Jeune Afrique vous propose de revenir sur les grands événements économiques qui ont rythmé l'actualité du continent en 2012.
En 2012, l’Afrique subsaharienne aura fait partie des quelques endroits du globe épargnés par la crise. Malgré les événements politiques au Mali, l’Afrique de l’Ouest a bénéficié du retour à la stabilité politique et de la forte croissance en Côte d’Ivoire. Le Nord du continent a connu une année plus agitée en raison de la persistance de l’instabilité politique post printemps arabe. L’Égypte et la Tunisie peinent tout particulièrement à se remettre d’aplomb.
La crise malienne n’a pas réussi à perturber la croissance en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire tire l’ensemble ouest africain alors que tous les autres pays ont pu conserver les performances des années précédentes. C’est une année charnière pour le pays ouest-africain qui a notamment bénéficié d’une annulation de plus de 4 milliards de sa dette par le Club de Paris (tout comme la Guinée d’Alpha Condé, pour 2,1 milliards de dollars). En visite dans la capitale française en fin d’année, le président Alassane Ouattara est en plus parvenu à collecter 8,6 milliards de dollars pour soutenir ses plans de développement. Le Niger est lui aussi venu lever des fonds à Paris. Son président Mohamed Issoufou est reparti avec des promesses de financement de 3,8 milliards d’euros. Face au manque de transparence de la part du gouvernement concernant les transactions minières, le FMI a finalement jeté l’éponge en RD Congo et gelé le paiement de plus de 200 millions d’euros de prêt. Le gouvernement de Matata Ponyo. Autre développement important pour la RD Congo : son entrée dans le club de l’Ohada.
Pour 2013, le FMI prévoit une croissance de 5,4% pour l’Afrique subsaharienne.
Afrique du Nord
L’instabilité politique continue de peser sur la conjoncture économique en Afrique du Nord. Ainsi, alors que l'Égypte avait officiellement requis une aide de 4,8 milliards de dollars auprès du FMI, elle a finalement gelé cette demande à la toute fin de l’année. Les manifestations liées aux tentations autoritaires du président Mohamed Morsi laissent planer l’incertitude quant à l’avenir du pays dans les prochains mois.
La situation politique tunisienne est elle aussi marqué par les incertitudes. Alors que Fitch a relégué le pays en catégorie spéculative, sept mois après la décision de Moody’s. L’agence Fitch a d’ailleurs fermé son bureau de Tunis.
Dans son rapport Doing Business 2013, la Banque mondiale souligne que l’élan réformateur a ralenti dans la région depuis le début du printemps arabe en janvier 2011
De façon générale, en 2012, les États-Unis ont aussi pris conscience de l'avance pris par la Chine sur le continent et se sont lancés dans une offensive de charme. Premier partenaire commercial avec un total d’échanges qui devrait atteindre 200 milliards de dollars en 2012, la Chine semble avoir réveillé l’instinct capitaliste américain. La première puissance mondiale, emmenée par l’administration Obama, semble décidée à regagner un peu de son influence économique dans la région.
Ci-dessous, l’actualité des secteurs
Agroalimentaire
La multinationale française Danone a porté sa participation dans le marocain Centrale Laitière à 67% en acquérant une partie des actions détenues par le groupe SNI pour 550 millions d'euros.
Après l'ouverture récente de son site angolais, Nestlé poursuit sa stratégie de développement en inaugurant une usine en RD Congo. L'objectif est de fournir une offre mieux adaptée aux goûts locaux et d'utiliser davantage de matières premières produites localement.
Le groupe sud-africain Tiger Brands a acquis 63,4 % de Dangote Flour Mills, numéro deux sur le marché nigérian de la farine. De quoi dynamiser ce dernier et conforter la stratégie d'expansion du leader africain.
Le groupe agro-industriel français Somdiaa a annoncé des investissements de 320 millions d’euros. Leader en Afrique subsaharienne francophone, il veut augmenter ses capacités et développer des usines de production d'énergie, notamment au Tchad.
