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Produits islamiques : Les sukuks, un marché alternatif à fort potentiel pour le Maroc

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  • Produits islamiques : Les sukuks, un marché alternatif à fort potentiel pour le Maroc

    Selon les prévisions, le marché des émissions de Sukuks pourrait atteindre un niveau record de l’ordre de 123,4 milliards de dollars en 2012. Le Maroc, qui ambitionne de devenir un hub financier régional, ne pouvait continuer à ignorer la finance islamique dont les actifs gérés dépassent aujourd’hui les 1 000 milliards de dollars. Ainsi, après une timide ouverture aux produits alternatifs, le Royaume compte désormais accorder aux produits islamiques la place qu’ils méritent au niveau de l’échiquier financier du pays. Mieux, il est très probable qu’après la sortie réussie sur le marché en dollars dernièrement, avec la levée de 1,5 milliards de dollars sur le marché obligataire international, que la prochaine sortie du Maroc soit par le biais des Sukuks, un instrument financier très apprécié par les investisseurs du Golfe.
    Preuve de l’intérêt du Maroc pour ces instruments de financement alternatifs, le CDVM vient de publier en l’espace d’une année deux études sur les produits islamiques. La dernière en date, intitulée «Sukuk, quel potentiel de développement au Maroc ?», donne un large aperçu sur ce mode de financement. D’abord, souvent assimilés à une obligation islamique, «les Sukuks sont en fait des certificats d’investissement adossés à des actifs spécifiques corporels ou incorporels dont la propriété est transférée au porteur. Ce dernier s’expose ainsi au risque de l’actif et est rémunéré en fonction de ses performances», souligne l’étude. Ainsi définis, les sukuks présentent des différences énormes avec les obligations (Cf encadré). Généralement émis par les entreprises, les institutions financières ou les Etats, les Sukuks permettent aux investisseurs de détenir des participations dans les actifs sous-jacents avec une rémunération qui sera fonction de la performance de ces actifs. A l’instar des obligations conventionnelles, les investissements dans les Sukuks présentent aussi des risques : risque de marché (rendement), risque de crédit (risque de défaut), risque de liquidité (prime d’illiquidité) et risque Sharia (non respect des engagements contractuels).
    Les Sukuks, instruments phares dans l’industrie financière islamique, apportent des solutions et des alternatives fortement intéressantes pouvant répondre aux besoins de tous les agents économiques, que ce soit l’Etat pour ses besoins de financement, mais aussi les PME, les grandes entreprises qu’elles soient cotées ou non, les banques et aussi les assureurs. Ils répondent d’un côté aux agents qui ont besoin de liquidité, et d’un autre côté, ils apportent une solution de diversification aux investisseurs soucieux de trouver des produits financiers conformes à leurs exigences éthiques. Ainsi, à l’image d’une offre de produit obligataire retail, il est également possible d’imaginer une offre de produits composée de Sukuks et d’autres supports qui permettrait de réunir les critères d’un placement sécurisé, rentable et conforme aux préceptes de la Sharia.
    A noter aussi qu’il existe plusieurs types de Sukuks aux montages différents selon le type d’actif sous-jacent. Les plus utilisés sont : Sukuk Salam, Sukuk Istitna, Sukuk Mourabaha, Sukuk Moudaraba, Sukuk Mousharaka, Sukuk Ijara, etc.

