno, associé du cabinet de conseil Europraxis et spécialiste du secteur automobile. La productivité et la qualité sont bonnes. Les réajustements salariaux nous ont remis dans une position de pays low cost parmi les pays riches."

    L'Espagne recommence à être le pays "le moins cher des pays chers", avec un coût salarial inférieur de 30 % à 40 % par rapport à la France et l'Allemagne, indique M. Bueno, ajoutant : "Le coût de la main-d'oeuvre n'est pas aussi bas qu'en Roumanie ou au Maroc mais la différence salariale avec ces pays est compensée par la productivité."

    En Espagne, les conventions collectives d'entreprises priment sur celles du secteur. "Cela a permis plus de flexibilité pour adapter la production au rythme du marché, et de compétitivité", estime-t-on à l'Anfac.

    LES SYNDICATS ONT RABAISSÉ LEURS PRÉTENTIONS

    Tous les nouveaux investissements des constructeurs sont d'ailleurs consentis en échange d'efforts de flexibilité. Avant d'investir, Nissan a fait ratifier trente-trois mesures de compétitivité (plus de jours travaillés, dont les samedis, baisse de salaire des nouvelles recrues...). Renault tente d'obtenir un accord similaire avec ses syndicats avant de confier à ses sites espagnols la production de nouveaux modèles.

    Les constructeurs sont en position de force. Avec un quart de la population active au chômage en Espagne, la pression syndicale est devenue "réaliste". Les syndicats ont rabaissé leurs prétentions salariales et ont un seul objectif : éviter l'exode des constructeurs.

    Outre ces avantages, l'Espagne dispose aussi de sites compacts, qui permettent la mise en place d'une production à flux tendue efficace. "C'est pour cela que nous avons choisi Vigo pour notre offre moyenne gamme", note-t-on chez PSA. Selon M. Bueno, c'est en partie ce même argument qui a poussé Ford à préférer Valence à Genk.

    Par Philippe Jacqué et Sandrine More (à Madrid)
    Le Monde
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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