Enfin, le géant agroalimentaire algérien Cevital a annoncé qu’il entendait se déployer en Afrique subsaharienne. Il vise notamment des implantations, sous la forme d’acquisition foncière et de construction d’usine, en Afrique orientale (Soudan, Éthiopie, Tanzanie), mais aussi en Côte d’Ivoire.
Automobile
L’année s’est ouverte sur l’inauguration de l’usine Renault de Tanger Med. Le projet doit permettre au constructeur de fournir le marché local, mais surtout d’exporter des modèles de monospace low cost Lodgy vers le marché européen. La production pourrait passer à 400 000 unités d’ici à la fin 2013.
L’un des événements majeurs de l’année en Afrique francophone a concerné la revente de la part détenue par PPR dans le groupe CFAO, spécialisé dans la distribution automobile en Afrique. C’est le japonais Toyota Tsusho Corporation qui s’en est emparé pour 2,1 milliards de dollars. C’est à la toute fin de l’année qu’il a annoncé avoir bouclé l’acquisition de la quasi-totalité des actions de cet ancien joyau de la françafrique.
En Afrique du Nord, l’année s’est terminée par la visite de François Hollande en Algérie. L’occasion pour Renault d’annoncer qu’il allait implanter une usine de montage à Oran. Sa capacité est pour l’instant limitée, mais cet épisode met fin à un feuilleton de plusieurs années.
Banque - Finance
Dans le domaine bancaire, la première opération d’envergure de l’année a concerné Banque Atlantique, la banque panafricaine basée à Abidjan. Cette dernière a finalement été rachetée par le marocain Banque populaire qui emboîte le pas de ses concurrents Attijariwafa Bank et BMCE.
Un autre groupe panafricain a fait parler de lui cette année. Il s’agit d’Orabank, basé à Lomé, qui a été retenu pour la reprise du réseau de la Banque régionale de solidarité (BRS). À la clé, un doublement du nombre de ses implantations et une entrée en Côte d'Ivoire et au Sénégal.
Toujours en Afrique de l’Ouest, la plus connue des banques panafricaines, Ecobank, a reçu 100 millions de dollars de la part de la Société financière internationale (Banque mondiale), trois ans après un premier investissement. Thierry Tanoh, ancien cadre du bailleur de fonds multilatéral a remplacé Arnold Ekpe à la tête d’Ecobank avec un peu d’avance. En avril, le fonds d’investissement public sud-africain PIC a injecté 250 millions de dollars au capital d’Ecobank (soit près de 20% du capital), permettant à ce dernier de renforcer ses fonds propres après plusieurs grosses opérations d'acquisition.
C’est l’une des grandes annonces de l’année dans le monde bancaire africain : dans la foulée de l'annonce faite en août, la banque britannique Barclays et sa filiale sud-africaine Absa ont détaillé le projet de rapprochement de leurs entités africaines. Absa, rebaptisée Barclays Africa Group, emploiera après l'opération plus de 43 000 personnes dans dix pays africains, pour 14,4 millions de clients.
En Afrique du Nord, la situation des banques publiques tunisiennes inquiète les observateurs. En attendant un plan de restructuration du secteur crédible de la part du gouvernement, elles se portent de plus en plus mal. En novembre, une société mystérieuse, Royal Luxembourg Soparfi, a été déclarée adjudicataire provisoire des 13,007 % détenus par l'État tunisien dans le capital de la Banque de Tunisie. Faute de renseignements suffisants sur ce fonds basé au Luxembourg, c’est finalement le français CM CIC qui a remporté l’appel d’offres.
Au Maroc, la SFI a injecté 204 millions de dollars au capital de la BCP, soit 5% du capital. La SFI est accompagnée dans ce partenariat par deux de ses fonds d’investissement : IFC Capitalization Fund et Africa Capitalization Fund.
