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Rapprochement entre Paris et Alger sur le dossier malien

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    Rapprochement entre Paris et Alger sur le dossier malien
    Le Monde


    Le règlement de la crise au Mali, dont le nord est occupé depuis dix mois par des groupes islamistes armés, était l'un des sujets d'actualité sur lesquels Paris, très volontariste sur ce dossier, et Alger n'étaient pas sur la même longueur d'onde. La visite du président Hollande en Algérie, les 19 et 20 décembre, a semble-t-il permis de rapprocher les deux pays, qui seraient désormais en "convergence", selon le chef de l'Etat français.


    Paris a fait un pas en direction des Algériens. "Il convient de faire du dialogue politique, de faire tout pour qu'une négociation puisse permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale", a reconnu le président Hollande.

    Depuis le début de la crise, les Algériens sont partisans de cette approche. Ces derniers mois, ils ont reçu à plusieurs reprises des représentants du groupe islamiste touareg Ansar Dine, l'un des "maîtres" du nord du Mali. Alger se fait fort de convaincre ce mouvement de rompre ses liens avec les groupes les plus radicaux, tels que le Mujao et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui ont progressivement supplanté les indépendantistes touareg à l'origine de la rébellion malienne au début de l'année.

    Paris, pour sa part, est convaincu de la nécessité d'une intervention militaire rapide pour déloger "les narcotrafiquants et les terroristes du Nord", explique un diplomate français. Mais pas question pour Paris de partir à l'assaut des bastions islamistes de Gao, Kidal ou Tombouctou. "Les paras qui sautent sur Kolwezi, c'est fini !", assure le Quai d'Orsay. L'opération militaire, si elle a lieu, sera menée par des troupes africaines. Paris apporterait son aide logistique et, pour la formation de l'armée malienne, par des forces spéciales françaises.

    OFFENSIVE DIPLOMATIQUE

    Jusqu'à présent, c'est surtout sur le terrain diplomatique que Paris a mené l'offensive, à l'ONU en particulier, pour ouvrir la voie au déploiement de troupes étrangères au Mali. Une offensive diplomatique dans un but militaire qu'Alger a tenté de contrecarrer. "Les Algériens ont ardemment démarché, en vain, les Russes et les Chinois au Conseil de sécurité", confie un acteur du dossier. Ces deux membres permanents du Conseil auraient été en mesure d'opposer leur veto aux textes français.

    Selon un expert militaire de l'ONU de retour du Mali, les réticences algériennes reposent sur une évaluation de risques élevés de "ratages" d'une opération militaire qui aurait pour conséquence, en Algérie, de "récupérer" les groupes islamistes armés qu'elle a mis des années à chasser de chez elle.

    A ce jour, toutefois, le principal obstacle aux initiatives françaises n'est pas venu d'Alger mais de Washington. Les Etats-Unis s'inquiètent de la capacité des pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) à mener à bien une entreprise militaire sur un terrain difficile.

    Ce sont les 3 300 hommes de la Cedeao, avec un noyau reconstitué d'armée malienne, qui sont censés "reconquérir le Nord". Pour Washington, seuls des pays dont les forces sont habituées à combattre dans le désert tels le Tchad et la Mauritanie (non membres de la Cedeao) devraient opérer au Mali.

    NÉGOCIATIONS SUR LE FINANCEMENT

    Les réticences américaines ont donné lieu à de longues négociations avec la France. Elles ne portaient pas sur "le fond", assure un diplomate, mais notamment sur le financement, encore indéterminé, du coût de cette opération estimé à 200 millions de dollars (151,5 millions d'euros).

    Malgré ces difficultés, un pas a été franchi, jeudi 20 décembre, à l'ONU, vers une intervention armée. Une troisième résolution sur le Mali a en effet été adoptée à l'unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité. Le texte rédigé par la France autorise, "pour une période initiale d'un an", le déploiement d'une force internationale afin de déloger les groupes islamistes armés.

    Le texte ne précise pas combien de troupes seront déployées, ni comment l'opération sera financée, ou même quand elle sera lancée. La Cedeao souhaite un déploiement "urgent". A Paris, on reconnaît qu'il ne pourra vraisemblablement pas intervenir "avant l'automne 2013". L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahel, Romano Prodi, en visite dans la région, a appelé à "bien préparer l'action", soulignant le défi de coordination des forces des différents pays engagés et l'impossibilité, a-t-il averti, d'agir en "amateurs".

    La résolution française, qui insiste sur l'importance du volet politique concomitant au volet militaire, appelle Bamako à rétablir l'ordre constitutionnel et à négocier avec les groupes armés s'étant dissociés du terrorisme. Elle n'est pas le "chèque en blanc" aux forces africaines que redoutaient tant les Américains. Le Conseil de sécurité devra en effet donner son "satisfecit" aux troupes une fois formées, avant qu'elles ne soient autorisées à reconquérir le Nord.

    "Le scénario idéal serait de ne pas avoir à intervenir du tout, les négociations politiques portant leurs fruits", estime un diplomate, qui compte sur l'impact de la "pression militaire" pour faire aboutir les tractations entre Bamako et le Nord. "La vraie crainte est de voir les militaires maliens, une fois formés, prendre les armes pour aller "casser du Touareg"", s'inquiète une source proche du dossier.
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