    Forte croissance du marché mondial des sukuks
    Dans une conjoncture internationale difficile, les sukuks, grâce à la relative sécurité et à l’attrait des rendements qu’ils offrent sur le moyen et le long terme, ont trouvé un succès auprès des investisseurs institutionnels (banques et assurances) ainsi qu’auprès de certains profils de particuliers à fort potentiel. Selon des données de Bloomberg et Zawaya, le marché global des Sukuks a clôturé l’année 2011 avec un montant record d’émission de 85 milliards de dollars. Le premier trimestre 2012 a enregistré un volume de 40,5 milliards de dollars de nouvelles émissions. Cette forte croissance s’explique par plusieurs facteurs : la baisse des taux de rendement des obligations conventionnelles souveraines et privées du Moyen-Orient, l’assèchement des liquidités dans certaines régions du monde occidentale, la crainte d’une nouvelle récession en Europe et même aux Etats-Unis, etc. Cette hausse s’explique aussi par les besoins très élevés de levées de fonds pour le développement d’infrastructures, les excédents de liquidité disponibles dans le Golfe et l’appétit des investisseurs pour ce type de produits. A noter que 87 % des émissions de Sukuks demeurent des émissions souveraines ou quasi-souveraines.
    Par ailleurs, le nombre de pays émetteurs de Sukuks a pratiquement doublé en l’espace de 5 ans passant de 10 à 19. Plusieurs pays, tels que la Russie, l’Australie et le Luxemburg manifestent de plus en plus d’intérêt pour ce type d’instruments. Sur le continent africain, le Maroc, la Tunisie et le Sénégal ont également manifesté un intérêt pour ce type d’instruments.
    Du point de vue sectoriel, le secteur public représente 2/3 des émissions de sukuks dans le monde, suivi par les banques et les entreprises du bâtiment. Les sociétés de gestion d’aéroport ou d’autoroutes sont de plus en plus friandes de ce nouveau type de financement. Il faut dire que la nature de leurs activités et de leurs rendements y est très adaptée. D’autres secteurs ont largement fait appel aux Sukuks comme moyen de financement, notamment le secteur de l’énergie (centrales, raffineries, réacteurs, etc.) qui nécessitent d’importants capitaux. Les Sukuks sont adaptés pour le financement des infrastructures. Ils peuvent être utilisés pour la construction des ports, aéroports, des gares et autoroutes mais aussi sur des projets beaucoup plus novateurs tels que l’énergie éolienne ou solaire.
    S’il existe plusieurs types de Sukuks sur le marché, il n’en demeure pas moins que le marché primaire reste dominé par le Sukuk Mourabaha représentant 48,9 % des parts de marché devant les Sukuks Mousharaka et Ijara avec des parts respectives de 29,9 % et 14,5 %.
    Il est à noter aussi que le marché des sukuks connaît des innovations. Plusieurs émetteurs se lancent dans de nouvelles structures de plus en plus élaborées. C’est le cas d’Abu Dhabi Islamic bank (ADIB) qui vient d’émettre le premier Sukuk hybride considéré comme du capital de «Tier 1». Il s’agit d’un Sukuk perpétuel remboursable à la discrétion de la banque à partir de la 6ème année, ce qui en fait un instrument beaucoup plus semblable à du capital qu’à de la dette.

    Cadre règlementaire et
    souplesse
    Qu’en est-il du Maroc ? Pour le moment, aucune émission de sukuks n’a été enregistrée au niveau du Royaume. Pourtant, plusieurs secteurs (immobilier, tourisme, industrie, agriculture, énergies renouvelables, pêche, infrastructures, etc.) et opérateurs engagés dans d’ambitieux projets de développement (OCP, ONCF, etc.) peuvent recourir à ce mode de financement adapté. Et selon une enquête menée par le CDVM auprès des émetteurs potentiels, le besoin de financement via cet instrument est manifeste. D’après les résultats de cette enquête, 90 % des émetteurs interrogés de l’échantillon envisageraient d’émettre des Sukuks si le cadre légal et règlementaire au Maroc le permettait, 62 % considèrent qu’il s’agit d’un instrument complémentaire aux produits de financement classiques existants et 25 % le considèrent comme étant un substitut à l’obligation classique. De même, 50 % de l’échantillon choisiraient d’émettre des Sukuks à la place des obligations si les coûts relatifs à chaque instrument étaient identiques mais seulement 13 % opteraient pour des Sukuks sans considération de coût.
    Et comme le reconnaît le gendarme du marché financier, «d’un point de vue légal et règlementaire, il y a encore des aménagements à apporter pour clarifier certains aspects techniques et permettre à la finance islamique de se développer dans un environnement sécurisé». C’est dans cette optique que s’inscrivent les importantes réformes législatives engagées par les autorités financières marocaines et qui portent notamment sur la refonte de la loi bancaire introduisant les banques participatives et la refonte de la loi sur la titrisation introduisant les Sukuks. Mieux, pour le CDVM, «le lancement des Sukuks au Maroc nécessite la mise en place d’un cadre réglementaire sécurisé et surtout un dispositif fiscal approprié. Dans ce cadre, une réflexion est menée par le législateur dans l’objectif de faire évoluer la loi relative aux fonds de placements collectifs en titrisation (FPCT)». De plus, pour faire de cet instrument financier un véritable véhicule de financement, «cette réforme devra par ailleurs prévoir la souplesse nécessaire afin d’éviter d’alourdir le mécanisme d’une émission de sukuk», explique le gendarme du marché.
    LNT
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