Enfin, signe des temps, les deux banques françaises Société générale et BNP Paribas ont revendu leurs filiales en Égypte. BNP Paribas a cédé sa filiale à Emirates NBD pour quelque 400 millions d’euros. La Société générale s’est quant à elle défait de sa participation majoritaire de 77% dans NSGB pour près de 2 milliards de dollars auprès de la Qatar National Bank
En 2012, l’Afrique subsaharienne aura fait partie des quelques endroits du globe épargnés par la crise. Malgré les événements politiques au Mali, l’Afrique de l’Ouest a bénéficié du retour à la stabilité politique et de la forte croissance en Côte d’Ivoire. Le Nord du continent a connu une année plus agitée en raison de la persistance de l’instabilité politique post printemps arabe. L’Égypte et la Tunisie peinent tout particulièrement à se remettre d’aplomb.
La crise malienne n’a pas réussi à perturber la croissance en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire tire l’ensemble ouest africain alors que tous les autres pays ont pu conserver les performances des années précédentes. C’est une année charnière pour le pays ouest-africain qui a notamment bénéficié d’une annulation de plus de 4 milliards de sa dette par le Club de Paris (tout comme la Guinée d’Alpha Condé, pour 2,1 milliards de dollars). En visite dans la capitale française en fin d’année, le président Alassane Ouattara est en plus parvenu à collecter 8,6 milliards de dollars pour soutenir ses plans de développement. Le Niger est lui aussi venu lever des fonds à Paris. Son président Mohamed Issoufou est reparti avec des promesses de financement de 3,8 milliards d’euros. Face au manque de transparence de la part du gouvernement concernant les transactions minières, le FMI a finalement jeté l’éponge en RD Congo et gelé le paiement de plus de 200 millions d’euros de prêt. Le gouvernement de Matata Ponyo. Autre développement important pour la RD Congo : son entrée dans le club de l’Ohada.
Pour 2013, le FMI prévoit une croissance de 5,4% pour l’Afrique subsaharienne.
Afrique du Nord
L’instabilité politique continue de peser sur la conjoncture économique en Afrique du Nord. Ainsi, alors que l'Égypte avait officiellement requis une aide de 4,8 milliards de dollars auprès du FMI, elle a finalement gelé cette demande à la toute fin de l’année. Les manifestations liées aux tentations autoritaires du président Mohamed Morsi laissent planer l’incertitude quant à l’avenir du pays dans les prochains mois.
La situation politique tunisienne est elle aussi marqué par les incertitudes. Alors que Fitch a relégué le pays en catégorie spéculative, sept mois après la décision de Moody’s. L’agence Fitch a d’ailleurs fermé son bureau de Tunis.
Dans son rapport Doing Business 2013, la Banque mondiale souligne que l’élan réformateur a ralenti dans la région depuis le début du printemps arabe en janvier 2011
De façon générale, en 2012, les États-Unis ont aussi pris conscience de l'avance pris par la Chine sur le continent et se sont lancés dans une offensive de charme. Premier partenaire commercial avec un total d’échanges qui devrait atteindre 200 milliards de dollars en 2012, la Chine semble avoir réveillé l’instinct capitaliste américain. La première puissance mondiale, emmenée par l’administration Obama, semble décidée à regagner un peu de son influence économique dans la région.
Ci-dessous, l’actualité des secteurs
Agroalimentaire
La multinationale française Danone a porté sa participation dans le marocain Centrale Laitière à 67% en acquérant une partie des actions détenues par le groupe SNI pour 550 millions d'euros.
Après l'ouverture récente de son site angolais, Nestlé poursuit sa stratégie de développement en inaugurant une usine en RD Congo. L'objectif est de fournir une offre mieux adaptée aux goûts locaux et d'utiliser davantage de matières premières produites localement.
Le groupe sud-africain Tiger Brands a acquis 63,4 % de Dangote Flour Mills, numéro deux sur le marché nigérian de la farine. De quoi dynamiser ce dernier et conforter la stratégie d'expansion du leader africain.
Le groupe agro-industriel français Somdiaa a annoncé des investissements de 320 millions d’euros. Leader en Afrique subsaharienne francophone, il veut augmenter ses capacités et développer des usines de production d'énergie, notamment au Tchad.
