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Louisette Ighilahriz au café littéraire de Tizi Ghennif

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    Louisette Ighilahriz au café littéraire de Tizi Ghennif

    Confidences d’une moudjahida

    Par : Ghilès O.[IMG]http://www.liberte

    La “torturée” est revenue dans cette rencontre sur les pires moments vécus en prison en 1957. Elle confie au public ses souffrances et les tortures qu’elle a subies par son “bourreau”.

    La moudjahida Louisette Ighilahriz était l’invitée du café littéraire de la librairie KLMI, pour animer une conférence-débat à Tizi Ghennif (50 km au sud de Tizi Ouzou). Louisette “la torturée” a retracé avec émotion et beaucoup de courage tout ce qu'elle avait enduré après avoir été blessée, puis arrêtée dans les maquis de Chebli en septembre 1957. “Le 1er novembre fut l'aboutissement de tous les combats menés par le peuple algérien depuis l'occupation de notre pays en 1830”, a-t-elle rappelé. Et d’ajouter : “Les Algériens n'étaient rien aux yeux des occupants. Nous n'avions fait que fortifier les intérêts des colons. Il fallait donc se révolter.”
    Devant une assistance composée de jeunes et d’adolescents venus écouter ses témoignages vivants et poignants, elle raconte avec émotion : “Cette fois-ci, c'est fini. Nous n'allons pas faire marche arrière. Nous allons connaître les armes, les déportations, les tortures. Il ne faut pas lâcher.” Ces paroles étaient celles de son père qui était d’“une rigueur et une droiture exemplaires en matière d'éducation au lendemain du déclenchement de la guerre de Libération”, a-t-elle confié. “Attention d'avouer quoi que ce soit, même sous la torture. En cas d'arrestation, il faut tenir huit jours, puis c'est fini”, telles étaient les directives du père de Louisette Ighilahriz.
    D'ailleurs, c'est en respectant cette phrase retenue comme une véritable devise et cette éducation exemplaire de ses parents qu'elle n'avouera rien devant la 10e DAP après son arrestation dans les maquis de Chebli en été 1957. “à la 10e DAP, c'était la géhenne. J'étais seule, humiliée, méprisée, torturée à mort par cet homme ‘mon bourreau’”, a-t-elle témoigné. “Il était monstrueux, pervers et son seul plaisir était de torturer. Durant trois longs mois, je ne subissais que ça. Allongée par terre toute nue et blessée à mort”, a-t-elle raconté en laissant parfois pousser des cris et des pleurs comme si ces souvenirs ne l'avaient pas quittée. “C’était interminable. Des heures, des jours, des semaines et des mois passèrent. Je me rappelais que mon père me disait qu'il fallait tenir huit jours. Pendant ces trois mois, je n'avais qu'un seul but : me suicider.” Et de préciser : “Ah ! Si j'avais à côté de moi quelque chose qui pouvait m'aider à en finir avec toutes ces souffrances, j'aurais mis fin à mes jours.”
    La moudjahida est revenue dans ses plus lointains souvenirs. “Un soir, je tentais de calmer ces souffrances, quand quelqu'un s'approcha de moi et me dit : ‘Mais, mon petit, on vous a torturée ?”, a-t-elle narré ce récit émouvant qui a plongé la salle dans un silence religieux. Après l'enfer du 1er septembre au 16 décembre de la même année, elle dira qu'elle avait vu enfin des personnes venir la “nettoyer”, la soulager, lui donner un bol de soupe chaude et un pyjama.
    Comme elle se rappelait les conseils de son père, la conférencière avait compris que c'était la méthode psychologique qui venait de commencer en vue de lui arracher des aveux pour venir à bout de l'organisation dont elle faisait partie.
    Le 20 décembre, elle s’est retrouvée à Barberousse où elle rencontre toute sa famille (grand-mère, parents et frères) dans ce pénitencier. Trois générations jetées en prison pour le seul motif de lutter contre le système colonial.
    Ce transfert en prison était une chance d'échapper aux griffes de Massu, Bigeard et Graziani. La moudjahida a évoqué ensuite ses différents transferts aussi bien dans les prisons algériennes que françaises jusqu'à son évasion en février 1962 de la prison de Bastia. “Lila”, de son vrai nom de guerre, a clos sa conférence en appelant les historiens à écrire l'histoire.
    Car il est de leur devoir pour celles qui ont subi des tortures notamment le “viol”, un sujet resté longtemps tabou.
    “Osez dire la vérité, rien que la vérité, et restez propres et irréprochables”, a-t-elle martelé à la fin du débat.

    Liberté

    O. G
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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