Enfin, le géant agroalimentaire algérien Cevital a annoncé qu’il entendait se déployer en Afrique subsaharienne. Il vise notamment des implantations, sous la forme d’acquisition foncière et de construction d’usine, en Afrique orientale (Soudan, Éthiopie, Tanzanie), mais aussi en Côte d’Ivoire.
Automobile
L’année s’est ouverte sur l’inauguration de l’usine Renault de Tanger Med. Le projet doit permettre au constructeur de fournir le marché local, mais surtout d’exporter des modèles de monospace low cost Lodgy vers le marché européen. La production pourrait passer à 400 000 unités d’ici à la fin 2013.
L’un des événements majeurs de l’année en Afrique francophone a concerné la revente de la part détenue par PPR dans le groupe CFAO, spécialisé dans la distribution automobile en Afrique. C’est le japonais Toyota Tsusho Corporation qui s’en est emparé pour 2,1 milliards de dollars. C’est à la toute fin de l’année qu’il a annoncé avoir bouclé l’acquisition de la quasi-totalité des actions de cet ancien joyau de la françafrique.
En Afrique du Nord, l’année s’est terminée par la visite de François Hollande en Algérie. L’occasion pour Renault d’annoncer qu’il allait implanter une usine de montage à Oran. Sa capacité est pour l’instant limitée, mais cet épisode met fin à un feuilleton de plusieurs années.
Banque - Finance
Dans le domaine bancaire, la première opération d’envergure de l’année a concerné Banque Atlantique, la banque panafricaine basée à Abidjan. Cette dernière a finalement été rachetée par le marocain Banque populaire qui emboîte le pas de ses concurrents Attijariwafa Bank et BMCE.
Un autre groupe panafricain a fait parler de lui cette année. Il s’agit d’Orabank, basé à Lomé, qui a été retenu pour la reprise du réseau de la Banque régionale de solidarité (BRS). À la clé, un doublement du nombre de ses implantations et une entrée en Côte d'Ivoire et au Sénégal.
Toujours en Afrique de l’Ouest, la plus connue des banques panafricaines, Ecobank, a reçu 100 millions de dollars de la part de la Société financière internationale (Banque mondiale), trois ans après un premier investissement. Thierry Tanoh, ancien cadre du bailleur de fonds multilatéral a remplacé Arnold Ekpe à la tête d’Ecobank avec un peu d’avance. En avril, le fonds d’investissement public sud-africain PIC a injecté 250 millions de dollars au capital d’Ecobank (soit près de 20% du capital), permettant à ce dernier de renforcer ses fonds propres après plusieurs grosses opérations d'acquisition.
C’est l’une des grandes annonces de l’année dans le monde bancaire africain : dans la foulée de l'annonce faite en août, la banque britannique Barclays et sa filiale sud-africaine Absa ont détaillé le projet de rapprochement de leurs entités africaines. Absa, rebaptisée Barclays Africa Group, emploiera après l'opération plus de 43 000 personnes dans dix pays africains, pour 14,4 millions de clients.
En Afrique du Nord, la situation des banques publiques tunisiennes inquiète les observateurs. En attendant un plan de restructuration du secteur crédible de la part du gouvernement, elles se portent de plus en plus mal. En novembre, une société mystérieuse, Royal Luxembourg Soparfi, a été déclarée adjudicataire provisoire des 13,007 % détenus par l'État tunisien dans le capital de la Banque de Tunisie. Faute de renseignements suffisants sur ce fonds basé au Luxembourg, c’est finalement le français CM CIC qui a remporté l’appel d’offres.
Au Maroc, la SFI a injecté 204 millions de dollars au capital de la BCP, soit 5% du capital. La SFI est accompagnée dans ce partenariat par deux de ses fonds d’investissement : IFC Capitalization Fund et Africa Capitalization Fund.
Enfin, signe des temps, les deux banques françaises Société générale et BNP Paribas ont revendu leurs filiales en Égypte. BNP Paribas a cédé sa filiale à Emirates NBD pour quelque 400 millions d’euros. La Société générale s’est quant à elle défait de sa participation majoritaire de 77% dans NSGB pour près de 2 milliards de dollars auprès de la Qatar National Bank
Commentaire